mercredi 12 avril 2017

Les Algériens et le dopage (8), Paroles confisquées

Tard, bien tard, Larbi Bouraâda a pris conscience qu’il n’était qu’un instrument. Une olympiade après Zahra Bouras. Une jeune femme qui souffre de la position de son père dans les structures sportives nationales. Une situation, une proximité qui ne l’empêche pas de se faire entendre, de porter une parole discordante ; en dépit de toutes les réticences que l’on peut avoir à croire ses propos.

Ceux qui connaissent le décathlonien affirment sans ambages que l’on ne pouvait attendre à autre chose de sa part. Comptant  énormément  sur les avantages procurés par une carrière sportive au très haut niveau, le mutisme lui aurait été profitable. Une issue honorable pour s’extirper du marasme social dans lequel il est plongé.

Contrairement à tous les scénarii  échafaudés, en dépit de tout ce qui a pu être dit par les uns et par les autres, Bouraâda a surpris le grand public en assurant que « le président Mustapha Berraf m’appelait souvent, d’ailleurs, pour demander de mes nouvelles ».

Les ponts n’auraient donc jamais été totalement coupés entre l’athlète et le premier responsable du comité olympique algérien. Bien que ex-son entraîneur et son ex-président de fédération aient tenté de l’enfermer dans une camisole. Cela nous amène à penser que la parole olympique (comme celle de tant d’athlètes, entraîneurs et dirigeants) a été confisquée.

La reprise en mains par les pouvoirs publics de la destinée d’un l’athlète, qui ne serait plus pris en otage, sur lequel ont fait encore une fois peser l’espoir d’une future médaille autorise l’entraîneur Mahour Bacha, qui fut un boutefeu impénitent, à se poser maintenant en victime du système. Lui qui fut, du temps de sa splendeur, l’oppresseur (nous croyons qu’il n’en a pas conscience) des petites gens, des sans-grades.

Contrairement à la parole de la famille de l’athlétisme, celle qui fait que la discipline continue à exister en dépit des coups portés, celle de Mahour Bacha et de ses épigones n’a pas de limites.

Selon des propos publiés sur son mur Facebook, la déclaration de Bouraâda aurait été commanditée en prévision des assemblées générales du COA qui se tiendront dans quelques semaines, en vue d’un nouveau mandat. Cela est possible. Il connait si bien la manœuvre pour l’avoir expérimentée tout au long du printemps et de l’été de l’année dernière. Et, bien avant.

La confiscation de la parole du système sportif national (ministère de la jeunesse et des sports, comité olympique tenus au devoir de réserve) par Mahour Bacha and C° n’a pas permis le dévoilement de certaines aberrations (dont le dopage) qui en sont partie intégrantes et d’informations susceptibles de mieux appréhender les coulisses et des réalités occultées.
  
Sans que cela soit vraiment une surprise (avec le temps nous nous y sommes habitués), des bribes de vérité nous parviennent de l’étranger dans cette presse francophone très présente qui nous apprend que les conflits de 2014 et 2015 avaient pour protagonistes Makhloufi et la fédération et conforte s’il en est besoin les déclarations ministérielles et de l’instance olympique antérieures.

Cette presse sportive ajoute aussi que si le contrat de préparation avec Dupont a  reçu « la bénédiction de la fédération algérienne », l’entraîneur français a été « rémunéré par le comité olympique ». Ce que beaucoup ont eu tendance à oublier car ignorant ou désireux d’occulter les difficultés financières réelles de la FAA enregistrant, à la fin 2016, 7.8 milliards de centimes d’endettement dans lesquels ne sont pas comptabilisés les prises en charge de la préparation olympique. Sans le comité olympique, Makhloufi n’aurait pas conquis les médailles de Londres (2012) et Rio (2016).

Pour enfoncer le clou, elle informe ses lecteurs que le salaire de Sébastien Levicq (entraîneur choisi par le COA qui participa aux jeux olympiques et détient un record personnel très proche de celui de Bouraâda) perçoit une rémunération (versée par le comité olympique) proche de celle de Dupont.


Par les coups portés par « la main étrangère » que l’on incrimine souvent et que l’on tente de séduire à tous prix, les vitrines du précédent bureau fédéral se sont brisées. La réussite des deux athlètes (Makhloufi et Bouraâda) n’est pas à mettre au crédit de la fédération mais à celui des pouvoirs publics et du COA accusés à tort. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire