jeudi 6 avril 2017

Les Algériens et le dopage (7), Parole enfin libérée

En plein jeux olympiques de Rio, Zahra Bouras a apporté à nouveau son grain de sel. Elle mit en avant la blessure, selon elle très diplomatique, de son ancien camarade d’entrainement qui aurait valeur de prétexte au forfait des championnats du monde en salle (Portland, 2016).

Zahra savait que Bouraâda était entrée en conflit avec Mahour Bacha. Le décathlon confirme, dans l’interview télévisée, cette information en disant qu’à cette période-là (au début de l’année 2016), il voulut quitter Mahour Bacha et qu’il en avait été empêché par la fédération et des entraîneurs qui firent valoir que cela ne serait pas intelligent de sa part à  l’approche des jeux olympiques.

Dans ces propos diffusés sur une chaine privée de télévision et reproduits dans la presse écrite nationale et étrangère, Larbi Bouraâda se laisse enfin à dire ce que pendant des années il a tu, ce qu’il a conservé par devers lui. Bouraâda était miné intérieurement. Il parle avec beaucoup de mesure. Mais, la catharsis n’est pas complète.

Il ne cache cependant pas que parler d’un passé - somme toute pas entièrement négatif bien que trouble, un passé qu’il ne renie pas totalement malgré les commentaires incendiaires des supporters de son ancien coach - serait ouvrir la boite de Pandore et aborder des thématiques passibles des tribunaux. D’ailleurs, cela est difficile compte tenu des problématiques individuelles et collectives en jeu.

On comprend que sa proximité avec Mahour Bacha lui a fait connaitre des situations peu reluisantes (c’est le moins que l’on puisse dire), désastreuses, dangereuses pour beaucoup de personnes évoluant dans cet univers interlope que l’on dit gangréné par le dopage. Dans une interview dont l’enregistrement dure un peu plus de 10 minutes, l’athlète a répondu à la menace de son ex-entraîneur (et aux pressions exercées par d’autres protagonistes alliés de celui-ci) par une menace suggérée.

Il a enfin, bien qu’en partie seulement, libéré cette parole longtemps tenue en laisse. Rio est  passé par là. Il a compris qu’à l’époque où il était sous la coupe de Mahour Bacha, « on m’induisait en erreur. Du moins, on me communiquait de fausses informations ».

Depuis la séparation, Mahour Bacha s’était retiré dans son coin. Il continue toutefois, de vitupérer, de s’agiter tel un poisson dans un bocal pollué par les histoires du passé, rempli des impuretés forts nombreuses révélées par les à-côtés des assemblées générales électives des fédérations sportives. La page Bouraâda était tournée sans dégâts. Du moins, Mahour Bacha le croyait.

Le silence vaut acquiescement. Par son mutisme (y compris lorsque tout allait de travers et qu’il fut banni des stades), Bouraâda s’est comporté en allié muet du travail de sape d’un Mahour Bacha percevant autrement le fonctionnement, la gestion du mouvement sportif national. Un mouvement sportif à sa botte, à mener à la baguette.

Pourtant, Bouraâda (c’est lui qui le dit dans cette interview) n’avait aucun problème particulier avec le COA. Les apparences ont été trompeuses. En particulier lorsqu’elles sont manipulées. Sans rien dire, Bouraâda a été associé aux déclarations incendiaires de l’entraîneur.

Le cinquième des épreuves du décathlon des championnats du monde de Pékin (2015) et  des jeux olympiques de Rio (2016), avoue avoir été induit en erreur par son entourage. En particulier, sur la question lancinante et insidieuse ayant rythmé l’année olympique, celle que Mahour Bacha a toujours mise en avant. Cette prise en charge de la préparation par les pouvoirs publics et surtout de ce COA qui aurait été la cause de ses ennuis logistiques.

Une polémique stérile qui est nait des inconséquences des responsables de la fédération. Une prise en charge gérée sur le plan des démarches administratives et financières par son mentor. Bouraâda dit ne pas avoir connu le montant des dossiers de sortie si ce n’est l’argent de poche que lui remettait son mentor d’hier.


Maintenant que Bouraâda a changé de camp, qu’il bénéficie d’une prise en charge qui ne souffre pas de retard, qu’il dépend directement du comité olympique algérien, qu’on lui a dévoilé ce fameux dossiers de sortie (prétexte à des déclarations polémiques et au décalage dans l’organisation d’un stage dont nous avons montré les péripéties) accepté dans sa totalité sauf….la location de voitures, il s’est rendu compte qu’il n’a été qu’un pion dans la main de Mahour Bacha. 

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