lundi 18 septembre 2017

Samira Messad (53), Sous influence mais pas dopé

Les activités de gestion, de promotion et de développement de la politique de lutte contre le dopage sont segmentées en deux parties décrivant les responsabilités des uns et des autres dans ce domaine.

Si nous devons hiérarchiser ces parties, nous dirons que le niveau supérieur, la partie visible de l’iceberg, est du ressort des fédérations supranationales coiffées par l’agence mondiale.

Le second niveau est celui dévolu aux fédérations sportives et aux agences nationales. Il est celui de la pratique éducative et récréative distinguée de la pratique professionnelle (ou apparentée) qui trouve sa place dans les lois sportives nationales et internationales de nombreuses nations.

Cette cartographie succincte explique en partie l’entrecroisement des possibilités de recours offertes, aux sportifs, aux fédérations et agences nationale d’une part et aux fédérations internationales d’autre part. Un entrelacs qui mène à la confusion et aux contorsions de différentes natures. Confusion et contorsions conduisent incontestablement à la suspicion et à la perspective d’une justice sportive à deux vitesses dominée par la supranationalité.

La première est indéniablement favorable aux professionnels de la pratique sportive qui pourtant dans leur majorité ne sont pas toujours intégrés dans le cadre juridique adéquat tout en bénéficiant d’un encadrement juridico-médical apte à prendre en charge les préoccupations liées à leur métier de sportif. Les athlètes du « Nike Oregon Projet » d’Alberto Salazar aux Etats Unis et de l’ex- groupe d’entraînement d’Aden Jama ont été les principaux et récents exemples de bénéficiaires d’accommodements avec la justice sportive.  

La seconde de ces deux vitesses porte préjudice, sous le couvert de la légalité inscrite dans le marbre de la loi adoptée par l’AMA et entérinée en seconde instance par les nations, aux amateurs qui eux sont livrés, pieds et poings liés, au sacrifice des boucs émissaires d’un système retors et pervers où la loi du plus fort (et du plus argenté) est la meilleure. Samira Messad illustre l’incapacité financière et juridique à faire appel d’un contrôle positif.

Un commentaire sur l’article 6.1 du Code attribue un statut particulier et essentiel (en tant que pièce maîtresse de l’ensemble du dispositif universel de la lutte contre le dopage) aux « laboratoires accrédités » et aux  « laboratoires approuvés » par l’AMA. Nous dirons (dans le prolongement des dispositions contenues dans les codes national et mondial) qu’ils sont les seuls laboratoires reconnus par l’agence mondiale de la lutte contre le dopage pour toutes les violations de l’article 2.1 (produits prohibés et produits spécifiés).

Ils seraient ainsi les seuls à pouvoir garantir la fiabilité des résultats. Une garantie et une fiabilité qui  ont pourtant été mises à mal par les informations rapportées dans le compte-rendu des analyses des urines de Samira Messad établi par le laboratoire accrédité de Châtenay-Malabris.

Selon le dispositif réglementaire et plus particulièrement l’article 7.2.3, l’existence d’un résultat d’analyse anormal découlant d’une AUT (à savoir présentation d’une prescription médicale antérieure impliquant l’utilisation d’un produit interdit pour un sportif), relevé par un laboratoire accrédité ou approuvé, est que « le contrôle dans son entier sera considéré comme négatif ».

De ce fait, la conséquence de la présentation d’une AUT est que, sur le plan de la justice sportive telle qu’elle est inspirée par le modèle juridique imposé par l’agence mondiale et telle qu’elle est consignée dans les codes nationaux et mondial, le sportif est certes « dopé » (il a fait l’objet d’un résultat d’analyse anormal) mais ne doit pas être considéré comme tel.

La présentation d’une AUT par un sportif a, sans contestation aucune, pour effet de lui accorder une sorte d’immunité médicale faisant que - bien qu’il soit un utilisateur reconnu d’un produit (ou d’une méthode) qui vaudrait à d’autres athlètes, non-détenteurs de cette parade, d’encourir les foudres du système - il ne puisse être reconnu comme un athlète dopé et à ce titre il ne doit pas être considéré comme tel et sanctionné.


Du point de vue de la légalité et de la conformité de la démarche, la fédération internationale, la fédération nationale et l’AMA sont tenues informer du résultat d’analyse anormal par la CNAD. Le sportif également. Toutes les parties le savaient déjà. En fait, dès l’entame du processus qui a conduit à la validation de l’AUT (nationale et/ou internationale). 

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