mardi 27 octobre 2015

Statut des entraîneurs, Nouvelle donne pour les "intermittents" du football


On le sait depuis la nuit des temps, en fait depuis que le football a supplanté la religion en tant qu’opium des peuples, les entraîneurs, dans le football professionnel algérien, sont  la cinquième roue de la charrette. La roue de secours, un de ces dirigeants qui doivent figurer réglementairement dans l’organigramme officiel du club mais à qui en réalité on accorde une considération variable et contrastée.
La fonction d’entraîneur fait partie de ces activités que l’on dit et que surtout l’on croit être à la portée de n’importe quel  quidam ayant eu, à un moment donné de son existence, l’opportunité (ne serait-ce dans un match de quartier) de tripoter un ballon en cuir ou mieux encore qui accumule au fil des années un temps de présence conséquent dans les gradins vermoulus des stades. On semble croire que les connaissances, l’expertise nécessaire à la maîtrise d’un groupe de joueurs au talent certes présent mais à développer, à la bonne conduite d’une préparation physique ou de la mise en place d’un schéma tactique est comme l’oxygène disponible à profusion, sans effort aucun.
Alors, lorsque, en plus d’être un citoyen dans sa plus simple expression, on fait partie des meubles du club, des accompagnateurs inamovibles qui, de temps à autre, mettent la main à la poche pour offrir aux joueurs une ou plusieurs palettes de bouteilles d’eau minérale ou de source, on devient entraîneur averti et confirmé (ou bien un super génie capable d’en remontrer au plus perspicace de cette corporation sans amour propre ainsi qu’en témoigne le sort qui leur est régulièrement fait) , dans la plus belle tradition des mécanismes de la gestion humaine participative des entreprises socialistes d’antan (et celles qui depuis les ont supplanté) où le temps de présence dans l’entreprise vaut diplôme au nom de la validation des acquis professionnels.
La fédération algérienne de football, désireuse de remettre un peu d’ordre dans un secteur qui va à vau l’eau, vient, lors d’une récente réunion du bureau fédéral, d’exiger la formalisation de la relation contractuelle entre le club professionnel et les entraîneurs par l’établissement d’un contrat-type devant être présenté avec l’ensemble de la documentation permettant l’engagement aux compétitions. Pourtant, nous semble-t-il, cette relation était déjà encadrée par des contrats conclus entre les deux parties mais qui (c’est la conclusion à laquelle malheureusement nous aboutissons) n’avaient aucune valeur juridique dans les rouages de l’administration footballistique. Les moyens et instruments de légalisation documentaire font l’objet d’une authentification par l’instance footballistique. Cette validation fédérale ouvrira aux entraîneurs, du moins cela fait partie de l’imaginaire des hauts cadres fédéraux, des moyens administratifs et réglementaires qui leur (les entraîneurs) permettra de faire valoir leurs droits éternellement spoliés par l’autre partie contractante, les présidents de clubs à travers les mêmes processus que ceux qui sont usités par les joueurs. On sait ce qu’il advient le plus souvent des recours déposés auprès de la CRL et du TAS  dont les décisions prétendument exécutoires font l’objet de manœuvres dilatoires de la part des clubs.  Ceci étant le sort connu par tous réservé aux acteurs principaux du football, qu’en sera-t-il des intermittents de ce spectacle, des saisonniers du ballon rond ?
Le milieu des entraîneurs de football est de plus en plus équivoque et de plus en plus réglementé. Les diplômes délivrés par les institutions étatiques, à la fin d’un cursus de formation de durée variable, n’ont plus guère de valeur face à ceux délivrés par les instances footballistiques à l’issue d’un parcours, de formations  accélérées et alternées (à raison de 4 jours ou 5 jours par session) évidemment accompagné de nombreuses passerelles et dérogations bénéficiant avant tout à la catégorie particulière des internationaux conduisant à ces fameuses licences validées par la confédération. Comme toujours, ces fameuses formations au rabais sont mises en œuvre au profit des pays en développement auxquels on propose un programme de prêt-à-former.    

Une nouvelle confirmation que l’univers footballistique veut se doter d’une autonomie totale vis-à-vis des institutions gouvernementales et nationales et s’instituer en Etat dans l’Etat pendant qu’ailleurs en Europe, leurs pairs rejoignent les bancs de l’université.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire