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athlétisme éprouve de grandes difficultés à retrouver la sérénité
perdue avec d’abord l’ « affaire de dopage russe » dans
laquelle se mêle dopage systématique, extorsion de fonds et corruption. Une
situation rendue complexe par un système
dans lequel des athlètes, des entraineurs, des agents d’athlètes, des dirigeants
fédéraux, des agents et des techniciens de laboratoires d’analyses et des
dirigeants de l’IAAF sont impliqués. Les enquêtes menées par une commission indépendante de
l’agence mondiale antidopage, sur la base d’investigations journalistiques, ont
conduit à d’incroyables décisions
(suspensions d’athlètes, suspension de la fédération russe et retrait de
l’agrément du laboratoire moscovite d’’analyses) culminant par l’absence prévisible
des champions russes aux compétitions organisées par l’IAAF dont (et surtout)
les jeux olympiques de Rio de Janeiro tant que l’athlétisme russe n’aura pas
remis de l’ordre dans ses affaires, dans le respect d’une feuille de route
établie la semaine dernière par les deux parties (fédération russe et IAAF/AMA).
La remise à niveau a pour échéance le mois de mars 2016, avec la tenue du
prochain conseil exécutif de l’IAAF qui décidera (ou pas) la réintégration de
l’ARAF.
La seconde secousse a visé le nouveau président de l’IAAF, Sébastian
Coe, impliqué dans un conflit d’intérêt suite à sa relation d’affaire avec un
équipementier américain (Nike) installé dans la ville (Eugène) ayant obtenu,
sans respect des procédures d’attribution, l’organisation des championnats du
monde de 2021. Une polémique éteinte (provisoirement ?) avec l’abandon de
la fonction, relativement bien rémunérée, (140 000/an) d’ambassadeur de
Nike.
La troisième secousse qui a fait trembler l’IAAF a été la révélation d’abord de
quelques cas individuels de dopage en Espagne et en Grèce suivie quelques jours
plus tard de la suspension de 7 athlètes kenyans et de trois dirigeants de la
fédération kényane (le président, un vice président et le trésorier de la
fédération). Les athlètes ont té suspendus comme on peut s’y attendre pour
dopage et les dirigeants pour avoir « porté atteinte à l’intégrité du sport »,
un euphémisme pour désigner la corruption caractérisée par l’acception de deux
voitures offertes par le Qatar dans des conditions inexpliquées.
Le Kenya était dans le viseur de l’AMA. Les cas de dopage enregistrés
parmi les athlètes de ce pays est sidérant. Depuis trois ans ce sont une
cinquantaine d’athlètes qui ont été épinglés. Le phénomène était connu en
l’absence d’un laboratoire et le nombre croissant de cas qui avaient menés la fédération kényane à retirer son
agrément à une agence italienne de coaching fortement implantée dans la région.
Contrairement à ce qui était espéré par de nombreux observateurs, ce ne sont
pas les meilleurs athlètes kényans qui sont concernés par la suspension mais
des coureurs de moindre notoriété. Mais, n’ayons aucun doute l’artillerie
lourde sera employée pour écarter ces athlètes (essentiellement de fond et de
demi fond) qui ont pris la première place au classement des nations aux
derniers championnats du monde d’athlétisme. La fédération kenyane risque
fortement d’être suspendue (au même titre que la Russie) avec obligation de se
conformer aux exigences de l’AMA qui a placé l’IAAF sous tutelle. Le Kenya
n’est pas doté d’un laboratoire d’analyses fiables.
La quatrième secousse est celle qui a eu pour théâtre l’Italie où les
instances sportives (comité olympique) viennent de proposer la suspension de 26
athlètes (39 autres dossiers sont en instance d’examen) non pas pour dopage
caractérisé mais pour violation des articles 2.3 et 2.4 du code mondial
antidopage qui pour le premier interdit de «se soustraire au prélèvement d'un
échantillon, refuser le prélèvement d'un échantillon ou ne pas se soumettre au
prélèvement d'un échantillon» et le second concerne les «manquements
aux obligations en matière de localisation». Deux infractions qui
permettent de considérer (selon la réglementation internationale) que les
athlètes sont dopés.
L’Italie étant un pays où le dopage fait malheureusement partie des
traditions sportives depuis toutes les « affaires » qui ont
marqué aussi bien le cyclisme que l’athlétisme et même le ski de fond ou le
football, le CONI a préféré prendre ces dispositions pour éviter aux autres athlètes
d’être dans le viseur de l’AMA ou du moins de gagner du temps avant que
l’agence internationale s’intéresse de près au fonctionnement de la lutte anti
dopage.
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