mardi 14 juin 2016

Dans le rétro (6), Une séparation houleuse

Dans l’esprit de Zahra Bouras, alors que se disputent les jeux olympiques de Londres, l’idée du complot est présente dans son esprit. Sans doute suggérée implicitement par les propos et les actes de ses proches et de ce qui fut son groupe d’entraînement avec Ahmed Mahour Bacha. Un milieu qui depuis longtemps baigne dans cette ambiance de complot.
On peut penser que c’est pour cette raison alors que tout et tous accusent celui qui fut son entraîneur (alors qu’il ne l’est plus que c’est Amar Bouras, son père, qui a pris la relève), elle n’en veut pas à son ancien coach qu’elle a quitté depuis déjà plusieurs mois. Cependant, dans son esprit et dans ses déclarations à la presse, elle établit  inconsciemment un lien entre la thèse de l’ajout du produit dopant et les injections de ce que Mahour Bacha affirmait être « des amino plasma qui sont des acides aminés ».
Dans une tentative de compréhension des faits, elle avoue avoir pensé qu'on lui avait injecté à « mon insu un produit pour me rendre plus performante ».  Toujours et encore des injections. Toutefois, contrairement à ceux qui accusent Mahour Bacha, elle ne croit pas à sa culpabilité. Pour cette diplômée en langues étrangères, le fait que Larbi Bourraâda ait été lui aussi contrôlé positif au même produit, serait une démonstration des soupçons de contamination et de machination. En ce temps-là (à quelques exceptions près) dans les milieux de l’athlétisme, le dopage est perçu comme un acte individuel. Ce n’est que plus tard que des lanceurs d’alerte, précédemment impliqués dans le dopage, et les instances de lutte contre le dopage (IAAF et AMA) montreront qu’il peut faire partie d’un système organisé pour booster les performances des athlètes. Nous noterons, que pour la défense de son ancien entraîneur, elle met en avant la manie qu’il aurait « de toujours tout vérifier ce qu'il me faisait prendre, de peur que cela ne soit néfaste à ma santé ».
Mais, tout n’étant pas vraiment clair dans son esprit et pour éloigner tous doutes, elle déposa plainte contre X en invoquant l’empoisonnement car, dit-elle, « je considère que ce qui m'a été injecté est très dangereux pour ma santé ». Une plainte que beaucoup ont considérée comme visant Mahour Bacha.
Pour expliquer le dépôt de plainte, elle décrit ce qui semble avoir été les effets des injections. Ecoutons-la : « Quand une fille de mon âge a un dérèglement de cycle de cinq mois, un dérèglement hormonal, une forte pilosité, de l'acné, ajoutez à cela des problèmes de foie, de rein et qu'elle apprend que le produit qui lui a été injecté par voie intraveineuse pouvait provoquer un dessèchement des veines et causer sa mort, je trouve tout à fait normal que je dépose une plainte. Mahour Bacha a fait preuve de beaucoup de négligence».
Pourtant, ce ne sont pas ces symptômes dont elle a certainement pris conscience qu’après son contrôle positif qui l’ont mené à quitter le groupe d’entraînement de Mahour Bacha. Bien qu’elle ait affirmé dans un premier temps que la séparation a été motivée par « un besoin de changer d’air », « de connaître d'autres entraîneurs » après dix ans de travail dans le groupe, elle se laisse à dire que « l'ambiance s'était dégradée » du fait que Mahour Bacha était devenu instable, préoccupé par ses affaires familiales qu’il cumulait plusieurs fonction, celle d’entraîneur,  de médecin et de masseur.

C’est à ce moment de la narration que l’on apprend que la séparation « fut houleuse ». La séparation n’ayant pas eu lieu dans les meilleurs termes, elle comprend qu’il  n’ait pas cherché à la contacter après la sanction. Son ancien mentor sachant qu’en plus, elle ne veut pas lui adresser la parole. 

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