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ans son commentaire, le docteur
Yacine Zerguini aborde aussi le cas de ces compléments nutritionnels qui débouchent invariablement sur des
affaires de dopage dans lesquels sont incriminés des produits qui reviennent
souvent dans les contrôles positifs, à savoir nandrolone et stanozolol.
Il observe également que ce qu’il surnomme les " « douceurs » stéroïdiennes
anabolisantes" sont parfois vendues sur Internet sans que ne soit
mentionnée sur l’emballage leur teneur en stéroïdes. Il remarque à juste titre
que cette absence d’information pourrait être intentionnelle, dans le but
accroître l’efficacité du produit. Comme
c’est souvent le cas, la défense des utilisateurs de ces produits efficaces
fait valoir – lorsque les athlètes n’ont pu passer à travers les mailles du
filet – et qu’il n’existe aucune
justification médicale (cette autorisation d’utilisation à usage thérapeutique
qui est quelque fois invoquée) à leurs actes de tricherie - ce que, dans
l’industrie mécanique, on qualifierait de défaut de fabrication.
Dans ce cas, celui de la
production de compléments nutritionnels utilisée comme artifice, il est fait
appel à l’argument, difficile à conforter, du
pseudo mauvais nettoyage du matériel employé lors du processus de
préparation. De cet entretien défectueux résulterait ce qui devient des produits «
contaminés ». Nous observerons
simplement que par un glissement indécelable, nous passons de la contamination
du produit consommé consécutivement à un acte de malveillance à une
contamination dans la chaîne de fabrication. L’acte de sabotage expliquant la
théorie du complot devient un incident industriel.
Toujours à propos de cette complémentation nutritionnelle, dans son
argumentation, le docteur Zerguini remarque que « ces produits n’ont
jamais fait l’unanimité des experts et aucune publication scientifique indépendante
n’a jamais clairement établi la preuve de leur efficacité à l’état pur ».
A l’appui de son affirmation, une
citation d’un nutritionniste sportif reconnu et respecté, le Professeur Ronald
Maughan, qui, opposant interdiction et efficacité, affirme : « Si l’un de ces produits est
efficace, c’est qu’il est interdit ; S’il n’est pas interdit, alors il est
certainement inefficace… ! ».
Pour les sportifs, ces produits ne sont donc d’aucun apport palpable,
ne sont pas bénéfiques à la pratique sportive. Du moins à la réalisation de
performances de haut niveau. Il constate, en se penchant sur cet aspect, que
s’il y a bénéfice, celui-ci profite essentiellement à ceux qui en conseillent la
consommation et/ou à ceux qui les vendent. Le docteur Zerguini nous conduit dans l’univers des trafiquants et des
dealers.
S’interrogeant sur la traçabilité et la nature réelle de ces produits,
de ces « amino-plasmas », contaminés ou non, qui selon son
expression, « ne poussent pas sur les arbres », il
renvoie à la chaîne, à la succession d’activités, qui les met à la disposition
des sportifs via une longue suite d’opérations dans laquelle interviennent une
commande, une facturation, un paiement, une livraison, un stockage avant que
l’on en arrive à l’étape finale de l’injection ou de l’ingurgitation. Une chaîne qui permet d’élucider deux
questions : qui est qui ? Qui a fait quoi ? Un procès qui permet
de tracer le cheminement.
L’utilisation de ces produits est, à suivre le déroulement de la
pensée, une tromperie. Une vaste arnaque dont la principale victime est l’athlète.
Le docteur Zerguini remarque que si
l’athlète est trompé, quelquefois, il l’est avec son entourage. Et que d’autres
fois, il l’est par son entourage lui
proposant des préparations présentées « comme
non dopantes mais qui en réalité peuvent l’être ».
Le docteur Zerguini ne fait pas
de cadeau au petit monde du sport d’élite qui « sait parfaitement tout cela »
et qui aurait dû, depuis longtemps, renoncer à prendre ces produits dont il dit
qu’ils sont « souvent inefficaces, toujours trop chers et parfois
dangereux, dont on ne sait finalement pas grand-chose ».
Il constate également que ces produits, parce qu’ils sont dotés du statut de compléments nutritionnels, échappent aux habituels contrôles de
l'industrie pharmaceutique. Cette réflexion l’amène à s’interroger sur le rôle
que devraient jouer ce type d’institution « ainsi que nos experts et
chercheurs des universités et des sociétés savantes ».
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