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uoiqu’on en dise et quoiqu’on puisse
rétrospectivement en penser, la rupture (houleuse ou amiable, quel que soit le
qualificatif accordé à cette séparation) entre Zahra Bouras et Ahmed Mahour
Bacha fait partie (de notre point de vue) des micro-faits routiniers, du même
genre que ceux qui alimentent quotidiennement la vie sportive passionnée mais
peu passionnante du côté du stade du 5 juillet. Seuls les protagonistes des
débats illusoires (et encore !) lui donnent une acuité particulière.
Il est à retenir qu’au moment où les
alentours du Sato bruissent, les Bouras et Mahour Bacha n’intéressent pas
particulièrement le grand public. Bien qu’Amar Bouras révèle que «l'objectif
de Zehra est toujours le même, c'est-à-dire atteindre la finale du 800m des
prochains Jeux olympiques de Londres », il n’y a rien qui vraiment
motive les lecteurs. Une place de finaliste ne pèse pas face à des médailles
aux championnats du monde et aux jeux olympiques. Des médailles qui ne sont
pourtant que des accidents de l’histoire d’une décennie qui voit le pays en
danger de disparition.
L’athlétisme n’est pas médiatiquement
porteur en l’absence de résultats de portée internationale. Les Boulmerka,
Morceli, Saidi Sief, Saïd Guerni, Benida-Merah, Hamma ayant naturellement
déserté les pistes, n’animent plus l’actualité athlétique et n’ont pas été
supplanté dans la mémoire du grand public gavé de succès. Pourtant, des
athlètes de demi-fond d’un bon niveau international sont là en attente de
gloire, se font remarquer dans les grands meetings. Quant à Toufik Makhloufi,
il est encore un illustre inconnu y compris au sein de la fédération.
L’athlétisme algérien (ne l’oublions pas)
est un univers, un microcosme représentatif de la société humaine. On y est,
comme partout ailleurs, friand de ce genre d’histoires croustillantes colportées
par les commères des stades. Amar Bouras et Ahmed Mahour Bacha, depuis quelques
années, sont retournés se fondre dans la masse. Ils reviennent (du moins Amar
Bouras) sur le devant de la scène. Mahour Bacha lui, depuis quelques années,
prend tous les coups.
Dans une précédente chronique (n°349.
Dans le rétro (4), Zahra au fond du trou), nous avons rapporté la
substance de la déclaration de Zahra Bouras. Celle où elle nous montre une
force de caractère incroyable pour une athlète aux apparences fragiles. Elle
déclara, moins de deux mois après que l’on (son père) lui ait annoncé sa
suspension, qu’elle était restée sans réaction pendant trois heures, enfermée
dans sa chambre, attendant le retour de l’entraînement des autres athlètes de
l’équipe nationale se préparant à disputer les championnats d’Afrique. Elle ne
voulait pas qu’ils apprennent la mauvaise nouvelle (sa suspension pour dopage)
par d’autres. Des athlètes et des entraîneurs algériens présents
sur place à Porto Novo (Bénin) elle dit qu’ils l’ont soutenu, qu’« ils
ont tout fait pour que je ne sombre pas ». Son père en étant
incapable car il « était ravagé par la douleur ». Pouvait-il
en être autrement quand, dans le prolongement du mythe introduit dans la
littérature par les bandes dessinées de Goscinny et Uderzo (Astérix), le ciel
lui était tombé sur la tête. A moins que ce ne fût le menhir qu’Obélix (tombé
dans la marmite de potion magique) envoya sur la tête du druide Panoramix.
Dès leur retour à Alger, moins d’une semaine plus tard, dans les colonnes
d’un titre qui aujourd’hui n’a plus bonne presse à la fédération, reprenant ses
esprits, il annoncera d’abord que sa fille et Larbi Bourraâda ont déposé
plainte contre X. Il affirmera ensuite sans sourciller que Zahra a bénéficié du
soutien de ses proches depuis le premier instant. « Au moment de l’annonce, je suis resté
presque deux heures avec Zahra pour essayer de la calmer, mais c’était vraiment
difficile car elle était choquée par la nouvelle ».
Avec la mémoire, l’être humain dispose
d’une faculté qui facilite l’oubli des mauvais moments et enjolive les bons.
Chez les Bouras, elle est apparemment encore plus sélective que chez le commun
des mortels. Il semblerait que la victime (Zahra) et le témoin (Amar) n’ont pas
vécu exactement le même événement. Du moins, ils ne le racontent pas de la même
manière. Au point de ne pas pouvoir discerner qui des deux est le plus solide
mentalement. Pour la défense d’Amar, nous dirons qu’ayant appris l’information
dans le taxi qui les conduisaient au stade et n’ayant annoncé à sa fille
qu’après qu’elle eut achevé son échauffement, il avait eu le temps de digérer
la mauvaise nouvelle et de trouver la formule pour lui en faire part. Et
qu’ensuite, il se laissa emporter par son affliction. Avant de retrouver ses esprits.
Plus tard, à Alger. Lorsqu’il entra dans l’arène des polémiques.
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