Dans les milieux sportifs, l’été 2015 a été très tumultueux avec le dopage
pour fil rouge et pour leitmotiv. Des articles de presse, des documentaires
télévisés, des polémiques à n’en plus finir. Les Russes et les Kenyans visés.
Des champions déclassés et d’autres par contre ont été récompensés par les
médailles retirées à des athlètes dopés. Des champions pincés par des contrôles
positifs qui reviennent en compétition, à l’issue de la période de suspension,
meilleurs qu’ils ne l’ont jamais été. Des repentis qui bénéficient de réduction
de peine pour avoir fournis des informations aux enquêteurs. De quoi être
déboussolés par des histoires sans queue ni tête. Alors que la Turquie
collectionne une liste interminable d’athlètes dopés et sanctionnés (on parle
d’une cinquantaine de coureurs et coureuses), que la Russie et le Kenya sont
sur la liste des nations pourvoyeuses d’importants contingents d’athlètes
tricheurs, la France et les pays européens d’une manière générale engrangent
des médailles ristournées et au rabais. Des médailles certainement méritées en
d’autres circonstances mais dévaluées car acquises sur ce ₺tapis vert₺, honorables certes mais dégriffées par les images de la
télévision.
Un cas mérite qu’on s’y attarde un instant parce qu’il déstructure
tous les systèmes de pensées et introduit un doute sur l’intégrité, l’honnêteté
et la sincérité de tous les athlètes sans aucune exception y compris ceux et
celles qui ne méritent pas un tel anathème. La suspicion est née et reste dans
les esprits.
La nouvelle de l’attribution de la médaille de bronze du 1 500
mètres des championnats du monde en salle qui s’étaient disputés en 2012 à Istanbul
(capitale de la Turquie) à l’athlète française Hind Dehiba était connue depuis
la mi-août. Depuis quelques jours, elle est officielle suite à la
disqualification, pour cause de dopage, de l’athlète turque Asli Cakir. Au fil des ans, Hind Dehiba a grimpé lentement
au classement, de la 5ème qui avait la sienne à l’arrivée de sa
course à d’abord la 4ème place après la disqualification de la
Biélorusse Natalia Kareiva et donc maintenant à la dernière place du podium
consécutivement à la disqualification de la coureuse turque.
Les analystes de l’athlétisme mondial ont fait un étrange constat. Dans
les résultats de cette course, trois
noms sont suivis des lettres ₺DQ₺ (signifiant disqualifié) :
la Russe Elena Karzakhova, la Biélorusse Natalia Kareiva (4ème de la
course) et maintenant Asli Cakir (3ème). Les trois athlètes ont été
disqualifiées après que des sanctions pour dopage aient été prononcées (dans
les trois cas des anomalies ont été relevées dans le passeport biologique).
Asli Cakir, en ce mois d’août 2015, a d’abord écopé d’une suspension de 8 ans
décidée par le TAS (tribunal arbitral du sport) pour dopage sanguin après que
son passeport biologique ait révélé des valeurs sanguines anormales. La fédération
turque avait refusé de la sanctionner contraignant l’IAAF (empêtrée depuis des
mois à des polémiques sans fin) à porter l’affaire devant le TAS.
Cette instance internationale n’a eu aucune mansuétude pour Cakir qui
avait déjà purgé une suspension de deux ans en 2004. Pour cette athlète, cette
dernière sanction est accompagnée par la perte de sa médaille d’or des JO de
Londres et donc de sa médaille de bronze conquise au Mondial en salle 2012,
chez elle.
Pour Hind Dehiba, cette décision du TAS lui permet de décrocher une 3ème médaille en grandes compétitions : elle
avait remporté le bronze du championnat d’Europe en salle en 2005 et l’argent
du championnat d’Europe en 2010.
Pourtant, Hind Dehiba n’incarne pas la pureté sportive. En 2007, elle avait été contrôlée positive à
l’EPO et avait été suspendue pour une période de 2 ans (jusqu’à l’été 2009). Notons
aussi que, par un curieux hasard, lors des championnats du monde en salle de
2012, trois athlètes précédemment dopées et suspendues avaient concourues dans
la même série de 1500 mètres (Hind Dehiba, Asli Cakir, et la Marocaine Mariem
Alaoui Selsouli, positive à un diurétique).
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