lundi 26 février 2018

Ali Saidi Sief (4), La schizophrénie sociologique


Le message nationaliste de Noureddine Morceli fut plus sobre, plus nuancé tout en baignant dans l’ambigüité. Il se traduisit, après une victoire dans un meeting du Grand Prix IAAF, devant les caméras, répercutant sur les écrans de télévision du monde entier, l’image inattendue d’une génuflexion. Un geste, surprenant pour les téléspectateurs confrontés sur une piste d’athlétisme à un signe distinctif et ostentatoire de l’Islam, qui est suivi par un tour d’honneur avec le drapeau national. 
Ces deux gestes furent porteurs d’une symbolique frappant les subconscients déroutés. Hautement symptomatiques, ils furent antérieurs à la représentation, d’une portée quasi-messianique, de Hassiba à Barcelone. C’est à Nice, entrée tardivement dans l’Hexagone, terre électorale de la droite et de l’extrême droite française, patrie de substitution des anciens colons et partisans de l’ « Algérie Française », que Noureddine Morceli se révéla aux Algériens….et au monde.
Son geste instinctif (il sera repris par la suite par les Maghrébins dont Hichem El Gueroudj) fut ambivalent. Déroutant l’opinion internationale, il fut reconnu et encensé par toutes les parties algériennes qui n’étaient pas encore en formation de combat. Avant que les événements douloureux n’occupent les colonnes de la presse et que son échec barcelonais ne soit vécu comme une trahison par les « nationalistes éradicateurs » et une victoire par les autres.
Deux faits importants et explicatifs (sa blessure au cours d’un stage au pays des Incas offrant des sacrifices humains à leurs dieux et le retard occasionné à sa préparation qui s’ensuivit) furent sciemment occultés, pour de multiples raisons, par les analystes sportifs et politiques de l’époque.
Les Jeux Olympiques de Barcelone, vécus comme un échec, furent le déclencheur des réticences ultérieures lesquelles furent suscitées puis vivifiées par les déclarations et agissements controversés de certains membres de son proche entourage.
La disqualification morale qui fut prononcée persista longtemps. Elle servit aussi les intérêts de certains proches de Hassiba Boulmerka avant que cette dernière ne prit son émancipation. Elle fut certes atténuée par le record du monde qu’il battit, quelques jours après les Jeux.
Les titres mondiaux de Morceli, ses records planétaires, son aisance à se défaire de ses adversaires frappèrent l’imaginaire algérien et autorisèrent plus tard l’inversion plus tard. Mais, son absence de parti-pris politique joua à la fois en sa défaveur et en faveur de celle qu’on lui opposa constamment dans le milieu athlétique agité en catimini par une guerre des clans qui ne disait pas encore son nom.
Hassiba, Noureddine puis Nouria (médaillés d’or du 1 500 m respectivement aux Jeux Olympiques de 1992, 1996 et 2000) furent aussi, sans qu’ils en aient toutefois pleinement conscience, les porte-flambeaux du nouvel ordre économico-politique national naissant, véhiculé par une oligarchie, ressemblant très fortement à celle que généra la  pérestroïka soviétique qui lui fut contemporaine.
Le nouvel ordre qui a pris son essor aux cours de la première décade du mois d’octobre 1988 avec les émeutes populaires précédant l’ « ouverture démocratique » conduisit à la multiplication lapinière des  associations à caractère politique et culturel. La majeure partie d’entre elles étaient adossées viscéralement, pourrait-on dire, à la religiosité rampante, à dominante rigoriste, à tendance guerrière déployée depuis le Moyen-Orient et les contreforts de l’Himalaya, de cet Afghanistan important et réexportant ses talibans, combattants de la foi.        
Rétrospectivement, la fin de cette année 1988 marque, sans contestation aucune, le début l’envol de Boulmerka et Morceli. A l’exceptions de quelques observateurs, le fait passa inaperçu. La communauté athlétique algérienne ne se rendit pas compte, sur le moment, que l’histoire athlétique algérienne amorçait un tournant, et que ces deux champions étaient représentatifs d’une exception. Beaucoup de jeunes sportifs étaient susceptibles de percer. Il leur manquait si peu de choses pour franchir le cap.

samedi 24 février 2018

Ali Saidi Sief (3), Sur fond de résilience


Les courses du 1500 m au 5000 m (les deux distances qui nous intéressent présentement car ce furent celles où se réalisèrent les exploits) sont fondées sur des qualités physiques faisant appel essentiellement aux notions d’endurance et de résistance.
Se greffant sur les performances hors du commun qui furent celles de Hassiba Boulmerka et de Noureddine Morceli, elles se sont adjoint une autre dimension. Celle-ci n’a aucun rapport avec le sport. Elle touche au psychologique et au sociologique.
La résilience a acquis, en ces temps apocalyptiques, une dimension socio-politique essentiellement arc-boutée sur l’identité nationale légitimée par les exploits des « moudjahidine » (combattants) et des « chouhada » (martyrs) de la guerre de Libération.
Cette identité, solidement implantée dans les esprits, est mise en péril par l’appartenance à la « Oumma » (la communauté musulmane) à laquelle se réfèrent en permanence le mode de pensée de la dissidence armée islamiste et de ses soutiens endogènes et exogènes qui s’approprieront la même terminologie  guerrière.
Dans ce nouvel univers bouillonnant, dont les prémices annonciatrices sont en gestation dans la société algérienne depuis les premières années de l’accession au pouvoir du président Chadli (qui se retirera en janvier 1992), la résilience, concept polysémique (empruntée ici à la littérature de la psychologie et de la psychiatrie) se définit comme la capacité « à absorber une perturbation, à se réorganiser, et à continuer de fonctionner de la même manière qu’avant » les traumatismes psychologiques et les effets sociétaux induits par les pillages, les saccages, les ravages, les barrages routiers, les agressions, les tueries, les massacres génocidaires de villages et autres ilots d’habitat, les vols et les viols qui submergeront le territoire algérien au cours des mois et années succédant à la médaille de  vermeil olympique remportée par Hassiba aux jeux olympiques de Barcelone (1992) et durant les deux olympiades suivantes.
Pour l’Etat souverain d’Algérie, résistant aux assauts et coups de butoir portés par les « mains étrangères » orientale et occidentale, l’emblème porté par celle qui devient une héroïne permit de continuer à faire vivre, survivre et rassembler les citoyens emportés par l’horreur démentielle.  
De ce duo (Boulmerka-Morceli), porteur de lumières et d’espoirs multiples, dans un climat désespérant dans lequel s’expriment essentiellement les terreurs difficilement oubliées et sublimées depuis la fin de la Guerre de Libération, c’est Hassiba Boulmerka qui fut mise aux premiers rangs, qui fut la Passionaria, l’égérie de cette époque troublée.
Pour les « Patriotes », les « hommes debout », elle fut en quelque sorte une nouvelle représentation de la Kahina ou de Lalla Fatma N’Soumer qui, en d’autres temps plus cléments, avaient été remisées dans les limbes de l’oubli. Hassiba, comme la « Pucelle d’Orléans », réunit les forces vives du pays, la résistance à l’aliénation.
Hassiba Boulmerka fut le phare éclairant d’un pouvoir à dominante sécuritaire, à la recherche d’une crédibilité interne et internationale. Elle fut alors le contrepoids médiatique au slogan, prétendument neutre, du « qui tue qui » envahissant, plus que de raison, les colonnes d’une presse internationale impudiquement alliée à ce leitmotiv et à cette idéologie ensanglantant le pays au nom d’une démocratie « sacrilège » encapuchonnée dans les  discours sirupeux du califat qui en profita pour implanter ses bases arrières et préparer ses futurs champs de bataille en territoires de chrétienté.
La jeune musulmane, courant en short, renversant les nouveaux tabous, devançant ses rivales essentiellement européennes, illustrait parfaitement le message de modernité opposé à l’obscurantisme rétrograde de ces Autres, barbus armés et à leurs alliés libéraux d’Occident, adversaires des anciens « Non-Alignés », devenus nations en voie de développement, exprimant une rhétorique à combattre sans rémission, celle  des années 1970 à la vie dure.


mardi 20 février 2018

Ali Saidi Sief (2), 1991, l’amorce des virages

Sontrairement aux athlètes précédemment cités, Ali Saïdi-Sief marque le plus bas. Après avoir fait partie de l’illustre catégorie.
Il a été le premier athlète algérien de niveau  mondial à avoir été classé, par les instances sportives internationales, dans l’ensemble des athlètes ayant eu recours aux produits prohibés par la réglementation sportive, ayant fait appel aux adjuvants pharmaceutiques interdits à l’usage sportif. Ceux (les athlètes) qui prendront sa suite, au cours des décennies suivantes, appartiendront aux niveaux pré-mondial, africain, arabe et national.
En effet, à la mi-août de l’année 2001, dans les jours qui suivirent le franchissement, à la seconde place, de la  ligne d’arrivée du 5 000 mètres, Ali Saïdi-Sief a été pris en flagrant délit de dopage lors du contrôle des urines des trois meilleurs, des trois médaillés de toutes les épreuves de l’une des deux plus importantes compétitions planétaires, les championnats du monde d’athlétisme organisés à Edmonton (Canada).
Cette grave infraction aux règles de base du fait sportif et de l’éthique inscrite dans le fair-play anglo-saxon (dévoyé aux yeux du public depuis l’exclusion du sprinter canadien Ben Johnson terminant premier du 100 m des Jeux Olympiques de Séoul, en cette année remarquable de 1988), lui vaudra d’être mis au ban de la société sportive. Il écopa de deux années de suspension. La sanction lui fut infligée par l’IAAF, la fédération internationale, instance tutélaire mondiale de l’athlétisme, discipline-phare des Jeux Olympiques.
On ne dit pas (ou si peu) que cette peine clôtura, en ce mois d’août 2001, une décennie, un cycle décennal qui débuta, à la fin de l’été 1991, à Tokyo. Ce fut (avec le recul) un tournant, un retour vers le passé et une plongée vers le présent.
Dans la capitale nippone, deux athlètes (une femme et un homme) remportèrent, à quelques heures d’intervalle, une médaille d’or, somptueuse car surprenante aux yeux de tous, sur le 1 500 mètres, la distance-reine du demi-fond court sur laquelle s’illustrèrent les plus admirables champions de la course à pied portée par les terres africaine, maghrébine et de ce monde arabo-musulman illusoire, comme il plaira, alors et plus tard, à certains commentateurs moyen-orientaux et leurs feudataires oublieux de l’Histoire, d’ajouter dans le but de s’approprier ce qui ne leur appartient pas et ne peut décemment leur appartenir.
Avec ces deux victoires, l’athlétisme algérien, le mouvement sportif algérien, la société algérienne entrent  de plain-pied dans une ère nouvelle. Une longue période faite d’un mélange de bonheur et de malheurs, de joie et de larmes. Une ère plus étincelante que celle qui la précéda qui ne manqua simplement que des titres mondiaux et olympiques inexplicablement absents des palmarès bien que les performances figurent en bonne place dans les bilans internationaux de ce temps-là.
L’emprise maghrébine sur la distance mise sur orbite, dans les années 1980, par Abderrahmane Morceli, Amar Brahmia, Rachid Kram, fut poursuivie par Saïd Aouita et ensuite Noureddine Morceli et enfin, pour clôturer le millénaire, Hichem El Gueroudj. Avec ses 3.29.51 (juillet 2001), Ali Saïdi-Sief aurait pu prolonger cette hégémonie. Le Maghreb avait succédé à la Grande Bretagne (Steve Ovett, Steve Cram, Sébastian Coe) avant de laisser place aux coureurs Kenyans toujours présents aux avant-postes.

Par leurs foulées victorieuses, Hassiba Boulmerka et Noureddine Morceli deviennent les symboles  médiatisés de la réussite sportive et les icônes, à, des degrés divers, de la résistance aux forces obscures, rétrogrades et sanguinaires. Dans ce dernier aspect, Hassiba Boulmerka emporta la palme par son soutien au parti né avec une moustache appelé à devenir en quelques mois majoritaire dans l’éventail politique algérien. 

samedi 17 février 2018

Ali Saidi Sief, La fin d’une décennie en or

Depuis le 05 juillet 1962, marqueur diachronique du recouvrement de la souveraineté nationale, après 7 années et demie d’un conflit armé ayant impitoyablement pesé sur la vie quotidienne d’une population civile opprimée, l’athlétisme algérien a connu des hauts et des bas.
Très tôt cet athlétisme, faisant certes appel, dans un premier temps à des athlètes qui ont découvert la discipline pendant la période coloniale et ont continué à faire partie du haut niveau de l’époque en portant  les couleurs nationales,  a fait retentir l’hymne national et monter le drapeau sur le mat des compétitions de différents niveaux. Depuis les championnats maghrébins, arabes en passant par les compétitions méditerranéennes, africaines jusqu’aux championnats sommitaux (jeux olympiques et championnats du monde).
Bien avant, l’histoire de l’athlétisme mondial, en particulier celle qui retrace les événements de l’olympisme de l’entre-deux guerres mondiales (Boughera El Ouafi, vainqueur du marathon des  Jeux olympiques d’Anvers, 1928), puis ensuite aux cours des années qui suivirent l’après 2ème guerre mondiale (« Patrick » El Mabrouk, vice-champion d’Europe du 1500 m en 1950 et médaillé d’or du 800 des Jeux Méditerranéens 1951), et enfin en pleine guerre de Libération (Ali « Alain » Mimoun, médaille d’or du marathon des Jeux Olympiques de Melbourne, 1956  ainsi que 3 médailles olympiques en 1948 à Londres et 1952 à Helsinki aux 5000 et 10 000 mètres, 52 fois champion de France), des athlètes originaires du pays s’étaient déjà distingués au plus haut niveau.
Si ces trois athlètes accédèrent à la notoriété sous les couleurs tricolores françaises, d’autres le furent (en compagnie des Ahmed Bendiffalah, Hacène Amri, Djamel Si Mohamed, Mohamed Djouad, Boudiffa,…) sous celles de l’Algérie en vert-blanc-rouge. D’autres athlètes de bon niveau (Imam Lyes, Ahmed Klouch) tombèrent en martyrs.
Ali Brakchi (7 m 91 au saut en longueur, vainqueur aux Jeux de l’Avenir à Dakar), Hamoud Ameur (première victoire internationale d’un athlète algérien, premier à la « Corrida » de Sao Polo), Hamida Addeche (crossman de premier plan européen et mondial) furent parmi les premiers hérauts de l’athlétisme algérien naissant.
Au cours de la période plus récente, couvrant une cinquantaine d’années, suivirent une première liste de noms d’athlètes arborant fièrement à leurs cous des médailles africaines, méditerranéennes et olympiques/mondiales. Boualem Rahoui, Sakina Boutamine, Abderrezak Bounour, Rachid Habchaoui, Abdelmagid Mada, Othmane Bellefaa, Hakim Toumi, Lotfi Khaida, Kader Klouchi, Benamar Kechkouche, Abdelouhab Ferguene, etc. jalonnent cette période de trois décennies.
Les quelques noms émergeant encore de l’oubli soit parce qu’ils appartiennent à l’histoire la plus récente de l’athlétisme algérienne (Toufik Makhloufi) soit parce qu’ils furent vainqueurs et se hissèrent ainsi  sur la plus haute marche des podiums en des temps difficiles de l’Histoire du pays.
Leurs noms ne sont évidemment pas inconnus du commun des Algériens. Ils apparaissent sur toutes les lèvres, supplantant les stars du football-roi. Hassiba Boulmerka, Noureddine Morceli, Nouria Benida-Merah.  Azzedine Brahmi, Aïssa Djabir Saïd-Guerni, Abderrahmane Hammad montèrent eux aussi sur la boite mais leurs noms ne sont cités que par les spécialistes.
4 médailles d’or, des médailles d’argent, de bronze et de nombreuses places de finalistes garnissent le palmarès olympique et mondial relativement fourni des Algériens. Pourtant, dans ce répertoire, un nom fait tâche.

Il s’agit d’Ali Saïdi-Sief, un athlète de demi-fond (5000 m) qui se classa à la seconde place à l’arrivée du 5 000 mètres des jeux olympiques de Sidney (2000). Alors que les téléspectateurs algériens espéraient le renouvellement de l’exploit de Morceli lors des championnats du monde de Tokyo puis des jeux olympiques d’Atlanta (1996) sur la distance fétiche du 1 500 mètres, Saïdi-Sief s’engagea à nouveau sur le 5000 mètres, moins emblématique, des championnats du monde d’Edmonton (2001). Son nom est inscrit sur le marbre de l’histoire athlétique algérienne pour d’autres raisons moins glorieuses. 

mercredi 14 février 2018

Youssef Belaili (8), Belaili trompe les ténors

Il a été rapporté par les supporters et les partisans de l’USMA, que ce montant proposé par le club algérois, dans la perspective au cas où la l’offre aurait été acceptée par Angers, aurait été déboursée par un partenaire à l’étranger (malheureusement ou opportunément non identifié) de la myriade de sociétés formant le groupe ETRHB ou étant en relation avec celui-ci ou ses filiales.

Cependant, il est à observer que lorsque le document en question fut publié sur les réseaux sociaux, les droits de propriété du joueur détenus par le SCO Angers avaient été déjà transférés au club tunisien (l’Espérance de Tunis) au sein duquel Belaili avait déjà évolué lors de sa première tentative de joueur professionnel à l’étranger. La proposition n’avait été qu’un coup d’épée dans l’eau….après que la balle eut été tirée.

D’autant que le montant mirifique convenu entre les deux parties (SCO Angers et ES Tunis), pour un transfert définitif du joueur, représentait environ le tiers de la proposition de l’USMA (350 000 euros). Une somme qui aurait provoqué des regrets chez le président du club angevin dont il se dit qu’il serait une connaissance ou une relation d’affaires du président de l’USMA. Mais, on rapporte tant de choses sur ce dernier.

A ce moment crucial des péripéties fort nombreuses ayant marqué ce transfert réussi pour l’EST et avorté pour les deux clubs algérois, les deux sociétés sportives par actions algériennes, peu préoccupées par ce que sera la situation du joueur, ont complétement oublié que Youssef Belaili ne peut se voir attribuer une licence et jouer en championnat de Ligue 1….puisqu’il est encore sous le coup d’une suspension courant jusqu’au mois de septembre 2019.

C’est ce point qui rend incompréhensible tout le tintamarre. Les deux clubs sont-ils en mesure de permettre la réinsertion du joueur dans le circuit professionnel algérien ? La question est posée.

Après que les trois parties (Angers, Tunis et Belaili) se soient entendues, le joueur expliqua, dans une interview, qu’il était pressé de jouer et qu’il aurait accepté d’intégrer n’importe lequel des deux clubs algériens pour peu que celui-ci  ait réussi à racheter le  contrat signé avec Angers.

La question du prêt avait été abordée entre le joueur et le président du club angevin. Cette perspective a été rejetée par Belaili qui voulait quitter le club. La proposition mouloudéenne ayant été considérée comme dérisoire, le président angevin était tenté par un prêt à l’USMA.

L’interview de Belaili ajoute à la confusion car elle n’explique pas suffisamment le déroulement des événements et le complique. On apprend en effet que c’est le joueur lui-même qui aurait racheté sa liberté d’action. Ses propos sont catégoriques. Il déclare qu’au cours d’une discussion avec son président, il lui aurait dit : « …… que je voulais avoir mes papiers et choisir moi-même l’équipe avec laquelle je voulais jouer ».

Ce passage indique, confirmé par cet autre extrait dans lequel il affirme que « J’ai même été jusqu’à lui proposer ma libération contre l’argent que j’avais encaissé à Angers et que je gardais sur mon compte en France »), que Youssef Belaili s’est moqué  de tout ce beau monde.


Lorsque l’USMA proposa le million d‘euros, Belaili était dégagé de ses obligations avec le SCO Angers et avait choisi d’aller à Tunis. Il précise par ailleurs qu’il avait remis le chèque, contrepartie de sa libération, au président d’Angers le jour où le manager général du MCA, Kaci Saïd, s’est déplacé en France pour tenter d’emporter leur adhésion à la proposition mouloudéenne. Même la photo avec le maillot du MCA semble avoir été la suprême supercherie. Comme le furent les déclarations postérieures des uns et des autres. Si bien sur les propos de Belaili sont dignes de foi.   

dimanche 11 février 2018

Youssef Belaili (7), Les silences des communicants

Au cours des deux périodes (estivale et hivernale) de mutation autorisée d’une équipe à une autre, toute déclaration, quelle qu’en soit l’origine, est assimilable à une menterie, à une mystification de masse. Les effets de manches, dignes des plus grands bonimenteurs, sont destinés à éblouir, à étourdir les badauds.

Le factice, les apparences trompeuses règnent en maître. L’entourage (sa famille et son agent) avait des exigences que les contraintes du professionnalisme à la mode algérienne rendent impossibles à réaliser. Elles sont tout aussi chimériques que  sont inexécutables les propositions  dévoilées des clubs.  

La proposition mirobolante de salaire (7 millions de dinars) ayant émané du MCA, telle qu’elle a été sortie du néant insondable par, sans aucun doute, un de ces proches du club en contact permanent avec  les représentants attitrés de la presse, accrochés en permanence aux basques du club, bien qu’elle eut été immédiatement démentie (mais après que la publication fracassante ait rendu furieux les joueurs et heureux les supporters) par le porte-parole autorisé fait partie de la manipulation médiatique à laquelle le club participe depuis de nombreuses années. La publication sensationnelle eut un double effet.

La première réaction fut négative. Ce fut celle à mettre à l’actif des joueurs du club. Des joueurs qui, malgré une opulence imaginée, sont en attente perpétuelle de la régularisation salariale maintes fois promise et toujours reportée aux calendes grecques par la procession de dirigeants jalonnant les dernières années de l’histoire du club.

Ces retards de paiement des salaires sont toujours imputés, à que l’on dit, à des considérations incompréhensibles de la part d’une SSPA dont le mode de financement, par la première compagnie nationale, ne souffrirait pas apparemment de difficultés financières particulières. Mais, l’actionnaire majoritaire, imposé par les pouvoirs publics, aurait été confronté antérieurement à une gestion cacophonique ayant permis l’incrimination d’un coordinateur dont la réputation fut de n’avoir pas le profil adéquat pour la traçabilité des opérations.

La seconde réaction fut favorable à l’idée de ce rapatriement du joueur idolâtré pour ses exploits d’antan sur le gazon vert, naturel ou synthétique. Des exploits fantasmés et rappelés dans un matraquage médiatique bien orchestré par la presse aux ordres des deux parties (MCA et USMA) se disputant une signature convoitée. Pourtant, ces exploits sont datés de la période précédant ses démêlés avec la justice sportive que l’on tente de passer sous silence.  

Il en fut de même (du point de vue des effets) de la parution tardive d’un document transmis par l’USMA au SCO Angers. La nature confidentielle de ce document faisant partie des tractations, des négociations entre le club algérien et le club français, laisse montrer que sa publication a été intentionnelle de la part d’une partie restant à déterminer. Une diffusion tardive qui pourrait bien être destinée à faire naître des regrets, du dépit.

La proposition de rachat du contrat de Belaili, présentée tardivement (dans les heures précédant la fermeture du mercato) par l’USMA au SCO Angers, pour la valeur de 1 million d’euros, incite par ailleurs à se poser d’autres questions.

La principale porte en particulier sur l’origine légale de ces fonds. Il est en effet de notoriété publique que la réglementation nationale en matière de devises ne permet pas d’en exporter aussi aisément que l’on voudrait nous le faire tacitement et impudiquement croire.


D’autre part, et jusqu’à preuve du contraire, Youssef Belaili n’est pas une marchandise ou un service susceptible « d’être importé » avec à l’appui l’ensemble de la documentation (dont une facture et une domiciliation bancaire) exigée par les services financiers et douanier du pays indispensable aux transferts de devises.

vendredi 9 février 2018

Youssef Belaili (6), La foire aux dupes

L’entourage (sa famille et son agent) aurait eu des exigences que les contraintes du professionnalisme à la française et la position du club dans le classement du championnat n’autorisent pas : jouer rapidement en équipe première alors que les capacités physiques du joueur ne lui permettaient que des participations avec l’équipe réserve. En espérant mieux dans les semaines et les mois à venir.
Nous pensons que, sans y paraître, Youssef Belaili, était atteint par ce syndrome qui frappe les joueurs  algériens de football (que pour différencier des binationaux on a appelé « les locaux ») signataires dans un club étranger. La grande majorité d’entre eux, à l’égo surdimensionné par les articles élogieux de la presse people foot, sont portés par les ailes de l’impatience les poussant faire fi du temps d’adaptation nécessaire aux changements polymorphes auxquels ils sont confrontés notamment en raison de l’expatriation et de leurs antécédents socio-professionnels nécessitant une mise à niveau.
Les échos laissent à penser que Belaili n’avait pas su s’adapter à l’état d’esprit qui doit être celui des professionnels du football français et qu’il avait conservé la mentalité de joueur algérien s’appuyant sur des apparences construites dans les « laboratoires » médiatiques et footballistiques.
Lorsque l’on revient sur les événements de ce mercato hivernal qui vient de s’achever, dans un premier temps, selon notre analyse, on observera que le projet de la mise sur le marché de Belaili était fondée sur l’idée que son prêt pourrait permettre d’améliorer sa forme physique, de lui procurer du temps de jeu dans un autre club de la Ligue 2 française, de l’aguerrir aux exigences qui sont celles d’un club au passé professionnel muri par les décennies. En fin de saison, il devait revenir mieux préparer pour une meilleure intégration.
Ce qui au départ n’était qu’une intention partagée par les deux parties a pris de la consistance dans la presse nationale quand les intentions des grands clubs algériens furent publiées.
Les mercato s’apparentent à des parties simultanées de poker menteur. Tous les joueurs de ces parties (joueurs de football, dirigeants de clubs, intermédiaires agréés ou non, parents et proches, journalistes professionnels et consultants) mentent à qui mieux-mieux. Les enchères sont suivies de surenchères que les parties en présence savent impossibles à tenir. Tout est clinquant, promesses, exigences ou conditions.

Les conditions, les cartes sont prétendument posées sur la table pendant que la roue tourne et que les atouts sont dissimulés dans les manches. Sans exception, les joueurs se pressant autour de la table de jeu sont réputés être des tricheurs. Et, tout ce beau monde présent sait que leurs partenaires trichent. C’est la négociation selon le football.

Chacun utilise l’Autre. Un alter ego, lui aussi sans scrupules, qui tout en sachant que tout est annonce, étale ses soi-disant cartes, sans état d’âme aucun, sur la place publique, dans les colonnes des journaux et sur les plateaux de télévision…..tout en avançant masqué dans un nuage de fumée.

Chacun propage sciemment des rumeurs qui sont reprises avec empressement par la presse parce que les émetteurs sont non seulement des « leaders d’opinion » mais aussi et surtout des « faiseurs d’opinion » et parce que les pages doivent se remplir quotidiennement.


Confortablement installés chacun dans son propre milieu, ils sont incontournables car porteurs d’une portion de la vérité, de la connaissance d’un sujet que chaque élément de la population, fanatique du sport ou supporteur endurci de l’association, attend avec délectation.  Le public, friand de ces nouvelles aguichantes, est comme un oiselet, le bec grand ouvert, il attend le passage espéré de la pie voleuse, celle qui s’approprie tout ce qui brille….et le plus souvent n’est pas or.   

mardi 6 février 2018

Youssef Belaili (5), La grosse tête

Youssef Belaili avait oublié (ou pire n’avait pas conscience) qu’en championnat de Ligue 1 algérienne, lorsqu’il faisait étalage de ses prouesses qui le conduisirent en Tunisie, il disputait, dans le meilleur des cas, le ballon rond avec des joueurs dits « franco-algériens », issus de C.F.A. (Championnat de France Amateur ou mieux de « Nationale », les vestibules et antichambres du football professionnel français. Un niveau correspondant grosso modo à celui des joueurs professionnels algériens. Un niveau inférieur à celui de la Ligue 2 française.
Gonflé à l’hélium par son entourage et les médias algériens (en particulier ceux proches des leaders politiques, économiques et populaires du football mis en coupe réglé) qui l’encensent à longueur de temps, il n’a pas compris qu’il devait – dans un autre milieu que celui où il a fait ses premiers pas et où il a évolué, dans un autre contexte qu’il doit découvrir, sur lequel il n’a aucune prise directe ou indirecte - non pas refaire ses gammes mais faire ses classes.
Il devait montrer et démontrer son savoir-faire à ceux qui lui ont fait confiance en faisant abstraction d’un dérapage non contrôlé.  Plus tard, après qu’il eut quitté le SCO Angers, lorsqu’il prit enfin la parole, on apprendra qu’il fut  certainement l’objet d’une erreur de casting de la part des Angevins.
Très rapidement, en Algérie, la bataille médiatique pour l’acquisition de ses faveurs, une signature au bas d’un contrat se réduisit en un duel inutile entre les frères ennemis de Bab El Oued : le MC Alger et l’USM Alger.
Ce ne fut finalement qu’une mémorable bataille de polochons entre les hérauts de la Sonatrach et ceux du groupe de l’ETRHB. Une bataille opposant Mohamed Kaci-Saïd et ses compères (les anciens combattants des batailles mémorables du football de 1982 et 1986, présentement confortablement installés, en tant que consultants, dans les fauteuils sinécure d’une chaîne de télé privée et des principaux journaux sportifs proches du MCA) d’une part et d’autre part, Rabah « Rebouh » Haddad, président délégué, gérant l’USMA au nom de son frère Ali, ci-devant patron du Forum des Chefs d’Entreprises, soutenu par un autre puissant groupe de presse rencontrant quelques difficultés à régler les salaires de ses collaborateurs et les droits de retransmission des rencontres de la Ligue 2, filiale du groupement d’entreprises ETRHB.
Le SCO Angers, le club français dont on rapportera plus tard qu’il fut considéré comme quantité négligeable par le tout puissant manager général du MCA, même s’il n’est plus aussi présent sur le devant de la scène footballistique française, possède une maitrise des rouages du football professionnel international dont ne dispose pas les dirigeants algériens, y compris ceux des clubs les plus prestigieux.
Les dirigeants de la « douce France », au vu d’une situation devenant de plus en plus ingérable, se sentirent dans l’obligation de mettre Youcef Belaili sur le marché des transferts des footballeurs, ce fameux mercato hivernal sur lequel sont placés les joueurs qui n’ont pas totalement convaincus leurs dirigeants ainsi que ceux qui par leurs comportements et ceux de leurs proches sont devenus des perturbateurs. Belaili, le prestidigitateur du ballon rond, était devenu un fardeau dont il fallait se débarrasser à tous prix. Tout faisant une bonne affaire financière avec un joueur à solder.

 Contre toute attente, tout en progressant, Youssef Belaili n’a pas réussi à retrouver la forme, l’aptitude physique nécessaire pour tenir, à un rythme endiablé, la totalité d’un match. Il était pourtant sur la bonne voie. Il lui fallait un peu plus de temps que prévu initialement par les espérances des uns et des autres. Mais, la star algérienne avait d’autres ambitions, d’autres  envies….d’ailleurs. 

dimanche 4 février 2018

Youssef Belaili (4), Le joueur maudit

Après avoir purgé sa sanction… internationale, celle prononcée par le TAS en invalidation de la sanction de la CAA, comme cela avait été à son retour de son « expérience professionnelle » tunisienne, Belaili fut à nouveau courtisé par les clubs les plus fortunés du pays.  
Ils n’ignoraient pas que le joueur avait été, à sa belle époque, hors de prix pour leurs caisses en permanente délicatesse. Les puissances footballistiques nationales se ruèrent à l’assaut de celui que l’on présentait dans les colonnes des journaux comme le chevalier dressé sur son destrier pour porter les couleurs de la plus belle princesse  de la contrée et de ses courtisans entassés dans les gradins. Ses caprices devaient être satisfaits.
Tous crocs dehors pour dévorer le talent assoupi par ses années de retrait imposé, assaillis par les intermédiaires de tout acabit, désorientés par les écrits dithyrambiques des médias eux-mêmes déboussolés mais agissant en intermédiaires déguisés, les dirigeants des clubs brandirent à bout de bras leurs carnets de chèques à blanc.
Ce qui est juridiquement un instrument de paiement se mua, en cette circonstance et en bien d’autres similaires devenues ordinaires dans la société algérienne et dans le milieu footballistique, en instrument de crédit.
Alors que la provision est préalable à son émission, il est remis sans provision, servant de garantie en attente de régularisations cycliques, honoré avec milles et une difficultés par les tonneaux des Danaïdes inlassablement remplis par Sonatrach, ses filiales, le patron des investisseurs algériens ou les « grands patrons » du football, toujours en décalage avec les délais. Belaili fut, pendant quelques semaines, la Cendrillon du football passée entre les mains de la fée.
Malgré la limitation des salaires convenue par les présidents de clubs sachant faire allégrement dérogation, en  dépit des réductions drastiques quasi-unilatérales sur les salaires des autres joueurs, malgré la sanction toujours en cours mais oubliée de tous, malgré l’évidente régression compétitive du joueur, les « grands clubs » voulurent s’approprier à tout prix ce joueur maudit, copie de ce Rimbaud qui fut lui poète maudit.
 Les propositions les plus folles furent étalées devant le prodige qui s’envola, à la surprise de tous, vers la douceur angevine laissant en plan, sur le tarmac de l’aéroport international Houari Boumediene, ses soupirants éperdus.
Avant que ne s’acheva le premier mercato hivernal suivant son arrivée dans le groupe de joueurs du SCO Angers présidé par un binational, Youssef Belaili se trouva confronté à la dure réalité du football professionnel, le vrai. Celui qui obéit à des règles plus rigoureuses que celles en usage dans son pays. Celui qui ne consiste pas à seulement recevoir un chèque comportant de nombreux zéros, payable à une date indéterminée pour quelques mouvements de jambes.
Le joueur formé par le RCG Oran ne put revoir les fondements de sa pratique, se remettre en cause et à niveau. Les sportifs du vendredi savent que la forme est liée aux nombreuses heures passées sur le terrain à s’entraîner et que le temps consacré à faire autre chose lui est préjudiciable.
Le « diplômé starisé » du football algérien choyé par ses proches, ses fans et porté aux nués par la presse people foot dithyrambique, n’a pu admettre un inévitable retour à la case départ, un nouvel apprentissage, celui des rudiments de base du football professionnel.

De son point de vue, dont on dit qu’il a été intoxiqué par celui de ses proches et de ses supporters, son nom aurait dû lui ouvrir, toutes grandes, les portes du club de seconde division française qui consentit à l’accueillir… sans lui dérouler le tapis rouge.