samedi 30 septembre 2017

Samira Messad (63), Quand la police intervient

Nous remarquerons simplement que le titre X (« lutte et contrôle antidopage ») de la loi n° 13-05 du  juillet 2013, relative à l’organisation et au développement des activités physiques et sportives, stipule  en l’article 221 que « Outre les officiers de police judiciaire, sont habilités à rechercher et constater les infractions aux dispositions antidopage, les agents du secteur chargé des sports, dûment assermentés et commissionnés  cet effet ».
Par ailleurs, la « judiciarisation du dopage » est contenue dans d’autres articles peu connus de la loi 13.05. Celle-ci prévoit des peines d’emprisonnement ainsi que des amendes pour le très large panel  d’infractions aux dispositions insérées dans les articles 192 (prescription, cession, offre, vente, administration, application, proposition, production, importation, exportation, transport, facilitation à l’usage, incitation à l’utilisation, opposition aux mesures de contrôle des agents prévus l’article 221 ainsi que les  falsification, destruction, dégradation d’échantillon ou d’analyse cités en l’article 223) et 193 (détention, sans raison médicale justifiée ou autorisée par une AUT, de substances et de méthodes  interdites).
De toute évidence, la présence de ces dispositions coercitives, dans le corpus juridique et sportif  algérien n’a pas été intégré dans l’esprit de la communauté des sportifs refusant inconsciemment de le reconnaitre et beaucoup par ignorance.
Ces dispositions légales ne seraient donc considérées que comme une simple mise en conformité avec la réglementation internationale. Un processus d’uniformisation universelle insérée dans la mondialisation des règles de lutte contre le dopage qui n’aurait guère plus de valeur que la mise en conformité des statuts des associations sportives avec la législation nationale, avec cette loi 13.05 que de nombreuses associations, ligues et fédérations et autres institutions sportives bafouent à leur convenance quand cela leur convient.
Ce ne serait finalement qu’une obligation légale formelle n’impactant en aucune façon la vie  sportive bien que la loi nationale et la convention internationale aient été adoptées par les représentants du peuple et promulguée par le président de la République. L’univers sportif est un monde qui se veut distinct des autres groupes sociaux.
Dans l’esprit des sportifs et des observateurs, les officiers de police judiciaire ne font pas partie du dispositif de lutte contre le dopage. Le sentiment général a, semble-t-il, été que ce dispositif était une activité déléguée par la loi aux agents assermentés désignés par l’agence nationale de lutte contre le dopage. Une affaire concernant uniquement les sportifs et assimilés.
L’article cité ci-dessus (art 221) remet les choses en leurs véritables places en plaçant les OPJ (dont on sait qu’ils relèvent de plusieurs corps constitués : police, gendarmerie, douanes, etc.) au premier  rang, celui que leur attribue la loi.
Les services de police ou de gendarmerie ne sont (à notre connaissance) jamais apparus dans les affaires de dopage. Nous devons supposer que ce qui n’était considéré que comme des affaires isolées a pris une tout autre tournure avec la multiplication de celles-ci et, qui plus est, avec la constatation (cette fois-ci flagrante) d’un possible effet de groupe et d’un trafic mis en évidence par 5 contrôles positifs lors d’un seul contrôle.
Nous avons tenté de montrer à plusieurs reprises que la corporation des entraîneurs a phagocyté l’ensemble des niveaux hiérarchiques de la structure sportive. Depuis 1990 et l’abrogation de la « Réforme Sportive », cette corporation formant alors l’Association Algérienne des Cadres du Sport a exprimé son ambition à visée technocratique (singeant celle des énarques dans l’Administration), celle d’avoir la main mise sur la totalité de l’organisation sportive, en vue d’en faire une bulle dont doivent être exclus les bénévoles perçus comme des intrus et s’ils sont acceptés dans les organisations comme des supplétifs.

Le corps des entraîneurs est, croyons-nous, le premier utilisateur et le primo-demandeur de dopage (bien avant les sportifs qui, dans le contexte algérien, sont des suiveurs de mode trop influençables). Ils sont les initiateurs d’un fléau où interviennent d’autres acteurs d’activités liées et connexes (médecins, pharmaciens, kinés, soigneurs, etc.) en accompagnateurs de la demande et en qualité de membres de ces réseaux dont on parle beaucoup dans la sphère sportive et que l’on ne dévoile jamais. Comme tout corporatisme, les problèmes majeurs (dont le dopage) sont résolus en vase clos, à l’abri des regards indiscrets. 

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