mardi 19 avril 2016

Statut des SSPA (6), L’invisible quatrième élément

D
epuis 1962, repère du recouvrement de la souveraineté nationale, le mouvement sportif algérien, devenu mouvement sportif national, a considéré que la pratique sportive relevait d’associations agréées en maintenant la réglementation héritée de la période coloniale qui ne contrevenait pas dans le fond avec l’idéologie dominante s’appuyant sur les concepts de solidarité, de communauté, de collectivité et de collectivisme. Bien au contraire. Puisque tous en étaient issus et à ce titre marqués par la philosophie véhiculée.
De plus, le mouvement sportif ne pouvait échapper au contexte d’identité fédérative très prégnant renvoyant aussi bien aux traditions ancestrales et musulmanes qu’aux idéaux contemporains importés de ces nations d’Europe de l’Est dont l’apport, pendant la guerre de libération et plus tard, ne fut pas négligeable sur le plan idéologique et matériel.
Les nationalisations des biens des anciens colons et de la bourgeoisie algérienne ont renforcé, dans la société, l’effacement de la notion de propriété privée et a consolidé celle de propriété collective, que formule sans cesse les discours politiques populistes, conduisant entre autre aux occupations des logements laissés vacants par leurs propriétaires et à la création de coopératives de gestion des biens, manufactures et propriétés agricoles.
Dans l’ambiance festive des premières années de l’Indépendance, nous noterons que deux actions sportives furent et sont glorifiées. La première est celle de la constitution de l’équipe de football du FLN formée par une trentaine de joueurs expatriés évoluant dans les clubs  professionnels de l’Hexagone (certains jouèrent en équipes de France) et le retrait des compétitions sportives organisées sur le territoire algérien et l’appel à rejoindre les maquis à l’instigation encore une fois du parti unique révolutionnaire. Indéniablement, ces deux actions, se traduisant sur le terrain par des actes individuels, revêtent un caractère symbolique dépassant l’individualisme et fortifiant par leur multiplicité l’appartenance à un mouvement collectif solidaire. 
Le caractère collectif préservé des associations sportives se transforme (à partir de 1976) lorsqu’elles deviennent des associations à caractère public consécutivement à leurs prises en charge financière par les entreprises étatiques et les collectivités locales et par le changement de dénominations qui à la fois s’inscrit dans la politique nationale d’arabisation et dans un processus d’implication symbolique des entités de parrainage dans la nomination.
Appliquant à la lettre l’adage olympique sur l’apolitisme, le sport algérien ne fait pas de politique (même si il fut souvent impliqué dans des activités politiques et quand bien même les actions accomplies pendant la guerre de libération nationale aient ce caractère. On remarquera que l’Algérie, territoire colonisé, n’était pas membre du CIO, de la FIFA et des autres fédérations internationales et pouvait en tant que pays à la recherche de sa libération. Il s’y insère et s’adapte logiquement à toutes les mutations que la sphère politicienne connait.
Le sport professionnel (tel que nous le constatons actuellement) n’aurait pu être appréhendé par la législation nationale si l’environnement politico-économique n’avait évolué depuis 1988. Au cours de la dernière décennie du 20ème siècle, la propriété privée (en voie de disparition et ne subsistant que par les petits commerces) a cherché à se faire une place aux côtés de la propriété publique et a postulé à son éviction. La création des SPPA n’est que la forme sportive de la privatisation du patrimoine étatique.
Jusqu’à présent nous avons perçu le mouvement sportif national à travers 3 acteurs essentiels de la mise en œuvre de la politique sportive : les pouvoirs publics et leurs représentants (entreprises publiques et/ou collectivités locales) les membres adhérents de l’association sportive se perpétuant aujourd’hui dans les clubs sportifs amateurs et, depuis cinq années environ avec l’insertion du sport professionnel affichée ouvertement dans la législation algérienne, les associés de la SSPA, plateforme juridique des clubs sportifs professionnels.
Un quatrième élément n’a pas fait partie de notre réflexion. Un élément fondamental et incomparablement plus nombreux que les trois autres et tout aussi important dans le fonctionnement des mécanismes et du système qui se mettent en place. Un élément invisible aux yeux des observateurs et pourtant si présent.


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