mardi 21 juillet 2015

CSA/ SSPA, Béjaïa dévoile les flétrissures du foot (1)


C’est à Béjaïa que le football exhibe les aspects les plus désopilants de pratiques qui, en fin de compte, suscitent autant la pitié que le rire. Ailleurs, dans toutes les villes du pays qui abritent une équipe professionnelle, la commedia del arte est aussi présente que dans les caravansérails de la capitale des Hammadites. Elle se joue cependant dans des cercles fermés à l’abri des regards et des oreilles indiscrètes, loin du public. Quoiqu’on en dise, c’est le même scénario qui est proposé dans 32 (et même plus, si l’on y comptabilise les équipes reléguées en DNA - division nationale amateur - et celles qui aspirent à remonter en Ligue 2) groupes sociaux, regroupements claniques cooptés qui ont pris en otage le football local et national.
Alors que partout le prétexte de courir (ou de faire courir) derrière un ballon rond un groupe de jeunes adultes en pantalons raccourcis est avancé, sous la bénédiction muette des correspondants de presse embrigadés et supporters avant tout de l’équipe locale, à Béjaïa, le monde du football a dévoilé la réalité décapante dont l’un des aspects est relaté par le joueur Rahal expliquant pourquoi il avait quitté ce MO Béjaïa où pourtant il se sentait bien et où il aurait voulu poursuivre sa carrière. Libre de tout engagement avec le club, il s’était présenté au siège du club pour négocier son nouveau contrat. En face de lui un actionnaire « assis sur une chaise, les pieds sur le bureau ». Une scène digne des films western ou des séries B, une attitude, une posture indicatrice de la position sociale du personnage se croyant le sheriff du coin donc de l’homme faisant la loi si ce n’est dans la cité du moins dans le club. On pourrait à la limite tenter de se convaincre qu’il s’agit simplement d’une pose décontractée mais il n’en reste pas moins qu’elle était plutôt équivoque. Ce sont justement à partir d’attitudes de ce genre (pour le moins très décomplexées et rarement racontées et lorsqu’elles le sont toujours a postériori faisant croire à des rancœurs) qui s’ajoutant à des séries de faits d’apparence anodines et de déclarations intempestives répercutées avec délectation que se rompent des relations déjà distendues et que des équipes sont dans l’obligation de renouveler annuellement leurs effectifs.
Mais à Béjaïa, le plus important, le plus significatif de la déchéance du football et de ses mœurs se trouvent dans la polémique qui régit les rapports entre les dirigeants, entre le CSA et la SSPA et ceux qui s’attribuent cette qualité au nom de…. leur présence dans la proximité immédiate de la JSMB.
Depuis l’avènement du professionnalisme dans le milieu du football algérien, la responsabilité de l’équipe est dans le giron de la SSPA/JSMB et du conseil d’administration qui se trouve à sa tête. Le CSA/JSMB qui, comme tous les clubs sportifs amateurs du pays, est à l’initiative de la création de l’équipe professionnelle, n’est plus qu’une institution sportive en charge des équipes ayant le statut amateur (toutes disciplines confondues autres que l’équipe professionnelle de football et ses prolongements que sont les équipes U21, U18, etc.), un cordon ombilical permettant l’intermédiation entre les pouvoirs publics et le SSPA entrevue essentiellement par le financement du professionnalisme.  
Sur le plan juridique et administratif, le CSA et la SSPA sont deux entités entièrement autonomes (le CSA est une association sportive et la SSPA est une société commerciale) maintenant cependant un lien de filiation à travers la participation du CSA au conseil d’administration de la SSPA et au financement de la société commerciale. Le poids du CSA dans la SSPA dépend de l’importance du nombre d’actions, de la part du capital social détenues et donc de son apport. A la JSMB, les actionnaires de la SSPA sont aussi membres du CSA. Une double casquette qui n’est pas préjudiciable au bon fonctionnement de la SSPA mais perturbe celui du CSA puisque la présence des administrateurs du CA aux assemblées générales du CSA est une opportunité que saisissent beaucoup pour interférer dans le fonctionnement de la SSPA et demander des comptes auxquels ils n’auraient pas droit en d’autres circonstances.

Chacune des deux entités possèdent sa propre organisation, son propre organigramme. Mais, la confusion dans les esprits est telle que l’interpénétration est le souci principal, le moyen de contrôler les flux financiers débloqués par les pouvoirs publics, de s’approprier une partie plus importante de la subvention étatique.   

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