jeudi 26 avril 2018

Ali Saidi Sief (26), Le miroir aux alouettes



Cette activité fondamentale (assurant le nécessaire et la sécurité.. de l’emploi correspondant au premier stade de la hiérarchie des besoins établie par Abraham Maslow) est complétée par une activité complémentaire conventionnée avec un club d’athlétisme.

Cette activité secondaire est couverte par une indemnisation. Initialement interdite par la législation sportive introduisant le professionnalisme, cette forme de rémunération (des entraîneurs et des athlètes) a fait l’objet d’une légalisation par amendement des décrets sous la pression des lobbies sportifs exploitant fort opportunément l’affaiblissement des pouvoirs publics en prise avec la grogne populaire et la menace d’une grève des championnats qui aurait perturbé la quiétude de façade.

Enfin, le troisième volet du triptyque qui n’est pas encore généralisé (le phénomène est d’apparition  récente) parait être réservé à quelques entraîneurs dont la valeur marchande et la notoriété ont été boostées par l’intégration dans les staffs fédéraux ou leurs parcours.

Il s’agit le plus souvent d’une relation « informelle » (non conventionnelle) de partage des gains des athlètes proche par certains aspects du racket.

Nous dirons que, pour en revenir à Ali Saïdi-Sief, dans le contexte de l’époque, la décision de rejoindre le Mouloudia était pour l’athlète quasiment inévitable. Pour un jeune sans avenir en dehors du sport, elle était la solution la plus rationnelle. Du moins, la moins aventureuse.

Il faut retenir qu’en ce temps-là, la gestion des clubs (imbriqués dans un modèle économique défaillant et en voie de mutation) était extrêmement difficile.

Les grands clubs d’athlétisme de Constantine (DNCC puis EC Mila, CMC-CSC, AJC-MOC), les plus à même de l’accompagner, avaient disparu ou survivaient en connaissant les pires difficultés. Ils étaient (pour la majorité) incapables d’assurer le strict minimum du fonctionnement normal de leurs activités.

Cette situation était généralisée. Les associations les plus emblématiques des autres capitales régionales (Sétif, Batna) n’échappaient pas au marasme général. Elles étaient confrontées à la même situation difficile. Y compris, mais à un degré moindre, Annaba (dont le club principal était pourtant parrainé par le gigantesque complexe sidérurgique d’El Hadjar) que l’on prétendait pourtant mieux lotie.

Disons que tous les clubs régionaux étaient touchés par le phénomène de l’ « appel d’air »  algérois. Les athlètes étaient attirés par la lumière, les promesses des clubs les plus résistants.

Lorsque Saïdi-Sief fait son apparition aux premiers rangs des jeunes talents de l’athlétisme algérien (1996), les plus prometteurs des athlètes de l’ex-département colonial migraient vers Alger, véritable miroir aux alouettes de tous les sportifs algériens. En fait, de tous les Algériens ambitionnant de réussir.

Depuis une dizaine d’année, le milieu de la décennie 1980 correspondant peu ou prou aux titres internationaux « jeunes » remportés par les athlètes constantinois (titres africains junior du 800 et du 1500 de Mounir Alloui, entraîné par Kamel Benmissi et du titre de championne arabe junior de cross-country  de Hassiba Boulmerka, entraînée par Abboud Labed), le phénomène de migration s’était accru.

Comme tant d’autres (avant et après lui), Ali Saïdi-Sief, a été désorienté par les multiples tentations offertes. Il se retrouva dans la peau de ce Rastignac popularisé par Balzac. Comme ses prédécesseurs puis ses successeurs, il avait choisi la voie royale celle qui passe par le soutien de la toute puissante compagnie nationale pétrolière, véritable Etat dans l’Etat.

D’autres jeunes coureurs de l’espace oriental algérien avaient eu une préférence pour une autre filière. Moins rémunératrice sur le plan financier. Celle-ci  traverse l’histoire de l’athlétisme algérien. Elle aboutissait (cela se  poursuit  jusqu’à nos jours) aux clubs créés au sein des corps constitués. Ceux-ci  représentaient une forme de « professionnalisme marron », un professionnalisme ne s’avouait pas en tant que tel, qui a également eu (et a toujours) cours en Europe occidentale et orientale, en Amériques et en Afrique.

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