mercredi 8 juin 2016

Dans le rétro, Les débuts de Zahra Bouras

D
ans la dérive de l’athlétisme national, les athlètes sont des victimes. Les victimes d’un système que nous estimons perverti depuis la mise en place du système libéral mal compris. Celui essentiellement basé sur l’individualisme qui a trouvé chez nous toutes ses aises pour des envolées anarchisantes sans retenue. En réalité, un fonctionnement si débridé que même les nations, les plus marquées par l’idéologie la plus libérale qui soit, auraient de quoi s’inspirer du fonctionnement de la société algérienne pour faire disparaitre les Etats-nations.
Une société qui sans transition aucune est passée d’un monde régi par l’action de l’Etat ultra-régulateur à un autre où domine le même Etat ayant lâché la bride à « la main invisible » manipulatrice de ses fondements.  Une main (ou plus exactement des mains) qui plonge dans le labyrinthe de l’informel et fouille dans le tréfonds. Un mode de gestion qui ne laisse que peu de traces. Une approche que certains observateurs supposent être celle qui marque une société en voie de développement, en quête d’une identité entre le « socialisme spécifique » et le « libéralisme spécifique », entre deux conceptions de la société à la sauce algérienne, évoluant en permanence, dans un mouvement d’essuie-glaces réglé comme du papier à musique, entre système autoritaire et laisser-aller outrancier.   
Lorsque l’on se penche sur le cas de Zahra Bouras (dont nous avons souvent parlé), on a l’impression qu’elle ne fait partie des athlètes en bute à tous les obstacles qui peuvent se dresser devant leurs pas et doivent donc les surmonter en permanence. Une athlète devant laquelle le terrain aurait été déblayé pour en faire une championne.
Zahra est la fille d’Amar Bouras, l’entraîneur qui hissa Hassiba Boulmerka sur la première marche du podium des championnats du monde et des jeux olympiques du 1 500 mètres, cette course que l’on dit reine des épreuves de demi-fond. Un entraineur passé de l’autre côté de la barrière et qui actuellement exerce les fonctions de  président de la fédération algérienne d’athlétisme dont le mandat électif (2012-2016) s’achèvera avec la fin du cycle olympique.
 Zahra être née sous de bonnes augures. Une carrière de championne de haut niveau lui était promise avec ce père qui est à la fois considéré comme l’entraîneur ayant le plus beau palmarès du pays et qui, par sa fonction élective, est perçu dans notre société comme un facilitateur de moyens, le dispensateur ultime. Comment de telles pensées ne pourraient-elles pas surgir quand toute la société fonctionne sur le mode népotique.  
Contrairement à l’amalgame découlant certainement de la notoriété acquise par ses résultats sur 800 mètres, Zahra n’est pas (au départ) une spécialiste de demi-fond. Elle fut d’abord sprinteuse (200 m) avant de monter sur la distance supérieure (400 m) et obtenir une petite réputation nationale sur le 800 mètres. Si on devait la classer dans une catégorie, nous dirions qu’elle relève du modèle cubain, de l’ile célébrissime pour son tabac et son rhum qui donna à l’athlétisme mondial de magnifiques coureurs de 800 venus du 400. Alberto Juantorena, El Caballo à l’immense foulée et Ana Maria Quirot la miraculée furent les superbes locomotives emblématiques d’un communisme résiduel. Il faut dire également qu’Amar Bouras voue un véritable culte pour l’ile des Caraïbes. Depuis les années 90 qui virent Hassiba Boulmerka s’y préparer pour ses échéances.
Zahra Bouras fut, au début de sa carrière sportive, confiée aux bons soins d’Ahmed Mahour Bacha. Un autre entraîneur qui ne laisse pas indifférent. Beaucoup de choses ont été dites sur ce compagnonnage qui s’acheva brutalement en 2012.

Elle fut une athlète qui, depuis le milieu de la première décennie du 21ème  siècle, se trouva sur le devant de la scène athlétique nationale, aux premiers rangs du 200 puis du 400 et ensuite du 800, avant de franchir en 2010 la barrière mythique des 2 minutes sur la distance la plus longue. La coureuse était même pressentie par les pronostiqueurs (très rarement infaillibles de la FAA) pour une place en finale des jeux olympiques de Londres (2012). Certains la voyait même revenir du voyage sur les rives de la Tamise avec une médaille. A posteriori, la tenue du  pari était envisageable. Surtout pour ceux qui connaissaient les dessous de sa préparation. 

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