dimanche 24 avril 2016

Statut des SSPA (10), La foire aux affaires

L
es supporters du MCA, ces Chenaoua dont une frange s’est organisée pour former des groupes d’ « Ultras» qui pour l’un des plus importants serait constitué d’universitaires et qui pour un autre s’exhibe torse nu, quelles que soient les conditions climatiques, ont - à l’occasion du match de demi-finales de la Coupe d’Algérie opposant leur équipe à celle de l’US Tébessa (une équipe évoluant dans le championnat inter-régions, le quatrième niveau de la hiérarchie nationale) - brandi une gigantesque banderole de 100 mètres de longueur qui, dans leur jargon, serait un tifo. 
Ils étaient 60 000 Chenaoua à encourager leurs chouchous sur lesquels ils mettent en permanence une pression qui ne fait pas de mousse mais fait exploser les ciboulots et les cœurs des milliardaires des stades. Une pression telle  que la présence de ces supporters aux abords des lieux d’entraînement (après un résultat décevant leurs espérances) se transforme allégrement, quand tout va mal et que les résultats ne sont pas présents, en agressions verbales et quelquefois physiques.
Le tifo a été exhibé lors de l’apparition d’Omar Ghrib qui faisait sa réapparition sur la main courante du temple du football algérien. Cela se passa moins d’une semaine après sa réintégration dans le staff dirigeant du MCA et moins d’un mois après sa réhabilitation par l’assemblée générale de la Fédération avec l’assentiment des pouvoirs publics qui avaient poussé à son bannissement à vie du mouvement sportif national. Après un coup d’Etat administratif au sein du CA, les membres représentant de l’actionnaire principal réticents à son retour furent démis de leurs mandats par les responsables de la compagnie pétrolière
Il faut ici indiquer que les pouvoirs publics, pour bien dévoiler l’importance du crime de lèse-majesté commis par le sieur Omar Ghrib en 2013 lorsqu’il fut l’instigateur du refus des joueurs et des staffs de se rendre à la tribune officielle pour la remise des médailles destinées aux finalistes de la Coupe d’Algérie, firent ajouter un alinéa à l’article 3 du décret exécutif 15.73 stipulant que le club sportif professionnel est dans l’obligation d’ «observer les règles solennelles et protocolaires inhérentes aux compétitions et manifestations sportives ». La réconciliation nationale dans toute sa splendeur avec aussi l’effacement de toutes les horreurs comme la dissimulation d’un audit financier défavorable pour le sieur Ghrib sur fond de factures inexplicables et inexpliquées.
60 000 supporters ont assisté au match MCA-UST. 40 000 étaient présents le jour de la rencontre de Coupe d’Afrique ayant opposé le CSC et l’équipe nigériane de Nasawara. 50 000 spectateurs (à raison de 25 000 supporters pour chacune des équipes finalistes) sont attendus pour la finale de la Coupe d’Algérie entre le NA Hussein Dey et le MCA. Sans compter les places qu’il faudra réserver aux officiels et autres spectateurs.
L’an passé, à ce même stade de la compétition, 10 000 « Vikings », adorateurs du RC Arbaâ au surnom historiquement, culturellement inapproprié et dont le sens devrait faire l’objet d’une étude,  côtoyaient 10 000 « Crabes » de Bejaïa lors de la finale 2015 de cette même Coupe d’Algérie au stade Mustapha Tchaker de Blida, un stade de capacité moyenne (25 000 spectateurs)  accueillant régulièrement, depuis des années, les Fennecs. Il y a quelques jours, c’était plus de 25 000 Crabes qui ont rempli leur stade de l’Unité Maghrébine lors du match retour ayant opposé MO Bejaia au Zamalek du Caire.

Les billets d’entrée vendus aux guichets à respectivement 300 et 500 DA sont disponibles (lorsqu’on s’en éloigne un peu et que l’affiche est attractive) pour les retardataires à 500 et 1 000 DA. Il est alors possible de conclure que les clubs reposent sur un véritable filon d’or. Un gisement d’affaires qui profite essentiellement aux contrefacteurs de tickets d’entrée et aux fabricants d’équipements sportifs également contrefaits en vente aux abords des stades (en très grande quantité, à des prix défiants toute concurrence, avec bien évidemment une envolée comme dans une économie de marché où les règles sont fixées par la loi de l’offre et d’une demande démultipliée par l’organisation d’un événement exceptionnel comme peut l’être un match de la Champion’s League africaine). 

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