Cette activité fondamentale (assurant le nécessaire et la sécurité..
de l’emploi correspondant au premier stade de la hiérarchie des besoins établie
par Abraham Maslow) est complétée par une activité complémentaire conventionnée
avec un club d’athlétisme.
Cette activité secondaire est couverte par une indemnisation. Initialement
interdite par la législation sportive introduisant le professionnalisme, cette
forme de rémunération (des entraîneurs et des athlètes) a fait l’objet d’une
légalisation par amendement des décrets sous la pression des lobbies sportifs
exploitant fort opportunément l’affaiblissement des pouvoirs publics en prise
avec la grogne populaire et la menace d’une grève des championnats qui aurait
perturbé la quiétude de façade.
Enfin, le troisième volet du triptyque qui n’est pas encore généralisé
(le phénomène est d’apparition récente)
parait être réservé à quelques entraîneurs dont la valeur marchande et la
notoriété ont été boostées par l’intégration dans les staffs fédéraux ou leurs
parcours.
Il s’agit le plus souvent d’une relation « informelle »
(non conventionnelle) de partage des gains des athlètes proche par certains
aspects du racket.
Nous dirons que, pour en revenir à Ali Saïdi-Sief, dans le contexte de
l’époque, la décision de rejoindre le Mouloudia était pour l’athlète quasiment
inévitable. Pour un jeune sans avenir en dehors du sport, elle était la
solution la plus rationnelle. Du moins, la moins aventureuse.
Il faut retenir qu’en ce temps-là, la gestion des clubs (imbriqués
dans un modèle économique défaillant et en voie de mutation) était extrêmement
difficile.
Les grands clubs d’athlétisme de Constantine (DNCC puis EC Mila,
CMC-CSC, AJC-MOC), les plus à même de l’accompagner, avaient disparu ou
survivaient en connaissant les pires difficultés. Ils étaient (pour la
majorité) incapables d’assurer le strict minimum du fonctionnement normal de
leurs activités.
Cette situation était généralisée. Les associations les plus
emblématiques des autres capitales régionales (Sétif, Batna) n’échappaient pas
au marasme général. Elles étaient confrontées à la même situation difficile. Y
compris, mais à un degré moindre, Annaba (dont le club principal était pourtant
parrainé par le gigantesque complexe sidérurgique d’El Hadjar) que l’on
prétendait pourtant mieux lotie.
Disons que tous les clubs régionaux étaient touchés par le phénomène
de l’ « appel d’air » algérois. Les athlètes étaient attirés par la
lumière, les promesses des clubs les plus résistants.
Lorsque Saïdi-Sief fait son apparition aux premiers rangs des jeunes
talents de l’athlétisme algérien (1996), les plus prometteurs des athlètes de
l’ex-département colonial migraient vers Alger, véritable miroir aux alouettes
de tous les sportifs algériens. En fait, de tous les Algériens ambitionnant de
réussir.
Depuis une dizaine d’année, le milieu de la décennie 1980
correspondant peu ou prou aux titres internationaux « jeunes »
remportés par les athlètes constantinois (titres africains junior du 800 et du
1500 de Mounir Alloui, entraîné par Kamel Benmissi et du titre de championne
arabe junior de cross-country de Hassiba
Boulmerka, entraînée par Abboud Labed), le phénomène de migration s’était accru.
Comme tant d’autres (avant et après lui), Ali Saïdi-Sief, a été désorienté
par les multiples tentations offertes. Il se retrouva dans la peau de ce Rastignac
popularisé par Balzac. Comme ses prédécesseurs puis ses successeurs, il avait
choisi la voie royale celle qui passe par le soutien de la toute puissante
compagnie nationale pétrolière, véritable Etat dans l’Etat.
D’autres jeunes coureurs de l’espace oriental algérien avaient eu une
préférence pour une autre filière. Moins rémunératrice sur le plan financier.
Celle-ci traverse l’histoire de
l’athlétisme algérien. Elle aboutissait (cela se poursuit jusqu’à nos jours) aux clubs créés au sein des
corps constitués. Ceux-ci représentaient
une forme de « professionnalisme marron », un
professionnalisme ne s’avouait pas en tant que tel, qui a également eu (et a
toujours) cours en Europe occidentale et orientale, en Amériques et en Afrique.
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