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hilippe Dupont qui rencontre quotidiennement les meilleurs athlètes
français de demi-fond et approche régulièrement, au gré des stages de
préparation qu’il encadre partout dans le monde, les plus grands athlètes (les
adversaires de Toufik Makhloufi et les autres) observe aussi que la belle
machine « peut aussi être déréglée par des tracasseries administratives et par
manque de soutien de son entourage immédiat ». Ce qui est le sort
du champion olympique et de tant d’autres athlètes au potentiel étincelant (ils
sont nombreux) qui n’intéressent pas particulièrement la fédération algérienne
d’athlétisme dont les meilleures compétences sont en retrait ou meurent à petit
feu.
Dupont affirme que Makhloufi, lorsqu’il est mis dans des conditions de
préparation idéales, « c'est-à-dire qu’il ne se soucie que de son
travail sur le terrain », peut réaliser des choses fantastiques. Il
raconte également que pendant la période de préparation des Championnats du monde de Pékin (en fait
les cinq mois passés sous sa coupe), « il a bossé durement. Il a souvent
terminé ses séances d’entraînement très fatigué » parce qu’il en
voulait tellement. La conclusion qu’il tire de cette période est, qu’au sortir
d’une période d’inactivité, « il a beaucoup souffert à l’entraînement pour
être à la hauteur à Pékin, et beaucoup en Algérie n’ont pas tellement fait écho
de ses sacrifices ». Cet ensemble d’éléments concourt à
faire du champion olympique en titre un membre à part entière « de la
race des athlètes de haut niveau dans le demi-fond mondial » avant
de répéter ce que l’on aurait tendance à oublier que « c’est tout de même le champion olympique du
1500 m dont on parle là » et que quand il est mis « dans
des conditions favorables, il peut être parmi les meilleurs de ce monde dans le
demi-fond et çà ce n’est pas rien ».
Dupont a la décence de ne pas juger la préparation "offerte" à Toufik Makhloufi avant son intégration dans son groupe
d’entraînement. Mais, on ne peut s’empêcher de penser qu’elle ne fut pas
optimale puisque pendant un peu moins de 5 mois, Makhloufi a eu droit à une préparation
accélérée qui fait dire à Dupont que « c’est un miracle ».
Au gré des réponses, Philippe Dupont montre que Makhloufi, malgré les
difficultés, « voulait encore se défoncer pour ce titre ». Il notera
d’ailleurs que c’est ce qu’il a fait « en termes de préparation même si
le résultat n’a pas suivi ». Bien que l’entraîneur ait estimé que
cela serait difficile et que la réussite « n’était pas du tout
évidente » et au bout de trois mois de travail, le coureur s’entête
et réalise un chrono de 2’13’’ 00 au 1000 m (4ème performance
mondiale) et 15 jours plus tard 3’28’’75 (7ème meilleure performance
mondiales de tous les temps) au 1500 m. A nouveau, Dupont renouvelle le
caractère extraordinaire du niveau atteint en peu de temps « pour
moi, c’est tout simplement miraculeux ».
Il constate aussi qu’avec ces performances « beaucoup d’espoirs reposait sur
lui pour une médaille. C’est l’espoir de tout le peuple qui l’a vu triompher à
Londres » et que la 4ème place des championnats du
monde fut « une grosse déception » pour le peuple algérien mais aussi
« pour
moi et pour Makhloufi lui-même ».
Le réalisme reprend le dessus. Il est vrai que cela n’est pas à la
portée de tous et encore moins des charlatans, de ceux qui ne maîtrisent pas la
complexité d’une préparation et comptent justement sur les miracles. Ceci,
Dupont ne le dit pas. Il s’en tient simplement à dire objectivement qu’être «quatrième
dans un championnat du monde très relevé, ce n’est pas mauvais non plus ».
En bon défenseur de son athlète (mais aussi pour rehausser la qualité du
travail réalisé sous sa houlette), il fait valoir les circonstances atténuantes
à prendre objectivement en compte, à savoir le « peu de temps durant lequel nous
avons travaillé ensemble » ainsi que le « niveau exceptionnel
qu’a connu cette année le 1500 m ». Il constate que les six
premiers de la course ont tous couru en moins de 3’30’’00 et que le champion du
monde Asbel Kiprop a fait 3’26’’69, tout près du record du monde de Hicham El Guerroudj
(3’26’’00). Son avis personnel est qu’ « il n’y a pas de honte à être
quatrième à un championnat du monde d’un niveau aussi élevé ».
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