En parlant de sa situation, de sa relation avec la FAA qui l’a retenu
pour représenter le pays, Hamid « Blondin » Zerrifi n’exagère
guère en disant que « ce n’est pas normal ».
Mais, cela lui permet de se lancer dans le récit de quelques péripéties qui
font partie des coulisses de la participation algérienne aux championnats du
monde de Moscou (2013) et de Pékin (2015). On trouve dans sa narration, dans
l’interview accordée à un titre de la presse nationale, ce qui prend les
apparences d’un rituel : celui du bouc-émissaire, de l’athlète proie
facile pour des dirigeants que l’on devine (à la lecture de son récit) sans
scrupules.
Lorsqu’il parle de l’apport
fédéral à sa préparation, il dit qu’« ils me font tourner en bourrique, des
prétextes enfantins pour vous faire
attendre ». Zerrifi qui n’est pas habitué à ce genre de relations
s’est retrouvé affrontant les mystères de la bureaucratie en milieu sportif, à
des comportements qu’il dénonce pour que « les générations à venir car il y
a un potentiel énorme en Algérie » en soient dispensées. La
réflexion de Zerrifi ne concerne plus les « binationaux ». Il a
glissé imperceptiblement vers la situation des athlètes « locaux »
soumis aux mêmes turpitudes. Ce qui s’applique à lui s’applique également aux
autres !
Zerrifi en a gros sur le cœur. L’amertume déborde. Il suffit d’enlever la
bonde qui le retient pour que s’écoule sans discontinuer le flot des
récriminations, d’événements révélateurs de dysfonctionnement ou de
comportement pour le moins inapproprié, désolants. Des attitudes, des propos
dont certains sont à la hauteur de la réputation de responsables fédéraux aux
écarts de langages rapportés antérieurement par d’autres athlètes. Des
athlètes « locaux », selon la
terminologie de la presse footballistique, plus ou moins habitués à ce genre de
situations.
Quand Zerrifi fait le récit de ses mésaventures avec la FAA, les faits
les plus récents remontent les premiers à la surface. Ils sont encore tout
frais, vivaces dans la mémoire du conteur. Le temps ne les a pas totalement effacés.
Nous sommes en juillet 2016. Les
premiers souvenirs amers sont ceux survenus aux championnats du monde de Pékin,
l’été précédent. Il narre qu’à ces championnats, « on n’avait pas encore notre tenue
la veille de la compétition. J'ai du m’en faire prêter une par un des athlètes ».
Il ne trouva qu’un seul qualificatif pour cette situation :
« C'est honteux ! ». Remarquons qu’il débute par un « on »
(3ème personne du singulier à la fois neutre et pluriel) signifiant
qu’ils étaient quelques-uns (une forme de généralisation du sujet en question)
à n’avoir pas reçu la dotation vestimentaire et termine sa phrase par « j’ai
du m’en faire prêter une….»
exprimant implicitement le sentiment d’une discrimination ressentie
intimement. Ainsi que l’esprit de débrouillardise qui doit faire partie des compétences
pré-requises d’un athlète algérien représentant son pays dans une compétition
mondiale s’il veut être en phase avec le protocole. Malheureusement, Zerrifi ne
dit pas si les athlètes reçurent
finalement leur paquetage.
Le pire était pourtant à venir.
Lorsque pour le déplacement des athlètes, il dû avancé le prix d’une
course en taxi, laissant entendre qu’ils (les athlètes sans préciser lesquels,
en particulier s’il s’agissait d’autres coureurs se rendant au départ de leurs épreuves
respectives) ont été lâchés dans les rues de Pékin sans le sou. Ou encore
lorsque l’ « argent de poche ne m'a pas été donné sur
place sous un autre prétexte ».
Zerrifi n’est pas sur ce sujet prolixe. Il fait dans la retenue. Sans
doute qu’un sentiment d’arnaque avait dû germer dans son esprit.
Zerrifi paye le taxi. Il ne reçoit pas l’argent de poche. Il débourse de
sa poche, en devises. Zerrifi a récupéré plus tard, bien plus tard ce qui lui
était dû. La somme déboursée. Ecoutons-le raconter brièvement son parcours du
combattant : « J'ai dû les récupérer en dinars c'est-à-dire j'étais perdant sur
le taux de change. Trois mois après sans aucun appel. Bien sûr c'est moi qui ai
dû les relancer ». Les championnats s’étant achevés, le chef de
délégation, les accompagnateurs, les membres de la fédération présents ne se
sont pas préoccupés de Zerrifi….et des autres ?
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