mardi 28 juin 2016

Dans le rétro (18), La conséquence de la médiocrité

L
e docteur Zerguini, après avoir mis en cause le staff médical des clubs et de la fédération, s’en prend, sans mettre de gants, au staff technique de l’athlète Zahra Bouras dont il commente, rappelons-le, une déclaration à la presse . Sans toutefois citer nommément les deux entraîneurs qui ont eu charge sa préparation.

 De nombreux indices permettent cependant d’affirmer qu’il est fait allusion à Amar Bouras et Ahmed Mahour Bacha, lorsqu’il met en cause l’entourage des athlètes, ces personnes qui « ne sont pourtant pas des novices » et qui  « ont accompagné certains de nos talents jusqu’au plus haut niveau mondial ».  Les deux entraîneurs ont encadré des athlètes médaillés des championnats du monde d’athlétisme de Tokyo (1991). Il leur reproche à demi-mots de ne pas avoir fait expertiser ces produits par des « laboratoires spécialisés nationaux performants qui existent, afin d’éviter toute mauvaise surprise ».

Indirectement, il apporte une réplique contradictoire à Mahour Bacha qui proposait  lui, pour innocenter les deux athlètes (Zahra Bouras et Larbi Bouraâda) "d'ouvrir une enquête, en envoyant tous les produits utilisés par l'ensemble de nos athlètes aux laboratoires de Paris et Cologne afin d'en contrôler l'exacte composition". Il rétorque que cette expertise doit avoir lieu avant la consommation des produits. Le commentaire qui suit est imparable. Faisant appel  au principe de précaution, le docteur Zerguini observe que : « une fois que le mal est fait, que de superbes jeunes athlètes ont été sacrifiés, toutes les tentatives lamentables d’excuser l’inexcusable ne servent plus à rien. Il est de même tout à fait inutile, dérisoire et saugrenu, comme il a pu être proposé çà et là ».

Les arguments de la défense de l’athlète et de son entourage ayant été démontés, le docteur Zerguini, pour conclure cet aspect, remet sur ses pieds le processus de contrôle anti-dopage (que le duo Amar Bouras- Mahour Bacha voulait renverser dans une dialectique d’inspiration marxienne)  en constatant que « le dopage est, par définition, prouvé par l’analyse de l’échantillon biologique d’un athlète ». Le dopage se traduit par la présence de produits interdits dans l’organisme de l’athlète. L’analyse ne porte pas contrairement à leurs invocations (dont nous dirons qu’elles sont à vocation médiatique, destinées en fin de compte au grand public) contrairement à leur souhait de manipuler la démarche scientifique et les procédures « l’analyse d’un produit qui serait identique aux produits que cet athlète consommerait d’habitude ».

Le médecin du football démontre le ridicule de l’affirmation qui voudrait inverser le processus d’analyse. Il relève la lourdeur d’un processus que nos deux entraîneurs  voudraient imposer qui serait alors indéniablement à l’avantage des fraudeurs. Un processus qui ferait que tous les laboratoires accrédités par l’Agence Mondiale Antidopage seraient dans l’obligation d’analyser tous les produits consommés par tous les athlètes du monde soupçonnés de dopage, d’assurer la garde précieuse (sous scellé et sous contrôle d’huissiers) « des petits restes de compléments nutritionnels, et pourquoi pas de repas, de boissons ou de friandises, consommés par tous les athlètes de la planète ». On voit que l’approche proposée par Mahour Bacha contrevient aux principes de la procédure appliquée.

Nous observerons, dans un souci d’équité, que la démarche préconisée (analyse de produits postérieurement à un contrôle positif) a été mise en œuvre dans certains cas récents (2015) de dopage avéré lorsque l’athlète soupçonné de dopage était sous un traitement prescrit par un médecin, c'est-à-dire un genre d’AUT (autorisation à usage thérapeutique). La presse spécialisée décrit quelques situations de ce genre enregistrées en France et sanctionnées par l’AFLD (agence française de lutte contre le dopage) où l’athlète a prolongé, de son propre chef, la durée de traitement.


S’étant demandé si les contrôles positifs  sont  « acte de malveillance, négligence coupable ou amateurisme déliquescent ? », le docteur Zerguini  termine son commentaire par une autre question : «  Et si ce n’était finalement que la conséquence au sein de notre sport d’une banalisation rampante de la médiocrité ambiante ?… »

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