mardi 26 septembre 2017

Samira Messad (61), Le dopage : une réalité connue

Nous écartons sciemment, en tant que source possible de cet écart déontologique, les cinq coureurs impliqués. L’information ne pouvait pas être divulguée par l’un d’entre eux ou par un membre de leur entourage proche. Ils étaient en stage sur le sol ibérique, loin de leurs domiciles respectifs où le courrier (notification de résultats d’analyse anormaux) aurait dû leur être adressé par voie postale.

De plus, ils n’avaient aucun intérêt à divulguer un fait susceptible de porter atteinte à leurs réputations. Le mutisme (puis la conservation de l’anonymat) est leur meilleure protection jusqu’à la prise de la décision finale. Laisser parler les rumeurs jamais confirmées est la meilleure parade qui soit.

Pour sa part, la CNAD est, du point de vue éthique, tenue au silence jusqu’à l’expiration de la procédure. Un silence qu’elle semble avoir respecté (dans la forme) pour tous les cas qui se sont présentés jusqu’à ce que se produise cette fuite intempestive dans un média national.

Le premier article (09 septembre) ne fut donc que la médiatisation d’une de ces rumeurs qui font la vitalité discursive des activités qui se déroulent sur installations sportives du complexe olympique. Mais, une rumeur apparemment puisée à bonne source qui pourrait être située dans la proximité immédiate de l’un des organes cités (CNAD et FAC). Le second article (dans les mêmes colonnes), daté du 12 septembre, n’est qu’une actualisation du premier article. 

La confirmation de ces 5 cas allégués de dopage, celle attendue d’une source autorisée, est intervenue par le biais de la fédération algérienne de cyclisme (FAC). Apparemment à son corps défendant puisqu’en réponse à une demande, que nous supposerons pressante, d’informations complémentaires mises à jour formulée par un habitué des lieux. Le sujet (dopage), le contexte (rumeurs propagées par les acteurs, silence habituel des autorités) et les locuteurs (président de la FAC et journaliste) peuvent expliquer cette seconde transgression à la règle.

Dans son édition du 14 septembre, « Le Temps d’Algérie » indique s’être rapproché du premier responsable de la structure fédérale qui, selon la formulation utilisée par l’organe de presse, « ne nie pas et confirme, mais ne reconnaît pas » les faits. Il n’y a pas de clarifications mais une tentative de conserver la confusion créée par une situation inimaginable. La parade d’évitement  n’a pas été totalement efficace.

Dans ce qui est chronologiquement le troisième article en langue française consacré à ces 5 cyclistes dopés, le président de la FAC actualise simplement les informations publiées par « El Watan » et précise quelques données. Les informations essentielles sont préservées.

Il est intéressant de noter que l’article du 9 septembre (publié dans « El Watan ») rapporte que « Le contrôle a été effectué par la Commission nationale antidopage (CNAD) » dont nos lecteur savent désormais qu’elle est souveraine sur le territoire où elle peut intervenir tant pour son propre compte (dans le cadre de ses objectifs, ses priorités et sa planification) que pour celui d’organes sportifs    internationaux qui solliciteraient sa collaboration.

Etrangement, le journal reconnait une lacune. Son incapacité à dévoiler « le produit dopant qui a été trouvé dans les urines de ces jeunes cyclistes ». Une situation que l’on peut expliquer par la quasi-impossibilité pour n’importe quel quidam de retenir (et prononcer) les dénominations complexes.

Par ailleurs, au-delà de cet aspect, remarquons que seule une source au sein de la CNAD, proche du dossier, est (à ce moment de la procédure) en capacité de communiquer ce genre d’information. Tout comme il peut s’agir d’une manœuvre destinée à protéger l’informateur.

Une information également incomplète puisque en plus de ne pas connaitre le nom du produit, il ne nous est pas dit s’il s’agit du même produit qui a été décelé dans les urines des 5 coureurs. Une éventualité à retenir si l’on considère la suite de l’article où, de manière allusive, il est question d’un trafic de produits dopants organisé en filière ou réseau de distribution.


La seconde information troublante médiatisée est celle par laquelle  nous apprenons que suite à cette « affaire de dopage sans précédent », les services de la sûreté d’une wilaya (non déterminée mais que nous supposons être celle d’Alger) auraient déclenché, selon les sources du journaliste, « une enquête pour débusquer la "filière de dopage" en Algérie ». 

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