samedi 19 décembre 2015

En quête de la vérité….. sportive


L
e lecteur algérien qui suit, tant bien que mal, les péripéties de la carrière de Toufik Makhloufi, sujette à de multiples rebondissements, crises et polémiques, est mis dans l’impossibilité de comprendre ce qui s’est passé ces derniers jours. La crise du visa Schengen est maintenant dépassée. Le champion a obtenu le document qui lui permet de franchir les frontières européennes. Il se pose, aux yeux des observateurs, la question de la durée du visa et de qui doit se charger de cette démarche consulaire. Une question moins innocente qu’il n’y parait puisque le coureur avait été confronté en juin dernier à une problématique du même genre qui l’aurait empêché de participer (à l’amorce de la période compétitive) à un meeting à Birmingham, en Grande Bretagne.
Makhloufi s’échinait à obtenir celui qui lui permettra de prendre part au deuxième stage prévu dans le programme de préparation concocté par Philippe Dupont, son entraîneur, conventionné par la fédération algérienne, le manager du demi-fond français et entraîneur des meilleurs coureurs de demi fond et surtout le double médaillé d’argent du 3000 mètres steeples des jeux olympiques de Pékin (2008) et de Londres (2012) mais aussi champion d’Europe à Zurich (2013) du  1 500 mètres après avoir été disqualifié et dépossédé (suite à une plainte espagnole) de la médaille d’or de son épreuve préférée (le 3 000 mètres steeple) pour avoir retiré son maillot  avant le franchissement de la ligne d’arrivée.
Beaucoup de choses ont été dites. Très peu dans les colonnes de la presse nationale mais beaucoup dans les milieux sportifs avides de ces débats qui facilitent l’occultation des résultats médiocres réalisés en dépit des moyens astronomiques mis à la disposition des fédérations soit par l’Etat soit par le biais du sponsoring.
Des indiscrétions circulant parmi les détracteurs des responsables de l’athlétisme algérien font état d’un budget annuel avoisinant les 30 milliards de centimes. Un budget faramineux lorsqu’on le compare à un nombre de licenciés (selon une déclaration de Hassiba Boulmerka) qui ne dépasserait pas 3 000 athlètes. Un ratio coût/médailles qu’il vaut mieux éviter de calculer tant il semble invraisemblable.
Certaines contributions fédérales à l’organisation de compétitions,  des premières éditions de courses sur route (clôture de la saison 2013-2014) ou de cross country (ouverture de la saison 2015-2016) inscrites dans les calendriers et challenges nationaux semblent l’être en vue de répondre à des motivations et  des intérêts personnels puisqu’il ne s’agit pas d’un encouragement, d’une aide, d’un soutien  à la pérennisation  de compétitions tendant à s’inscrire durablement dans le paysage athlétique.
Le choix de l’hôtel Sheraton du Club des Pins (prise en charge par la fédération puis le comité olympique) pour l’hébergement automnal de Toufik Makhloufi surprend énormément car la crise de l’année dernière s’était cristallisée (en partie) sur le choix de l’hôtel sur les lieux de la période de stage hivernal. Contestant le luxe proposé par les responsables sportifs (ministère ou fédération ?), Toufik Makhloufi avait déclaré alors que, lors d’un stage au Kenya (avec le groupe d’athlètes d’Adem Djamaa qui avait été son coach), il s’était contenté du strict minimum comme ses partenaires de stages dont Genzebe Dibaba, devenue depuis recordwoman du monde du  1 500 mètres. Des reportages réalisés par la presse internationale à la découverte de l’athlétisme kenyan insistent sur l’absence de luxe dans les camps d’entrainement d’Iten et d’Eldoret dont les hôtels ne seraient même pas classés et disent que les jeunes athlètes kenyans se limiteraient à des huttes pour habitation  et à des bols de riz pour alimentation.
Ce qui est étonnant c’est cette transmutation imposée à un athlète qui doit certes bénéficier d’un certain confort psychologique et matériel pour réaliser les objectifs (très élevés) attendus mais que l’on ne doit pas couver au point d’amoindrir ses capacités. L’histoire de l’athlétisme, montre que, de tous temps et dans tous les pays, les « dieux du stade » n’ont pas été chouchoutés au point d’en faire des privilégiés et certainement pas décriés avant même le déclin de leurs carrières.

La disproportion, entre une question légitime qu’est la lourdeur de l’établissement d’un visa et une réponse qui s’appesantit sur les avantages financiers et matériels octroyés par les pouvoirs publics, montre bien le fossé qui sépare les hommes de terrains et ceux qui déambulent derrière les lambris.   

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