lundi 5 décembre 2016

Polémiques (61), Pas d’interlocuteurs


L’interview d’Abdelhamid Zerrifi montre que le cas du coureur émigré de 3 000 mètres steeple ne pourrait être qu’un prétexte (de la part du quotidien) pour écorcher la fédération, la déranger dans son fonctionnement très approximatif. Nous avons vu avec nos précédentes chroniques  ce que peut donner une analyse du discours empruntant ses outils à la praxématique. En particulier, celles qui se sont penchées sur les deux interviews accordées par Toufik Makhloufi à ce même quotidien. Deux interviews qui perturbèrent, à la fin des années 2014 et 2015, la fédération, le COA et le MJS.

L’avant-dernière question posée par notre confrère aurait pu être d’un apport plus riche en informations. Faire  preuve de perspicacité, de réactivité, accorder un plus d’attention aux réponses de « Blondin » (un surnom accepté et revendiqué quelque part par Zerrifi) aurait permis de donner une autre dimension à cette interview, à cette dénonciation.

Pour notre ami journaliste, formaté à ce genre de situations, face à ces agissements faisant partie de notre vie quotidienne, le recours de l’athlète est indubitablement la première autorité de la fédération, le président élu.

Zerrifi nous apprend qu’il a « appelé à maintes reprises » (donc, il n’a pas rencontré et n’a pas parlé de vive voix avec son interlocuteur) et qu’il a été orienté vers Bouras.  Le « il » est comme un fantôme. Le pronom personnel renvoie à un interlocuteur absent qui n’est pas spécifié dans la réponse de Zerrifi. En toute logique, son vis-à-vis a du être le chef de la délégation. Le premier concerné par la résolution de cette question qui traine au point de se transformer en une manigance. C’est la compréhension que nous devons avoir de la  réponse de Zerrifi qui, telle que publiée, mélange les cartes : « Je l’ai appelé à maintes reprises. Il m’oriente vers Bouras ».

Lorsque l’on sait qu’Amar Bouras est le président de la fédération, nous devons considérer que Zerrifi connait Bouras et qu’il saurait reconnaitre sa voix.  Le contraire serait inadmissible. Nous pouvons aussi échafauder plusieurs hypothèses. La première est que le président de la fédération s’est présenté (au téléphone) comme étant une autre personne et que (selon une expression populaire) il l’a envoyé baladé.

La seconde serait que Zerrifi aurait discuté réellement avec Bouras et que ce dernier l’aurait orienté vers Brahmia, président de la CPO. Cette hypothèse qui semble aussi valable que la première est inopérante puisque Zerrifi souhaitait recouvrer les droits dont il a été dépossédé pendant les championnats du monde de 2015. Brahmia, en sa qualité de président de la CPO, n’est pas concerné. Une troisième version est possible : notre ami journaliste, dans la confusion de ce mois de juillet 2016, a été l’auteur d’un lapsus.

Evidemment, on peut supposer une autre éventualité (la plus évidente d’entre toutes) qui serait que Zerrifi s’est adressé au chef de délégation qui l’a renvoyé au président de la fédération dont on dit qu’il passe son temps à voyager à l’étranger et à l’intérieur du pays et est en conséquence absent de son bureau qui n’existerait pas à la FAA.

La conclusion de ce manège est que Zerrifi a été mené en bateau. Ces contretemps, ces atermoiements l’on conduit à tenter en vain de prendre attache avec le ministère « pour dénoncer le malaise des athlètes et de moi-même ». En l’absence d’informations, nous supposerons que le dossier a été clos et que Zerrifi est encore dans l’attente de ce qui est devenu un mirage qui dure près de 18 mois après les championnats du monde.

Le journaliste envisage une intervention de Toufik Makhloufi, afin de résoudre cette situation préjudiciable aux athlètes. Le leader de la sélection nationale auprès des responsables de la fédération, du point de vue du journaliste, aurait pu exercer une sorte d’intermédiation grâce à son statut de champion olympique, d’idole du public algérien.


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