mardi 22 mai 2018

Ali Saidi-Sief (34) Le socle de l’impunité


Le panel d’artifices, le plus souvent dilatoires, privilégie le maintien de l’opacité au détriment de la transparence. Il cible des groupes d’athlètes assurés de bénéficier d’une certaine impunité laquelle découle de leurs appartenances associatives et leurs rattachements à des puissances porteuses d’éléments constitutifs forts inscrits dans la formation des tutelles organiques, administratives et financières réputées pour leur emprise sociétale.
Ce survol du paysage athlétique, tout en éclairant le phénomène du dopage en Algérie, n’éclaircit pas totalement la confusion enveloppante. Extraordinairement, et contrairement à ce que l’on pourrait être amené à penser, la question du dopage n’est devenu un point nodal des polémiques ayant agité le milieu qu’à partir de la fin de l’année 1988.
Cette question, jusque-là périphérique et le plus souvent anecdotique, est devenue importante consécutivement à la médiatisation du cas du sprinter canadien Benjamin Johnson, vainqueur (par la suite déclassé) de la finale du 100 mètres des Jeux Olympiques de Séoul.
En Algérie, antérieurement à 1988, à l’exception des allégations concernant Ahmed Mahour Bacha (d’abord en sa qualité d’athlète puis d’entraîneur) et quelques lanceurs, la question du dopage n’a pas alimenté outre mesure les persiflages.  
Les commentaires les plus courants étaient alors liés, pour une bonne partie, à des questions de méthodologie relatives surtout à l’entraînement des coureurs de demi-fond et de fond. Des problématiques axées essentiellement sur l’opposition très déchaînée portant sur la place des notions, réductrices de qualité et de quantité empruntées à la confrontation philosophique et idéologique transnationale et au foisonnement des méthodes importées appliquées sur les stades d’Algérie. Depuis, le dopage est la première explication fournie à une performance ou à un résultat hors normes habituelles.
Ainsi que nous avons pu l’indiquer précédemment (à titre indicatif), le jeune Youcef Abdi (ou plutôt la programmation qui lui a été proposée dès la catégorie minimes puis en cadets) s’y est retrouvé impliqué en tant que victime collatérale de la guéguerre mettant au prise les partisans de l’augmentation des distance d’entraînement et ceux prônant le raccourcissement des délais de récupération entre les séquences à fortes intensités.
La question du dopage a trouvé une place importante (dont elle ne sera jamais dépossédée) et est devenue récurrente depuis le contrôle positif d’Ali Saïdi-Sief (en 2001). Le statut d’athlète de niveau mondial (médaillé d’argent des jeux olympiques) et surtout son implication dans une affaire de dopage ayant conduit au retrait (incompréhensible pour le public algérien) de sa médaille d’argent du 5 000 m des championnats du monde d’Edmonton a donné du piment à cette affaire d’utilisation de substances interdites.
Une affaire qui fut la première révélée au grand public lequel était branché sur les émissions diffusées par les chaînes de télévision satellitaires lesquelles ne pouvaient manquer une telle information. Elle bouscula les habitudes et les valeurs d’intégrité et de fair-play qui accompagnaient traditionnellement la discipline.
 Après Saïdi-Sief, les suspensions (deux années également) de Fethi Meftah et de Tayeb Kalloud laissèrent pourtant une petite marque (quasiment illisible) dans l’histoire médiatique du dopage. Elles passèrent quasiment inaperçues  à l’époque avant qu’elles ne soient aujourd’hui totalement oubliées.
Elles furent (cela doit être dit) pourtant médiatisées par des articles (de la presse française et algérienne) publiés au début de l’année 2009.
Ces deux cas marqueront aussi la chronologie médiatique du dopage algérien. Le dopage était devenu commun dans le demi-fond mondial (espagnol, turc, italien, etc.) africain (marocain, kenyan, etc.) et algérien.
Ces trois athlètes (Saïdi-Sief, Meftah et Kalloud) appartiennent (de notre point de vue) à la première génération (sans doute incomplète) des résultats positifs. Cette catégorie a la caractéristique d’enregistrer les contrôles effectués en compétitions organisées à l’étranger par des agences de lutte contre le dopage elles-mêmes étrangères.

samedi 19 mai 2018

Ali Saidi Sief (33), Le royaume des intrigues


La troisième séquence de la liste de 25 meilleurs coureurs de 1 500 m enregistre également ce que l’on doit appréhender comment étant définissable à travers leur appartenance à la catégorie supplémentaire « des précurseurs ».
Il s’agit des athlètes ayant émergé, au niveau international (à une époque où l’athlétisme mondial était dominé par les demi-fond anglo-saxon, scandinave et européen avant que n’intervienne la période de la suprématie maghrébine et africaine) au cours de la période dite de la « Réforme sportive » correspondant  aux années 1976 à 1990. Cette liste comprend les noms d’Abderrahmane Morceli (3:36.26. 12 août 1977) ; Rachid Kram (3:36.26. 27 juillet 1988) ; Mehdi Aidet (3:36.69. 26 juillet 1981) ; Ahmed Belkessam (3:37.0. 29 juillet 1991) ; Amar Brahmia (3:37.33. 27 juillet 1978).
Nous observerons toutefois (ce qui permet de dessiner la carte algérienne du 1 500 m de haut niveau)  que la grande majorité des athlètes figurant dans cette liste s’est retrouvée détentrice d’une licence délivrée en faveur du MCA/GSP. On observera que quelques-uns de ces coureurs ont porté les couleurs de plusieurs clubs. Un fait qui deviendra encore plus pertinent au cours des dix dernières saisons.

Nous avons abordé précédemment cet aspect qui fait que le club algérois a été le réceptacle du sport national en étant le creuset du demi-fond national. Une observation fait que le 1 500m (épreuve phare du demi-fond tant par son positionnement entre des courses de différentes distances et par son impact historique et culturel véhiculé aussi bien par la tradition que par les titres mondiaux et olympiques (maghrébins et africains antérieurement)  a été considéré comme la chasse gardée du MCA et a éclipsé le constat faisant que la domination sur les distances plus longues (au-dessus du 3 000 mètres) est à mettre à l’actif des clubs créés au sein des corps constitués.

Les réfractaires au port de la casaque des « Pétroliers » (très peu nombreux au demeurant dans la liste des 25 meilleurs coureurs de 1 500m de tous les temps) ont trouvé place au CMEPS/CRPSM, dans le groupe fédéral en qualité de compagnons d’entraînement de Toufik Makhloufi, dans la structure formée autour d’Amar Benida ainsi qu’à la Protection Civile.

L’aspect communicationnel  que nous définissons comme la mise à la disposition du grand public (en dehors des cénacles de spécialistes de la question) des informations relatives aux résultats d’analyse anormaux décelés par les instruments et du coût de la lutte antidopage embryonnaire en Algérie a été pour le moins insuffisant. Il a été l’objet d’une occultation préjudiciable à la prise de connaissance des données statistiques avérées.

Ainsi que nous l’avons appréhendé superficiellement dans la tentative compréhension du cas véritablement exceptionnel de Samira Messad (perçu comme le premier cas de dopage en Algérie d’une athlète algérienne découvert dans une compétition organisée sur le territoire national) qui, au-delà de la plausible implication de l’athlète du point de vue réglementaire (l’athlète est à la fois le coupable et la preuve de la culpabilité), a montré les carences et les incohérences de la CNAD et de la fédération algérienne d’athlétisme.

Cette situation, proche de l’omerta, a permis de favoriser un climat généralisé de suspicions faisant la part belle aux flux informels d’informations. Des courants informationnels dont nous dirons qu’ils furent intentionnellement entretenus et propagés pour augmenter la confusion par l’utilisation d’allégations de toute nature dans lesquelles se mêlent la réalité et l’intox, des rumeurs alimentant à profusion des cas d’usage de produits prohibés ainsi que des manipulations faisant le lit de la lutte pour le leadership athlétique.

lundi 14 mai 2018

Ali Saidi Sief (32), Les meilleurs Algériens All time


Toufik Makhloufi, le vainqueur du 1500 m des jeux olympiques de Londres (2012), a été (dans la catégorie U23, Espoirs) l’exception  qui confirme la règle. Il a été, depuis l’avènement de Saïdi-Sief, le seul (parmi une douzaine de coureurs algériens de 1 500 m depuis 2000) à franchir ce qui s’est avéré être une barrière chronométrique (3.30) que seuls les meilleurs coureurs au monde (33 athlètes) ont pu passer.

Nous remarquerons que sa progression chronométrique (dans sa partie initiale) épouse presque le même profil que celle que l’on peut observer en regardant celle d’Ali Saïdi-Sief. La différence essentielle (elle est de taille) est que la carrière d’Ali Saïdi-Sief a pris fin dès qu’il a atteint son record personnel. Nous ne pouvons que supposer qu’il aurait pu être amélioré si les championnats du monde d’Edmonton (2001) (et le résultat d’analyse anormal qui y fut constaté suivi d’une suspension de 2 années) n’étaient pas intervenus.

En cherchant dans la base de données de l’IAAF, nous  noterons, en premier lieu, que le « Top 25 all times» algérien des  coureurs de 1 500 m (à moins de 3.38) , ne retenant que la meilleure performance de chaque athlète, permet de les classer sans effort particulier, en un seul clic. Une prouesse qui n’est pas permise par le peu d’informations proposées par le site de la fédération algérienne d’athlétisme.
La fédération algérienne, dans son immense bienveillance pour les amoureux de l’athlétisme et des statistiques ne permet d’obtenir que les performances (toutes catégories confondues) à partir de l’année 2005 à travers ses « Top 10 » annuels présentant les caractéristiques d’être à la fois incomplets et inutilisables en dehors de la fonction simpliste de type administratif qui lui est dévolue en tant que « bilan annuel des performances ».
Cette liste des 25 meilleurs « milers » Algériens de tous les temps qu’il nous a été possible de reconstituer via la base  données de l’IAAF autorise à regrouper les performances en trois catégories.
La première d’entre elles est celle composées des plus grands champions qu’ait connus le pays. Elle regroupe les meilleurs performers sur 1 500 m qui sont (par un curieux hasard ordonné) deux champions olympiques de la distance et un médaillé d’argent des jeux olympiques sur 5 000 m.
Ces trois coureurs (Noureddine Morceli, 3:27.37. 12 juillet 1995 ; Toufik Makhloufi, 3:28.75. 17 juillet 2015 ; Ali Saïdi-Sief, 3:29.51. 4 juillet 2001), ont été les seuls coureurs algériens auteurs d’un chrono inférieur à 3.30.
Un examen plus affiné des 30 meilleures performances algériennes (tous temps), à moins de 3.31, montrent que 19 ont été réalisées par Noureddine Morceli (sur une période s’étendant entre 1991 et 1999), 4 par Toufik Makhloufi (entre 2012 et 2015), 4 également par Ali Saïdi-Sief (entre 1999 et 2001) et 1 par Tarek Boukenza (2007).
Dans la seconde catégorie (plus de 3.30 et moins de 3.35), nous trouvons Tarek Boukenza (3:30.92. 13 juillet 2007) ;    Antar Zerguelaine (3:31.21. 28 juillet 2009) ; Kamel Boulahfane (3:32.44. 31  juillet 2004); Mohamed Khaldi (3:33.03.  02 juillet 2001) ; Abdeslam Kennouche (3:33.46. 31 juillet 2004); Miloud Abaoub (3:34.37. 30 août 1998) et Nabil Madi (3:34.47. 29  juillet  2008).
La troisième strate (plus de 3.35 et moins de 3.38) comptabilise  Abderrahmane Anou (3:35. 08 juillet 2011) ; Samir Khadar (3:35.53. 24 juin 2008); Ahmed Krama (3:35.56. 13 août 1997) ; Yassine Hathat (3:35.68. 05 juillet 2014); Imad Touil (3:35.820. 27 mai 2012) ; Salim Keddar (3:35.92. 08 août 2015); Nacereddine Halil (3:36.84. 07 juin 2012) ; Sami Lafi (3:37.45. 18 juin 2013) ; Abdelghani Hamoumraoui (3:37.59. 28 juin 2007) ; Takieddine Hedeilli (3:37.88.  09 juillet 2017) ; Lyes Belkheir (3:37.97. 13 juin 2013).

mercredi 9 mai 2018

Ali Saidi-Sief (31), La progression des juniors-espoirs


Dans un souci de valorisation d’une performance (moins de 3.40) que de nombreux adultes souhaitent inscrire à leurs palmarès, nous devons indiquer également que seuls 2 représentants par nations (ou 3 athlètes selon les compétitions internationales et les critères de participation exigés) peuvent concourir aux championnats du monde (ou continental) U20.

D’autre part, à titre de simple comparaison avec ces chronos, nos deux juniors de 1996 auraient fait partie   des meilleurs seniors nationaux des années de la Réforme sportive (N. Morceli a remporté le titre de champion d’Algérie du 1500m en 1989, à19 ans et après une année scolaire en Californie). Quant aux juniors actuels, un chrono inférieur à 3.50 est considéré comme une performance de premier plan national. Dans la catégorie juniors’entend.

En rejoignant la catégorie des coureurs « professionnels » (alors qu’il est toujours junior), Ali Saïdi-Sief, libéré de toutes les préoccupations pouvant être celles d’un jeune de 18 ans dont le destin n’est pas entre ses mains, améliore sa meilleure performance personnelle.

Le nouveau statut que lui a attribué l’intégration au Mouloudia lui vaut de progresser très rapidement (3.37.47 en 1997, 3.35.87 en 1998 et 3.30.91 en 1999). Cette progression est suivie d’une stabilisation l’année suivante (3.30.82 en 2000) puis de l’établissement de son record personnel (3.29.51 en 2001 au cours des semaines précédant son résultat d’analyse anormal) qui constitue encore aujourd’hui (au début de la saison estivale 2018) la 23ème performance mondiale de tous les temps.

La progression d’Ali Saïdi-Sief (5 secondes) correspond grosso modo à celle qu’ont connue quelques-uns de ces jeunes coureurs de demi-fond algériens qui sont apparus au premier plan depuis l’année 2000. Un regard sur leurs progressions dans la catégorie des U23 (Espoirs) permet d’établir un lien entre l’amélioration des performances et l’intégration dans une des grosses écuries nationales qui sont celles (rappelons-le à nouveau) disposant de  moyens financiers et logistiques.

Les informations statistiques compilées et publiées sur Facebook par Mourad Abdenouz, l’un des anciens espoirs de la course à pied, montrent que, à l’exception de quelques jeunes coureurs (peu nombreux d’ailleurs) ayant couru le 1 500 m en moins de 3.40, ce chrono reste, pour les coureurs algériens de la catégorie junior, la référence les hissant au niveau mondial. Un tel chrono leur permet de figurer en finale (ou quelquefois sur le podium)  des championnats du monde U20. 

Nous notons qu’en dehors de Morceli (1988) et Saïdi-Sief, seuls deux autres Algériens Abderrahmane Anou (2010) et Salim Keddar (2005) ont couru (dans la catégorie U20) en dessous de ce chrono devenu hors de portée des meilleurs Algériens confrontés à la pire crise qu’ait connu l’athlétisme national.

Ce qui semblerait être la norme de l’élite nationale junior (ce serait en réalité l’expression chronométrique du meilleur athlète algérien de la catégorie pour chacune des saisons athlétiques considérées) s’est longtemps situé entre 3.43 et 3.45 avant de se stabiliser, ces dernières années (2015-2017) à un niveau inférieur  compris entre 3.47 et 3.50.

Notons que le renouveau du demi-fond algérien chez les jeunes est porté par Oussama Cherrad, un cadet de Bordj Bou Arreridj (champion du monde de cross-country scolaire 2018) supplantant les meilleurs U20. Ce qui donne bien évidemment une autre dimension à ces performances à inscrire à l’actif d’un U18.
Les chronos, les titres sortant de l’ordinaire des juniors algériens, appartiennent aux frères jumeaux Abdelmagid et Imad Touil, Samir Khadar, Abderrahmane Amou, Salim Keddar) qui présentent un profil chronométrique relativement comparable à celui d’Ali Saïdi-Sief…..jusqu’à 3.35.

 Au-delà de ce chrono, il semble que le jeune athlète entre dans une autre dimension impliquant l’intégration d’autres paramètres que l’augmentation qualitative et/ou quantitative de l’entraînement.

lundi 7 mai 2018

Ali Saidi-Sief (30), Quelques chronos chez les U20



Lorsque Ali Saïdi-Sief, coureur licencié avons-nous écrit plus haut à Hamma-Bouziane, se classe à la 5ème place du championnat d’Algérie junior de cross-country, il est quasiment, à 18 ans, dans la situation d’un « semi-professionnel »…..sans le sou.

Contrairement à ses adversaires de la même catégorie d’âge accordant une attention normale à leur cursus scolaire,  Ali Saïdi-Sief, le coureur  junior 1ère année qu’il est en 1996,  peut consacrer le temps nécessaire à sa  préparation sportive. La priorité accordée à la carrière sportive au détriment de la scolarité est une  explication plausible à explorer dans une tentative de compréhension de tous les semi-échecs que l’athlétisme algérien a enregistrés.

Pour Ali Saïdi-Sief, ainsi que pour des centaines d’autres de ses pairs (heureux ou malheureux), les 6 séances   hebdomadaires d’entraînement sont monnaie courante. Elles ont fait (et continue de faire) partie du paysage sportif.  

Ces entraînements conduisent, lorsque l’athlète appartient aux catégories jeunes (cadets et juniors), à la réalisation de performances de premier plan pour ce qui concerne la tranche d’âge, à la postulation à une sélection en équipe nationale, à un classement dans le « Top 100 mondial » des U18 et U20.

Cette perspective est pourtant très réduite pour les U20 algériens puisque cette liste « all times » (limitée par l’impitoyable réalité chronométrique et de l’adversité à 3.38) ne comprend que 2 noms : Ali Saïdi-Sief (3.37.47 en 1997. 84ème) et Noureddine Morceli (3.37. 87 en 1988. 92ème).

Ce bilan montre, à travers l’incroyable  bond en avant des chronos, que le champion du monde et olympique N. Morceli n’aurait été qu’un espoir sans perspective d’avenir dans une confrontation avec la composante de l’actuel « Top 10 juniors all times » formant un groupe élitiste restreint dont les performances (après que  l’on ait extrait du lot les stratosphériques 3.28.81 de Ronald Kwemoi de 2014 et les 3.30.10 de Robert Biwot en 2015) s’échelonnent entre 3.30 et 3.32 réalisés  antérieurement, entre 2003 et 2011.

Bien que n’étant pas le seul dans ce cas  la courbe de progression Ronald Kwemoi est étonnante. Il est passé de 3.45.39 en 2013 (18 ans)  à donc 3.28.81 en 2014 avant de  se stabiliser à 3.30 (3.30.43 en 2015 ; 3.30.49 en 2016 et 3.30.89 en 2017). Une analyse exhaustive (et comparative avec les athlètes de la génération précédente) menée par des spécialistes en études de données statistiques pourrait dévoiler des surprises.

Noah Ngeny, adversaire de Miloud Abaoub et d’Ali Saïdi-Sief sur le 1 500 m des championnats du monde junior de Sidney, futur champion du monde senior à Séville (1999) et champion olympique de la distance (Sidney 2000) n’est enregistré qu’à la 13ème  place avec 3.32.91 (1997).

Parmi le « Top 25 », quelques noms frappent  rétrospectivement l’attention. Ils suscitent des interrogations restant sans réponse bien que quelques-uns figurant dans cette liste  entrouvrent la porte à une réflexion plus approfondie incitant à des croissements de données pour y voir plus clair.

Ce sont ceux du Qatari d’origine marocaine Hamza Driouch, du Kenyan Asbel Kiprop (contrôlés positivement) et du Djiboutien Ayanleh Souleiman (suspecté de dopage en raison de son appartenance au groupe d’entraînement constitué autour d’Aden Jama).

Ceux qui s’intéressent de près à la course à pied savent que le classement au championnat national de cross-country   une valeur seulement indicative. Le chrono réalisé aux championnats du monde juniors de Sydney 1996 (3.42.12) et son classement (9ème place) en finale du  1 500 m peuvent a contrario servir de référence.

Ce chrono lui aurait permis de figurer à la 23ème place du bilan 2017 derrière une cohorte de coureurs kenyans et éthiopiens. Miloud Abaoub (médaillé de bronze) aurait été classé 10ème.

samedi 5 mai 2018

Ali Saidi-Sief (29), Nike remplace Tati


Les effets pernicieux de cet accompagnement médicamenteux peu médiatisé ne seront portés à la connaissance du grand public que lorsque quelques stars sportives populaires seront confrontés aux ennuis de santé de leurs progénitures (malformations et handicaps divers), pousseront un cri de désespoir et solliciteront le soutien des pouvoirs publics.

Ces joueurs de football, membres des équipes nationales ayant participé aux Coupes du monde de 1982 et 1986 ou celle qui remporta la Coupe d’Afrique de 1990, touchés dans ce qui leur est le plus cher, pointeront d’un doigt timide les responsabilités. Le voile est déchiré par ceux dont la voix est audible.

Dans le discours devenu routinier dans la bouche des techniciens, la « scientifisation » de la préparation des athlètes de haut niveau appelés à se disputer les titres mondiaux et olympiques ou les médailles internationales passe obligatoirement par un certain nombre de préalables méthodologiques et logistiques dont ceux liés à la récupération des efforts consentis lors de l’entraînement ainsi qu’à la compensation des carences vitaminiques et minérales survenant à la suite d’une alimentation quantitativement insuffisante et qualitativement inappropriée pour une pratique sportive astreignante.

L’inconvénient majeur est que ces produits de compensation ne sont pas d’accès aisé, disponibles à  profusion et à portée de mains de n’importe quel quidam.

L’absence de production nationale, les difficultés d’importation légale semblent avoir remis à la mode la  période du trabendo popularisé par les cabas.  Cette fois- ci, ce ne sont plus les cabas de chez Tati qui sont en vogue mais ceux des sportifs vecteurs publicitaires non rémunérés par Adidas, Puma, Nike, Diadora, etc.

Les entraîneurs (et les athlètes à leurs suites) entrent donc de plain-pied dans le cercle infernal de la complémentation alimentaire, de la préparation biologique, sur le marché de la pharmacopée lui aussi  régulé par « la main invisible » orientant habituellement les marchés financiers et des matières premières conduisant au bout du compte à toutes les formes de spéculation et au dopage défini comme étant l’utilisation de substances et de méthodes incompatibles avec la réglementation sportive.

La compréhension de ce phénomène social qu’est le dopage est difficile si l’on ne prend pas en compte (au-delà des autres considérations psychosociologiques habituellement citées), la somme d’entraînement qui n’est plus celle du sportif amateur. Le dopage est un adjuvant. Il ne dispense pas de l’entrainement forcené.

Toutes proportions gardées, et dans une forme que nous voulons caricaturale pour mettre au premier plan l’aliénation des coureurs devenus esclaves du système, le jeune sportif qui veut percer se retrouve dans une situation que l’on pourrait comparer à celle de Charlie Chaplin dans le film « Les Temps modernes » ou celle de l’ouvrier spécialisé - employé dans une usine conçue selon les règles de fonctionnement du taylorisme, du behaviorisme et de l’OST (organisation scientifique du travail) dans ses différentes versions chronologiques - lié, pendant les horaires légaux, à une machine de plus en plus automatisée imposant des cadences infernales programmées dans les bureaux de consulting.

Pour s’extirper du lot, de plus en plus dense, le champion est contraint à subir une sorte de double vacation aliénante (10 à 12 séances hebdomadaires), physiquement et psychologiquement insoutenable,  imposée par l’organisation scientifique de l’entrainement promu comme modèle sportif de réalisation de performances dont les frontières humaines sont constamment repoussées.

Selon des entraîneurs, préoccupés par les méfaits du dopage et des effets de cette pratique sur le niveau des performances, l’un des indices pouvant laisser supposer à l’utilisation d’une aide pharmacologique est celui d’une progression chronométrique importante réalisée en un court laps de temps.

La mise en relation de la progression et du temps est à la fois tentante et délicate. Elle n’est certainement pas déterminante tout en aiguisant les suspicions.

mercredi 2 mai 2018

Ali Saidi-Sief (28), La main invisible régulatrice


Selon les discours des exégètes de l’époque, le dopage était perçu comme un raccourci incontournable dans la course aux médailles.

Celles-ci sont inscrites, selon des logiques qui plus tard pousseront jusqu’aux limites du raisonnement humain et de la philosophie olympique subissant les assauts multiples du libéralisme mercantiliste et d’une société de consommation débridée, au premier rang des moyens et éléments de propagande et de valorisation du système économique et politique impliqué dans les nouvelles relations de géopolitique, dans des rapports de force tendus entre les tenants de l’uni-polarité occidentale (Pacte de l’OTAN) et de la  multipolarité revigorée par le BRICS (Brésil, Russie, Chine, Afrique du Sud) amorce de la nouvelle guerre froide appliquée au monde des sportifs et du fair-play.

Les entraîneurs (et les athlètes à leurs suites) entrent donc de plain-pied dans le cercle infernal de la complémentation alimentaire, de la préparation biologique, sur le marché de la pharmacopée lui aussi  régulé par « la main invisible » orientant habituellement les marchés financiers et des matières premières conduisant au bout du compte à toutes les formes de spéculation et au dopage défini comme étant l’utilisation de substances et de méthodes incompatibles avec la réglementation sportive.

Pour corroborer cette thèse, un rapport récent sur les violations des règles anti-dopage, publié par l’AMA (agence mondiale de lutte contre le dopage) vient contredire les affirmations qu’il a été possible de lire à satiété dans la presse occidentale et celles qui les prennent pour source irréfutable. Ce rapport montre que la réalité est différente du sentiment que l’on peut ressentir à la lecture proposée habituellement par les journaux.

 Les nations occidentales occupent les premières places du bilan. On y recense, pour la seule année 2016, l’Italie (147 cas), la France (86), les Etats Unis (76) l’Australie (75) suivies de la Belgique (73). Ce n’est qu’en ensuite que viennent l’Inde (69), la Russie (69), le Brésil (55) et l’Afrique du Sud (55).

Au plan interne, le phénomène était à appréhender dans la dimension communicationnelle du processus de la réinsertion dans le concert des nations d’un pays mis à l’écart par des parties (nationales et  étrangères) soutenant la radicalisation religieuse armée à travers le slogan du « qui tue qui ? » de triste mémoire.

L’intermédiation et la sur-médiatisation sportive portées par les médailles mondiales et surtout olympiques remportées par Boulmerka, Morceli, Benida-Merah, Hammad, Saïd-Guerni, Saïdi-Sief, etc. participent amplement à cette démarche de communication politicienne.

L’aspect de communication politicienne est primordial dans une société empêtrée dans une crise multidimensionnelle (économique, politique, sécuritaire, sociale et dont les horizons sont bouchés. Il s’agissait aussi d’une sortie du cadre collectif pour les personnes concernées directement (entraîneurs, athlètes, dirigeants) de participer à une compétition située sur un autre plan que celui des stades et des salles omnisports.

Tous, ils sont engagés dans la course aux médailles dont la dénomination sportive renvoie aux métaux les plus précieux connus (et vénérés selon les âges chronologiques) par l’humanité.  L’or, l’argent et le bronze sont, dans ce contexte, synonymes à la fois de richesses virtuelles et symboliques ainsi que de leurs associations aux richesses matérielles (les fameuses primes et dollars, puis plus tard en euros) et d’un lien avec le barème des « avantages sociaux » promis par l’Etat aux sportifs valeureux installés sur le même piédestal honorifique que les footballeurs de l’ « équipe du FLN ».

Ils sont (dans un de ces rapprochements émotionnels permis et sollicités par les discours idéologiques) élevés au même plan que les « hommes debout » luttant contre les maquis islamistes armés et méritant le statut polysémique de « moudjahidine » tant convoité par les uns et les autres.