lundi 20 mars 2017

AGE de la FAA (9), Entre Faste et humilité

Toufik Makhloufi, le nouveau leader du demi-fond algérien et mondial est également mis inévitablement au premier rang de la réflexion du candidat exclu de la course au fauteuil de président de la fédération sur incitation des attentes du journaliste. Et au-delà par les lecteurs. L’athlétisme est présentement indissociable de Makhloufi.
Mais, la réflexion sur ce thème, ainsi qu’en témoigne la réponse de Benmissi, est réduite à la plus simple expression. Concentrée, pourrions-nous dire. Elle invite ainsi les lecteurs avertis (qui le voudraient bien) à explorer la possibilité de développer à l’infini l’image retenue dans le milieu  par les  champions olympiques et de se pencher sur la notion précieuse de « travail » semblant avoir été oubliée.
Aujourd’hui, il est loisible d’observer que le triple médaillé olympique, la star des stars sportives nationales, est placé sur un piédestal symbolico-médiatique. Le même (si l’on prend un instant le temps de s’y arrêter) que celui sur lequel furent disposés Hassiba, Noureddine et Nouria et tant d’autres avant (Rahoui, Boutamine) et après eux, (Saidi-Sief, Hammad, Saïd-Guerni). Ce socle est virtuel et si fragile que (ainsi que l’enseigne l’histoire de la discipline) l’on pressent que malheureusement il ne le portera que le temps des victoires et des médailles.
Un podium sociétal, un tapis rouge (qui n’est certes pas celui du festival cinématographique de Cannes) que l’on déroule devant ses pas et qu’on lui retirera de sous les pieds quand il aura fait son temps. Quand les années se seront écoulées inéluctablement. Quand les chronos et les victoires ne seront plus en sa faveur. Bref, quand son auréole aura perdu de son éclat, les regards se détourneront, les micros et les caméras s’éloigneront de son chemin. Makhloufi connaitra l’amère désillusion lorsqu’il constatera qu’il n’a plus d’utilité sociale.
Ses prédécesseurs dans l’histoire olympique algérienne n’ont pas connu la chute vertigineuse qui semble lui être prédestinée. Son statut social présent, l’impression d’ascension sociale rapide  donnée par les conditions de préparation et d’existence temporaire qui lui sont offertes, semblables à celle de l’élite politique et du monde des affaires, sont comme un miroir attirant les alouettes. Un miroir que l’on exhibe à tous les prétendants au statut de privilégié.
Selon Benmissi, « Makhloufi ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt ». La formule est archi-connue dans le landernau. Elle a été ressassée des milliers de fois par tous les amoureux de la discipline athlétique et de la course à pied. Depuis des décennies, depuis les premières victoires internationales et les premiers titres mondiaux de Boulmerka et Morceli. Elle est entendue aux alentours de Bouchaoui, du Sato, à la maison des fédérations et en marge des regroupements et des compétitions.
Une formule qui, en ces temps antérieurs au 21ème siècle, servait à masquer (au cours de ces inlassables polémiques illustrant le désœuvrement des cadres du sport) une densité athlétique qui n’était pas aussi dérisoire (en quantité et en qualité) qu’on le laissait entendre et qu’elle ne l’est aujourd’hui.
Benmissi, comme tant d’autres avant (et avec) lui, en utilisant cette formule qui résonne si bien aux oreilles, n’a malheureusement pas constaté que derrière Makhloufi ne se profile plus la forêt mais le désert.
Un désert quantitatif que Hassiba Boulmerka a dénoncé (il y a déjà quelques saisons sportives) en constatant la diminution (vraie ou illusoire, nous ne saurons le dire en l’absence de données statistiques fiables) de l’effectif des licenciés. Un nombre d’athlètes recensés par les clubs, les ligues et la fédération qui n’auraient atteint en 2015 qu’à grand peine  9 000 licences. Une information communiquée par la FAA pour contredire Hassiba. Bouras (le considéré comme ancien entraîneur de la championne olympique) tenta d’apporter la contradiction à celle qui fut son athlète et devint une opposante à ses idées.

Reconnaissons que Hassiba, prenant à contre-pied les habitudes clubardes oublieux des principes de la Reforme sportive et l’orientation donnée à la discipline par Bouras, avec les athlètes du club qu’elle a créé (avec l’aide de son mentor initial Labed Abboud) et qu’elle finance, représente la moitié (à peu de choses près) de la participation aux compétitions organisées par la ligue de Constantine tout en commençant à s’illustrer en obtenant quelques résultats au niveau national.  

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