jeudi 20 avril 2017

Samira Messad (3), 2008-2012 : une olympiade riche en obstacles

Au niveau international, trop de signes, trop de commentaires pernicieux laissent penser à une pratique répandue du dopage dans le pays. Le trio d’athlètes (Megdoud, Bouras, Bouraâda) dont le contrôle positif précéda de quelques semaines la médaille d’or surprise remportée par Toufik Makhloufi aux jeux olympiques de Londres, ainsi que la proximité du champion olympique avec Aden, influencent (il ne faut pas se voiler la face) négativement l’idée que l’on peut se faire (en dehors de nos frontières) de la respectabilité de l’athlétisme algérien.

Pour en revenir à Samira Messad, il est indispensable de noter que l’athlète est connue dans la famille de l’athlétisme depuis 2003. Cette année-là, alors qu’elle  fait partie de la catégorie des minimes, elle est retenue dans la sélection nationale des « cadettes scolaires » qui se rendit aux championnats du monde de cette catégorie. La pentathlonienne était en gestation. Elle concourut dans l’épreuve du lancer du poids.

C’est également en cette année 2003 que décède (d’un cancer) son père (pompier de profession) la laissant seule avec sa mère, une femme au foyer (aujourd’hui diabétique) et  son frère aîné, employé au marché de gros de Bejaia selon des horaires impossibles, inconcevables pour un citoyen lambda: du milieu de la nuit au milieu du jour. Il faut bien survivre !

Quand nous écrivons qu’elle présente le profil type du dopé algérien, nous ne sommes pas loin de la réalité. Elle possède quelques-unes des caractéristiques faisant le profil connu d’Ali Saidi Sief ou celui de Larbi Bouraâda : une scolarité inaboutie conclue par une orientation précoce vers la vie active accompagnée par une précarité sociale aigue dans un environnement décourageant les meilleures volontés et, dans une forme de compensation, une incroyable volonté de réussir, de s’en sortir.

Ces deux éléments du profil établissent également un lien avec la championne olympique et du monde du 1 500 mètres, cette Hassiba Boulmerka (dont nous parlerons plus loin) et que l’on ne peut évidemment pas associée à ce duo d’athlètes attrapés par la patrouille de lutte contre le dopage.

Bien que soupçonnée de faire partie de la cohorte des athlètes peu respectueux de la réglementation en la matière, la carrière sportive de Hassiba Boulmerka n’a pas été impactée par un contrôle positif. Nous ne devons pas écarté de notre réflexion que le milieu dans lequel elle a évolué, dès son arrivée dans le groupe pris en charge par la fédération,  prédisposait à la propagation de telles rumeurs. 

Hassiba Boulmerka est apparue dans la vie de Samira après que cette dernière eut purgé la peine d’une année de suspension que lui infligea le CNAD (l’agence algérienne de lutte contre le dopage). Ce fut peu de temps avant que Samira Messad ne soit informée que la sanction précédemment prononcée avait été aggravée et portée à 4 ans.

Comme Hassiba, Samira Messad est une femme forte. Une femme de caractère qui ne donne pas l’impression de se laisser marcher sur les pieds. Une femme dans laquelle nous avons retrouvé la Hassiba de ses jeunes années, des années 80, quand l’athlète de Labed Abboud était mésestimée, méprisée, marginalisée, ne faisait pas partie des plans de la fédération. Comme Hassiba, Samira vient des milieux défavorisés. Avec les qualités et les défauts qui vont avec.

En jeunes catégories, les résultats de Samira Messad sont prometteurs. Malgré la précarité sociale, elle progresse et collectionne des sélections nationales.

En 2008, âgée à peine de vingt ans, à cet âge que l’on dit ingrat, celui qui vit Hassiba prendre son envol en quittant Constantine pour Alger, délaissant Labed pour Bouras, le fil de la progression de Samira Messad est interrompu par une blessure sérieuse au tendon d’Achille puis par une hernie discale. Elle ne réapparaitra dans les bilans qu’en 2012 avec une citation à l’heptathlon. Avec un total de points très modeste. Le récit qu’elle fait de cette période est difficile à comprendre. Elle dû y faire face seule ou presque. Des anges gardiens surent lui insuffler la force de résister.


A l’entendre parler, par moments, nous avons ressenti un très fort sentiment de ressemblance avec les discours que tenaient la Hassiba des années antérieures à la « migration sportive ». Une force de caractère inouïe. Un tempérament que forgent les difficultés de la vie. 

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