mercredi 27 juin 2018

Ali Saidi-Sief (41), Dans les filets de la précarité

La promotion de la course à pied portée par les médias européens montre que certains coureurs surtout africains (essentiellement kenyans, éthiopiens, marocains) sont réputés pour avoir ce type de conduites  sportives que l’on dit pourtant n’avoir aucun lien avec le haut niveau de performance.

L’un des derniers exemples offert par la presse internationale est celui d’Habib Mosbah, un franco-algérien alpagué au début de l’année 2018, qui s’est rendu célèbre pour avoir écumé les courses régionales   françaises (du Sud de l’Hexagone) et pour avoir participé, en quelques jours (une semaine), à trois courses excessivement médiatisées sur les réseaux sociaux.

Le docteur Dupré affirme aussi que « dans le haut niveau, pour les sportifs sans double projet, en cas de  blessure ou de baisse de performance (forcément logique au fil du temps), ils vont au-delà de leurs possibilités naturelles, en prenant des produits ».

Le double projet dont il est question ici (mais que ne définit pas le docteur Dupré) est celui qui, dans le discours sportif de ces dernières années, permet d’allier, ou de tenter de réaliser, en synchronie le projet sportif placé prioritairement parmi les objectifs personnels à atteindre et un projet socio-professionnel se traduisant soit par un parcours scolaire, universitaire, d’apprentissage professionnel temporellement adapté aux exigences du haut niveau sportif avec en ligne de mire une activité envisagée dans la perspective d’une reconversion ultérieure matérialisant le passage d’une vie sportive (y compris de type professionnel) provisoire à une activité laborieuse inscrite soit dans la durée soit dans la mobilité.

Dans cette vision, l’absence de ce double projet, pressenti comme salutaire, serait synonyme d’une réduction de l’avenir à un projet personnel basée sur l’unique réussite sportive. Elle conduirait inéluctablement au dépassement de soi-même par le recours aux aides illicites.

On serait certainement tenter d’accoler cette explication du docteur Dupré au quadragénaire Tayeb Kalloud,  à la carrière sportive déclinante, si les explications fournies par ce  dernier devant les membres de la commission fédérale française n’avaient pas emprunté une autre voie de défense qui fut, nous l’avons vu, démontée.

Pourtant, le degré de crédibilité d’une explication de ce type est élevé lorsqu’un regard sur le passé du coureur renvoie à une période où le contexte d’évolution ne fut pas des plus enviables.

Ce que l’on ne sait pas (ou que beaucoup d’acteurs sportifs algériens de l’époque ont certainement oublié s’ils en eurent un jour connaissance) c’est que Tayeb Kalloud a fait partie d’une des premières vagues d’athlètes-migrateurs des années 1990.  En des temps difficiles qui culminèrent avec la « décennie noire ».

Tayeb Kalloud appartint  à cette catégorie d’athlètes (sportifs et sportives de toutes disciplines) considérés comme des suppôts de Satan, obligés de vivre en semi-réclusion en attendant que passe la tempête de l’islamisme radical, obscurantiste pourchassant sans pitié les « taghouts » (les tyrans) au pouvoir et leurs partisans.

Les « taghouts » ont été, dans une société bouleversée dans ses fondations par les massacres et les attentats, une catégorie sociale à laquelle les athlètes, à l’instar (nous ne devons pas l’oublier) de nombreux autres citoyens sans défense dont le statut d’universitaires, de hauts commis de l’Etat, d’agents au service du public (tels les militaires, les gendarmes, les policiers et ainsi que d’innombrables humbles fonctionnaires de l’Education, des Postes ou du fisc) furent promptement et impitoyablement assimilés aux représentants de la société et aux pratiques mécréantes signalées comme celles qui n’étaient pas en phase avec les nouvelles règles, étrangères aux mœurs religieuses locales, que d’aucuns avaient importées de contrées lointaines.

mardi 19 juin 2018

Ali Saidi-Sief (40), Se doper pour « croûter »


Le docteur Dupré explique que souvent  « on ressort un médicament prescrit pour soigner une « bricole », et on se retrouve positif, parce qu'on l'utilise, alors que  l'ordonnance est datée ». Cette pratique, cette habitude ancrée dans l’esprit du citoyen lambda confronté au pharmacien, vendeur de produits aux prix exorbitants et hors de portée des bourses, est préjudiciable aux sportifs. La réutilisation d’un médicament est  une épée de Damoclès en permanence suspendue au-dessus de leurs têtes.

On doit savoir que, du point de vue de la réglementation et de la jurisprudence dans le domaine de la lutte antidopage, le sportif n’a pas le droit, quelles que soient les circonstances, de recourir à l’automédication. Toute prise médicamenteuse, à laquelle il serait obligé, doit l’être sous la couverture scrupuleuse d’une prescription médicale préalable pour un sportif de niveau international.

De plus, pour ce qui le concerne spécifiquement (bien que cette disposition soit valable pour n’importe quel malade), le traitement ne doit pas être prolongé au-delà de la durée prescrite par le médecin.  Au cours des dernières années, des athlètes français ont été suspendus pour s’être retrouvés dans ce type de situation faisant partie pourtant des normes sociales. Des situations constatées ici comme là-bas.

Pour le médecin-référent de la ligue régionale, il n’y a qu’un pas de la conduite dopante au dopage. Ce passage se traduit par deux changements qui se situent essentiellement au niveau du dosage et de la répétition des prises médicamenteuses.

Comme nous l’avons précédemment indiqué, le commentaire du docteur Dupré ne s’attache pas à cerner le cas Tayeb Kalloud. Ses déclarations ont été recueillies après l’annonce du cas Es-Sraidi. Mais, une partie de l’argumentaire développé pourrait être employé dans une tentative d’explication, alliant dans un même mouvement de compréhension rétrospective et de généralisation, des contrôles positifs.

En l’absence d’informations susceptibles d’expliquer l’ « égarement » et les motivations d’Es Sraidi, le docteur Dupré tente un essai d’explication sociologique qui pourrait être applicable à la situation sociale vécue par Kalloud et par la majorité des athlètes algériens pris dans les mailles du filet.

Le comportement des athlètes ne serait pas toujours lié à des motivations financières, à l’appât du gain qui serait à l’origine du dopage des grands champions internationaux. Pour sa part, le docteur Dupré apporte quelques éléments d'explication qui nous semble intéressant.

Elle résume son opinion, incluant probablement le cas Es-Sraidi, dans une formule qui serait à la fois prosaïque et savoureuse dans le raccourci qu’elle propose si elle n’apportait pas un éclairage troublant sur une situation de précarité sociale indicible : « Ce n'est pas pour gagner plus d'argent, c'est simplement pour « croûter ». Il y aurait ainsi deux explications des tricheries : un dopage des riches et un dopage des pauvres.

La formulation du docteur Dupré, dans sa sobriété langagière brutale, met en évidence (lors d’une réflexion sur le sujet) l’existence de forçats de la course à pied qui seraient visibles dans les parcours de cross et sur le bitume des  courses sur route se disputant en France et en Europe.

En raison de la multiplicité de leurs participations, ils seraient en quête non pas du Saint Graal, objet de la convoitise des chevaliers de la Table Ronde du roi Arthur, mais en course pour remporter (selon une expression populaire française crue, présentement objet de mode sur les réseaux sociaux)  les paniers de victuailles remplis de saucissons et de bouteilles de vin proposés aux vainqueurs des courses populaires organisées dans les villages de province. Dans le meilleur des cas, ceux concernant des épreuves un peu plus huppées, détentrices de quelque notoriété régionale ou nationale, quelques centaines d’euros seront engrangés.

mardi 12 juin 2018

Ali Saidi-Sief (39), Les prémices du dopage


Pour sa part, l’ex-secrétaire du club sablais (elle aussi approchée par le journaliste d’ « Ouest France ») s’était sentie tout aussi trahie que l’avait été l’ancien président de l’association.

Elle eut des mots d’une extrême dureté: « Je suis écœurée et très en colère ! ». La suite de sa réaction est expressive d’un souvenir à la fois marquant et désagréable et d’une trahison: « Nous avons déjà été salis par le dopage de Tayeb Kalloud. Nous faisions confiance à ces athlètes ».

Ce souvenir amer et l’annonce d’une nouvelle incroyable la  conduise à prononcer des mots d’une sévérité à la dimension de l’écart éthique : » Le sport, ce n'est pas ça. Ces coureurs n'ont rien à faire dans les pelotons et devraient être radiés à vie ».

Ce sont cet article de 2015 et cette déclaration qui portèrent par hasard à notre connaissance le cas Tayeb Kalloud. Comme dans « Le petit Poucet », le conte de Perrault, la recherche d’informations sur le cas Es-Sraidi nous a fait découvrir l’affaire Kalloud.

Dans la suite de ce même article de « Ouest France », une autre opinion, riche de sens,  presque dénuée  d’émotions car se voulant informative, est introduite. Il s’agit  des déclarations du docteur Maryse Dupré (dont on nous dit qu’elle est médecin du sport à Nantes et référent pour le haut niveau dans les Pays de la Loire, auprès de la direction régionale de la jeunesse et des sports). Elle apporte un regard plus neutre, plus pédagogique. Pour ainsi dire plus nuancé.

Pour elle, dans un examen du contexte général, la prise médicamenteuse illicite n'est pas une surprise. Elle ferait partie des pratiques sociales. C’est ainsi qu’elle affirme, sous la forme d’un constat, que « les corticoïdes sont en libre circulation. Il y en a dans toutes les pharmacies familiales, car c'est maintenant prescrit pour un simple rhume chez l'adulte ou une bronchiolite chez les enfants ».

A cette situation très fortement répandue, elle adjoint le cas des sportifs ne pouvant pas échapper à l’emprise exercée par la société. La formule qu’elle utilise, lorsqu’elle se penche sur les sportifs, est cependant remplie d’une touche d’ironie : « Un sportif qui en prend alors qu'il est en bonne santé, c'est certain qu'il est en forme ».

Elle renvoie à un détournement d’utilisation qui est celui de l’ingurgitation de médicaments (des substances indispensables pour recouvrer la santé) quand leur consommation n’est pas nécessaire. La bonne santé n’est-elle pas dans l’esprit de tout un chacun synonyme de forme ?

Le docteur Dupré poursuit toutefois sa déclaration en observant un autre aspect : « la prise de corticoïdes sur du long terme est  dévastatrice pour l'organisme». Un risque consubstantiel à la dangerosité de ce type de produits sur l’organisme humain.

On ne peut s’empêcher, en lisant cette séquence phrastique, ce bout de phrase anodine, d’avoir une pensée   compatissante pour les footballeurs algériens,  ayant évolué au sein des équipes nationales des années 1980 quand les physiothérapeutes soviétiques et allemands activaient au pays, dont la descendance aurait été frappée par ces mutations dont la littérature sur le dopage regorge.

L'automédication, en constante progression, serait également une première explication (liée au contenu des pharmacies familiales) aux contrôles positifs. A entendre le docteur Dupré, « il n'est pas rare que des sportifs, même du dimanche, se donnent des médicaments entre eux ».

Elle résume ce phénomène récurent par une expression populaire remplie de vitalité : « Prends ça, et tu iras mieux, se disent-ils ». En quelques mots d’une très grande simplicité, elle a abordé  ce que l’on appelle, dans les milieux avertis, les conduites dopantes reconnues comme prémices du dopage.

samedi 9 juin 2018

Ali Saidi-Sief (38), La colère vendéenne


Le dernier argument favorable à Kalloud tendrait à signifier que, dans les pratiques nationales (telles qu’elles sont suggérées par les commentaires du milieu qui font état ces dernières années de situations de ce type), il serait de bon ton, de la part des athlètes concernés, de tenter de passer entre les mailles du filet en esquivant le prélèvement des fluides organiques et en enfreignant le protocole plutôt permissif qui existerait lors des compétitions nationales.

Ces arguments de défense n'ont pas atténué la sanction. Le pouvaient-ils d’ailleurs puisqu’ils ont été formulés à postériori dans les nombreux discours justificatifs que l’on entend si souvent autour du stade annexe en dehors de l’enceinte délibérante.

A l’indulgence algérienne exprimée dans l’article, on peut opposer un sentiment de frustration prononcée  chez les dirigeants du club vendéen, le RCV Les Sables. C’est dans un article publié dans le quotidien régional français « Ouest France », à la date du 08 octobre 2015, que ces derniers l’ont exprimé. Une expression tardive car formulée six années après les faits reprochés à Tayeb Kalloud.  
L’expression de colère des dirigeants français fut dévoilée dans la presse locale. Elle ne visait pas (il est essentiel de le dire) directement de Tayeb Kalloud. En effet, en 2015, son nom était alors profondément enfoui dans les oubliettes de la mémoire.
Son nom fut cependant cité, lorsque celui de Larbi Es-Sraidi fut repéré lors d’une mise à jour de la liste IAAF des athlètes non habilités à concourir en raison d’une sanction infligée pour faits de dopage. Cette liste indiquait qu’il était suspendu pour deux années.
L’athlète franco-marocain Larbi Es-Sraidi était sociétaire (depuis 2013) du club au sein duquel Tayeb Kalloud  avait été, bien des années auparavant, licencié. Es-Sraidi avait été sanctionné « pour l'utilisation d'acétonide de triamcinolone, un produit de la famille des glucorticoïdes, à visée anti-inflammatoire ».
Le quotidien français précisait alors  que « après Tayeb Kalloud (suspendu pour deux ans en 2009, positif à la Norandrostérone), c'est le deuxième athlète de l'histoire de l'athlétisme vendéen aussi lourdement puni ». C’est à travers la « mésaventure » d’Es-Sraidi que Tayeb Kalloud refait son apparition dans l’histoire du club et de la région.
Le journal note également que l’absence de publicité faite à la sanction (elle prend effet à partir du 14 juin 2015) eut une conséquence malencontreuse. Le  coureur continua à participer (comme si de rien n’était) à des compétitions.

A partir de la notification de la sanction, cinq courses furent plus tard comptabilisées par le journal. Des participations s’achevant le plus souvent par des victoires, le journal s’aventura à remarquer qu’il s’agissait de « performances qui vont être annulées, dès que la Fédération française prendra le temps de le sanctionner». Cet incident montre que le laxisme des instances sportives n’est pas seulement algérien.

C’est en cette circonstance, pour le moins inopportune, que l’ancien président du RCV (il avait quitté son poste quelques mois plus tôt, à la fin du mois d’août précédant la publication de l’information), à qui a été faite l’annonce (apparemment par le journaliste venu à sa rencontre), a réagi.

Encore étourdi par le choc provoqué par  cette nouvelle surprenante, il déclara alors, sans doute pour se dédouaner de la communication tardive de la sanction dont il pouvait être rendu fautif : « Je n'étais pas au  courant ».

Il poursuivit en affirmant : « Je ne le pensais pas capable de faire cela » et en prononçant sans détour aucun une sentence terrible qualifiant irrémédiablement le coureur franco-marocain. : « C'est minable ! ». Une forme d’expression laconique de l’anéantissement de la considération précédemment portée à un athlète que l’on avait certainement placé sur un piédestal.

jeudi 7 juin 2018

Ali Saidi-Sief (37), La négligence de Kalloud


Au cours de l’audience de la commission de discipline, Tayeb Kalloud expliqua que, lors de vacances passées en Algérie, suite à un problème de santé, il avait consulté un médecin.

Devant l’instance disciplinaire de la FFA  l’auditionnant en date du 04 mars 2009, il affirma  que, accordant toute sa confiance au praticien, il n’avait pas pensé un seul instant que le traitement qui lui avait été prescrit pouvait le mener à un résultat positif lors d’un contrôle antidopage.

Dans la courte histoire connue du dopage en Algérie, Kalloud fait figure de précurseur. A notre connaissance, il a été le premier athlète algérien et le seul (en attendant de connaitre qu’elle fut la défense invoquée par Souad Aït Salem) qui ait utilisé cet argument de défense. Ce moyen fait aujourd’hui partie de l’arsenal justificatif presque ritualisé tant il a été utilisé par des athlètes d’un autre standing que le sien.

Cependant, la commission fédérale française a retenu contre lui qu’il avait fait preuve d’un comportement marqué par une négligence flagrante. La règle, aujourd’hui communément admise et inscrite dans le marbre de la jurisprudence sur le sujet, est qu’il aurait dû informer son médecin de sa pratique sportive compétitive et se pencher sur les « petits caractères » de la notice (la réglementation antidopage) où se dissimulent, comme dans tous contrats, les dangers.

En effet, la commission a noté que la mention d’un composant interdit (la « testostérone ») apparaissait  lisiblement sur l'ordonnance délivrée par le médecin consulté en Algérie. Nous dirons toutefois que cette considération aurait (à travers les souvenirs que nous gardons de Kalloud) pu être battue en brèche en faisant valoir la compétence linguistique scripturale du coureur.  

La sanction infligée comportait (outre la suspension de deux années) l’annulation de toutes les performances réalisées depuis le 23 novembre 2008, date du contrôle positif.

Ainsi que cela fut relaté dans l’article de ce mois de mai 2009, la commission française n’a pas tenu compte des arguments auxquels s’attachaient mordicus les notables sportifs algériens dont le point de vue est intériorisé par l’article de « Planète sports ». Les partisans de l’indulgence faisaient valoir deux arguments qui, de là où ils se situent, auraient été de toute évidence si le traitement de l’affaire avait eu lieu sur les hauteurs d’Alger.

Le premier argument est celui de ce qui était présenté comme la bonne foi de Tayeb Kalloud. Il est sous-entendu que celui-ci ne se serait pas inscrit dans la voie du dopage intentionnel en vue de la réalisation d’une performance. Il serait aussi victime de sa méconnaissance des règlements.

Par ailleurs, comme pour consolider cet argumentaire, Tayeb Kalloud est dans une situation de fin de carrière sportive qui ne serait pas, à proprement parler incitative à violer les règles sportives pour….des broutilles. 

Par ailleurs, il est possible de concevoir que, dans l’esprit de ces notables et des pratiques qui ont cours, aurait pu naître la pensée de la sollicitation d’une AUT (autorisation à usage thérapeutique). Toutefois, cette possibilité doit être modérée compte tenu des doutes que nous devons avoir sur sa connaissance des facilitations que cette procédure accorde. Tayeb Kalloud n’appartenait plus au milieu athlétique algérien.

Le second argument mettait en exergue le fait qu’il s’était présenté de son plein gré au contrôle antidopage. Un argument dont nous devons convenir qu’il est pour le moins spécieux. En effet,  le refus de se présenter à l’audience aurait été sanctionné au même titre qu’un contrôle positif. Le refus de présentation au contrôle ferait (selon les indiscrétions qui nous sont parvenues) également partie des moyens astucieux que mettraient en pratique aujourd’hui, les athlètes « chargés ».

mardi 5 juin 2018

Ali Saidi-Sief (36) Kalloud, pris en Vendée


Par ailleurs, nous noterons que, ce qui est pour le moins étrange, Fethi Meftah n’apparait pratiquement pas  dans les « Top 10 » publiés par la FAA depuis 2005.  Exception faite d’un chrono à 8.50 sur 3000 m steeple (en 2013) et d’un 1.04.06 au semi-marathon (en 2016).
D’autre part, ces dernières années, il figure aux premières places des épreuves du challenge national des   courses sur route disponibles soit dans la presse quotidienne soit sur les réseaux sociaux. Cette absence sur les bilans nationaux est incompréhensible pour un coureur aujourd’hui âgé de 37 ans qui participa à deux mondiaux en 2008. Mais, il est vrai que ce sont les limites du « Top 10 » tel que configuré par la FAA.
Comme les autres sanctions (celle d’Ali Saïdi-Sief puis celles de Megdoud, Bouras et Bouraâda), les sanctions prononcées à l’encontre de Meftah et de Kalloud échappaient au pouvoir des autorités sportives algériennes.
Ces deux résultats d’analyse anormaux avaient été constatés à l’étranger, dans deux compétitions internationales de premier plan particulièrement surveillées par les autorités mondiales. De plus, les analyses ont été l’œuvre de laboratoires agréés sis l’étranger et les sanctions ont été prononcées par les instances mondiales sans interventions possibles de la part des instances sportives nationales.
Seule l’intrusion (dont nous dirons qu’elle fut pour le moins intempestive) de ce cas dans un article (qui ne lui est pas directement consacré) nous a permis de le connaitre.
Le troisième cas connu de la première décennie du 21ème siècle aurait également pu passer inaperçu de l’univers de l’athlétisme algérien. Tayeb Kalloud avait été un athlète de demi-fond, international sur piste, cross et courses sur route au cours de la décennie 1990. Il a été pris au crépuscule de sa carrière à une période qui le voyait écumer les courses dans l’Ouest de la France. En fin de carrière, il était déjà devenu quasi-inconnu dans les milieux de l’athlétisme algérien.
Tayeb Kalloud, ancien international (il se classa 96ème pour sa dernière sélection aux championnats du monde de cross-country de 2000), était âgé de 41 ans. Il se consacrait aux courses sur route et aux cross-countries disputés en France, dans cette province de l’Ouest proche des lieux où s’était installé en son temps Ali Saïdi-Sief et où se fixera plus tard Toufik Makhloufi.  Miloud Abaoub avait été le premier à avoir jeté l’ancre dans cette région qui semble avoir connu les faveurs des coureurs algériens.
Dans son édition du 06 mai 2009, le quotidien sportif « Planète sports » titrait « Un athlète algérien contrôlé positif en France : Tayeb Kalloud suspendu deux ans».
 « Planète sport » indiquait, dans le corps de l’article que Tayeb Kalloud, alors licencié au JC Sablais (Vendée), avait écopé d’une suspension de deux années (du 14 février 2009 au 13 février 2011) de toutes compétitions, après avoir été contrôlé positif. Le quotidien sportif déclarait que « C'est le premier cas de dopage en Vendée en athlétisme ».
L’article précisait que la « suspension a été prononcée suite à un contrôle effectué le 23 novembre 2008, lors d’un cross à Vineul ». Il ajoutait également que les analyses avait fait ressortir la présence de Norandrostérone (à une concentration supérieure au seuil toléré) et de Noretiocholanolone (une substance appartenant à la classe des stéroïdes anabolisants androgènes).

Le compte-rendu de la réunion de l'organe disciplinaire de lutte de contre le dopage de la fédération française d’athlétisme qui s’est tenue le 4 février 2009 à laquelle Tayeb Kalloud avait été convoqué, indique que le coureur algérien a présenté sa défense.

dimanche 3 juin 2018

Ali Saidi-Sief (35) 2008-2012, l’olympiade maléfique


La catégorie des contrôles positifs décelés lors de compétitions se déroulant hors des frontières algériennes  comportera, quelques années plus tard, trois autres cas beaucoup plus remarquables à tous points de vue. Ce sont ceux, dans l’ordre chronologique de Réda Megdoud, Zohra Bouras et Larbi Bouraâda.
 Ces trois cas furent retentissants pour de multiples autres raisons reposant d’abord sur leur quasi-simultanéité. Ils furent en effet décelés au cours du second trimestre 2012. Entre le 16 mai et le 15 juin.
L’histoire du dopage en Algérie retient que Réda Arezki Megdoud fut le premier à être contrôlé positif le 16 mai 2012 à Namur (Belgique). Il a été suivi par Zahra Bouras, championne d’Afrique du 800 m, prise à défaut à deux reprises en quelques jours. En premier lieu à Montreuil, dans la région parisienne, le 05 juin 2012. Ensuite, quatre jours plus tard, le 09 juin 2012, à Villeneuve d’Asq, près de Lille, dans le Nord de la France. Et, enfin, le troisième larron de cette série, Larbi Bouraâda, recordman d’Afrique du décathlon, surpris le 15 juin 2012 à Ratigen (Allemagne) lors d’un meeting de décathlon qu’il remporta en améliorant le record d’Afrique en le portant à plus de 8 300 points.
 La seconde raison retenant l’attention est valable surtout pour deux d’entre eux (Bouraâda et Bouras). Il s’agit de la qualité qui leur a été attribuée par les autorités fédérales algériennes lesquelles les décrivirent, dans les déclarations faites à la presse nationale, comme de potentiels vainqueurs/médaillés/finalistes aux championnats d’Afrique et aux jeux Olympiques. Megdoud était certes international mais ne postulait pas aux médailles possibles dévoilées par les pronostics fédéraux.
Au bout du compte, le retentissement qu’eurent sur le plan médiatique ces deux cas tient plus que tout aux statuts conférés à leurs entraîneurs (Amar Bouras et Mahour Bacha) au sein de la FAA (entraîneurs nationaux ayant dirigé respectivement la carrière de Hassiba Boulmerka et de Yasmina Azizi) et de l’histoire de l’athlétisme (Amar Bouras fut président de la FFA de 2007 à 2009 avant d’être élu à nouveau en 2013).
Signalons que, avant cet épisode qui se situe avant le début des championnats d’Afrique et à quelques mois de l’ouverture des Jeux Olympiques de Londres (2012), avant que ce trio ne soit signalé à l’attention générale, trois années auparavant, l’athlète Fethi Meftah avait été signalé (rétrospectivement et incidemment) suspendu.
Ce fut dans des circonstances particulières démonstratrices tout compte fait de l’opacité institutionnelle régnant sur le sujet. Le signalement médiatique du cas Meftah a été inséré, en tant que nouvelle accessoire, dans un article portant sur la suspension d’un autre athlète : Tayeb Kalloud.
Elle se présente donc comme une information complémentaire se greffant sur une autre information (dont la survenue est postérieure) portant sur la même thématique. Fethi Meftah a, selon cet article (paru dans le quotidien sportif « Planète sports ») « été suspendu le 6 juin 2008 ». La sanction prononcée à l’encontre de Meftah était donc, lors de sa révélation, antérieure de près d’une année à sa divulgation.
En l’absence d’autres informations pertinentes, il apparaît que cette sanction (suspension de 2 années) fait suite à un double contrôle positif. Le premier, à la Norandrostérone, aurait été décelé lors des championnats du monde militaire. Le second l’aurait été lors des championnats du monde de cross de l’IAAF organisé à Edimbourg (Ecosse).
Si le mutisme concernant le premier contrôle est éventuellement compréhensible puisqu’il s’agit d’un membre de la « Grande muette » qui est impliqué dans le RAA géré par les autorités sportives militaires mondiale et nationale. Il n’en est pas de même lors du second contrôle positif.