mardi 7 juin 2016

Clins d’œil sur l’athlétisme (10), En déficit de crédibilité


ous avons tenté en quelques trop superficielles chroniques, de restituer la médiocrité du système de compétitions qui conduit l’élite nationale (de laquelle nous excluons les athlètes, malheureusement peu nombreux, au statut international nettement affirmé pour pouvoir participer aux meetings par invitations de la « Diamond League » et du « World Challenge »).
Le calendrier est institutionnalisé. En dehors de la fédération, déléguant ses pouvoirs aux ligues, il n’y a point de salut. Les athlètes qui veulent « arriver », réussir des résultats, réaliser quelques performances de bon aloi doivent se prendre en charge sur tous les plans pour se faire …remarquer par ceux qui ont le pouvoir de leur apporter une quelconque aide. Une aide de plus en plus difficile à obtenir si l’on n’est pas dans les bons tuyaux, ceux qui conduisent à la consécration. Des tuyaux, des circuits qui profitent de l’opacité pour  faire calife ceux qui ne sont qu’à peine vizirs.
Vu de Sirius, de l’autre bout de la galaxie, l’univers de l’athlétisme n’est que confusion, que cumuls de fonctions, entraîneurs par-ci, managers par-là, dirigeants juste après et… en fin de journée ou entre deux séances d’entraînement ou deux discussions, d’éminences grises de….celui ou de ceux qui ont le pouvoir de décider. Bof, comme le disent si bien nos jeunes que plus rien ne surprend, c’est « normal ». Cela fait partie des mœurs qui se sont implémentées dans la société qui part à vau-l’eau.
Il nous est souvent arrivé de sourire en lisant les articles de confrères qui affirment sans sourciller que X est l’entraîneur de Y et de lire…..quelques lignes plus loin, que Y s’est entraîné pendant plusieurs semaines, en des lieux exotiques, avec A, super entraîneur à la notoriété internationale bien établie. Comme si nos entraîneurs rémunérés à temps plein s’étaient mués en entraîneurs à mi-temps condescendant à partager leur notoriété avec des assistants qui sont les véritables entraîneurs porteurs de compétences.
La fédération, via les ligues régionales et départementales, assure le minimum. Nous avions bien envie d’écrire le minimum….syndical, si ce n’est qu’il n’existe aucun syndicat dans un monde où le népotisme est la règle.
Le calendrier des compétitions est cosmétique. L’athlétisme, qui est avant tout centré sur l’organisation d’épreuves se disputant dans des stades et dont on ne doit pas oublier qu’il est la vitrine du sport algérien, est peu considéré. Inexplicablement, c’est le « hors stade » (cross et courses sur route) qui s’est vu mettre au premier plan, qui retient l’attention des décideurs et  se voit doter tous les moyens financiers et distribue les récompenses….de fins de carrière.
L’athlétisme national est porteur du discours de libre entreprise. Chacun (ligue régionale, de wilaya, clubs, athlètes) fait ce qu’il veut pourvu que les intérêts cardinaux ne soient touchés. Mais, quels sont ces intérêts ? Le peuple de l’athlétisme doit le découvrir de lui-même. Au grand bonheur de ceux qui connaissent la recette et les ingrédients et…en profitent tant que la veine d’or n’est pas épuisée.
La logique aurait voulu qu’en raison de la léthargie des structures officielles de la pyramide athlétique, il soit donné un peu de mou à la laisse, aux initiatives privées qui pourraient apporter un peu de dynamisme en matière d’organisation événementielle. Ne soyons pas trop gourmand. Aucune société commerciale, nous semble-t-il, ne peut en l’état actuel des choses s’engager à organiser un meeting d’une certaine envergure.
Bien évidemment, cela serait possible. Des compétences existent, ont obtenu quelques résultats dans le « hors stade », avec quelques courses sur route ou sur sable qui attirent des participants étrangers magnétisés par le grand Sud et l’aventure. Des courses qui tiennent certes plus du tourisme saharien mais qui ont le mérite d’exister. Tout en n’apportant rien à l’athlétisme puisque se pratiquant entre convertis, presque en une organisation sectaire. Sans audience.
Une de ces organisations spécialisées dans l’événementiel, parmi les plus réputées du pays, a eu la "malencontreuse" idée de mettre sur pieds un marathon dans les rues de la capitale. Un marathon international qui a connu une certaine réussite. L’effet immédiat a été de voir la société organisatrice ayant tenté l’expérience dépossédée de son projet (qui ne peut être officialisé, labélisé que s’il se place sous les ailes tutélaires de la FAA) qui fut rétrocédé à une autre société proche, à ce que l’on dit, des instances fédérales. Une société transvasant les idées d’une fédération à une autre, de l’athlétisme vers le cyclisme et vice-versa. Ce qui nous conduit à la question suivante : en l’absence de confiance comment une société commerciale peut-elle s’engager avec une structure en déficit de crédibilité pour organiser un meeting?

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