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runo Gajer, après un parcours
d’entraîneur typique de ce bénévolat qui
caractérise le mouvement sportif français et occidental, grâce à un effort de travail
personnel, de perfectionnement que l’on suppose permanent, s’est retrouvé intégré
(suite à un concours, instrument formel de validation de la compétence) dans le
système institutionnalisé de production de performances d’une part, de
production et de circulation de la connaissance en résultant d’autre part. Un
système qui emprunte les contours de la diffusion et la respectabilité du
savoir académique
C’est dans un cadre moins
conventionnel que, depuis 1972, baigne Bernard Brun un autre entraineur bénévole,
un de ces « faux » entraineurs (pour reprendre le qualificatif employé par un
triple champion de France du 400 mètres haies au sujet des entraîneurs qui ne
sont pas laissés emporter par les dérives pharmacologiques) animant et
promouvant les athlétismes français et algériens.
Cet ancien athlète devenu
entraîneur fut, comme Bruno Gajer, un
athlète de niveau interrégional ayant réalisé à quelques dixièmes près le même
chrono sur 800 mètres. Un chrono qui fit du « Master 3 »
qu’il est aujourd’hui un des meilleurs
cadets français de son époque. Il y a un demi-siècle !
Il raconte que, dans le cadre
du service militaire effectué au Bataillon de Joinville (l’équivalent de
l’EMEPS d’antan), regroupement des meilleurs sportifs français (toutes
disciplines confondues) en âge d’accomplir leurs obligations, il eut la
possibilité d’enrichir ses connaissances en devenant un habitué de la bibliothèque
de l’INS qui était la « Mecque
des entraîneurs français », un établissement qui avait accueilli
des entraîneurs algériens d’athlétisme dont Aâmi Moussa-Embarek, introducteur
de l’intervall-training à Constantine à la fin des années 50.
Cadre de maîtrise dans une
unité de production de matériels électriques, Bernard Brun est le parfait
bénévole. Qui plus est, n’est pas le
produit de la filière EPS. Il est une sorte (pour ceux qui les connaissent)
d’Aâmi Cherif Grabsi mâtiné de Labed Abboud avec lequel il partage la
caractéristique d’avoir assumé la fonction de dirigeant de club. D’Aâmi Cherif
Grabsi (qui fut postier), Bernard Brun a en commun d’avoir exercé son activité
professionnelle loin de l’éducation et de l’enseignement (Labed et Fethi
Benachour).
Mieux, Bernard Brun a fondé
(et présidé) un club au niveau d’une
petite ville (sous-préfecture quand même, l’équivalent d’une daïra) des
Cévennes - contrefort Sud du Massif Central, à une bonne heure de route au
Nord-Est de Montpellier, capitale régionale où jouent deux « Fennecs »
(Ramy Bensebaini et Riad Boudebouz) - qui, par bien des aspects, présente des
similitudes avec la Kabylie (une forte communauté native de la vallée de la
Soummam est implantée dans cette région française depuis la fin de la première
guerre mondiale) dont elle partage le caractère rebelle. Cette région s’était
opposée, pendant les « guerres de religion » des 16ème
et 17ème siècles, les armes à la main aux colonnes armées du pouvoir
royal central, religieux et jacobin de Louis XIII et Louis XIV. A l’époque de la « nuit de la
Saint Barthélémy» où des centaines de protestants furent massacrés dans
les rue de Paris.
Comme les pasteurs (imams) de
la religion protestante, en plus d’être bénévole, le Bernard Brun d’aujourd’hui
- viré de la présidence de « son » club par les autres
dirigeants pour des divergences de vision (certains sont devenus proches des
pouvoirs politiques locaux lorsqu’ils ne siègent pas au conseil municipal) -
devenu « coach indépendant », porte la bonne
parole athlétique dans trois localités de la région. Gracieusement, SVP !
Bernard Brun est, comme
beaucoup d’entraîneurs algériens, totalement dévoué à sa passion. Il parcourt
les routes de sa région : une séance hebdomadaire d’entraînement dans la petite
localité où il réside, trois séances hebdomadaires au stade de la
sous-préfecture (à 30 minutes de route) et une autre séance dans la localité
célèbre pour abriter la source d’eau minérale Perrier (à 1 heure environ de son
domicile).
Bernard Brun coache
aujourd’hui des athlètes de tous âges (des jeunes jusqu’aux vétérans) et de
tous niveaux (départemental, régional et national). Il a été connu pour avoir
entraîné Thierry Pantel qui, dans les années 90, fut le leader français des
5 000 mètres et 10 000 mètres et du cross-country. Il appartint à
l’élite mondiale et figure toujours à la seconde place des bilans français du
10 000 mètres (27.31.16 en 1990).
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