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u point de vue du droit des affaires dont les textes sont regroupés
dans le « Code du commerce », la société sportive par
actions appartient à ses propriétaires. En affirmant cela, par cet aphorisme, nous avons
tout dit et en même temps nous n’avons rien apporté de nouveau à ce débat qui
régulièrement (plus qu’on ne le voudrait) agite l’univers du football.
En stipulant que le nombre d’associés d’une société par actions (Spa) ne
peut être inférieur à 7, le code du commerce confirme (si cela devait être car
la société est immergée dans le libéralisme économique dans sa version la plus
récente de la financiarisation débridée) qu’il s’agit d’un groupement
d’associés dont il est précisé qu’ils peuvent être soit des personnes physiques
soit des personnes morales sensées (toutes les deux) avoir le statut de
commerçant. Le but de ces associés de la Spa est de mutualiser les moyens dont
chacun dispose en vue de dégager des bénéfices à partager au prorata des
participations détenues dans la société.
La constitution de la SSPA répond aux mêmes critères bien qu’elle
incorpore un nouvel associé (par dérogation à la règle générale) qui n’a pas ce
statut de commerçant, le club sportif amateur au statut d’association à but non
lucratif. La SSPA intègre donc des personnes physiques (des individus) et des
personnes morales (sociétés commerciales et associations sportives).
Elle est en cela une « propriété collective »
devenant « privée » puisque le statut des associés
qui la constituent fait qu’elles (les SSPA) relèvent majoritairement du secteur
privé à l’exception de 3 d’entre elles. Il s’agit des SSPA dont l’actionnaire
majoritaire appartient au domaine privé de l’Etat à travers la prise de
participation de Sonatrach et de ses filiales (MC Alger, CS Constantine et JS
Saoura) qui font qu’elles sont des « propriétés collectives à
capitaux majoritairement publics». Une seule SSPA, celle qui s’est
formée autour de l’USM Alger, serait celle qui se rapproche le plus d’une
« propriété individuelle à capitaux majoritairement privés».
Nous noterons aussi que le choix de l’Administration de privilégier la
SSPA en tant que mode d’organisation du club professionnel n’exclue pas
l’option (dans l’optique d’un élargissement de la réflexion) légalement
possible de la société sportive à responsabilité limitée (Ssarl) et de
l’entreprise unipersonnelle sportive à responsabilité limitée (Eusral),
formules sportives de la Sarl et l’Eurl. L’Eurl serait dans le débat qui nous
préoccupe un club sportif professionnel privé appartenant à une seule personne,
soit la représentation idéale de la « propriété privée individuelle ».
Les deux autres formes de personnalités juridiques se voient attribuées le
statut de « propriété privée collective ».
Dans une société commerciale, la composition humaine (les actionnaires)
est sélectionnée selon des critères qui semblent les plus pertinents à ceux qui
la composent et qui attendent « un retour sur investissement »,
un gain à partir des activités commerciales ou industrielles engagées. L’entrée
dans le capital est certes le fruit d’un consensus, d’une entente entre les
associés mais avec une demande exprimée par la société.
Il n’en est pas de même pour l’association sportive dont on sait
qu’elle ne partage pas des bénéfices (en fait ce ne sont pas des gains au sens
habituel du terme ni des plus-values mais des restes-à-dépenser ou des
économies réalisées sur les budgets prévisionnels d’opérations conduisant à un
résultat positif) qui pourraient clôturer l’exercice comptable. L’association accepte
parmi ses membres des personnes physiques (partageant un idéal immatériel) pour
qui l’appartenance à l’association est la conclusion d’une démarche
administrative matérialisant un acte volontaire exprimant la volonté du membre
adhérent à devenir sociétaire.
La SSPA est entente, convention entre le(s) représentant(s), à
l’assemblée générale et au conseil d’administration de la société, des
sociétaires d’une association qui n’attendent (de prime abord) aucune
rétribution aux efforts consentis pour la bonne marche de l’association et les
actionnaires en attente d’une augmentation de leurs richesses. Elle est une alliance entre les anges et les
démons.
Elle est également une entité
caméléonesque, un hybride faisant la transition entre le tout public et le tout
privé. Un univers qui perd le patrimoine immatériel qui a présidé à sa
fondation.
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