lundi 19 octobre 2015

Subventions de l’Etat, Les paradoxes d’une décision


Il est difficile de tenter de comprendre la décision du bureau fédéral de la fédération algérienne de football (FAF) relative au renoncement de la subvention annuelle qui lui est accordée par les pouvoirs publics. Pour certains, cette décision fait partie d’une thématique qui serait à proposer aux romanciers et scénaristes spécialistes des sagas à succès de science fiction décrivant des situations paradoxales.
Cette décision, qui semble murement réfléchie par les instances dirigeantes du football national, confronte justement une bizarrerie, celle de l’opulence insolente de la structure associative-faitière d’une discipline sportive croulant sous les milliards de centimes au point de ne savoir que faire de 30 milliards (toujours de centimes) par an et l’indigence miséreuse des associations de base dont elle est sensée être l’émanation.
Il faut reconnaitre, toutefois à contre cœur, que transiter régulièrement  par les palaces internationaux  de Zurich, Rome, Paris, New York ou Rio de Janeiro quand ce n’est pas Doha ou Pékin éloigne les dirigeants élus de la plus haute instance nationale du football des réalités locales, celles qui voient les joueurs de quartiers et des niveaux les plus basiques se contenter (dans le meilleur des cas) des casse croutes frites-omelettes ou de cachir au risque prononcé de botulisme.
Le bureau fédéral se prévaut d’une santé financière florissante qui lui permet de se passer de la subvention de l’Etat. Elle s’enorgueillie de ses ressources en sponsoring et des droits de télévision engrangées grâce aux résultats d’une équipe nationale montée de toutes pièces à partir du produit des centres de formation de l’ex-puissance coloniale tandis que les centres de préparation et de formation des soit disant clubs professionnels algériens n’ont pas encore vu le jour et que les talents locaux s’étiolent. Il est vrai aussi que leurs dirigeants, par mimétisme compréhensible, se sont mis au diapason de leurs pairs de la FAF et de la LNF.
L’embellie financière présente n’aurait pu être sans les sacrifices consentis, depuis le recouvrement de la souveraineté nationale par les pouvoirs publics (aides apportées aux fonctionnement des différentes structures du football national et dans la réalisation d’infrastructures), les institutions et les dirigeants qui se sont succédés au fil des décennies et des individualités (fort nombreuses et jamais comptabilisées à bon escient) qui se sont dévouées (trop souvent dans les pires conditions d’évolution) pour accomplir un sacerdoce rarement reconnu à sa juste valeur.  
Cette décision incongrue montre à ceux qui ne l’avaient pas encore compris que les instances sportives (celles du football en particulier) vivent en autarcie complète, sans aucune complémentarité entre elles et encore moins avec les autres d’un niveau hiérarchique et fonctionnel distinct. Elles se juxtaposent simplement les une aux autres sans aucune complémentarité et une hiérarchie de façade.
En fait, la fédération algérienne est complètement déconnectée de son milieu naturel. A force de côtoyer d’autres hiérarques du football mondial, impliqués directement ou indirectement dans un esclandre planétaire de corruption, les dirigeants de la FAF ont certainement à l’esprit un désengagement total de leur structure (fonctionnant uniquement pour elle-même et non le développement du football) et une distanciation avec les pouvoirs publics. Une sorte de privatisation de la FAF qui fonctionnerait grâce aux subsides d’entreprises publiques nationales en attendant l’apparition des multinationales liées à un titre ou à un autre avec l’instance mondiale du football.

La FAF, par cette décision, a montré qu’elle se comportait non pas en une instance de gestion et de développement du football algérien mais comme une association (c’est d’ailleurs son statut au sein de la FIFA) gérant une équipe nationale représentative de ses intérêts à court terme (celle formée par une majorité de binationaux) et portant une attention dérisoire aux autres sélections nationales dont on connait malheureusement les performances mitigées.    

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