Mais, Kyle Barber (sans
qu’il n’ait toute fois exprimé expressément son point de vue sur ce sujet
délicat mettant en cause sa hiérarchie) était fort d’une certitude. Son travail
d’investigations n’était pas toujours bien accueilli. Y compris paradoxalement
au sein de l’IAAF qui l’emploie. Il était même en contradiction avec les actes
des responsables de l’association internationale des fédérations d’athlétisme.
Pourtant, Kyle Barber se sentait en phase avec la doctrine et avec les
discours.
Les réactions des
pontes de cette institution sportive mondiale face aux faits de dopage n’ont
pas toujours été en symbiose avec les discours sur la lutte contre le dopage. Les
agissements des présidents (Lamine Diack), et vice-président (Sébastian Coe
dont le rôle semble bien trouble sans avoir été totalement éclairci), du chef
de département chargé de la lutte contre le dopage (docteur Gabriel Dolle), des
conseillers de l’ancien président de l’IAAF (dont son fils) impliqués dans les
scandales ont conduit à la mise en examen de l’ancien président Lamine Diack et
de ses proches collaborateurs soupçonnés de corruption en lien avec le dopage.
Quant aux
collaborateurs proches du nouveau président Sébastian Coe, ils furent sanctionnés
par le comité de discipline pour des manquements à l’éthique en relation avec
le dopage en Russie et l’attribution des championnats du monde à Eugène
(Oregon). Ces faits montrent la
difficulté à agir rencontrée par le détective en chef.
Dans les
investigations sur le groupe Jama Aden, les entraves apparues étaient également étroitement liées à la position et au rôle très positif (en
particulier via les résultats obtenus par les athlètes qataris) de Jama Aden
auprès de la fédération d’athlétisme du Qatar dont il dirigeait avec succès
l’équipe de demi-fond.
La fédération qatarie
relevant de la confédération asiatique est active. Comme les autres fédérations
sportives d’ailleurs. Elle est l’organisatrice du meeting de Doha, premier
rendez-vous athlétique du calendrier de la « Diamond League »,
se disputant sur le territoire du richissime émirat de la péninsule arabique.
Une nation qui accapare l’ensemble des événements sportifs mondiaux en vue d’augmenter
sa notoriété dans le concert des nations.
Dans sa quête, pour un
athlétisme d’où seraient expurgées les pratiques déviantes, qui par bien des
aspects ressemble à celle du Don Quichotte de Miguel de Cervantès luttant
contre les moulins à vents, Kyle Barber s’est donné pour noble mission
chevaleresque non pas de plaire à sa Dulcinée mais d’éviter que les podiums
olympiques de Rio 2016 ne soient squattés par des athlètes du groupe du
coach Aden. Un groupe d’entraînement composé essentiellement de coureurs de
demi-fond qataris auxquels s’ajoutent ceux d’autres nations désireux de faire
progresser leurs athlètes. Ce groupe cosmopolite a recensé, dans le cadre de
conventions conclues avec leurs fédérations nationales, des athlètes
djiboutiens et algériens. Le groupe Aden est précédé par la suspicion d’utilisation
d’aide pharmaceutique.
Au final, Barber
atteindra l’objectif qu’il s’était assigné. La razzia de titres et de médailles
ne sera pas pour les athlètes d’Aden placé sous contrôle judiciaire et dont le
passeport a été retiré. Il ne put donc s’éloigner de Barcelone, suivre ses
athlètes dans leurs pérégrinations et leur prodiguer ses précieux conseils.
Les places sur le
podium, les médailles reviendront en fin de compte aux athlètes d’Alberto
Salazar, l’entraineur américain également controversé, le responsable technique
du « Nike Oregon Projet » soutenu sur les plans
logistique, scientifique et financier par l’équipementier américain Nike. La
rivalité entre les deux groupes d’entrainement portés à bouts de bras par des
puissances d’argent donnera la victoire, la suprématie aux JO de Rio au second,
à l’entreprise supranationale.
Kyle Barber avait
élaboré un plan qui devait conduire à l’affaiblissement du groupe Aden. Dès le
début de la saison estivale, dès le mois d’avril 2016, il avait prévu d’abattre
le groupe du qatari en Espagne, à Sabadell près de Barcelone. Grâce à Torrence
il avait obtenu quelques informations qui s’avéreront précieuses.
Depuis 2013, Aden y
avait établi sa deuxième base d’entraînement. En bordure de la mer Méditerranée
où au printemps les conditions météorologiques sont propices à la préparation. Un
lieu d’entraînement d’où (Barcelone est une grande métropole) il était possible
de rayonner dans le Sud du Vieux Continent afin de participer aux grands
meetings européens qui y sont organisés majoritairement en début de saison
sportive européenne.
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