)
C. Kerbrat-Orechionni, dans un ouvrage de linguistique (₺Enonciation, de la subjectivité
dans le langage₺),
s’est intéressée aux interactions langagières mises en jeu dans un processus de
communication dépassant le célèbre (et simple) « schéma de la
communication » de Roman Jakobson, en proposant un enrichissement
devenu « schéma de l’énonciation »
(appropriation individuelle du langage) beaucoup plus complexe avec l’incorporation
d’aspects sociologiques, psychologiques, idéologiques, culturels, cognitifs,
etc. qui font que les individus ne parlent pas de la même manière et ne se
comprennent pas. Le populaire dirait que les actants de la communication ne
sont pas sur la même longueur d’ondes. Des mots sont dits, des actes sont
réalisés par l’émetteur mais restent incompris par le destinataire. Une
situation cocasse mais bien réelle qui peut faire le bonheur de sketches
d’humoristes.
Le monde du football n’est pas dépourvu de ces situations hilarantes.
Bien au contraire. Tout, dans le football, est propice au burlesque qui confine
à l’incompréhension dramatique lorsque les sphères énonciatrices sont en
complet déphasage et qu’elles emploient, pour transmettre leurs messages autrement
inaudibles, une médiation (la presse) impliquée, intéressée par les équivoques
et les quiproquos qui en résulteront. Le messager devient traducteur des
pensées de l’un et transmet à l’autre un message édulcoré. Chaque destinataire
devient source amplifiant la distorsion, le parasitage du discours
(déclaration) initial. La mise en scène visuelle, auditive, scripturale
participe de la trahison messagère, accrue elle-même par le décryptage qu’en
font, en bout de course, les lecteurs.
Les formules choc employées en communication, raccourcis de la pensée
incomplètement formulée, pour marquer les esprits des autres laissent souvent
des traces qui marquent les esprits des destinataires qui, à la moindre
occasion offerte (surtout en période de crise) les font revenir à la surface
pour les renvoyer dans un effet boomerang du plus bel effet surprenant et
ravageur.
Mohamed Legraâ, joueur en disgrâce auprès des dirigeants de l’ES
Sétif, vient de réagir suite aux commentaires au vitriol (il s’agissait de
disqualifier, auprès des supporters, un joueur avec lequel ils avaient déjà eu un
contentieux) en apportant des précisions inattendues d’une personne, d’un
joueur de football dont la roublardise ne peut rivaliser avec celle de ses
aînés : son président et son entraineur. Il s’en suit une sorte de
règlement de compte (ou un solde de tout compte) qui indique que le joueur a
atteint un niveau de saturation insoutenable mais qu’il conserve sa sérénité.
Son départ est inéluctable !
Les mots, les situations dantesques ne s’oublient pas. Surtout lorsqu’il
s’agit de faire mouche après avoir subi une série de médisances. A ₺chantage₺ et ₺couteau
sous la gorge₺, il oppose ₺confiance₺ et ₺parole
donnée₺. A perception d’un droit
(550 millions) il ajoute désistement d’une partie de son dû (300 millions) tus par ses détracteurs.
Alors que son président et
son entraineur veulent l’isoler, il rappelle (sans tirer la couverture à soi)
qu’il appartient à un groupe de joueurs qui a rapporté 70 milliards à son club
et qu’ensemble (tous les joueurs), ils ont consentis des sacrifices « pour
porter très haut les couleurs de l’ESS ».
A propos de ses exigences salariales (220 millions par mois) pour
renouveler son contrat avec son équipe, il trouve qu’elles sont normales
puisque soumises à négociation et que ce salaire est perçu par des joueurs qui
n’ont pas joué 10 matchs contrairement à lui qui fait partie des joueurs ayant
le plus de temps de jeu. Au jeu des comparaisons, on comprend qui est gagnant.
Mieux même, ce joueur de caractère (qui certainement pour cette raison dérange
et lui a valu de ne pas être titularisé en Super coupe d’Afrique) envoie Hammar
dans les cordes en acceptant, devant la presse (et les lecteurs-supporters sont
pris à témoin), de renouveler sans augmentation de salaire.
Legraâ est sans doute conscient
que le contrat ne sera pas renouvelé. Il en profite donc pour solder ses
comptes avec Madoui, l’entraineur qu’il respecte pour la fonction qu’il occupe
et les remarques techniques qu’il pourrait lui faire et en profite pour lui
décocher une flèche de Parthe : il (Madoui) devrait éviter de s’immiscer
dans des prérogatives qui ne sont pas les siennes alors que lui laisse marcher
sur ses plates-bandes permettant à d’autres de faire l’équipe et de commander
les changements. A moins qu’il n’y ait,
dans la maison Entente, confusion de genres.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire