dimanche 13 décembre 2015

Makhloufi à Pékin, "C’est tout simplement miraculeux"



P
hilippe Dupont qui rencontre quotidiennement les meilleurs athlètes français de demi-fond et approche régulièrement, au gré des stages de préparation qu’il encadre partout dans le monde, les plus grands athlètes (les adversaires de Toufik Makhloufi et les autres) observe aussi que la belle machine « peut aussi être déréglée par des tracasseries administratives et par manque de soutien de son entourage immédiat ». Ce qui est le sort du champion olympique et de tant d’autres athlètes au potentiel étincelant (ils sont nombreux) qui n’intéressent pas particulièrement la fédération algérienne d’athlétisme dont les meilleures compétences sont en retrait ou meurent à petit feu.
Dupont affirme que Makhloufi, lorsqu’il est mis dans des conditions de préparation idéales, « c'est-à-dire qu’il ne se soucie que de son travail sur le terrain »,  peut réaliser des choses fantastiques. Il raconte également que pendant la période de préparation  des Championnats du monde de Pékin (en fait les cinq mois passés sous sa coupe), « il a bossé durement. Il a souvent terminé ses séances d’entraînement très fatigué » parce qu’il en voulait tellement. La conclusion qu’il tire de cette période est, qu’au sortir d’une période d’inactivité, « il a beaucoup souffert à l’entraînement pour être à la hauteur à Pékin, et beaucoup en Algérie n’ont pas tellement fait écho de ses sacrifices ». Cet ensemble d’éléments concourt à faire du champion olympique en titre un membre à part entière « de la race des athlètes de haut niveau dans le demi-fond mondial » avant de répéter ce que l’on aurait tendance à oublier que  « c’est tout de même le champion olympique du 1500 m dont on parle là » et que quand il est mis « dans des conditions favorables, il peut être parmi les meilleurs de ce monde dans le demi-fond et çà ce n’est pas rien ».
Dupont a la décence de ne pas juger la préparation "offerte" à Toufik Makhloufi avant son intégration dans son groupe d’entraînement. Mais, on ne peut s’empêcher de penser qu’elle ne fut pas optimale puisque pendant un peu moins de 5 mois, Makhloufi a eu droit à une préparation accélérée qui fait dire à Dupont que « c’est un miracle ». Au gré des réponses, Philippe Dupont montre que Makhloufi, malgré les difficultés, « voulait encore se défoncer pour ce titre ». Il notera d’ailleurs que c’est ce qu’il a fait « en termes de préparation même si le résultat n’a pas suivi ». Bien que l’entraîneur ait estimé que cela serait difficile et que la réussite « n’était pas du tout évidente » et au bout de trois mois de travail, le coureur s’entête et réalise un chrono de 2’13’’ 00 au 1000 m (4ème performance mondiale) et 15 jours plus tard 3’28’’75 (7ème meilleure performance mondiales de tous les temps) au 1500 m. A nouveau, Dupont renouvelle le caractère extraordinaire du niveau atteint en peu de temps « pour moi, c’est tout simplement miraculeux ».
Il constate aussi qu’avec ces performances « beaucoup d’espoirs reposait sur lui pour une médaille. C’est l’espoir de tout le peuple qui l’a vu triompher à Londres » et que la 4ème place des championnats du monde fut « une grosse déception » pour le peuple algérien mais aussi « pour moi et pour Makhloufi lui-même ».

Le réalisme reprend le dessus. Il est vrai que cela n’est pas à la portée de tous et encore moins des charlatans, de ceux qui ne maîtrisent pas la complexité d’une préparation et comptent justement sur les miracles. Ceci, Dupont ne le dit pas. Il s’en tient simplement à dire objectivement qu’être «quatrième dans un championnat du monde très relevé, ce n’est pas mauvais non plus ». En bon défenseur de son athlète (mais aussi pour rehausser la qualité du travail réalisé sous sa houlette), il fait valoir les circonstances atténuantes à prendre objectivement en compte, à savoir le « peu de temps durant lequel nous avons travaillé ensemble » ainsi que le « niveau exceptionnel qu’a connu cette année le 1500 m ». Il constate que les six premiers de la course ont  tous couru  en moins de 3’30’’00 et que le champion du monde Asbel Kiprop a fait 3’26’’69, tout près du record du monde de Hicham El Guerroudj (3’26’’00). Son avis personnel est qu’ « il n’y a pas de honte à être quatrième à un championnat du monde d’un niveau aussi élevé ».

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire