samedi 16 septembre 2017

Samira Messad (52), AUT et enchevêtrements en tous genres

L’article 4.4.4.2 est intéressant en ce qu’il stipule que le sportif (de niveau international) ne possédant pas déjà une AUT délivrée par la CNAD (pour la substance ou la méthode en question) doit s’adresser directement à la fédération internationale pour obtenir une AUT.

Le sportif accède alors directement à l’AUT internationale. Tout en pouvant être bénéficiaire d’une AUT nationale (le code ne le dit pas en ces termes et rien n’interdit d’envisager cette option) pour un autre produit ou une autre méthode. Un champ immense de possibilités s’ouvre donc….à ceux qui veulent les saisir.

La conséquence de la démarche directe est que si la fédération internationale accorde la demande formulée par le sportif, elle doit en notifier obligatoirement le sportif et la….. CNAD. L’information doit circuler dans les deux sens et être portée à la connaissance de toutes les parties.

La situation issue du processus de la reconnaissance internationale d’AUT a été prise en considération par le Code national de lutte contre le dopage. Ce dernier prévoit un accompagnement de l’athlète solliciteur.

Le commentaire sur l’article 4.4.4.1 indique que « la CNAD aidera ses sportifs à déterminer quand ils doivent soumettre à une Fédération internationale ou à une organisation responsable de grandes manifestations les AUT octroyées par la CNAD en vue de leur reconnaissance, et apportera conseils et soutien à ces sportifs tout au long du processus de reconnaissance ». 

Le Code national découle du Code mondial. Les codes nationaux sont très fortement inspirés par le Code mondial. Les codes nationaux sont mis en œuvre dans tous les pays qui l’ont accepté en tant que référent. En réalité, les pays sont dans l’obligation d’y souscrire par une décision impliquant les autorités politiques et gouvernementales sous peine d’exclusion du système sportif international et de la globalisation qui, comme toutes les autres activités (économiques, sociales et culturelles, etc.) affecte la pratique sportive. 

Nous comprenons alors (un peu) mieux l’aide et l’assistance controversées qu’aurait apportée l’agence russe aux athlètes placés sous son autorité ainsi que les dérives qui en auraient résulté en matière de corruption et de pratiques dopantes systématisées dont cette agence et les autorités de ce pays sont accusées par l’AMA et l’IAAF.

Comme dans un parallèle du cas précédent de la non-reconnaissance d’une AUT nationale par une fédération internationale, la CNAD est en droit de  considérer que l’AUT délivrée par la fédération internationale ne remplit pas les critères fixés par le « Standard international ». Un droit qui suppose que la CNAD (ou les autres agences nationales) dispose de compétences, de ressources dont ne disposerait pas la fédération internationale.

Pendant les 21 jours suivant cette notification, la CNAD a le droit de soumettre le cas à l’AMA pour examen.  L’agence mondiale est positionnée en tant qu’organe de recours dans le domaine de la lutte contre le dopage.

Si, au contraire, la CNAD ne soumet pas le cas à l’agence mondiale, l’AUT délivrée par la fédération internationale devient valable également pour les compétitions de niveau national à l’expiration du délai de 21 jours.  

Dans le cas d’une demande d’examen formulée par la CNAD auprès de l’AMA, l’AUT délivrée par la fédération internationale reste valable pour les contrôles de niveau international en compétition et hors compétition (mais ne l’est pas pour les compétitions de niveau national) dans l’attente de la décision de l’AMA. Cette fois-ci, l’athlète est habilité à courir à l’étranger mais ne l’est pas dans son propre pays.

On remarquera qu’au nom des principes juridiques implémentés dans un système sportif (de type essentiellement professionnel) supposé respecter les règles du jeu (tout en sachant qu’elles sont perverties), l’organisation de la lutte contre le dopage édifie, comme pour contrecarrer ses propres efforts, des offrent des ouvertures procédurales permissives que les sportifs accompagnés (sur les plans juridique et médical) exploitent. Ces ouvertures se transforment a contrario en barrières paralysantes pour un sportif respectueux de la réglementation.  

C’est une politique coercitive qui est mise en place, semblables à celles destinée à créer un sentiment s’appuyant sur la peur du gendarme et de l’autorité administrative toute puissante. Cette politique concourt (sans y paraitre) à un partage de territoires, de responsabilités et de niveaux de pratique sportive.


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