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epuis 1962, repère du recouvrement de la souveraineté nationale, le
mouvement sportif algérien, devenu mouvement sportif national, a considéré que
la pratique sportive relevait d’associations agréées en maintenant la
réglementation héritée de la période coloniale qui ne contrevenait pas dans le
fond avec l’idéologie dominante s’appuyant sur les concepts de solidarité, de
communauté, de collectivité et de collectivisme. Bien au contraire. Puisque
tous en étaient issus et à ce titre marqués par la philosophie véhiculée.
De plus, le mouvement sportif ne pouvait échapper au contexte
d’identité fédérative très prégnant renvoyant aussi bien aux traditions
ancestrales et musulmanes qu’aux idéaux contemporains importés de ces nations
d’Europe de l’Est dont l’apport, pendant la guerre de libération et plus tard,
ne fut pas négligeable sur le plan idéologique et matériel.
Les nationalisations des biens des anciens colons et de la bourgeoisie
algérienne ont renforcé, dans la société, l’effacement de la notion de
propriété privée et a consolidé celle de propriété collective, que formule sans
cesse les discours politiques populistes, conduisant entre autre aux
occupations des logements laissés vacants par leurs propriétaires et à la
création de coopératives de gestion des biens, manufactures et propriétés
agricoles.
Dans l’ambiance festive des premières années de l’Indépendance, nous
noterons que deux actions sportives furent et sont glorifiées. La première est celle
de la constitution de l’équipe de football du FLN formée par une trentaine de
joueurs expatriés évoluant dans les clubs professionnels de l’Hexagone (certains
jouèrent en équipes de France) et le retrait des compétitions sportives
organisées sur le territoire algérien et l’appel à rejoindre les maquis à l’instigation
encore une fois du parti unique révolutionnaire. Indéniablement, ces deux
actions, se traduisant sur le terrain par des actes individuels, revêtent un
caractère symbolique dépassant l’individualisme et fortifiant par leur
multiplicité l’appartenance à un mouvement collectif solidaire.
Le caractère collectif préservé des associations sportives se
transforme (à partir de 1976) lorsqu’elles deviennent des associations à
caractère public consécutivement à leurs prises en charge financière par les
entreprises étatiques et les collectivités locales et par le changement de
dénominations qui à la fois s’inscrit dans la politique nationale d’arabisation
et dans un processus d’implication symbolique des entités de parrainage dans la
nomination.
Appliquant à la lettre l’adage olympique sur l’apolitisme, le sport
algérien ne fait pas de politique (même si il fut souvent impliqué dans des
activités politiques et quand bien même les actions accomplies pendant la
guerre de libération nationale aient ce caractère. On remarquera que l’Algérie,
territoire colonisé, n’était pas membre du CIO, de la FIFA et des autres
fédérations internationales et pouvait en tant que pays à la recherche de sa
libération. Il s’y insère et s’adapte logiquement à toutes les mutations que la
sphère politicienne connait.
Le sport professionnel (tel que nous le constatons actuellement)
n’aurait pu être appréhendé par la législation nationale si l’environnement
politico-économique n’avait évolué depuis 1988. Au cours de la dernière
décennie du 20ème siècle, la propriété privée (en voie de
disparition et ne subsistant que par les petits commerces) a cherché à se faire
une place aux côtés de la propriété publique et a postulé à son éviction. La
création des SPPA n’est que la forme sportive de la privatisation du patrimoine
étatique.
Jusqu’à présent nous avons perçu le mouvement sportif national à
travers 3 acteurs essentiels de la mise en œuvre de la politique
sportive : les pouvoirs publics et leurs représentants (entreprises
publiques et/ou collectivités locales) les membres adhérents de l’association
sportive se perpétuant aujourd’hui dans les clubs sportifs amateurs et, depuis
cinq années environ avec l’insertion du sport professionnel affichée
ouvertement dans la législation algérienne, les associés de la SSPA, plateforme
juridique des clubs sportifs professionnels.
Un quatrième élément n’a pas fait partie de notre réflexion. Un
élément fondamental et incomparablement plus nombreux que les trois autres et
tout aussi important dans le fonctionnement des mécanismes et du système qui se
mettent en place. Un élément invisible aux yeux des observateurs et pourtant si
présent.
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