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ans les précédentes
chroniques de la série « Des entraineurs », nous avons
tenté de montrer deux types de transfert de compétences. Le premier s’est appuyé
sur les déclarations, d’un « entraineur d’Etat »
français, que nous avons outrancièrement schématisé pour décrire un système
collectif, institutionnel dans lequel sont en action en premier lieu (dans une
approche expérimentale) une collaboration à l’avancée des connaissances et
ensuite le partage cognitif en vue de la mise en place de qui serait une école
française du 800 mètres.
Nous avons vu également que
chez nous le partage des connaissances était restreint et que, dans certaines
situations précisées d’associations et d’institutions sportives, il prendrait
plutôt la forme d’une contamination ayant donc le caractère informel dans
lequel patauge toute la société algérienne et non seulement les associations
sportives et leurs membres. Ces clubs (MCA, ASSN, CNMEPS) et des pôles de
résultats (Bordj Bou Arreridj pour le demi-fond et le fond, Bejaïa pour ce qui concernent les épreuves
techniques) perpétuent (le contexte les y contraignant) la démarche
scholastique des écoles coraniques et des universités de l’âge d’or de l’Islam
et du Moyen Age européen prenant la forme d’un cercle de savoir limité à un Maître
et à des disciples. Une transmission basée également sur l’oralité et la
présence permanente auprès du « cheikh ».
Sans que l’on y prenne garde,
nous sommes au cœur d’une dualité entre une société moderne et l’archaïsme sociétal, une expression utilisée,
il y a quelques années, par un homme politique pour stigmatiser une action
populaire contestataire qui n’avait pas eu l’heur de lui plaire (et à ses pairs
du très riche panel des partis politiques agréés par les pouvoirs publics) car
s’appuyant sur la résurgence (selon lui inappropriée) des structures sociétales
traditionnelles.
La notion de circulation de
la connaissance est également en jeu. Dans les deux situations, c’est le
concept de « l’itinérance » qui est central. Dans la
première situation, il s’agit de l’itinérance du savoir (et des
conférenciers-propagateurs) qui se déplace à la rencontre du public. Dans la
seconde, ce sont les apprenants qui vont vers les détenteurs du savoir, vers
les mandarins jouissant d’un statut social confortable.
Notons que ce n’est pas la
qualité de la connaissance transmise qui est ici en question mais la rapidité
de la dissémination cognitive, la nature des supports ainsi que l’étendue du
cercle des apprenants. Il est aussi possible de percevoir une autre dimension
(plus sociale celle-là) distinguant un comportement de « démocratisation
du savoir » d’un autre plus « élitiste »
dans le prolongement des principes (sauf qu’ici le savoir supplante les
puissances militaire et financière) inscrits dans les notions de « clans »
et de « tribus » regroupés autour d’un leader coopté
par un groupe social plus puissant ayant le statut, comme dans
l’organisation sociale amazighe (berbère, numide) de fédérations ou de confédérations
ou dans celle de l’Occident féodal des seigneuries ayant le rang de principautés,
duchés, comtés et baronnies avec une proximité (exempte de hiérarchisation) de
ces émirats qui peuplent les discours contemporains arabo-islamistes. On ne
peut s’empêcher d’y greffer l’idéologie véhiculée par le concept de « patriarcat »,
traversant les millénaires, retrouvée sculpté dans le marbre de la table des
lois ancestrales où l’âge et le temps de présence dans la fonction détermine la
compétence.
La transmission du savoir,
dégagée à partir des déclarations de Bruno Gajer, ne se limite pas à ces
aspects que nous avons tenté d’éclairer. Nous avons à dessein momentanément
écarté celui qui a amorcé l’entretien. La publication d’ouvrages dont l’un est
remarquable car il implique un collectif de 12 personnes.
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