mercredi 20 septembre 2017

Samira Messad (51), Les stratégies d’évitement

Au cours du laps de temps qui débute avec la saisine de l’AMA et s’achève avec la décision de celle-ci ou de l’expiration du délai de 21 jours, la situation de l’athlète (sur le plan de la violation des règles antidopage) est ambiguë. On dirait qu’il est pris entre le marteau et l’enclume. Ce qui n’est pas tout à fait vrai lorsque les chemins de traverse ne sont pas empruntés.

Récapitulons un tant soit peu les données en notre possession. Au niveau national, un athlète présentant un résultat d’analyse anormal est protégé par l’AUT nationale. A l’étranger, dans une compétition internationale cotée,  ce même résultat le conduit inévitablement devant la juridiction disciplinaire et à une sanction prévisible. Le résultat anormal des analyses est en effet la preuve indubitable recherchée par les laboratoires. C’est également celle retenue par les organes de  gestion des résultats qui ne reconnaissent pas la dite AUT.

Dans ce cas, l’organe en charge de la gestion des résultats d’analyse anormaux n’est plus la CNAD mais l’agence d’un pays tiers mais surtout les organisations d’une manifestation internationale de grande envergure (championnats du monde ou continentaux, jeux olympiques ou régionaux, etc.) prenant le dessus dans les compétitions qui s’imposent à tous y compris aux médias.

Nous devons malheureusement constater que pour beaucoup de commentateurs algériens, ce sont la rigueur et les moyens mis en œuvre pour contrecarrer les utilisateurs de produits (et de méthodes) prohibés par ces organisateurs qui expliqueraient l’absence de résultats de la part des athlètes algériens dans les compétitions de haut niveau. Un échec qui, soit dit en passant et ce serait le plus agaçant, serait doublé par la régression du niveau de performances entre le moment de réalisation des minima (dont il est sous-entendu qu’ils ont été réalisés avec une aide exogène) et les résultats en compétitions en deçà des espérances et des potentiels validés antérieurement par ces mêmes minima. 

Nous indiquerons aussi que, selon cette rumeur à la fois insidieuse et persistante qui court dans les allées du complexe olympique, il existerait une stratégie d’évitement des contrôles anti-dopage, lors des meetings internationaux d’athlétisme ou meetings nationaux étrangers à participation internationale. Elle consisterait soit à un abandon souvent expliqué par une blessure opportune soit à l’achèvement de l’épreuve à une place qui ne conduirait pas à rejoindre la salle réservée pour les contrôles anti dopage.

Nous devons en convenir qu’il s’agit là d’une stratégie, à la fois risquée et audacieuse ! Si cette pratique existe réellement, elle signifierait l’existence de « planificateurs » expérimentés dans ce domaine, capables de maîtriser les notions de temps et de dosages pour passer à travers les mailles du filet.
 
L’ambiguïté décrite, celle qui apparait à travers les processus de validation de l’AUT nationale et l’AUT internationale, a donc pour conséquence d’empêcher l’athlète (averti par la fédération internationale) de concourir (pendant 21 jours) à l’étranger alors qu’il lui est permis de prendre part en toute liberté à des compétitions nationales.

Du point de vue d’esprits roués et prévenus contre la pratique du dopage, cette situation présente des similitudes avec celle qui nait d’entrainements en des lieux interdits d’accès, celle qui caractérise un repli sur soi de groupes d’entraînement se préparant aux échéances sportives à l’abri des regards indiscrets.

Le commentaire de l’article 4.4.4.1 formule toutefois une dérogation. Celle-ci s’applique lorsque le refus d’une fédération internationale de reconnaître une AUT délivrée par la CNAD est motivé par l’absence de dossiers médicaux (ou d’autres informations nécessaires pour la démonstration de la satisfaction des critères du « Standard international »).

Dans cette situation particulière, l’AMA ne doit pas être saisie par le sportif ou la CNAD. Le dossier de demande d’AUT doit uniquement être complété et soumis à nouveau à la fédération internationale.


La sollicitation d’un complément de dossier ne doit pas se traduire en une mesure dilatoire à laquelle on ne verrait aucun intérêt si ce n’est celui de prolonger la couverture nationale donnée par la CNAD. La transmission d’un dossier incomplet parait être préjudiciable à l’athlète. Il ne peut certes concourir au niveau international ce qui retarde son entrée dans le circuit tout en lui permettant de poursuivre son « traitement » dans l’hypothèse d’un refus envisageable de la part de l’AMA.

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