Nous remarquerons simplement que
le titre X (« lutte et contrôle antidopage ») de la loi
n° 13-05 du juillet 2013, relative à
l’organisation et au développement des activités physiques et sportives,
stipule en l’article 221 que « Outre
les officiers de police judiciaire, sont habilités à rechercher et constater
les infractions aux dispositions antidopage, les agents du secteur chargé des
sports, dûment assermentés et commissionnés
cet effet ».
Par ailleurs, la « judiciarisation
du dopage » est contenue dans d’autres articles peu connus de la
loi 13.05. Celle-ci prévoit des peines d’emprisonnement ainsi que des amendes
pour le très large panel d’infractions
aux dispositions insérées dans les articles 192 (prescription, cession, offre,
vente, administration, application, proposition, production, importation,
exportation, transport, facilitation à l’usage, incitation à l’utilisation,
opposition aux mesures de contrôle des agents prévus l’article 221 ainsi que
les falsification, destruction,
dégradation d’échantillon ou d’analyse cités en l’article 223) et 193
(détention, sans raison médicale justifiée ou autorisée par une AUT, de
substances et de méthodes interdites).
De toute évidence, la présence de
ces dispositions coercitives, dans le corpus juridique et sportif algérien n’a pas été intégré dans l’esprit de
la communauté des sportifs refusant inconsciemment de le reconnaitre et
beaucoup par ignorance.
Ces dispositions légales ne seraient
donc considérées que comme une simple mise en conformité avec la réglementation
internationale. Un processus d’uniformisation universelle insérée dans la
mondialisation des règles de lutte contre le dopage qui n’aurait guère plus de
valeur que la mise en conformité des statuts des associations sportives avec la
législation nationale, avec cette loi 13.05 que de nombreuses associations,
ligues et fédérations et autres institutions sportives bafouent à leur
convenance quand cela leur convient.
Ce ne serait finalement qu’une
obligation légale formelle n’impactant en aucune façon la vie sportive bien que la loi nationale et la
convention internationale aient été adoptées par les représentants du peuple et
promulguée par le président de la République. L’univers sportif est un monde qui
se veut distinct des autres groupes sociaux.
Dans l’esprit des sportifs et des
observateurs, les officiers de police judiciaire ne font pas partie du
dispositif de lutte contre le dopage. Le sentiment général a, semble-t-il, été
que ce dispositif était une activité déléguée par la loi aux agents assermentés
désignés par l’agence nationale de lutte contre le dopage. Une affaire
concernant uniquement les sportifs et assimilés.
L’article cité ci-dessus (art
221) remet les choses en leurs véritables places en plaçant les OPJ (dont on sait
qu’ils relèvent de plusieurs corps constitués : police, gendarmerie, douanes,
etc.) au premier rang, celui que leur attribue
la loi.
Les services de police ou de
gendarmerie ne sont (à notre connaissance) jamais apparus dans les affaires de
dopage. Nous devons supposer que ce qui n’était considéré que comme des
affaires isolées a pris une tout autre tournure avec la multiplication de
celles-ci et, qui plus est, avec la constatation (cette fois-ci flagrante) d’un
possible effet de groupe et d’un trafic mis en évidence par 5 contrôles
positifs lors d’un seul contrôle.
Nous avons tenté de montrer à
plusieurs reprises que la corporation des entraîneurs a phagocyté l’ensemble
des niveaux hiérarchiques de la structure sportive. Depuis 1990 et l’abrogation
de la « Réforme Sportive », cette corporation formant
alors l’Association Algérienne des Cadres du Sport a exprimé son ambition à
visée technocratique (singeant celle des énarques dans l’Administration), celle
d’avoir la main mise sur la totalité de l’organisation sportive, en vue d’en
faire une bulle dont doivent être exclus les bénévoles perçus comme des intrus
et s’ils sont acceptés dans les organisations comme des supplétifs.
Le corps des entraîneurs est,
croyons-nous, le premier utilisateur et le primo-demandeur de dopage (bien
avant les sportifs qui, dans le contexte algérien, sont des suiveurs de mode
trop influençables). Ils sont les initiateurs d’un fléau où interviennent d’autres
acteurs d’activités liées et connexes (médecins, pharmaciens, kinés, soigneurs,
etc.) en accompagnateurs de la demande et en qualité de membres de ces réseaux
dont on parle beaucoup dans la sphère sportive et que l’on ne dévoile jamais.
Comme tout corporatisme, les problèmes majeurs (dont le dopage) sont résolus en
vase clos, à l’abri des regards indiscrets.