dimanche 26 juin 2016

Dans le rétro (17), L’inversion des principes

D
ans  son commentaire, le docteur Yacine Zerguini aborde aussi le cas de ces compléments nutritionnels  qui débouchent invariablement sur des affaires de dopage dans lesquels sont incriminés des produits qui reviennent souvent dans les contrôles positifs, à savoir nandrolone et stanozolol.

Il observe également que ce qu’il surnomme les  " « douceurs » stéroïdiennes anabolisantes" sont parfois vendues sur Internet sans que ne soit mentionnée sur l’emballage leur teneur en stéroïdes. Il remarque à juste titre que cette absence d’information pourrait être intentionnelle, dans le but accroître l’efficacité du produit.  Comme c’est souvent le cas, la défense des utilisateurs de ces produits efficaces fait valoir – lorsque les athlètes n’ont pu passer à travers les mailles du filet – et  qu’il n’existe aucune justification médicale (cette autorisation d’utilisation à usage thérapeutique qui est quelque fois invoquée) à leurs actes de tricherie - ce que, dans l’industrie mécanique, on qualifierait de défaut de fabrication.

 Dans ce cas, celui de la production de compléments nutritionnels utilisée comme artifice, il est fait appel à l’argument, difficile à conforter, du  pseudo mauvais nettoyage du matériel employé lors du processus de préparation. De cet entretien défectueux  résulterait ce qui devient des produits « contaminés ».  Nous observerons simplement que par un glissement indécelable, nous passons de la contamination du produit consommé consécutivement à un acte de malveillance à une contamination dans la chaîne de fabrication. L’acte de sabotage expliquant la théorie du complot devient un incident industriel.

Toujours à propos de cette complémentation nutritionnelle, dans son argumentation, le docteur Zerguini remarque que « ces produits n’ont jamais fait l’unanimité des experts et aucune publication scientifique indépendante n’a jamais clairement établi la preuve de leur efficacité à l’état pur ».  A l’appui de son affirmation, une citation d’un nutritionniste sportif reconnu et respecté, le Professeur Ronald Maughan, qui, opposant interdiction et efficacité,  affirme : « Si l’un de ces produits est efficace, c’est qu’il est interdit ; S’il n’est pas interdit, alors il est certainement inefficace… ! ».

Pour les sportifs, ces produits ne sont donc d’aucun apport palpable, ne sont pas bénéfiques à la pratique sportive. Du moins à la réalisation de performances de haut niveau. Il constate, en se penchant sur cet aspect, que s’il y a bénéfice, celui-ci profite essentiellement à ceux qui en conseillent la consommation et/ou à ceux qui les vendent. Le docteur Zerguini nous  conduit dans l’univers des trafiquants et des dealers.

S’interrogeant sur la traçabilité et la nature réelle de ces produits, de ces « amino-plasmas », contaminés ou non, qui selon son expression, « ne poussent pas sur les arbres », il renvoie à la chaîne, à la succession d’activités, qui les met à la disposition des sportifs via une longue suite d’opérations dans laquelle interviennent une commande, une facturation, un paiement, une livraison, un stockage avant que l’on en arrive à l’étape finale de l’injection ou de l’ingurgitation.  Une chaîne qui permet d’élucider deux questions : qui est qui ? Qui a fait quoi ? Un procès qui permet de tracer le cheminement.

L’utilisation de ces produits est, à suivre le déroulement de la pensée, une tromperie. Une vaste arnaque dont la principale victime est l’athlète.  Le docteur Zerguini remarque que si l’athlète est trompé, quelquefois, il l’est avec son entourage. Et que d’autres fois, il l’est  par son entourage lui proposant  des  préparations présentées « comme non dopantes mais qui en réalité peuvent l’être ».

 Le docteur Zerguini ne fait pas de cadeau au petit monde du sport d’élite  qui « sait parfaitement tout cela » et qui aurait dû, depuis longtemps, renoncer à prendre ces produits dont il dit qu’ils sont «  souvent inefficaces, toujours trop chers et parfois dangereux, dont on ne sait finalement pas grand-chose ».


Il constate également que ces produits,  parce qu’ils sont  dotés du statut de compléments nutritionnels,  échappent aux habituels contrôles de l'industrie pharmaceutique. Cette réflexion l’amène à s’interroger sur le rôle que devraient jouer ce type d’institution « ainsi que nos experts et chercheurs des universités et des sociétés savantes ».

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