samedi 26 décembre 2015

Idéal olympique, L’argent n’a pas d’odeur


A
u niveau de la fédération internationale d’athlétisme (IAAF), un scénario quasiment identique à celui qui se déroule au sein de la fédération internationale de football est reproduit. Sauf que, dans ce qui pourrait se présenter tel un partage des terrains judiciaires, c’est la France qui est le bras armé de l’AMA, l’agence mondiale de la lutte antidopage qui sait si bien choisir ses cibles dans ce qui parait être une instrumentalisation aux relents de guerre froide ou d’un choc des idéologies. Le choix de la Suisse (au-delà de la neutralité de cette nation) et de la France s’explique par l’existence du siège  de chacune de ces deux fédérations internationales sur leurs territoires respectifs même si les observateurs remarqueront avec pertinence que le siège de l’IAAF est sis dans la principauté de Monaco qui pour beaucoup de volets relève de l’Administration française et que les deux sont considérés comme des paradis fiscaux.
Les pratiques généralisées et/ou systématiques de dopage, l’extorsion de fonds, le blanchiment d’argent sur un fond de dissimulations d’informations a conduit à la suspension d’athlètes russes, de leur fédération nationale et du retrait d’agrément de l’agence russe de lutte contre le dopage et du laboratoire d’analyses, à la mise en examen de trois hauts responsables de l’IAAF dont son ex-président, puis de trois autres de la fédération kényane ainsi que la suspension d’athlètes kenyans et turcs pour dopage d’abord puis d’une trentaine d’athlètes italiens pour des « no shows » (refus de se laisser contrôler ou absences aux contrôles). Il est attendu une seconde vague visant les athlètes des pays de l’ex bloc soviétique (Ukraine, Biélorussie, Slovénie, etc.) et surtout la Jamaïque.
Dans cette ambiance délétère, Sébastian Coe, le président nouvellement élu (au mois d’août dernier), fait l’objet d’investigations de la part de la police française dans une affaire de conflit d’intérêts liée à son ancien statut d’ambassadeur de l’équipementier américain Nike et de l’attribution de l’organisation des championnats du monde d’athlétisme 2021 à Eugène, ville américaine fief de l’équipementier dont le choix s’est démarqué des apparences procédurales.
Alors qu’il essaye de se dépêtrer de cette situation peu enviable, son compatriote, anciennement directeur de la communication devenu chef de cabinet à l’IAAF (ne serait-ce pas une forme de népotisme tant décrié lorsqu’il s’agit des pays émergents visible dans la gestion de Lamine Diack)  est impliqué, par un courriel (comme pour la possible action de lobbying de l’actuel président e l’IAAF en faveur de Nike) adressé au fils de Lamine Diack (ancien président de l’IAAF qui aurait financé la campagne électorale de la présidentielle sénégalaise avec les fonds provenant du chantage des athlètes russes dopés). Ce courriel laisse penser qu’une campagne médiatique, destinée à amoindrir les conséquences de la suspension d’athlètes russes (avant les championnats du monde de 2013), aurait pu être confiée à la société de communication dirigée par Sébastian Coe.          
Pierre de Coubertin, rénovateur des jeux olympiques (dont l’athlétisme est le pilier historique et mythique)  doit se retourner dans sa tombe.  A travers les fondements idéologiques encadrant la naissance des jeux olympiques modernes,  il avait interdit aux communs des mortels de gagner quelques sous en pratiquant leur sport favori. La vision qu’il en avait entraîna l’excommunication, la radiation du sport olympique de Thorpe l’Indien d’Amérique, de Mohamed El Ouafi, l’Algérien qui couru contre des chevaux pour gagner sa vie et conduisit Jesse Owens, l’afro-américain (dont la légende raconte qu’il humilia, à quatre reprises, le Führer Adolf Hitler en battant, dans leur fief du stade de Berlin construit à leur gloire prévue, les héros Aryens) à changer de casaque, à abandonner ses ambitions sportives pour survivre dans des Etats Unis d’Amérique ségrégationnistes.

Comme les hauts dirigeants des organisations sportives internationales (CIO, FIFA, UCI, AMA, etc.), ceux de l’IAAF semblent se considérer comme appartenant à une race supérieure qui doit guider les autres même en se compromettant avec l’adversaire d’hier et en mêlant si nécessaire sport, politique et argent comme le firent Diack et Coe dont la campagne aurait été financée par Roman Abramovitch, oligarque russe réfugié en Grande Bretagne, richissime propriétaire due Chelsea.   

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