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ors d’une récente vente-dédicace, Amine Zaoui, écrivain algérien
contemporain d’une notoriété certaine, aurait déclaré, selon une relation de
l’évènement partagée sur les réseaux sociaux, qu’une partie numériquement,
sociologiquement, géographiquement et idéologiquement très dominante du
lectorat algérien (qu’il définit avec pertinence) confondait les genres littéraires,
les romans avec la propagande et les textes religieux et que pour ce motif le
lecteur lambda se permettait de pérorer et d’assener des vérités foncièrement
marquées par l’Histoire.
Il semblerait que la confusion des genres fasse partie des gènes de
nos leaders d’opinions, du moins et surtout, ceux qui occupent en permanence
les tribunes médiatiques proposées par les titres de la « foot-people-presse»
qui, dans les deux langues parlées dans ce pays, envahissent les étals.
Les observateurs du mouvement sportif national ont pu remarquer que,
dans les contextes de forte contestation de la gestion des clubs emblématiques
des cités représentées dans le football professionnel, les dirigeants en place -
confrontés aux crises multiformes rythmant la vie d’un groupe social (difficultés
financières, relations internes et/ou externes conflictuelles, déficiences
managériales, modes de gouvernances, etc.), exacerbées par les crises de
résultats - font appel, dans un mimétisme remarquable avec l’univers de la
politique politicienne, au soutien populaire pour atténuer, pour remédier aux
effets néfastes que leurs actions antérieures ont pu avoir sur la vie du groupe
social qu’est le club.
Depuis que le football algérien porte avec ostentation le costume du
professionnalisme, à chacune des situations préjudiciables au bon
fonctionnement de la SSPA, les responsables du club, empêtrés dans un turn-over
qui impressionnerait (par sa constance et sa répétitivité) le plus placide des
experts en gestion des ressources humaines ou des entreprises, scandent, à qui
veut bien les entendre, que le club n’est pas une « propriété
privée ». De toute évidence, ces orateurs passionnés relèvent de
la minorité d’actionnaires et de l’incapacité à faire progresser des idées dans
l’esprit de la part dominante de l’actionnariat dans une approche démocratique.
Il s’agit, si l’on s’intéresse de près à la question, d’une minorité
agissante inspirant diverses formes d’actions telles que la contestation populaire,
les appels à la rébellion, aux regroupements sur les lieux d’entraînement, aux
insultes proférées par des supporters manipulés et surexcités à partir des
tribunes lors des rencontres, aux tentatives d’agression des joueurs et des
membres du staff technique, des entreprises de déstabilisations et de
redressements inspirées par l’histoire révolutionnaire, aux sit-in devant les
institutions publiques et aux marches des supporters dans les rues de la ville,
les réunions d’anciens joueurs et dirigeants porteurs d’une expertise fortifiées
par les assemblées des sages ressuscitant les pratiques ancestrales de
règlement de conflits…jusqu’à la mise en place d’un comité de sauvegarde
renvoyant à un univers historique qui n’est pas le nôtre mais celui de la
Révolution française de Robespierre, Danton, Marat et…Guillotin.
Depuis les temps immémoriaux, le concept de « propriété »,
en commençant par les territoires de chasse, les terres agricoles et les points
d’eau de l’humanité préhistorique, a été au cœur de tous les différends
familiaux, d’héritages, des conflits, des guerres tribales ou entre nations. Une
longue série de récits qui jalonnent l’Histoire et les mythologies où se
bousculent les déplacements de limites, de balises matérialisées par des pierres
ou des rochers, un olivier ou un figuier, le cours de ruisselets ou de fleuves,
etc.
Un très long chapelet où la « propriété privée »
s’oppose d’abord à la « propriété collective » (celle
qui nait de l’indivision, de l’appartenance au clan dans lequel on se
reconnait) et ensuite à la « propriété publique », une
notion nouvelle, apparue avec les administrations ottomane et française (via le
cadastre et les impôts) et la mainmise sur les patrimoine individuel, le patrimoine
collectif tribal ou clanique (biens aârch) ou le patrimoine collectif religieux
(habous), spoliés par les envahisseurs et dévolus à une entité inexistante
(invisible, immatérielle mais concrétisée par les gens d’armes, les
garde-champêtres, l’administrateur et le percepteur) dans la conception de l’univers
de nos ancêtres, l’Etat dans sa perception beylicale de représentant d’un
pouvoir étranger rejeté. Une vision du monde conduisant à la défense de la
« propriété privée » et aux tentatives de réappropriation
de la « propriété publique », anciennement « propriété
collective » (tribale et religieuse). Avec en surimpression les
vestiges mémoriels du collectivisme importé de l’Europe marxiste. Mais, qu’en
est-il vraiment. Quel est le statut de la SSPA?
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