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e retour sur les stades d’athlètes suspendus pour dopage a toujours
été difficile. Même si la présence au plus haut niveau est possible et avéré,
il est toujours accompagné de la suspicion qui stigmatise un comportement de
tricherie qui ne peut être effacé. Les réputations sont définitivement
entachées et la faute est constamment rappelée. Surtout lorsque l’athlète
retrouve sa place aux premiers rangs internationaux de l’épreuve pratiquée
(Gatlin, Powell, etc.).
Comme beaucoup d’athlètes dopés, Alex Schwazer, spécialiste italien de
marche athlétique (champion olympique du 50 kilomètres aux Jeux olympiques de
Pékin 2008), âgé de 30 ans, avait envisagé de mettre un terme à sa carrière
après avoir été contrôlé positivement à l’EPO quelques jours avant le début des
Jeux olympiques de Londres, en 2012. Pourtant, il annonce son retour pour une
nouvelle médaille olympique aux JO de Rio 2016 avec l’intention déclarée d’«humilier
le monde du dopage». Schwazer revient avec l’aide de Sandro Donati, un
entraîneur (spécialiste des épreuves de vitesse et de demi-fond entre 1977 et
1987), ennemi déclaré de ce genre de pratiques ce qui lui valut d’être écarté
des pistes d’athlétisme.
Alex Schwazer ne se voyait pas reprendre l’entraînement et la
compétition « avec tout le poids de la suspicion » sans cette
collaboration invraisemblable d’un dopé et d’un adversaire du dopage. Mais,
c’est lui qui fit la démarche de demander à Sandro Donati de prendre son destin
en main. Schwazer avait besoin d’une caution. Il ne le cache pas : « Je
voulais une personne capable de m’entraîner, et surtout de mettre en place un
programme antidopage indépendant qui montrerait que je suis propre».
Son choix se porta vers Donati qui fut le premier à avoir dénoncé les agissements du médecin italien
Francesco Conconi et de son disciple, Michele Ferrari, préparateur de Lance
Armstrong (Alex Schwazer lui aurait versé 20 000 euros en 2009 pour qu’il l’entraîne).
Sandro Donati accepta à la condition expresse que le marcheur témoigne
devant la justice à Bolzano (d’où est originaire Schwazer) dont les
investigations ont conduit dernièrement à la proposition d’exclusion de 28
athlètes (et l’examen de 39 autres cas suspicieux) par le comité olympique
italien. La rédemption de Schwazer est passée par des aveux détaillés où se
mêlent les discussions avec les adversaires russes aux Mondiaux de 2011, les propositions
d’acquisition de la nationalité russe et de transfusions de sang avec eux à la
frontière tchétchène, les voyages à Antalya ( Turquie) pour se procurer de
l’EPO, les conseils de Ferrari pour les piqûres en intraveineuses, les micro-doses
auto injectées, et l’attitude de la fédération qui sait et ne dit rien.
Donati collabore avec Schwazer depuis le mois d’avril 2015. Il assure que depuis « Alex
est l’athlète le plus contrôlé du monde » et qu’il aurait subi pas
moins de 23 prélèvements sanguins et trois urinaires dont les résultats sont
transmis au Comité olympique national italien
(CONI) et à l’Agence mondiale antidopage (AMA).
Cette collaboration a obligé l’athlète a changé de vie, de s’installer
à l’hôtel, à une centaine de mètres de la maison de son nouveau coach. Il s’y
entraîne dans la chambre avec des
séances de home-trainer et à la salle de fitness sur tapis roulant. Schwazer n’a
pas le droit de s’entraîner dans les stades jusqu’à début mai 2016, chaque
après-midi, Donati, sur son vélo, suit Alex dans les rues de Rome ou sur les
bords du Tibre.
Le CONI l’ayant autorisé, Schwazer a fait un test sur 10 km chronométré
en 38’02” représentant «la troisième performance mondiale de tous
les temps » au grand bonheur de Sandro Donati, qui enregistre quotidiennement,
sur son petit carnet, « les progrès réalisés chaque jour».
Au vu de ce test et des carnets d’entraînement de l’époque où Schwazer
était dopé (Donati estime que le niveau d’alors « était très faible, ses
résultats étaient uniquement dus aux effets de l’EPO»), le coach pense
qu’« Il
sera impossible de le battre ».
Nous noterons que si Schwazer,
pendant sa période de sanction, était interdit d’accès aux installations
sportives, en Algérie, Larbi Bouraâda bénéficiait de stages à l’étranger
(Leverkusen en juillet-août 2013). Une explication à un avertissement adressé
par l’IAAF.
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