jeudi 31 août 2017

Samira Messad (46), D’autres dérapages de la FAA

Ce passage du procès-verbal de réunion (dont nous traduisons seulement l’idée) est expressif d’abord de l’ambiance générale, de l’incompétence qui prévaut dans cette sphère et ensuite du mode de fonctionnement de l’esprit du rédacteur.

Nous devrions sans aucun doute le situer également dans le contexte de ce mois de janvier 2016. Un début année qui est marqué par la déstabilisation de la structure fédérale, handicapée par l’absence de son secrétaire général et son remplacement par…...un « on ne sait qui » devenu omnipotent, détenteur de tous les pouvoirs de décision.

Nous mentionnerons ici, pour lever toute équivoque, que, sur le plan réglementaire, la FAA dispose du droit de faire appel d’une décision de la CNAD. Nous y reviendrons plus tard.

La commission nationale de la lutte antidopage, ou plus exactement son comité d’audition et de décision, a statué sur le cas Samira Messad et a prononcé une sanction. L’application de cette sanction est du ressort exclusif de la fédération. Nous verrons, un peu plus loin, que cette même fédération se soustraira à ses obligations de représentativité nationale souvent exhibée, ces derniers temps, par elle (et par d’autres instances sportives nationales) comme pour témoigner finalement de son incapacité à prendre ses responsabilités.

Le second cas évoqué dans le PV de réunion est celui de (Abdelghani) Bensaadi. Celui-ci est un spécialiste de demi-fond et cross-country. Pendant la saison 2014-2015, il  était signataire d’une licence à l’OBBA, un des deux clubs-référence de Bordj Bou Arreridj.

La capitale de l’électronique est un des réservoirs du demi-fond algérien. C’est dans cette localité qu’est licenciée, dans le second club de la ville (le NCBBA), Souad Aït Salem, la marathonienne internationale, sélectionnée pour une participation aux championnats du monde et aux jeux olympiques. Elle est entrainée par Abdallah « Rachid » Mahour Bacha, son époux (accessoirement frère d’Ahmed Mahour Bacha, l’entraîneur connu pour avoir été le coach de Zahra Bouras et de Larbi Bouraâda).

Au début de l’été 2017, à la suite d’un contrôle positif (résultat d’analyse anormal) lors des championnats nationaux de semi-marathon qui se sont déroulés à Sidi Belabbès au mois de mars de la même année, Souad Aït Salem a été annoncée suspendue pour une durée de 4 ans.

Depuis le mois d’août 2015, l’anonymat de Bensaadi avait été préservé (en conformité avec la notion de la confidentialité telle que vue par le docteur Mekacher et l’AMA) jusqu’à ce que son nom apparaisse dans le PV n°08/16. Son nom (ainsi que  celui du troisième cas de résultat d’analyse anormal de 2015) nous était connu par Samira Messad.

Samira Messad ne pouvait que les connaître. Elle a eu à les croiser (en tant qu’athlète) dans les tribunes et aux alentours du Sato. Puis, un peu plus tard, dans les locaux de la CNAD lors de leurs auditions respectives par le comité d’audition et de décision.

Nous dirons également que la qualité de l’étanchéité phonique des murs de cette FAA (et de l’ensemble des fédérations abritées par la construction en préfabriqué de la « Maison des fédérations) possède la capacité incomparable de retenir (ou de laisser passer) au gré des occupants des locaux, certaines informations qui font le délice des très nombreux amateurs de commérages qui sévissent à proximité.

Nous dirons que, pour ce qui concerne le troisième cas, cette étanchéité a été hermétique comme elle le fut pour Bensaadi jusqu’à l’incrimination du médecin. Il s’agit d’un jeune coureur de demi-fond, ayant réalisé de bonnes performances l’ayant conduit à participer aux jeux olympiques de Rio et qui depuis a disparu des radars de l’athlétisme algérien. Ceci explique les remarques de Messad, sur les réseaux sociaux, lorsqu’elle établit une relation entre le dopage et la participation aux jeux olympiques et aux championnats du monde. Une relation que l’annonce de la suspension d’Aït Salem nourrit.


Remarquons aussi la rédaction plus que déplorable de ces seulement deux lignes de PV. Une rédaction bâclée qui fut pourtant adoptée par ces membres du BF que l’on devine pressés. Dans le compte-rendu des débats, nous noterons d’abord l’absence de cette délicatesse linguistique et protocolaire (qui sied aux décisions importantes comme peuvent l’être celle d’une instance nationale) qui attribue à  Samira Messad le statut, pour le moins désinvolte et pernicieux, de « fille dopée » sans que l’athlète ne soit nommée. 

mardi 29 août 2017

Samira Messad (45), L’appel de la FAA

Ainsi que nous pouvons lire, la personne citée dans le procès-verbal de la réunion du bureau fédéral n’est que « le médecin », une sorte de quantité négligeable du mouvement sportif à laquelle on refuse l’aura qui émane de la fonction sociale prestigieuse qu’il exerce. Une personne dont cependant la rédaction du procès-verbal tend à conserver l’anonymat tout jetant sur lui l’opprobre, en le mettant au pilori, en le vouant à la vindicte d’une populace… qui n’aura pas accès à l’information.

Son statut, dans la famille de l’athlétisme, est égratigné, éclaboussé. « On » lui interdit certaines prérogatives qui sont normalement les siennes.  Les allusions, les sous-entendus, lui donnent un rôle pour le moins troublant donnant libre cours à l’imagination de chacun.

Pourtant, anonyme il est, anonyme il reste. On pourrait cependant, avec quelques efforts et la connaissance du milieu, connaitre (ou reconnaitre) son identité à travers quelques-uns des éléments figurant dans le texte et les recoupements que l’on pourrait faire avec les faits antérieurs dont cet achèvement des investigations portant sur l’importation moscovite auquel, quelques mois plutôt, a fait allusion le docteur Mekacher.

La rédaction de ce passage révélateur du PV est (à y regarder de près) tendancieuse. Dans ce point de l’ordre du jour (ce « Divers » est providentiel lorsque l’on est à recherche d’une meilleure compréhension que celle dont on dispose par les rumeurs véhiculés par des saints proches du démon), deux situations ont été  examinées par les membres du bureau fédéral présents à la réunion.

Si nous faisons l’effort de nous connecter au site de la fédération, nous pouvons lire que le BF a décidé de « Faire un recours concernant la suspension appliquée par la CNAD au sujet de la fille dopée (suspension insuffisante) et le cas BENSAADI ne plus accepté les documents fournit par le médecin ».

Par déduction, nous pouvons affirmer que le premier cas cité dans cet extrait du PV de la réunion du BF de la FAA est de toute évidence celui de Samira Messad.  Cette dernière n’est certes pas identifiée en tant que telle. Mais, l’histoire de l’athlétisme algérien ne connait (jusqu’à ce début du mois de janvier 2016) qu’un seul cas de dopage (officiellement répertorié) dans lequel est impliquée une athlète.

Deux ans plus tard, Samira Messad sera rejointe par Souad Aït Salem afin de constituer le quintette du dopage algérien composé, depuis juin 2012, de trois femmes (Zahra Bouras, Samira Messad et donc Souad Aït Salem) et deux hommes (Réda Megdoud et Larbi Bouraâda). Un ratio incompréhensible quand on connait la part ridiculement dérisoire, quasiment réduite à la portion congrue, que revêt l’athlétisme féminin dans le pays.

Le PV de la réunion indique seulement que le bureau fédéral a considéré insuffisante la suspension prononcée à l’encontre de l’athlète. Nous en savons maintenant un peu plus sur cette aggravation de la sanction de l’athlète (le passage de la suspension de 12 mois à 4 ans, dont la compréhension est difficile si l’on n’a pas la connaissance préalable de ce procès-verbal de réunion) a été suscitée par le bureau fédéral. Une aggravation qui a valu à Samira Messad d’être renvoyée de la FAA vers la CNAD à chacune de ses interrogations.

Cette résolution fédérale réduit à néant toutes les informations ultérieures. Il en est de même de toutes déclarations (rapportées par Samira Messad) qui ont pu être faites par certains membres du BF. Des déclarations dont la conséquence principale a été de ne pas permettre le dévoilement des faits et de tenter de dissimuler une réalité  à peine connue car personne (ou presque) ne lit les PV du bureau fédéral. Cette réalité illustre la duplicité de certains membres de bureau.

Depuis la sanction prononcée par la CNAD, ainsi que nous avons pu le constater, Samira Messad a été induite en erreur par ceux qui, à la fédération, prétendaient la soutenir, lui apportaient le réconfort hypocrite de l’instance fédérale en lui disant qu’elle participerait aux championnats nationaux « Open » de 2017.  


Elle est également révélatrice d’un prétendu durcissement de la politique de la fédération en matière de lutte contre le dopage qui sera aussi l’une des premières décisions du bureau fédéral élu en début de cette année 2017.

lundi 28 août 2017

Samira Messad (44), Le BF implique « le » médecin

Le sportif lambda, ignorant les subtilités  de la réglementation  que nous venons de voir et donc peu protégé, pourrait bien être la première et l’unique victime, le bouc émissaire de la lutte antidopage et des statistiques qu’elle produit. Lorsqu’il n’est pas bien évidemment au cœur, l’élément essentiel dans son comportement de consommateur, d’un trafic d’adjuvants pharmaceutiques à la performance!

Le docteur Mekacher ayant affirmé que l’athlétisme fait partie des pratiques sportives particulièrement suivies (34 % des contrôles effectués au cours des 3 premiers trimestres de l’année 2015), la première possibilité (l’appartenance à la catégorie des sports non prioritaires) ne peut donc  être envisagée pour les athlètes, pour les détenteurs d’une licence délivrée par la fédération algérienne d’athlétisme. Avec un tiers des contrôles effectués, l’athlétisme est incontestablement  une  discipline sportive prioritaire dans le répertoire de la CNAD. N’oublions pas qu’il est également le premier sport olympique.

Cette dérogation exceptionnelle (qui aurait été accordée à certains athlètes) semblerait avoir permis l’ouverture d’une brèche dans le système de la lutte antidopage en Algérie. Elle aurait abouti à une approche paraissant faire partie des mœurs de l’athlétisme pratiqué à un certain niveau de performances. Une interprétation laxiste de la règle qui pourrait avoir été entérinée de facto par la CNAD et son « comité d’AUT ».

Samira Messad, dans ce qui peut ressembler à des divagations (lorsque l’on n’a pas à l’esprit cet aspect de la lutte antidopage) déclare, qu’après qu’elle eut reçu la notification de son résultat d’analyse anormal, il lui aurait été conseillé d’emprunter cette voie de disculpation consistant (dans une manœuvre d’évitement de la sanction inévitable que l’on comprend qu’elle a été précédemment éprouvée et donné des résultats probants) à se faire prescrire des produits pharmaceutiques contenant les substances incriminées dans la notification reçue et à présenter la prescription médicale adéquate lors de son audition.

Samira Messad n’a pas accordée une grande importance à la démarche qui lui a été proposée (celle de la présentation d’une AUT rétroactive) pour deux raisons essentielles. La première étant la certitude de n’avoir pas ingérer volontairement les substances trouvées dans ses analyses. La seconde est que la proposition émanait d’une personne ne faisant pas partie de son entourage immédiat même si cette personne ne lui était pas tout à fait inconnue car appartenant au milieu athlétique. Un personnage crédible, en tous points de vue, de l’instance fédérale.

C’est à ce moment de la compréhension du cas Samira Messad et de l’affaire non résolue de  l’« affaire de Moscou » que l’on peut établir un lien hypothétiquement ténu entre l’importation controversée de produits pharmaceutiques et dopants de 2013 et l’écoulement de ces mêmes produits par le biais d’ordonnances et la couverture d’AUT. L’hypothèse d’un trafic de produits dopants (diffuse jusqu’à présent) prend un peu plus de consistance.

Dans cette dualité entre ce qui est admis et ce qui est interdit, entre le « Hallal et le Haram », entre ce qui est permis aux uns et interdit aux autres, nous devons convenir qu’un censeur ne peut pas accorder beaucoup de crédit à la déclaration de l’athlète surprise (selon les règles  établies par l’AMA dont l’article 2.1) en flagrant délit de dopage.

C’est de là où on s’y attendait le moins (de l’instance fédérale elle-même) que vient une confirmation indirecte des propos tenus par Samira Messad. Cette confirmation se trouve en page 4 du PV n°08/16 - dans la partie « Divers » (consacrée - que l’on ne s’y méprenne pas - à deux des trois cas de résultats d’analyse anormal décelés lors du championnat national Open du 1er août 2015) - de la réunion du bureau fédéral qui s’est tenue, à Zeralda, le 12 janvier 2016.

Ce procès-verbal de réunion (document on ne peut plus officiel de la FAA), publié qui plus est sur le site de la fédération, indique qu’il est décidé de  « ne plus accepté les documents fournit par le médecin » (sic).


Le médecin, dont la FAA refuse officiellement, à partir de cette date du 12 janvier 2016, « les documents » (nous sommes malheureusement amenés à supposer qu’il s’agit de prescriptions médicales dont nous imaginons qu’elles conduisent à la délivrance d’AUT) n’est pas nommément désigné. 

mercredi 23 août 2017

Samira Messad (43), Eléments hypothétiques de trafic

Le transfert des pratiques liées aux AUT au niveau national ferait que celles-ci (les AUT) seraient finalement un subterfuge, une légalisation déguisée du dopage. Une formule destinée avant tout à bénéficier aux « professionnels du sport ».

L’article 4.4.2 du Code est suivi par un commentaire qui renvoie à l’article 5.1 du « Standard  international ». Ce commentaire permet à la CNAD de décliner l’étude des demandes (anticipées) d’AUT émanant de sportifs de niveau national pratiquant  des sports qui, selon la planification de répartition des contrôles établie par la Commission, ne sont pas prioritaires. Ce même commentaire autorise toutefois la CNAD à accepter, de tout sportif concerné par cette disposition faisant par la suite l’objet d’un contrôle, une AUT rétroactive. 

La notion de rétroactivité de l’AUT s’applique dans un autre cas bien particulier qui est celui décrit  dans l’article 4.4.3. Il s’agit de la situation où la CNAD (ou une agence nationale de lutte contre le dopage choisit de « contrôler un sportif qui n’est pas un sportif de niveau international ou de niveau national ».

L’interprétation que nous avons de cette disposition est qu’il ne peut s’agir que d’un athlète (ne relevant pas de ce niveau de pratique donc n’étant recensé au niveau international ni national) qui serait l’auteur d’une performance surprenante, car ne figurant pas antérieurement dans les deux catégories d’athlètes précitées.

Nous remarquerons que pour l’athlétisme, en Algérie, ces deux catégories sont informelles. Si l’on excepte bien sur les athlètes sélectionnés pour une participation à des compétitions internationales en passant par le sas des minima imposés par les institutions sportives organisatrices (IAAF , CAA, CIO, etc.). Contrairement à d’autres pays (la France par exemple) où le niveau des athlètes est hiérarchisé par l’entremise d’un barème de performances.

Dans ce cas - qui est, reconnaissons-le, singulier (et ouvrirait, dans le contexte algérien,  la porte à tous les abus en matière d’AUT)- la CNAD « autorisera ce sportif à demander une AUT à titre rétroactif pour toute substance interdite ou méthode interdite utilisée à des fins thérapeutiques ».  

L’annexe du Code relatif aux « Définitions » donne la plus grande liberté d’action et d’interprétation  aux agences nationales de lutte contre le dopage et aux fédérations internationales. Ces deux notions (« sportif de niveau international » et « sportif de niveau national ») sont à percevoir comme deux niveaux de pratique découlant de la notion de « sportif » définie comme « Toute personne qui dispute une compétition sportive au niveau international (telle que définie par chacune des fédérations internationales) ou au niveau national (telle que définie par chacune des organisations nationales antidopage) ».

En plus de cette liberté qui lui est octroyée, une organisation antidopage possède également la faculté d’appliquer des règles antidopage à un sportif qui n’est ni un sportif de niveau international ni un sportif de niveau national, et ainsi de le faire entrer dans la définition générale de « sportif ».

Le commentaire sur la notion de « sportif » l’explicite en établissant que « Cette définition permet également à chaque organisation nationale antidopage, si elle le désire, d’étendre son programme antidopage aux concurrents de niveaux inférieurs au niveau national ou international ».
Toutefois, la priorité est accordée au système compétitif puisque le commentaire ouvre aussi la possibilité de procéder à des contrôles lors de manifestations réservées uniquement à des concurrents de niveau « vétérans » tout en limitant le menu des substances interdites.
L’univers de la lutte contre le dopage est proche de celui décrit Kafka. Nous noterons que ce commentaire conférant le pouvoir aux agences nationales de contrôler l’ensemble des individus participant à des compétitions quel qu’en soit le niveau (régional et local) leur octroie également la possibilité de s’intéresser jusqu’« aux individus pratiquant un entraînement physique mais sans disputer de compétitions », c’est-à-dire aux joggers du week-end.
Pour les distinguer des autres sportifs (essentiellement ceux de niveau international et de niveau national), ces « concurrents de niveau récréatif » sont dispensés de la présentation préalable de l’AUT tout en étant assujetti aux mêmes conséquences dont nous remarquerons toutefois que l’application est laissée à la libre appréciation des agences nationales.

Ce que nous devons retenir c’est qu’en athlétisme sauf cas véritablement exceptionnel, une AUT rétroactive ne peut avoirs cours.

mardi 22 août 2017

Samira Messad (42), AUT anticipées et AUT rétroactives

                                                                                               

L’AMA n’interdit en aucune façon à un athlète d’être malade. Le pourrait-elle d’ailleurs ? Elle accepte  contre son gré (il faut bien l’admettre), en dépit de l’arsenal coercitif mis en place en tant que dispositif-témoin de l’étendue et de l’importance du sujet, cette situation indépendante de sa volonté. Il est vrai aussi qu’elle ne peut que se plier à ces exigences exogènes (dont celles des puissances financières) au nom du principe fondateur des sociétés occidentales reposant sur la liberté individuelle.

Tout en disant, publiquement et solennellement, lutter contre le dopage, en mettant sur pied un système de lutte contre le fléau, elle permet à l’athlète de se soigner en utilisant le traitement nécessaire à un retour à la bonne santé. Y compris en faisant usage de l’arsenal pharmaceutiques mis  à la disposition de n’importe quidam. Il nous faut reconnaitre que sur ce plan il n’y a pas de discrimination. Elle interdit seulement au sportif de pratiquer sa discipline dans des conditions qui sont inéquitables ou donnant les apparences de l’inégalité éthique dans l’arène sportive.

Dans une sorte de hiérarchisation des libertés, les nécessités médicales étant ce qu’elles sont, en particulière prioritaires sur la réglementation sportive lorsque la santé de l’individu est en jeu, l’AMA ne peut qu’autoriser cet usage de produits prohibés tout en le réglementant. Le « Code » émet donc une condition qui oblige le sportif concerné à informer les autorités sportives. Cette information se fait par l’introduction d’un dossier réglementairement défini.

La demande d’AUT, selon les prescriptions légales, est étudiée par le « comité AUT » qui évalue et statue (« sans délai » comme pour signaler l’urgence à traiter ces cas) conformément à des dispositions et des protocoles AUT définis dans le document édité par l’AMA connu en tant que « Standard international pour les autorisations d’usage à des fins thérapeutiques ».

Ce même article 4.4.2 indique que la décision  du « comité AUT » est souveraine et que c’est sur elle que s’aligne la CNAD. Cette décision fait alors l’objet d’une communication (toujours confidentielle par le biais du système ADAMS) à l’AMA, aux autres organisations antidopage compétentes, à la fédération nationale du sportif.

Ce comité permet donc à des athlètes de se traiter avec des produits qui leur seraient NORMALEMENT interdits. Sans cet accord préalable, le sportif serait immanquablement considéré comme dopé. La prescription médicale validée par le « comité d’AUT » lui permet d’échapper au châtiment qui aurait dû être le sien : la suspension.

Observons la subtilité réglementaire qui autorise le recours à une pratique normalement interdite en période « hors compétition ». Une période qui passe ainsi du statut d’un temps de préparation (générale, spécifique et surtout précompétitive) à celle de période de soins et de traitement médical. Un laps de temps qui (cela se dessine en filigrane) est censé être une période d’interruption de la pratique sportive ne pouvant se conclure par une compétition. Il est finalement donné le choix à l’athlète entre se soigner ou concourir à ses risques et périls.

Souvenons-nous que la demande d’AUT doit être formulée au moins 30 jours avant la prochaine compétition. Un délai qui semble indiquer d’abord que la période d’effet des substances prohibées est (en moyenne) d’un mois et ensuite que la période de traitement est supérieure à cette période d’abstinence sportive qui ne peut être le temps consacré à des maladies du quotidien (grippes, angines, etc.). Nous conclurons que le dispositif des AUT ne s’applique qu’à un traitement médical au long cours.

Compte tenu des conditions habituelles d’évolution des athlètes (dont la grande majorité ne dispose pas des structures d’accompagnement adéquates au sein de leurs clubs et/ou de leurs fédérations) et de la lourdeur de la procédure de validation de l’AUT, il s’agit en fait d’une interdiction de se soigner correctement, efficacement ( ?) et de pratiquer ….. en parallèle son sport.


Mais, là n’est pas le problème ! La littérature sportive et le piratage des données dans les serveurs des instances internationales (AMA) mettent en exergue (au niveau international qui n’est pas le plan auquel nous nous intéressons présentement) une pratique systématisée des AUT conduisant à une suspicion de pratiques frauduleuses.  

dimanche 20 août 2017

Samira Messad (41), Ces A.U.T. dérangeantes

L’interview du docteur du docteur Mekacher, les informations jamais confirmées circulant sans cesse dans les milieux sportifs, les doutes formulés sur des procédures aux apparences de sincérité, l’avidité de certains, la victoire à tous prix, par tous les moyens possibles et imaginables y compris ceux s’appuyant sur des pratiques à la limite de la réglementation ou en exploitant les failles, obligent à se pencher sur la question de la confidentialité que nous sert opportunément le docteur Mekacher.

Cette problématique très sensible est abordée par la CNAD dans l’article 7 du code national  de lutte contre le dopage. Elle rejoint les déclarations « en off » des athlètes et entraineurs ainsi que la rumeur insistante qui susurre que certains athlètes de premier plan ont présenté un résultat d’analyse anormal sans avoir été sanctionnés.

Un état de fait qui entraîne dans un débat très intense dans lequel des assertions et des allusions en tous genres laissent penser à une politique de lutte contre le dopage marquée  par la partialité car écartant des foudres de la loi des athlètes proches du pouvoir fédéral ou sportif. Les athlètes les plus représentatifs.

Cet article 7 porte sur la gestion des résultats. Dans son alinéa 7.1.1, il en attribue la responsabilité à la CNAD au sujet de laquelle le document de référence affirme qu’elle (la responsabilité) porte sur les « sportifs et aux autres personnes relevant de sa compétence antidopage conformément aux principes énoncés à l’article 7 du Code », à savoir les sportifs algériens, leurs entourages et les institutions sportives nationales ainsi que les sportifs étrangers présents sur le territoire national.

Dans l’alinéa suivant (7.1.2), la responsabilité de la gestion des cas anormaux est déterminée en référence à l’article 5.2.4 portant d’abord sur la compétence des intervenants (organisations nationales et internationales, organisations de grandes manifestations, etc.) et ensuite sur l’éventuelle demande d’analyses complémentaires. 

La lecture de l’article 7.2 décrit d’une manière générale la procédure d’examen d’un résultat d’analyse anormal découlant de contrôles initiés par la CNAD précédée par en premier lieu (article 7.1.3) la désignation d’un« un comité de gestion des résultats composé d’un président et de 2 à 4 autres membres expérimentés en matière de lutte contre le dopage » dont  chaque membre est nommé pour quatre ans.

Nous retiendrons que la première étape de la procédure interne au CNAD est celle de la réception des analyses qui doivent lui parvenir « sous forme codée, dans un rapport signé par un représentant autorisé du laboratoire ». Il est précisé que « toutes les communications doivent être effectuées de manière confidentielle et conformément au système ADAMS ».

Ceci est une première explication de la lecture confuse du rapport d’analyse du laboratoire de Châtenay-Malabris et des difficultés qu’il y a (pour un regard externe) à en tirer des conclusions pertinentes. 

Dans la suite de la procédure, à l’abri des regards indiscrets, la CNAD s’intéresse en premier lieu à la possible existence d’une AUT (autorisation à usage thérapeutique de produits prohibés qui dans des cas extrêmes conduit à un dopage médicalement autorisé) antérieurement délivrée. Ainsi qu’à des autorisations qui pourraient l’être postérieurement.

Les autorisations d’usage à des fins thérapeutiques sont le thème de l’article 4.4 du Code mondial. Le principe des AUT en est défini par l’alinéa 4.1.1 qui énonce d’emblée que « La présence d’une substance interdite (……) ne sera pas considérée comme une violation des règles antidopage si elle est compatible avec les dispositions d’une AUT délivrée en conformité avec le Standard international pour les autorisations d’usage à des fins thérapeutiques ». 

Plus simplement dit, un athlète ayant recouru à des produits prohibés par la réglementation sportive et ayant informé ANTERIEUREMENT l’organe de lutte antidopage n’est pas considéré comme un athlète dopé.

L’article 4.4.2 précise que, du point de vue de la CNAD (sauf spécification contraire), « tout sportif de niveau national qui a besoin de faire usage à des fins thérapeutiques d’une substance interdite ou d’une méthode interdite doit s’adresser à la CNAD en vue d’obtenir une AUT dès que le besoin s’en fait sentir ».


Sauf cas d’urgence ou de situation exceptionnelle, cette demande doit être faite au moins 30 jours avant la prochaine compétition du sportif. Ladite demande est sollicitée à l’aide du formulaire réglementaire de la CNAD.

vendredi 18 août 2017

Samira Messad (40), Ce foot au statut particulier

L’interview du docteur Mekacher a aussi porté sur la question sensible de la confidentialité des informations, sur la protection de la vie privée des sportifs incriminés dans des affaires de dopages. Cet aspect fait partie du crédo de l’AMA, des fondamentaux que l’agence mondiale défend avec force. L’AMA qui s’est dotée du pouvoir régalien de rendre justice, de préserver l’équité, ne reconnait que des « allégations de dopage » tant que la procédure n’est pas achevée.

Le docteur Mekacher, dans sa réponse à une question directe, s’inscrit en droite ligne dans la démarche discursive de l’AMA. Il assimile cette question problématique de la confidentialité en matière de dopage à celle qui prévaut dans les affaires de justice où rappelle-t-il à bon escient que « vous êtes présumé innocent tant que la justice n'a pas statué sur votre cas ».

Revenant à ce qui est de son domaine d’expertise, le président de la CNAD (spécialiste es toxicologie) apporte les précisions suivantes : « Si vous êtes contrôlé, rien ne se dira sur votre cas tant que les premiers résultats de l'analyse ne sont pas dévoilés. Si le contrôle s'avère positif, vous avez  le droit de faire appel et de demander une contre-expertise. Si celle-ci aboutit au même résultat, l'affaire est rendue publique puisqu'il y a sanction ».

Nous devons donc considérer, sur la base de la déclaration du docteur Mekacher, que la  divulgation du cas de dopage (et du nom du produit dopant) est liée à la sanction définitive. Tant que celle-ci n’a pas été prononcée ou plus exactement tant qu’elle n’est pas devenue officielle, rien ne peut et ne doit être révélé.

Sauf que, dans la réalité, les faits et les actes ne semblent pas être aussi simples que peut le laisse entendre l’affirmation du docteur Mekacher. Nous reviendrons sur cette thématique en abordant ces situations particulières qui sont celles des interférences pouvant se produire lorsqu’intervient un recours à la procédure d’appel par le sportif ou par les parties habilitées, ou encore à propos de ces rumeurs qui ont cours au stade annexe déflorant au passage les procédures en cours et qui sont donc inabouties.

Sur cette notion d’appel, le docteur Mekacher, à partir d’ « un point de vue juridique » (en réponse à une question portant sur la problématique d’une décision qui aurait été prise par la FAF et qui ne satisferait pas la CNAD), estime qu’il existe « des dispositions  règlementaires imposées par l'Agence mondiale antidopage et par la Fifa. Si un jugement est estimé antiréglementaire par l'une de ces deux parties ou par les deux, il faut s'attendre à ce que ce soient elles qui fassent appel pour exiger que la sanction soit en rapport avec les nouvelles dispositions de janvier 2015 ».

Dans ce cas particulier de dopage en milieu footballistique, la CNAD ne serait qu’observatrice, en position attentiste. La possibilité d’intervenir dans le processus serait donnée (en priorité) aux instances internationales (l’AMA et la FIFA) avant l’intervention de la CNAD proprement dite. Il semblerait que ces interventions exogènes soient privilégiées à l’intervention de la CNAD.

Il a été remarqué que la question qui est au cœur du football, frappé à l’époque de l’interview par plusieurs cas (dont le plus médiatique, celui de Youcef Belaili, le joueur milliardaire) échappe à la CNAD.

Le docteur Mekacher reconnait cette particularité. Elle serait la conséquence des us et coutumes, de la place distinctive de l’univers footballistique dans le mouvement sportif national qui s’appuierait entre autre sur une spécificité née d’« une vieille tradition de lutte contre le dopage » que détiendrait la fédération algérienne de football, du nombre de contrôle qu’elle effectue chaque année et de ses capacités financières qui ne sont pas celles des autres fédérations.

Par ailleurs, cette autonomie d’action (encore une fois renouvelée) de la FAF aiderait la CNAD qui pour toutes ces raisons « n'a ainsi pas besoin d'intervenir dans le football », une discipline sportive dont le médecin fédéral, dispose d’un avantage supplémentaire, certainement en raison de son expertise et de son expérience dans le domaine et du poids représenté par 361 contrôles (plus de 50 % du bilan) réalisés en neuf mois (janvier à septembre 2015), celle d’être «membre de la commission de discipline de la CNAD ».


mercredi 16 août 2017

Samira Messad (39), Au sujet de la confidentialité

Pour le patron algérien de la lutte antidopage l’enquête sur « l’affaire de Moscou » est « en voie d’achèvement ». Il déclare qu’après avoir entendu toutes les personnes concernées, « nous ferons connaître (Ndr : les suites à donner) par voie de communiqué ». On ne nous explique pas qui est ce « nous » qui semble impersonnel et producteur de confusion. Un « nous » qui peut être, au choix du lecteur, le président de la CNAD en personne, l’institution qu’il dirige ou le ministère de la jeunesse et de sports qui lui aurait délégué le pouvoir d’enquêter.

Le journaliste interviewant le docteur Mekacher n’a pas jugé utile de s’appesantir sur cet aspect  lexical qui certainement (dans le courant de l’interview et du flot informatif qui l’assaille) lui a semblé secondaire. Nous verrons un peu plus tard que le docteur Mekacher, sur un autre thème, fera prévaloir la notion très opportune, dans des situations d’opacité, de « confidentialité » que l’on oppose à toutes tentatives de connaissance d’une partie de la vérité.

Deux années plus tard,  c’est-à-dire quatre ans après l’acquisition de ces produits, alors que les championnats du monde 2017 de Londres se sont achevés, nous n’avons pas eu connaissance des conclusions des investigations qui ont été menées.

Si ce n’est qu’incidemment nous avons appris que le chef de la délégation algérienne (suspendu à titre conservatoire par le ministère de la jeunesse et des sports après enquête de son inspection générale) a été réintégré au sein du bureau fédéral dont il faisait partie. Quelques mois plus tard, sa candidature au bureau exécutif d’une autre fédération sportive (celle des sports scolaires) sera recalée sur décision du MJS lors du processus de renouvellement des fédérations qui se fit remarquer par le « clash » final entre le COA et le MJS.

La réhabilitation-réintégration dans ses fonctions de membre fédéral du chef de la délégation signifierait, dans la logique à décrypter de la machine administrative du sport algérien,  l’absence de faute probante de sa part. Son retrait de la liste des candidatures laisse supposer tout le contraire.  

Toutefois, il nous faut admettre que la responsabilité du chef de délégation n’est pas primordiale. Cet aspect (achat) ne fait pas partie de ses attributions officielles. Il n’aurait pu agir qu’à l’instigation des membres du bureau fédéral présents sur place tout comme (seconde hypothèse) il aurait ainsi   cautionné, à son corps défendant, une acquisition suscitée par celui (ou l’un de ceux) ayant détenu le pouvoir de le désigner à cette responsabilité. Ils ne sont pas nombreux dans la délégation à disposer à la fois du pouvoir décisionnel en dernier ressort et à partager une proximité connue et reconnue avec le milieu féru de complémentation alimentaire, préparation biologique et impliqués dans les pratiques du dopage.

Ce qui est au contraire important dans cette affaire c’est la véracité (ou pas) du fait (achat), la connaissance de l’ordonnateur d’une l’opération qui n’est pas normale dans le contexte d’une mission à caractère sportif et enfin (et surtout) l’utilisation qui en a été faite si cette acquisition est avérée.

Le montant et la nature des produits font que ce ne sont pas des « consommables » quelconques que l’on peut trouver dans le magasin de la FAA. Ils auraient dû faire l’objet d’une gestion des stocks, enregistrant l’entrée, les sorties successives et les utilisateurs.

Il est de notoriété publique que la gestion administrative et financière (ou du magasin des équipements sportifs) n’est pas le fort de cette fédération d’athlétisme empêtrée, lors de son dernier mandat, dans des dettes au montant impressionnant et des dossiers d’acquisition de matériel (transpondeur) sujets à polémiques.

Cependant, il n’en reste pas moins que la matérialité (ou non) de ce qui a été présentée comme une importation de produits pharmaceutiques et essentiellement de produits dopants, les tenants et aboutissants de cette affaire n’ont pas été médiatisés.


En l’absence de communication sur le sujet, les suspicions sur les cas de dopage en athlétisme continuent. Elles alimentent les débats sur une vingtaine de cas positifs dont on n’a pas (ou très peu) parlé dans les…circuits officiels. Un sujet sur lequel nous reviendrons en lien avec la question de la confidentialité abordée par le docteur Mekacher à l’instigation de notre confrère du « Temps d’Algérie ».

lundi 14 août 2017

Samira Messad (38), Retour sur l’affaire de Moscou

Dans l’interview que le docteur Mekacher a accordé au quotidien « Le Temps d’Algérie », nous trouvons le bilan provisoire de la lutte antidopage que le président de la CNAD veut bien communiquer. Un bilan arrêté à la fin du mois de septembre 2015, à la fin du troisième trimestre, le temps d’une gestation.
Un point de situation statistique (celui des contrôles effectués depuis le début de l’année 2015) qui passa quasiment inaperçu et ne suscita pour ce motif peu de réactions sur une situation pourtant alors extrêmement délicate  pour le mouvement sportif algérien avec le plus grand nombre de cas de dopage jamais recensés et surtout médiatisés.
Le docteur Mekacher segmente les contrôles effectués en plusieurs parties identifiées en tant que contrôles effectués par la CNAD (263), ceux qui l’ont été à la demande de l’organisation régionale antidopage (23 contrôles) dont la CNAD est membre. Des contrôles auxquels sont ajoutés les 361 contrôles pris en charge par la Fédération algérienne de football, qui dispose de sa propre commission antidopage. Le docteur Mekacher indique que le total est alors de 647 prélèvements pour un objectif de « 1 000 contrôles d’ici la fin de 2015 ».
Le docteur Mekacher détaille ces 647 prélèvements en 84% effectués en compétition, 77% sur des hommes, 78% des sportifs contrôlés étant des Algériens. Enfin, il signale que « l’athlétisme est la discipline où on effectue le plus de contrôles (34%), suivis du cyclisme, de la boxe, de l’escrime, de la natation, etc. ».
Au sujet de ce laboratoire algérien de contrôle antidopage qui (à la fin de l’année 2015, à l’heure où  cette interview est publiée) fait débat sur les hauteurs d’Alger (entre Ben Aknoun et Dely Ibrahim) avant d’être remisé dans les oubliettes mémorielles, le docteur Mekacher estime (contrairement à l’avis du président du comité olympique) qu’il serait rentable.

Il apparait aujourd’hui que Mustapha Berraf avait surestimé le prix de revient d’un contrôle antidopage. Son appréciation du coût s’appuyait (nous devons le relever) sur d’autres paramètres que ceux qui soutiennent l’approche du docteur Mekacher. Le premier prenant en compte l’incontournable importation des produits nécessaires aux analyses. Le second se référant au cout d’une prestation de service dans des laboratoires domiciliés à l’étranger.

Le premier responsable de la commission chargée de la lutte contre le dopage ne doute pas de la rentabilité de  cette réalisation. Il apporte une précision de taille, en affirmant que ce laboratoire s’il « venait à être équipé de toutes les commodités nécessaires à ce genre de travail, il sera plus que rentable ».

Son point de vue dépend toutefois d’une condition qu’il développe : « Une fois construit et inauguré, si ce laboratoire venait à obtenir l'accréditation de l'AMA, il deviendrait une mine d'or, car en Afrique, il n'y a qu'un seul laboratoire de ce genre et il est situé à l'autre bout du continent, en Afrique du sud ». Une perspective que le président du COA n’avait pas prise en compte. Une perspective anticipatrice de la part du président de la CNAD.

L’argument présenté en 2015 revêtira, moins de deux années plus tard, une importance inouïe, alors quasiment impossible à imaginer. A moins de disposer d’informations non diffusées, d’allégations sur la qualité des prestations sud-africaines.

L’argument présenté par le docteur Mekacher est même prémonitoire. Il ne pouvait pas savoir ( ?) alors que le laboratoire sud-africain perdrait, au cours de l’année 2017, son accréditation. Le retrait de l’accréditation AMA (qui toucha également d’autres laboratoires) fit le bonheur des laboratoires européens puisque le laboratoire asiatique de Doha, le plus proche de l’Afrique de l’Est  concernée par des suspicions grandissantes alimentées depuis l’Europe, fut concerné par la mesure de retrait.

Au début de  cet automne 2015, quelques temps après les championnats du monde d’athlétisme de Pékin, soit deux ans après les faits, l’affaire dite « des médicaments, dont certains contiendraient des produits prohibés achetés par la délégation de la Fédération algérienne d'athlétisme lors des Mondiaux de Moscou en 2013 » ainsi qu’elle est définie dans la question posée au docteur Mekacher, revient sur devant de la scène. Il est demandé au président de la CNAD d’en faire un état des lieux.


samedi 12 août 2017

Samira Messad (37), Quelques explications du Dr Mekacher

Les effets du méthandrosténolone expliqueraient son utilisation par les culturistes au début seulement d'un "cycle de stéroïdes". Cette utilisation faciliterait l'augmentation rapide de la force et le développement musculaire apparent. La nandrolone ou la testostérone sont également signalées comme des produits dont l’action aurait un effet à long terme et qu’ils augmenteraient de manière soutenue les fonctions anabolisantes dans l'organisme.
Nous arrivons à un tournant crucial du dossier Samira Messad. Les éléments d’informations que nous croyons avoir apporté pour une meilleure compréhension semblent être déterminants pour expliquer la décision clémente du comité d’audition et de décision (suspension d’une année). Pourtant, même ainsi ce dossier continue de présenter des zones d’ombres que nous allons tenter de continuer à éclairer.
L’une de ces zones d’ombre est celle qui tient à l’annotation du laboratoire de Châtenay-Malabris faisant état de deux faits.
Le premier étant ce prélèvement (introducteur d’un doute très important sur la fiabilité du contrôle anti dopage tel qu’il a été effectué venant s’ajouter aux anomalies recensées dans les vestiaires du Sato) réalisé dans une compétition qui se serait déroulée en France en ce 1er août 2015 alors que ce même jour Samira Messad remportait, sur les hauteurs d’Alger, le titre de championne d’Algérie Open du 100 mètres haies (un titre qui lui sera retiré par la suite).
Le second est celui de cette dégradation urinaire, qui aurait rendu plus complexe les analyses, explicable en partie par le laps de temps écoulé entre le moment du prélèvement et la réception de l’échantillon « A » par le laboratoire, le 5 août. Un laps de temps inexplicable pour un contrôle effectué en France par une équipe de contrôleurs français normalement mandatée. Cette notion temporelle est invoquée pour justifier les doutes émis sur la fiabilité des résultats des analyses effectuées sur les athlètes des Hauts Plateaux africains (Kenyan, Ethiopie, etc.).
Dans l’ambiance soupçonneuse qui prévaut en Algérie, et surtout dans l’athlétisme algérien, cet événement qui n’est pas aussi anodin qu’il n’y parait de prime abord, laisse à penser (revoyons le processus de coopération entre agences nationales de dopage) que le contrôle a été réellement effectué par une équipe française pour le compte d’un commanditaire inconnu. Mais, pouvant vraisemblablement être la FAA.
Nous pouvons toutefois imaginer que l’échantillon « A » attribué à Samira Messad a été prélevé en France, rapatrié en Algérie (on se demande bien pourquoi) pour être ensuite envoyé par la voie officielle, par la CNAD au laboratoire de Châtenay-Malabris.
Nous devons toutefois reconnaitre que cette thèse est rocambolesque. Elle est en effet digne des meilleurs films policiers hollywoodiens et impliquerait également l’assistance complice à la fois de la CNAD et de l‘équipe de prélèvement de l’AFLD, toutes deux jusqu’à présent hors de tout soupçons.
Nous décrocherons encore une fois du dossier Samia Messad en rapportant des propos significatifs du docteur Redouane Lamine Mekacher, le président de la commission nationale antidopage (CNAD), recueillis, à la fin de l’année 2015, par nos confrères du « Temps d’Algérie » à propos de l'activité antidopage en Algérie.
Interrogé sur le coût d'un contrôle antidopage (dont savons qu’il a été arrêté à 290 euros lorsqu’il a été porté à la connaissance de Samira Messad, dans le cas où elle souhaiterait faire analyser l’échantillon « »), le docteur Mekacher indique qu’un contrôle « revient à peu près à 300 euros par échantillon ».

Un coût dont il dit qu’il serait variable selon qu’il s’agisse d’un prélèvement en compétition (environ 200 euros) ou hors compétition (150 euros). A ces deux montants, il faut ajouter « l'indemnité versée à l'agent contrôleur et le coût du transport par courrier aérien express ».

Le docteur Mekacher précise que le contrôle antidopage est financé par l’Etat algérien via le ministère de la jeunesse et des sports…. En attendant la création de l’ANA (agence algérienne antidopage) qui « va bientôt être créée pour suppléer la CNAD et elle bénéficiera de son propre budget pour réaliser toutes ces opérations ».


L’interview a été accordée à une période qui se situe approximativement au moment où le cas Samira Messad est étudié par la CNAD et où le président du COA a jeté un pavé dans la mare au sujet de la construction d’un laboratoire antidopage en Algérie.

jeudi 10 août 2017

Samira Messad (36), Les effets d’un stéroïde

En plus des pays cités précédemment (Mexique, Russie et Thaïlande) où le méthandrosténolone est encore en production, elle serait en outre également disponible sur le marché noir d’autres pays  ou dans les circuits de ce « trabendo », sur ces marchés qui, par euphémisme politico-médiatique, sont chez nous les « marchés parallèles ».
Remarquons que cette courte liste intègre un pays réputé (et pour cette raison mis au ban des nations sportives) pour avoir mis en place un système étatique de dopage et deux autres nations dominées par les trucages de paris sportifs, les pratiques maffieuses en tous genres (Thaïlande) et aussi par des cas avérés de dopage (Mexique).
C’est de Russie que la délégation algérienne ayant pris part aux championnats du monde d’athlétisme de Moscou (2013) auraient importés des produits pharmaceutiques y  compris certains qui auraient été destinés à un usage dopant. Gardons à l’esprit que les accusations portées par un ancien président de la fédération algérienne d’athlétisme n’ont été ni infirmées ni confirmées et que les résultats des enquêtes menées par les autorités publiques (ministère de la jeunesse et des sports et commission nationale de la lutte antidopage) n’ont pas été rendus publics.
Des athlètes de haut niveau et des culturistes professionnels (Arnold Schwarzenegger, un culturiste austro-américain de renommée mondiale avant de s’engager dans une carrière prolifique acteur de cinéma puis de gouverneur de la Californie fut l’un d’eux) ont reconnu l’avoir utilisé (avant son interdiction) pendant de longues périodes.
Malgré sa prohibition, de nombreux athlètes auraient continué de l’utiliser, en toute illégalité, pour développer leur masse musculaire offerte sur les plateaux aux effets très spéciaux du 7ème art.
Un des autres effets du méthandrosténolone serait l’augmentation spectaculaire de la synthèse des protéines, de la fixation de calcium, de la glycogénolyse et de la force musculaire lors d’une période très brève.
Toutefois, cela serait une des conséquences de son mode d'action, il diminuerait la respiration cellulaire et la production de globules rouges. A fortes doses  journalières, il engendrerait des effets secondaires tels que la gynécomastie, l'hypertension artérielle, l'acné et une calvitie masculine. Chez la femme, le médicament provoquerait, y compris lorsqu’il serait utilisé à faibles dosages,  de graves effets masculinisant.
Des études auraient montré (selon les observateurs qui se sont penchés plus sérieusement que nous le faisons sur la question) qu’il serait métabolisé en estradiol par l'aromatase. Cela signifierait que, sans l'administration d'inhibiteurs de l'aromatase (tels que l'anastrozole ou l'aminoglutéthimide), les effets œstrogèniques apparaitraient au fil du temps chez les hommes.
La  lutte contre les effets secondaires œstrogéniques passeraient, pour les utilisateurs du méthandrosténolone, par l’utilisation d’autres produits pharmaceutiques. Par ailleurs, il est indiqué que, comme pour les autres stéroïdes 17 α-alkylés, l'utilisation de méthandrosténolone sur de longues périodes de temps sans surveillance appropriée pourraient entraîner des dommages irréversibles au foie.
Il est également rappelé qu’il y a un demi-siècle, au début des années 1960, les médecins des Etats Unis prescrivaient couramment à leurs patientes, en tant que tonifiant, un comprimé de méthandrosténolone.
Cette utilisation a été rapidement abandonnée après qu’eurent été découverts les effets fortement masculinisant du stéroïde. Malgré l'absence de toute application thérapeutique connue, le produit est resté légal jusqu'au début des années 1990. L'interdiction aux Etats Unis du méthandrosténolone par la FDA n'a pas complètement réussi à éliminer son utilisation par les culturistes.
Il continuerait d'être utilisé illégalement jusqu’à maintenant, le plus souvent en association avec d’autres médicaments qui réagissent fortement avec un récepteur des androgènes afin d'accroître l'efficacité globale de l'utilisation de stéroïdes.
Le méthandrosténolone, contenant un radical méthyle, aurait une double faculté. Ma première serait celle de passer par le foie sans être dégradé mais en provoquant des lésions de l’organe. La seconde serait celle de pouvoir être absorbé par voie orale.
Il aurait également une affinité pour une protéine qui fixerait les stéroïdes et les empêcheraient d'agir sur les récepteurs hormonaux. La conséquence de cette affinité serait que le méthandrosténolone aurait un effet nettement plus actif qu'une quantité équivalente de testostérone, et entraînerait également une rapide croissance des tissus musculaires.

Une conséquence de l'aromatisation du méthandrosténolone serait l'élévation concomitante des taux d'œstrogènes ainsi qu’une augmentation significative de la rétention d'eau constatée visuellement par l'apparence d'un gain important de masse musculaire qui en réalité serait très temporaire et dont la disparition sera observée lors de l’interruption de la prise de stéroïde et de l’élimination de l'eau antérieurement retenue.