mardi 15 décembre 2015

Le visa pour des milliards


C
’est sur un site électronique consacré exclusivement à l’athlétisme (essentiellement aux courses de demi-fond et de fond et qui fait son cheval de bataille de la lutte contre le dopage) que nous avons trouvé les premières réactions des officiels algériens, de ces « responsables algériens » visés par Philippe Dupont (passant de la fonction d’entraîneur de Makhloufi à celle d’attaché de presse et d’avocat) dans ce qui n’était au départ qu’une question de visa. Les précédentes chroniques étaient rédigées et en instance de publication lorsque nous en avons pris connaissance. Nous n’avons rien changé puisqu’il n’y avait rien à changer.
On apprend, dès le surlendemain de la parution de l’interview (jeudi 10), que l’entretien accordé à « Liberté »  par   Philippe Dupont « a provoqué la colère des autorités sportives locales qui ont bien du mal à contrôler la carrière du champion olympique du 1500 qui n’a toujours pas rejoint le groupe Dupont pour conduire sa préparation olympique ».
Comme nous, le site s’interroge sur le statut de Toufik Makhloufi en se demandant si effectivement il est « le mal aimé », « l’ingérable », « l’enfant gâté ». Il observe aussi que le journaliste de « Liberté »  «ne s’attendait sans doute pas à soulever ainsi une petite tempête diplomatique ». Le site pour écarter toute équivoque indique plus loin que « les propos de Philippe Dupont mué en attaché de presse ont déclenché la colère des autorités sportives et consulaires algériennes ».
Nous rappellerons que, lors de la crise de l’année dernière, pratiquement à la même époque, le président du comité olympique algérien avait pris (selon les propos tenus alors par Toufik Makhloufi) la défense du coureur en bisbille avec les structures du ministère de la jeunesse et des sports au sujet de l’aide financière qui devait lui être attribuée en prévision des championnats du monde de Pékin.
Cette fois-ci, contacté par un des journalistes du site électronique, le président du comité olympique s’élève contre les propos de Philippe Dupont. Comme cela est souvent le cas, dans ce type de situation, c’est le cacique qui répond à ce qui semble être une ingérence, une critique des institutions publiques. Qui n’est en fait qu’une inquiétude formulée à propos d’une dérisoire question administrative (consulaire) qui en temps normaux n’implique pas le recours à un tel niveau de décision.
On y apprend aussi que les deux hommes (le président du COA et Taoufik Makhloufi) « se sont rencontrés il y a cinq jours (Ndlr. comprendre le 7 décembre, donc avant la parution de l’interview) pour tenter d’apaiser une situation conflictuelle et délétère ». Le site indique que la rencontre avait un double but, « à la fois pour éteindre la colère d’un athlète en demande excessive de soutien financier illimité mais aussi et surtout pour espérer lui remettre le pied à l’étrier ». Nous relèverons que la question du soutien financier n’a pas été abordée par Dupont qui s’est limité strictement à la difficulté à obtenir ce visa problématique qui empêcherait Makhloufi de reprendre les entraînements de haut niveau.
 A la lecture de la suite de l’article, on est amené à  comprendre que Makhloufi mène une vie de pacha qui n’est plus celle d’un athlète à la quête d’un nouveau titre olympique. On nous dit par exemple qu’il est logé, depuis près deux mois, dans des conditions inespérées à l’hôtel Sheraton du Club des Pins, haut lieu de la nomenklatura, et que la facture a été d’abord à la charge de la fédération algérienne d’athlétisme puis, après épuisement des fonds alloués, du comité olympique qui a pris le relais. Le site poursuit ironiquement (on le comprend fort bien) en écrivant « une base d’entraînement VIP pour celui qui ne s’entraînerait que par de simples footings dans la forêt de Bouchaoui».



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