Depuis 5 ans, la FAF
loge dans un compte séparé les subventions que lui accorde l’Etat algérien. Ce
serait 150 milliards de centimes qui, pendant cette période, auraient été
gelés, immobilisés au sens bancaire du terme. Sans que l’on sache s’ils ont été
producteurs d’intérêts ou pas. Un véritable pactole constitué pendant que tous
les niveaux de la pratique footballistique souffrent d’absence de moyens pour…survivre,
pâtissant de l’insuffisance de moyens financiers et de l’octroi de subventions
modiques par les autorités locales qui se tournent vers les plus exposés
médiatiquement, c'est-à-dire les équipes phares de la localité ou de la wilaya.
En un mot, l’opulence capitalistique opposée à l’indigence. Une représentation
très illustrative de l’environnement et du libéralisme économique dans lequel
se meut la FAF.
Le geste de la FAF, le
renoncement aux subventions annuelles que lui accordent les pouvoirs publics en
contre partie de la délégation d’activités et de pouvoirs qui lui est concédée
en tant qu’organisation d’utilité publique chargée de la gestion et le
développement du football national et
l’intention de restituer celles octroyées aux cours des années précédentes), se
veut et se présente comme un geste de bonne volonté des membres du bureau
fédéral et de bonne gestion. Ces sommes faramineuses inutilisées et
inutilisables en l’état actuel des capacités financières de l’instance suprême
du football national seraient peut être utiles dans ailleurs qui n’est le
football, semblent vouloir dire les membres du bureau fédéral.
Cette question de
renoncement et de restitution aux subventions annuelles étatiques est, de notre
point de vue, à percevoir sous un autre angle. Celui qui s’inscrit dans le
crédo (maintes fois réitéré) des fédérations sportives internationales (mais
surtout de la FIFA) de la non-ingérence des Etats dans le fonctionnement des
fédérations nationales agissant pourtant, dans beaucoup de nations, par
délégation des pouvoirs publics. En renonçant aux subventions, la fédération
distant inévitablement le lien vital et ombilical avec l’Etat qui lui permet d’exister
juridiquement et légalement. La capacité à subvenir à ses besoins propres est
tentante et relève du dogme libéral qui transcende justement ces fédérations
internationales.
En tant qu’association
dotée de l’indépendance financière, la fédération se place en position
d’autonomie autarcique qui dénoue les liens avec l’Etat créateur et se
vassalise, sous la forme d’une concession d’activités sur un territoire donné, à
une instance supranationale elle-même télécommandées par des multinationales
économiques et financières. On remarquera sur ce plan-là que Joseph
« Sepp » Blatter, réélu dans ses fonctions de président au début de
l’été dernier, a été réduit au rang de président intérimaire (jusqu’en février
2016) par l’action de la justice américaine et suspendu de ses fonctions dans
les jours qui ont suivi l’intervention médiatique des 4 sponsors majors (dont 3
américains) de cette organisation internationale qu’est la FIFA. Il en découle un
transfert de la vulnérabilité juridico-politique à la vulnérabilité
économico-financière.
L’on notera également
que la tendance à l’éloignement du giron national (donc des pouvoirs publics
mais aussi des associations subalternes que sont les ligues et les clubs) s’est
amorcé avec la constitution d’un patrimoine fédéral par un financement
multiple : fonds propres, Etat dont l’aide était la bienvenue à ce moment-là,
aide au développement de la Fifa dont le projet Goal.
En finançant ses
activités par le biais du sponsoring et des droits de retransmissions
télévisées (et l’exclusion des subventions étatiques), la FAF réduit également les
capacités de l’Etat à lui demander de rendre des comptes sur le plan comptable
et annihile sa mission de délégation de service public pour laquelle elle
reçoit la subvention. En rendant les subventions, la FAF se libère
unilatéralement de cette mission et n’a donc plus de raison d’être. A plus
forte raison que déchargée de cette mission, elle ne peut assurer l’autorité
qui est la sienne, du point de vue de la loi, sur les ligues et les clubs qui
en sont le fondement.
A remarquer aussi que
cette restitution, qui se veut être un signe de bonne gestion et
consécutivement d’abondance financière, indique au contraire une mauvaise
gestion puisque l’article 100 de la loi 13.05 prévoit que « Les
fédérations sportives nationales (…) peuvent réaliser avec le concours
financier de l’Etat et des collectivités locales et selon des
conditions avantageuses, toute opération d’infrastructure et/ou
d’équipement liée à leur objet et en relation directe avec leurs missions ».
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