mardi 12 décembre 2017

Samira Messad (102), Suspension purgée avec supplément

Nous avons vu que cette expression de « sans délai » correspond, dans la réalité, à une année et que la remise de la décision (par une instance nationale non habilitée à le faire) a été influencée par un événement externe à la procédure disciplinaire consistant en une demande de mutation et de licence sportive.

Ce même code, régissant la lutte antidopage en Algérie, édicte que cette décision doit (en conformité à l’article 14.2.1) indiquer l’intégralité des MOTIFS de la décision. Il est également précisé que lorsque la décision n’est pas rédigée en anglais ou en français, l’organisation antidopage fournira un résumé succinct  (en ces deux langues) de la décision et des RAISONS qui l’étayent.

La décision du comité d’appel est rédigée en langue française. Elle n’a donc nul besoin ni de traduction, ni de résumé. Cette décision est incomplète car elle n’indique pas cette intégralité des motifs exigée que le code national 2015 de lutte contre le dopage commande.

Les délais d’appel devant l’instance disciplinaire supérieure au comité d’appel de la CNAD qu’est le TARLS font l’objet de l’article 13.7.1, « Appels devant le TAS ». Ils s’appliquent, dans la situation présente, uniquement à Samira Messad. Les trois organisations (bien que la FAA et l’IAAF ne soient pas partie visiblement de l’appel) ont obtenu satisfaction. La décision initiale (suspension d’un an) a été aggravée (suspension 4 ans, sanction maximale).

L’article 13.7.1 indique que la partie appelante (ne pouvant être que Samira Messad) dispose d’un délai de 21 jours à compter de la date de réception de la décision. L’athlète, étant partie de la procédure, ne peut en toute logique bénéficier du délai supplémentaire de 21 jours débutant avec la demande de dossier complet obligatoirement formulée dans les 15 jours suivant la notification de la décision pour faire appel devant le TAS.

Elle était présente à une audience dont elle n’a pas saisi le sens. Elle est supposée connaître les éléments du dossier à charge et à décharge. Elle est censée avoir été destinataire à la fois de la notification de la décision et des raisons qui ont motivé cette décision qui devait être enregistrée dans le document qui lui est remis. Ce qui manifestement est erroné.

Les quatre institutions, deux nationales (CNAD et FAA) et deux internationales (AMA et IAAF), sont réputées crédibles. Certainement plus que l’athlète pris à défaut de dopage et de tricherie à l’éthique.

La transmission immédiate (avant l’expiration du délai de trois mois) de la décision de sanction est amplement suffisante. L’expédition du courrier par fax (à un destinataire resté inconnu) exprime on ne peut mieux l’urgence à respecter la règle d’examen de l’appel dans les trois mois.

De toute évidence, l’absence d’envoi de la décision du comité d’appel à l’AMA aurait suscité une réaction de sa part. Tout au moins une demande d’information sur le dossier, si ce n’est un courrier sévère.

En toute logique, la formulation d’un recours devant le TAS par l’athlète, ne peut excéder la fin du mois de mars 2016. Du point de vue de l’AMA, l’absence d’un courrier de la CNAD (nous serons large dans notre estimation), dans les 60 jours suivants l’expédition de la sanction du comité d’appel portant à sa connaissance une information nouvelle liée au dossier ne peut que signifier qu’une seule chose : aucun recours n’a été formulé.

Pour l’agence mondiale antidopage, en tant que gestionnaire des cas qui lui sont soumis, l’affaire Samira Messad est close. La sanction doit être publiée. Elle ne l’a été nulle part….jusqu’en septembre 2017.

Depuis, le TAS a statué. La sanction prononcée (quatre années de suspension) par le comité d’appel de la CNAD a été réduite à deux années. Elle a pris fin le 26 août 2017.

Le fac-similé de la décision ayant été publié sur Facebook et son contenu ayant été mis à la disposition du public, nous cessons ici notre tentative de compréhension de cette affaire ayant suscité la lassitude des lecteurs de la chronique. Par ailleurs, le document est rédigé en langue arabe ce qui pour sa traduction nécessite une compétence linguistique que nous ne possédons pas.

Nous remarquerons cependant que la décision prononcée par le TAS ne porte pas l’effet de rétroactivité auquel on pense. Comment le pourrait-elle d’ailleurs ? Il n’y a pas possibilité de remonter le temps et d’annuler rétrospectivement la décision du comité d’appel de la CNAD. La suspension a été intégralement purgée. Et même dépassée de quelques mois.


lundi 11 décembre 2017

Samira Messad (101), L’inertie mystérieuse des instances

L’article 13.3, « Manquement à l’obligation de rendre une décision dans un délai raisonnable », est pourtant (dans ce cas de figure qui est des plus impensables) applicable au cas Samira Messad.

Cet article prévoit une disposition que s’est attribuée l’AMA. Elle lui permet d’intervenir directement dans la procédure lorsque la CNAD ne se prononce pas, sur une violation des règles antidopage, dans un délai raisonnable fixé par l’agence mondiale. Cette disposition démontre l’importance qu’attribue l’AMA à un règlement rapide des cas de dopage. Elle est même à la limite de la justice expéditive. Un résidu de lynchage…. médiatique.

L’AMA peut décider d’en appeler directement au TAS. L’absence d’une décision est considérée  comme si la CNAD avait rendu une décision d’absence de violation des règles antidopage, comme si l’agence nationale avait blanchi l’athlète de la suspicion de dopage qui pèse sur elle.

Les éléments du dossier (en notre possession) montrent que l’AMA n’a pas mis en œuvre cette disposition. Cela nous amène obligatoirement à penser que l’instance internationale a été tenue informée de la sanction prononcée par le comité d’appel.

Nous devons également avoir toujours à l’esprit que le comité d’appel doit statuer impérativement dans les trois mois suivant la décision de la commission de discipline, la formation disciplinaire de première instance. Sa décision devait être rendue avant le 6 mars 2016. Ce qui a effectivement été le cas. Si l’on considère la date du 25 février portée sur le fax dont une copie a été adressée à la ligue d’athlétisme de Bejaïa, en février 2017. L’année illisible d’envoi du fax ne peut être que 2016. La photocopie de la décision ayant été remise à l’intéressée le 22 février 2017.

L’article 13.7 du code national, « Délai pour faire appel », institue, en son alinéa 13.7.1, la possibilité (après que le comité d’appel de la CNAD ait pris sa décision) de déposer un recours  devant le TAS. Le délai imparti est draconien. Il est de vingt et un jours à compter de la date de réception de la décision par la partie appelante.

Cette partie appelante, dans le cas présent, ne peut être que Samira Messad dont la sanction a été aggravée par le comité d’appel.

Nous devons considérer que l’AMA, ayant obtenu satisfaction à sa demande supposée d’aggravation de la sanction initiale, n’est pas désireuse de poursuivre l’affaire devant le TAS. En effet, elle ne peut pas obtenir une sanction supérieure à la sanction maximale.

Quant à Samira Messad, n’ayant pas été destinataire de la décision de sanction (aggravée) prononcée par le comité d’appel, elle a été mise dans l’impossibilité matérielle de formuler sa demande. Tout est bien dans le meilleur des mondes.

L’effet de l’inertie est que, du point de vue essentiellement de l’AMA et accessoirement de l’IAAF (Samira Messad n’a pas le statut d’athlète internationale et n’est pas concernée par un traitement accéléré consécutivement à une participation à une compétition de haut niveau, de la dimension des championnats du monde ou des jeux olympiques), la décision est devenue définitive.

En toute logique, pour les deux instances internationales, l’étape suivant du traitement de cette affaire Samira Messad ne peut être que l’inscription de l’ensemble des informations sur leurs sites respectifs. Ce qui n’a pas été fait.

La conclusion à laquelle nous aboutissons logiquement est qu’il y a donc eu, quelque part dans un maillon de la chaîne, une défaillance dans le processus de transmission de l’information. La boucle est bouclée. Mais, de nombreuses questions restent en suspens.

Nous avons indiqué que la publication par l’AMA de la sanction infligée (en fin février 2016) par le comité d’appel est tardive (septembre 2017). 18 mois se sont écoulés entre la sanction et sa publication. Un délai exagérément long.

Il apparait que la publication de la sanction a lieu à l’époque où le tribunal algérien de résolutions des litiges sportifs (TARLS), le TAS algérien, examine la demande de recours formulée par Samira Messad. La publication de la sanction sur le mur Facebook de l’agence mondiale est vraisemblablement étroitement liée au recours.


Le code national de la lutte antidopage stipule en son article 13.5, « Notification des décisions d’appel », que toute organisation antidopage, impliquée dans un appel, remet sans délai la décision d’appel aux concernés. Cela n’a pas été le cas.

dimanche 10 décembre 2017

Samira Messad (100), Eléments de la procédure d’appel

L’information ne sera publiée que très tardivement, en septembre 2017, sur la page Facebook de l’AMA. (« World Anti Doping Agency »). Inexplicablement, cette publication n’a plus de raison d’être. En effet, cette publication, sur le site grand public de l’agence mondiale, a lieu alors que le « dossier Samira Messad » a été présenté pour un examen par le TAS algérien, ultime étape de la procédure disciplinaire sportive.

Il ne pouvait en être autrement. En février 2017, en prenant connaissance de la nouvelle sanction lui parvenant après tant de péripéties, l’athlète a introduit un appel. Pourtant, cette décision fut, compte tenu des moyens dont elle dispose,  difficile à prendre.

Le silence médiatique des instances sportives internationales laisse supposer qu’elles n’ont pas été  informées de la sanction à laquelle est parvenu le comité d’appel, lorsqu’il le fallait, dans les délais requis et à  la prescription de la possibilité de recours (20 jours) éventuellement augmentée des délais de transmission de courrier et de dossier (21 jours supplémentaires).

Une autre hérésie administrative apparait dans le texte de la décision prise par la commission d’appel. Outre que les motifs ayant conduit l’AMA  à faire recours de la décision de la commission de discipline de la CNAD sont inexistants, la rédaction du document élimine les aspects prévus par l’article 13.2.2.2.2. Ces aspects sont ceux constitutifs des éléments à charge (apportés par « la partie appelante » ou AMA) et ceux de celle qui est, selon cet article, l’ «intimé », à savoir l’athlète.

 L’article a pourtant la particularité d’être très clair : « L’appelant présentera sa cause et le ou les intimé(s) présentera/présenteront leur cause en réponse ».  Les deux parties doivent assister à l’audience et présenter leurs arguments.

La décision ne rapportant pas les déclarations en séance de l’ « appelant » et de l’ « intimé », nous devons supposer que les causes des deux parties n’ont pas été présentées devant la commission d’appel et  nous devons admettre (nous expurgeons de notre raisonnement l’éventualité que le comité d’appel ne s’est pas réuni) qu’il s’est plutôt agit, d’une procédure accélérée, d’une reprise des éléments d’informations certainement maintenus par Samira Messad et d’autres données non explicitées produites par l’AMA directement devant la commission mais contenues dans le courrier en appel, certainement lus mais dont les considérants ne sont pas dévoilés.

Deux articles expliquent la procédure. Par l’article 13.2.2.2.6, chaque partie a le droit de présenter des preuves, de faire entendre et d’interroger des témoins alors qu’un autre article donne à chacune la possibilité de « se faire représenter à ses propres frais ». 

Par ailleurs, l’absence de l’une ou l’autre partie (ou de leur représentant) à une audience notifiée est réputée constituer l’abandon de son droit à une audience pouvant cependant « être rétabli pour des motifs raisonnables ». Bizarrement, Samira Messad n’a pas souvenir d’avoir été convoquée à prendre part à l’audience du comité d’appel. Ni d’avoir été auditionnée sur les faits qui lui sont reprochés sur la base d’une interpellation de l’AMA.

Interrogée au sujet de l’audience du comité d’appel, dont elle n’a pas souvenance, elle a paru ignorer totalement l’appel de l’AMA et a toujours cru que les nombreuses réunions auxquelles elle a participé faisaient suite à un harcèlement de la FAA et surtout du DTN.

Ceci ayant été précisé, nous constaterons, d’autre part, que l’article 13.2.2.2.7 permet au comité d’appel de poursuivre le traitement de l’affaire en cas d’incapacité de l’une ou l’autre partie de respecter une exigence ou une instruction du comité d’appel. Par ailleurs, une partie absente peut se faire représenter.

La rédaction de la décision évacue, ainsi  que nous avons pu le voir précédemment, des éléments de compréhension de la décision prise. Cette rédaction est porteuse d’un risque flagrant de pénaliser la qualité d’un éventuel appel de l’athlète devant le TAS, le tribunal arbitral de résolution des litiges sportifs.


Il nous faut comprendre qu’il s’agit certainement d’une interprétation restrictive de cette partie de l’article 13.2.2.3.1  considérant que seule doit être justifiée la sanction potentielle maximale qui n’a pas été imposée. Il ne fait pas de doute que la lecture et la compréhension ont été sélectives.

samedi 9 décembre 2017

Samira Messad (99), L’absence inexplicable de fuites

L’article 14.3.4 dispose d’une forme minimale de publication. Celle-ci consiste en la divulgation de l’ensemble des informations décrites à l’article 14.3.2. Cet article retient la parution « au moins par l’affichage des informations requises sur le site web de l’organisation antidopage pendant un mois ou pendant la durée de la période de suspension, selon celle de ces deux périodes qui est la plus longue». Malgré nos recherches sur le site, nous ne croyons pas avoir trouvé ces informations.

Donc, pendant une année entière, la CNAD et la fédération algérienne d’athlétisme sont restées silencieuses. Nous noterons cependant que la fédération d’athlétisme n’est pas directement concernée par la publication de l’information. Pourtant, la proclamation, par son président de l’époque, dans les médias nationaux, d’une politique ferme contre le dopage dans ses rangs, ainsi que les cas précédemment enregistrés devraient la pousser à plus de transparence.

L’hypothèse de la rétention de la décision (souvent entendue) qui découlerait d’une interprétation malavisée pourrait cependant se justifier par les frictions, entre certains responsables de la FAA et l’athlète, et certaines dérives.

Toutefois, il est tout à fait normal de constater que la fédération s’est d’elle-même mise dans le pétrin. La transmission de la décision prononcée par la première instance a créé, n’en pas en douter, un précédent. Toute modification du statut de l’athlète (ici l’aggravation de la sanction) doit logiquement emprunter la même voie. Ne serait-ce que pour fortifier son crédo !

Remarquons aussi que se son côté, la presse, habituellement si prompte à réagir à ce genre d’informations, n’a pas fait état de la nouvelle sanction. Elle le fera tardivement, au début de l’année 2017. Une année après que la décision ait été prononcée.

La publication dans les médias est intervenue lorsque Samira Messad, s’étant vue opposer un refus à sa demande de mutation, prend connaissance de la nouvelle sanction, ruera dans les brancards et alertera quelques titres de presse.

Dans une seconde phase, le bureau fédéral sera saisi de la question en vue de connaitre la vérité et enregistrera sur procès-verbal la demande d’investigation. C’est certainement cette saisine qui permit la mise en action, à faible débit, de la machinerie à fuiter.

Car, incompréhensiblement, jusqu’à ce moment-là, le système alimentant les réseaux informels d’irrigation informationnels qui, en d’autres circonstances similaires de dopage ou autres faits retentissants, a su faire preuve d’une imagination fertile, est resté en panne. Il a été inexplicablement défaillant.

Pendant une année entière, aucune fuite n’a été enregistrée ou signalée. Pour tout le microcosme athlétique, l’affaire Messad est donc une affaire classée depuis la sentence de la commission de discipline. Depuis le 6 décembre 2015.

Revenons à l’article 14.3.4. Il oblige les organisations concernées, mais cela s’adresse impérativement à la CNAD, à une publication minimale de l’ensemble des informations recensées à l’article 14.3.2. Nous avons vu que cette mise à disposition du public des informées consignées doit l’être au moins par l’affichage, des informations  dont il est signalé qu’elles sont « requises », sur le site web de l’organisation antidopage pendant une durée définie. Une durée qui peut s’étendre entre un mois et la durée de la période de suspension. Cet article dispose également que la durée de publication à appliquer est la durée la plus  longue.

Dans la situation à laquelle est confrontée Samira Messad, la sanction aurait dû être visible sur le site jusqu’à l’expiration de la sanction quadriennale, c’est à dire jusqu’au 26 août 2019.

Quand on s’intéresse à ce sujet relatif à la publicité faite à la sanction dont a été frappée Samira Messad, il est possible d’observer un manquement total à cette notion de divulgation publique.


Le confinement de l’information a touché aussi (et cela est également singulier) les instances internationales. La lecture suivie des informations périodiquement publiées sur les cas de dopage devenu définitifs montre que la sanction prononcée à l’encontre de Samira Messad n’a jamais figuré sur la liste des sanctions reconnues par le  site de la fédération internationale. La dernière publication sur le site de l’IAAF est arrêtée au 31 mai 2017. Contrairement à d’autres cas, le nom de Samira Messad n’y a jamais figuré. 

mercredi 6 décembre 2017

Samira Messad (98), Equité et impartialité en question

La décision de la commission d’appel, du moins celle qui est parvenue, dans sa forme photocopiée, jusqu’à Samira Messad, un an après qu’elle ait été prononcée, est muette sur la règle antidopage enfreinte. Il faut se reporter aux autres documents formant ce dossier, le corpus documentaire qui s’est constitué, et est en majeure partie inaccessible pour un sportif lambda, pour savoir que la sanction porte sur une infraction de la règle 2.1 et connaître la substance incriminée. Ces deux informations sont pourtant édictées par le code national. Le respect de la forme est à nouveau mis à l’écart par les juges.

La seconde possibilité offerte pour d’abord maîtriser le sujet et puis statuer est la connaissance quasi-parfaite des éléments constitutifs du dossier. Une approche qui semble avoir été évacuée de la démarche rédactionnelle de la commission d’appel.

Ces deux informations sont incontournables dans le processus normal de cette justice sportive que doit rendre la CNAD. Elles le sont d’autant plus que le code prévoit une autre composante pour la commission d’appel. L’équité et l’impartialité de la commission sont supposées garanties par la non-implication des membres dans la totalité des actions précédemment entreprises. La commission est sensée porter un regard neuf sur l’affaire. Peut-on juger équitablement en remettant sur la table la totalité du dossier.

La décision (le texte du document intitulé ainsi mais pouvant être considéré comme étant le procès-verbal rudimentaire des délibérations) de la commission d’appel fait l’impasse sur les informations contenues dans le courrier d’appel adressé par l’AMA à la CNAD.

Pourtant, elles revêtent une très grande importance. Elles ne sont pas connues, elles ne sont pas révélées. Indéniablement, cette situation équivoque accentue la confusion dans laquelle baigne cette affaire. On dirait que, comme le Petit Poucet, la CNAD s’évertue à semer derrière elle de petits cailloux d’incompétence.

De notre point de vue, que tout incite à devenir plus acerbe, certains aspects négligés par la motivation de la décision de la commission de discipline n’ont, selon toute vraisemblance, pas été abordés.

Qu’en est-il, en effet, de ces deux autres substances prohibées relevées par les analyses qui n’ont pas été évoquées par les deux commissions ? Quel sort a-t-il été réservé, par l’AMA, à l’impossibilité de quantification indiquée par le laboratoire de Châtenay-Malabris? Les « insuffisances » du dossier n’ont pas été, apparemment, prises en charge sérieusement par l’agence mondiale. Sauf que l’AMA a habitué à mieux.

Mais, était-ce de son intérêt, avec le statut d’organisme supranational non gouvernemental qui est le sien, de s’appesantir sur ces défaillances flagrantes susceptibles de remettre en cause son impérialisme ? Nous devons admettre que ce ne sont que des peccadilles, des dégâts collatéraux dans la Grande Bataille engagée, par ailleurs, contre des nations où le dopage serait endémique ou érigé en système de production de performances.

L’AMA, supervisant au niveau planétaire la lutte contre la tricherie médicamenteuse, a la possibilité de croiser les informations relatives à la suspicion de dopage pesant sur les athlètes algériens. Ces athlètes ciblés sont suivis dans leurs pérégrinations, leurs relations avec des entraîneurs controversés, et leurs présences en des sites proclamés, par les lanceurs d’alerte comme des territoires, avérés de la tromperie.   

A moins qu’il faille s’attendre à d’autres retombées, à une affaire à venir beaucoup plus sérieuse visant la crédibilité et la fiabilité du système de lutte contre le dopage en Algérie. Permettez-nous cependant d’en douter.

L’agence algérienne de lutte contre le dopage n’est, dans le concert des nations, que du menu fretin. Quant à Samira Messad, athlète de niveau national, elle n’est pas porteuse de la même symbolique que Toufik Makhloufi (champion olympique du 1500 mètres) qui, en pareille situation, aurait été une belle prise médiatique tombée dans ses filets. Il n’existe aucune raison particulière pour approfondir la question et enrayer la machine impitoyable.


On en conclue finalement que, à propos de l’appel formulé,  ce qui intéressait prioritairement l’AMA était l’alignement de la CNAD (dont il est prétendu par ailleurs, doctrinalement parlant, qu’elle est souveraine dans sa prise de décision) sur sa position de principe : imposer la  sanction maximale ! La formulation de l’appel devant aboutir nécessairement au réajustement implicite de la décision.

lundi 4 décembre 2017

Samira Messad (97), La chape de plomb

Les explications de la sanction initiale atténuée (dont nous supposons qu’elle est à l’origine de l’appel) et les éclaircissements exacts, dont cet appel pourrait être porteur, ne sont pas répertoriées dans la décision prononcée par la seconde disciplinaire de la CNAD. Nul n’est en capacité de dire (à l’exclusion des membres de la commission d’appel et les responsables de la CNAD) pourquoi l’AMA  a fait appel ?

Le code national anticipait la survenue de ce type de décision aggravée susceptible d’être prise par les membres de la commission d’appel en auditionnant et en jugeant un athlète pris, selon la formule en usage, en flagrant délit de dopage.

Le code national de la lutte antidopage introduit (à la suite du code mondial ayant servi de référence et adopté par les instances parlementaires et promulgué par l’exécutif) la  préservation des droits de toutes les parties en prévoyant dans l’article 13.2.2.3.3 que la décision du comité d’appel est « susceptible d’appel conformément aux dispositions de l’article 13.2.3 ».

Pour le bonheur des justiciables sportifs et de Samira Messad en particulier, ce même article 13.2.2.3.3 indique que, dans le cas où aucun appel n’a été formulé et si la décision porte sur une violation des règles antidopage a été  commise, « cette décision sera divulguée et publiée conformément à l’article 14.3.2 ».

Nous devons reconnaitre que la publication de la décision des deux commissions de la CNAD ne font pas l’affaire des athlètes dopés qui souhaitent, on les comprend très bien, que cela soit fait sans trop de tapages médiatiques. Pour Samira Messad, ce fut, au bout du compte, un bienfait.

Quand on se réfère au code national de lutte contre le dopage, à la lecture de l’article 14.3.2, Il apparait que la décision de la commission d’appel doit être rendue publique dans des limites temporelles spécifiées, au plus tard dans les 20 jours.

Samira Messad étant présumée coupable d’une violation de l’article 2.1 (présence d’un produit prohibé dans ses prélèvements), en conséquence de l’absence de la formulation d’un appel (une action dont nous remarquerons qu’elle est totalement extravagante puisque la décision de sanction n’a pas été remise à la principale concernée !), la CNAD est mise dans l’obligation de publier la décision prononcée par la commission d’appel. Cette publication comprend l’ensemble des informations prévues par le code national.

L’article 14.3.2 du code national porte sur la divulgation publique des décisions prononcées par les deux instances disciplinaires de la lutte contre le dopage de la CNAD  que sont la commission de discipline (dite aussi commission d’audition et de décision), siégeant en première instance, et la commission d’appel.

Cet article rend responsable l’organisation antidopage responsable de la gestion des résultats (la CNAD) de la divulgation publique. La publication concerne impérativement un certain nombre d’informations liées aux cas examinés en commission de discipline (commission d’audition et de décision). Ces informations sont le sport impliqué par ce cas, la règle antidopage violée, le nom du sportif ou de l’autre personne (lorsque c’est un entraîneur, un dirigeant, un médecin, un kiné, etc.) ayant commis la violation, la substance (ou la méthode interdite) en cause et la sanction imposée.

Toujours par ce même article 14.3.2, le code national indique que la même organisation antidopage devra également,  dans les vingt jours, rendre publics les résultats des décisions finales de la commission d’appel dans les cas de violation des règles antidopage. Cette divulgation publique de la décision porte sur les mêmes  informations que celles que l’on impose à la commission de discipline.

En résumé, en matière de publication de la décision, les deux instances (commission de discipline et commission d’appel) sont régies par les mêmes principes. Ce sont les mêmes informations qui obligatoirement doivent être publiées par les deux juridictions disciplinaires.

Ces informations sont destinées au public. Il s’agit, on s’en doute bien, de montrer que les instances de lutte contre le dopage (nationales et mondiales) ont à cœur de marquer les esprits en indexant les tricheurs.


Mais, la question (d’une grande importance) qui se pose, à la lecture de la décision de la commission d’appel et des faits qui ont suivi, est de savoir si ces informations à large diffusion sont exclusives de la sportive concernée. Le public peut-il être informé si l’athlète ne l’est pas ? 

dimanche 3 décembre 2017

Samira Messad (96), Les apparences trompeuses

Un point doit attirer notre attention. Nous noterons que, sur le plan de la forme, se dissimulant derrière des apparences trompeuses, la prescription de remise de la décision prononcée par la commission d’appel semble respectée.

En effet, sur la décision, les destinataires de la décision sont indiqués. Ce sont, ainsi que cela est prévu par le code, l’intéressé, la fédération d’athlétisme, l’IAAF et l’AMA. La CNAD nous a habitué aux extravagances. Cette fois-ci, le destinataire principal de la décision est du genre masculin. Une performance administrative et orthographique extraordinaire, qui est en soi une nouvelle preuve de l’amateurisme de la CNAD et de   l’incapacité, maintes fois remarquée, à s’adapter aux situations : le sportif concerné par l’affaire traitée est en réalité une sportive.

Cet état de fait implique, de toute évidence, que, si l’on se place dans la perspective de l’intéressée, la démarche a été détournée.

Nous savons maintenant que l’athlète n’a jamais reçu cette décision. Dans ce microcosme basé sur des apparences viciées et altérées, ses déclarations tonitruantes, ou plus exactement celles qui naîtront plus tard lorsqu’elle entrera brutalement en rébellion contre une sanction perçue à travers le prisme de l’injustice, semblent démontrer qu’elle ne la réceptionnera (dans cette confusion née du camouflage) pas avant le 22 février 2017.

Ce sera, ainsi que nous l’avons vu, par le biais d’une remise entre ses mains (par la ligue d’athlétisme de la wilaya de Bejaïa, une structure qui, quoiqu’on en dise, ne possède pas les habilitations réglementaires pour le faire) de la photocopie d’un fax.

On nous parlera, sans honte aucune, dans les sphères supérieures du mouvement sportif national s’exprimant dans un concert de prises de position favorables au système d’une notification. En faisant abstraction du fait que ladite décision se drape dans les défroques d’une démarche se prétendant officielle.

On oublie allégrement les éléments de procédure qui auraient voulu qu’elle reçoive le document dans sa forme originale, dans un cadre organisé, empreint de ce formalisme rigoureux que l’on sait si bien, en d’autres circonstances, mettre en avant, celui prévu par la réglementation algérienne ou toute autre disposition permettant la traçabilité du courrier. Mais, pour cette décision en particulier, ce formalisme méticuleux auquel on s’attend, s’est dissous.

Prenons un peu de recul avec cette situation qui nous emporte inéluctablement vers une appréciation négative, vers la face subjective de cette affaire et revenons en arrière en relisant l’article 13.2.2.3.

Cet article a le mérite d’une clarté que l’on ne retrouve pas dans les actes de la commission d’appel. Il impose à cette commission à rendre une  « décision écrite, datée et signée (à l’unanimité ou à la majorité) » mais également, la formule peut passer inaperçue lors d’une lecture superficielle, « l’ensemble des motifs de la décision ».

Du point de vue légal, celui consigné dans le code national, la décision de la commission d’appel doit être motivée. C’est un point de la réglementation contrastant avec cette restriction surajoutée impliquant d’expliquer seulement une décision non-conforme à celle attendue par les décideurs-législateurs ou née du consensus.

Le document-porteur de la décision de la commission d’appel, ainsi que semble l’indiquer la formulation contenue dans le texte, est censé être un document autonome, totalement indépendant de la décision prise par la commission de discipline dont la décision est réexaminée à la lumière d’informations, dont nous n’avons pas connaissance, apportées par le courrier de l’AMA.

Pour les lecteurs, pour le justiciable sportif, la décision de la commission d’appel devrait se suffire à elle-même. Ce n’est pas le cas. Ce n’est pas une décision administrative mais une décision à caractère disciplinaire impliquant que soit enregistré les éléments portés à la connaissance des juges afin de leur permettre de se prononcer.

Ces fameux « fond et forme » que l’on renvoie, dans des instances sportives, au visage du justiciable sportif qui rechigne à accepter une décision disciplinaire.

En aucun cas, l’expression « l’ensemble des motifs …» ne peut sémantiquement renvoyer à des explications superficielles. Certainement pas à celles dont on voudrait parer les références (trouvées dans le document) relatives à la décision prononcée en première instance et à la formulation de l’appel par l’AMA dont les motivations ne semblent pas être connues et surtout comprises de l’athlète.




mercredi 29 novembre 2017

Samira Messad (95), De l’élasticité du temps

Nous sommes amenés à constater que la commission s’est réunie très rapidement et a statué aussi rondement.  A peine dix (10) jours se sont écoulés entre la réception de l’appel formulé par l’AMA et l’envoi présumé de la décision par fax.

On est bien loin de la période qui s’est écoulée entre la seconde audition de Samira Messad par la commission de discipline (7 octobre 2015), la semaine nécessaire pour que la commission de discipline examine les éléments du dossier de dopage (14  octobre) et la date figurant sur le document portant la décision de sanction (6 décembre 2015). Deux mois !

Cet examen accéléré, compressé de l’appel de l’AMA, est explicable par le cadre réglementaire, par les contraintes que s’est lui-même imposé le législateur dans la rédaction et l’adoption des codes mondial et national de la lutte contre le dopage. Cela est patent lorsque l’on se penche plus particulièrement dans les dispositions du code national de lutte antidopage et de son article 13.2.2.1.7.

Cet article stipule, au sujet des audiences devant le comité d’appel antidopage national, que le traitement  du cas doit être achevé « dans un délai raisonnable » ne pouvant excéder « les trois mois suivant la date de la décision du comité d’audition du dopage, sauf circonstances exceptionnelles ».

La commission d’appel de la CNAD se devait de prendre une décision avant le 6 mars. En considérant bien évidemment la date du 6 décembre comme étant la date de la prise de décision par la commission de discipline. Bien que l’on se doute que la décision a été prise bien avant et sa promulgation retardée.  Deux mois pour rédiger un procès-verbal de réunion et une décision, les saisir puis les transmettre à qui de droit n’est pas exagéré, n’est-ce pas ?

Avec ces deux situations antagoniques, on perçoit, avec une acuité accrue que, dans le dispositif de lutte antidopage algérien, la notion de temps possède la faculté d’être particulièrement élastique. La formule « dans un délai raisonnable » est vraisemblablement raccourcie ou allongée, selon les intérêts à découvrir de parties.

Nous observerons cependant qu’en retardant la transmission de la décision clémente de la commission de discipline qui n’agréée pas à certains, Samira Messad a été placée sur des charbons ardents. Quand il a fallu « casser » cette décision et prononcer la sanction la plus lourde disponible dans l’arsenal, elle a été prise en un clin d’œil.

Nous remarquerons que le délai fut à la fois rapide (compte tenu des standards) et en même temps inutile. L’estocade, se voulant décisive, n’a pas obtenu l’effet psychologique immédiat désiré : briser l’athlète récalcitrante. Elle ne saura rien de la décision prise puisque la machine s’est inexplicablement enrayée.

Le code national de lutte contre le dopage, dans son article 13.2 (se rapportant aux appels relatifs aux athlètes qui n’ont pas la qualité d’internationaux), offre, à l’AMA (agence mondiale de lutte contre le dopage), un très large éventail de possibilités d’intervenir sur les décisions prises par la CNAD et sur bien d’autres sujets liés à la lutte antidopage.

A propos de la décision prise par le comité d’appel antidopage national, l’article 13.2.2.3 a le mérite d’une clarté éblouissante en indiquant qu’ « à la fin de l’audience », ou dans « un délai ultérieur raisonnable », ledit-comité d’appel « rendra une décision écrite, datée et signée (à l’unanimité ou à la majorité) comportant l’ensemble des motifs de la décision ainsi que la période de suspension imposée, y compris (le cas échéant) une justification expliquant pourquoi la sanction potentielle maximale n’a pas été imposée ».

 Les critères formels de la décision sont décrits avec une précision chirurgicale. La décision doit obligatoirement être « écrite », « datée » et « signée ».

Le document transmis par la FAA à la ligue d’athlétisme de Bejaïa portant décision n°001/2016 de la commission d’appel de la CNAD est effectivement écrite, signée mais…n’est pas datée.

Cette infraction à la règle établie est aggravée par le non-respect de l’article 13.2.2.3.2 qui stipule que « La décision sera notifiée par la CNAD au sportif ou à l’autre personne, à sa fédération nationale, et aux organisations antidopage ayant le droit de faire appel en vertu de l’article 13.2.3 ».


lundi 27 novembre 2017

Samira Messad (94), La quête de vérité expliquée

La ligue de Bejaïa, elle-même, destinataire de la précédente décision de sanction, n’aurait pas eu connaissance de cette sanction. Il est difficile de concevoir qu’elle reçoive un dossier de mutation et le  transmette à la fédération en sachant que l’athlète est sous le coup d’une sanction qui ne permet pas l’aboutissement de la démarche.   

Pour la ligue (comme pour l’athlète), une seule décision de suspension existait. Celle enregistrée, au « courrier arrivée » de l’instance intermédiaire de gestion de l’athlétisme, en date du 03 février 2016. Celle parvenue à Bejaïa deux mois après son envoi. Un délai de courrier anormalement long.

On peut imaginer que pour expliquer sa décision de mise en attente (blocage) de la mutation, la fédération fut placée dans l’obligation de prendre attache avec la ligue pour d’abord une explication verbale du cas puis, à l’instigation de la ligue d’athlétisme de Bejaïa, de transmettre un document justificatif de la sanction. Ce sera le fax envoyé à la ligue qui elle-même fut contrainte de le répercuter à Samira Messad.

C’est le fameux fax qui lui fut remis le 22 février 2017. Soit, à quelques jours près, une année calendaire après que la commission d’appel de la CNAD ai statué. On sait que l’athlétisme est le royaume des records, il faut reconnaitre qu’en la circonstance, le record le plus farfelu de lenteur a été amélioré. On est passé de deux mois à une année.
L’enchaînement des faits qui succèdent à ce fax, que l’on se doit d’imaginer d’abord par un haussement de voix entre Samira Messad et les responsables de la ligue de Bejaïa, au siège de cette dernière, mais également par l’interpellation formelle du premier vice-président de la fédération-membre de la ligue de Bejaïa par les membres du bureau de ligue ou informelle par l’athlète a abouti certainement à la demande de recherche de la vérité (formulée en réunion du bureau fédéral) sur le cas de l’athlète et des sanctions prononcées : une sanction connue (un an de suspension) et une seconde émergeant du néant (4 ans de suspension).
La décision n°001/2016 de la commission d’appel de la CNAD, a surgi du chapeau haut-de-forme du magicien du « cirque Amar ». On comprendra qu’elle ait fait la même impression, sur les concernés ébaubis, qu’un des lapins utilisés dans les tours proposés par les prestidigitateurs.
La décision en question renvoie à la décision n°002/2015 de la commission de  discipline (la décision par laquelle il fut prononcé, à l’encontre de Samira Messad, la suspension de 12 mois) et à l’appel formulé le 16 février 2016 par l’agence mondiale antidopage.
Cette décision nous indique également que Samira Messad a été auditionnée par les membres de la commission d’appel sans que ne soit informée la date de cette audition.
Elle nous apprend beaucoup de choses. Pourtant, elle énonce SEULEMENT, qu’après « analyse des circonstances de l’appel » et « conformément aux règles nationale antidopage et au code mondial antidopage 2015 », dans un article 1  illisible, que la sanction est portée à 4 ans, puis en article 2, l’annulation de la sentence prononcée par la commission de discipline.
A la suite d’un article 3, totalement illisible sur le document en notre possession, l’article 4 annonce que la décision prend effet à compter du « mercredi 26 août 2015 ».
Rappelons aussi que la commission d’appel comme les commissions d’audition et de décision (commission de discipline de la commission nationale de lutte antidopage) sont présidés par des juristes.
Par un effet qu’adore le hasard, cette décision de la commission d’appel, comme pour confirmer l’amateurisme administratif et juridique ayant cours à la CNAD, précédemment constaté dans le contenu de la décision n°002/2015, n’est pas datée.

Le seul élément de datation utilisable est celui qui est fourni par le fax, l’appareil de transmission. Les informations de cette transmission (références relatives à l’expéditeur et à l’heure d’envoi) étant difficiles à décrypter, le lecteur est amené à supposer (à partir d’une photocopie transmise, pour accroitre la difficulté, par un des réseaux sociaux) que la copie de la décision a sans doute été envoyée (par on ne sait quel expéditeur et à quel destinataire) le « 25 feb 2016 »,  le 25 février 2016, soit 9 jours après l’appel de l’AMA. 

samedi 25 novembre 2017

Samira Messad (93), Exhumation de la suspension de 4 ans

Il faudrait certainement plonger dans les profondeurs (psychanalytiques et relationnelles) des coulisses de l’athlétisme constantinois pour comprendre les raisons qui ont fait que le MAC n’a pas été approché pour être une alternative à cet exil bougiote du sauteur.

Mais, nous croyons savoir que cela fut aussi le cas de l’ASC Bounouara, l’association sportive constantinoise disposant de plus de moyens financiers, du soutien et du parrainage fédéral et offrant en conséquence des rémunérations plus conséquentes que celle proposée par le MBB.

Triki Yasser Mohamed Tahar, comme tant d’autres athlètes avant lui, est un jeune champion écartelé, par de très forts liens, entre les pôles de sa jeune existence : Ibn Zyad (où il est né et a grandi), Constantine (où il est venu étudier et s’entraîner au quotidien) et Bejaïa participant à son développement d’athlète.

On y ajoutera aussi, dans un nécessaire souci d’objectivité, les différents lieux de stages de préparation organisés par le comité olympique algérien à Formia (Italie) et en Pologne (en compagnie d’Amine Bouanani) avant les championnats du monde juniors.

Ce dernier stage incita à quelques sourdes récriminations, sur les providentiels réseaux sociaux, de la part de parents d’athlètes, installés dans les hautes sphères du mouvement sportif national et, de par leurs passés sportifs, proches de l’athlétisme algérien et de ses instances fédérales, croyant sans doute à un stage fédéral que l’on aurait dissimulé et dont leur progéniture aurait été évincée.  

Nous croyons avoir compris (à partir de diverses discussions informelles portant à la fois sur le présent de l’athlétisme constantinois engagé dans un déclin inexorable et sur les éternelles inimitiés qui agitent le microcosme) que le dépit (inavoué publiquement) de Labed avait été d’autant plus grand que l’association sportive dont il est la cheville ouvrière (une sorte de directeur délégué ou exécutif)  aurait pu s’aligner sur les propositions, somme toutes modestes (toutes proportions gardées avec les promesses d’autres associations de la capitale), mais non négligeables compte tenu qu’elles touchent un junior, du MBB, cher à « D’da Djoudi » (Messaoudi).

Le projet de recrutement de Samira Messad a rapidement tourné court. Ce fut, pourrait-on écrire, un projet mort avant même de naître, un projet avorté pendant la gestation, une IVG athlétique.

Sa concrétisation, sur l’incontournable plan administratif autorisant officiellement le passage d’un club à un autre, ne pouvait être rendu possible que par l’obtention d’une licence sportive elle-même liée à une mutation interclubs et inter-wilayas. Pire encore, une mutation inter-CCR (conseils de coordination régionale), des entités non statutaires faisant office de ligues régionales.

Nous conjecturons que l’actualisation de la licence multi-annuelle, suspendue pour cause de suspension, n’aurait pas suscitée autant de remous et tracas. Pour tous les intervenants de premier rang (clubs, ligues de wilayas, CCR), en l’absence d’une quelconque information publique contraire à la décision parvenue à la ligue de Bejaïa au début du mois de février 2016, la suspension d’une année était arrivée à son terme à la fin du mois d’août 2016.  

Le retour de Samira Messad à la compétition avec son club d’origine n’aurait été perçu que comme une démarche administrative normale entreprise entre l’athlète, le club avec lequel elle était liée et la ligue qui semblent être deux entités ignorant les événements de l’année 2016 postérieurs à la suspension originelle.

Nous subodorons toutefois que, même dans ce scenario, l’introduction de la licence à puce, synonyme de modernisation de la base de données fédérales, aurait pu tout de même l’entravée.

Le dossier de mutation fut bloqué au niveau de la fédération.  L’effet immédiat de la décision fédérale a été que cette demande de mutation a permis de mettre à jour (au sens archéologique du terme) la décision de suspension prononcée par la commission d’appel de la CNAD.

L’entité fédérale était en possession de la décision mais n’en avait pas fait état. Bien au contraire, souvenons-nous que certains responsables fédéraux avaient réconforté Samira Messad sur sa participation aux championnats nationaux Open de 2017. Enfermée dans un tiroir à l’abri des regards indiscrets.


Cette sanction revêt une particularité incompréhensible. En effet, Elle est en contradiction avec une des règles nationales et mondiales de la lutte antidopage. Elle n’avait pas été notifiée à l’athlète. La clause de divulgation publique n’a pas été mise en application.

mercredi 22 novembre 2017

Samira Messad (92), Des conditions de recrutement

La différence entre ces deux vrais cas sociaux (les deux athlètes partagent également l’infortune d’avoir été orientées très tôt, à la fin du collège, vers la vie professionnelle (une formulation politiquement correcte, que l’on sait dans le milieu de l’éducation, signifiant aussi bien le renvoi des établissements scolaires que….la recherche d’un emploi introuvable) est que Hassiba Boulmerka a bénéficié d’un contexte (politique et économique) qui permit son intégration dans le monde du travail et du sport de haut niveau.

L’idée du recrutement de Samira Messad a été émise par Abboud Labed. Il reçut pour ce faire l’agrément préalable de Hassiba Boulmerka, la présidente du club. On ne le dira jamais assez, Labed est une âme très sensible.

Beaucoup parmi les centaines d’athlètes ayant fait partie des groupes d’entraînement coachés pendant des décennies par Labed, celles ayant obtenu quelques  résultats notables et dont les conditions sociales n’étaient pas adaptées à la pratique sportive d’un certain niveau, ont trouvé le gite et couvert dans sa famille, auprès de ses enfants. Hassiba Boulmerka en a fait partie.

On comprend mieux les fondements de l’intérêt que porta Abboud Labed à Samira Messad ainsi que, cela va sans doute de pair, la compréhension de sa présidente qui fut très attentive à sa préoccupation.

Hassiba fut d’autant plus sensible à l’intention de Labed que ce recrutement envisagé s’intégrait dans la nouvelle vision, dans celle de la chef d’entreprise. A la fin de l’année 2016 et au début de l’année 2017, le recrutement de Samira Messad était, malgré l’interruption subite et intempestive de sa carrière sportive, une bonne carte à jouer.

Abboud Labed et Hassiba Boulmerka supputaient (l’interruption étant de courte durée) que Samira Messad pouvait revenir assez rapidement (d’autant qu’elle continuait à s’entretenir) à son niveau antérieur, c’est-à-dire celui des meilleures spécialistes algériens des haies et par conséquent marquer de nombreux point dans ses deux disciplines de prédilections. Sans que ce soit leur intention, Amar et Zahra Bouras avaient montré la voie.

En se penchant sur les estimations financières inhérentes à cette opération de recrutement envisagé de Samira Messad, il apparait que le coût financier n’était pas excessif. Comparativement bien sûr à celui de Zahra Bouras dont le palmarès était plus fourni. Intégré dans le projet sportif, la rentabilité à long terme était quasiment assurée. Les deux parties étaient certaines de sortir bénéficiaires.

Du point de vue de Samira Messad, bien que les conditions de recrutement lui soient plutôt défavorables (suspension pour dopage, performances de niveau national, etc.), le MAC lui permettait de revenir sur la piste en connaissant un meilleur sort que celui qu’elle avait connu.

Le projet, dans la conception qu’en avait le duo Labed-Boulmerka, permettait à Samira Messad de rester à Bejaïa, près des siens, de ne pas être déracinée, de continuer à s’y entraîner dans un environnement favorable qu’elle connait bien et qui la connait, avec ses amis, son entraîneur.

Ce projet lui offrait aussi de participer à des stages de préparation organisés sur place par le club. Ces regroupements étaient envisagés pour lui permettre d’être proche des autres athlètes du club mais aussi pour ne pas trop s’éloigner de sa famille.

Le projet Samira Messad s’inscrit dans la perspective du projet d’entreprise du MAC porté par Hassiba Boulmerka. Depuis quelques années, depuis que la ligue de Bejaïa est devenue la plaque tournante de l’athlétisme national en organisant, avec brio, sur les installations de Souk El Tenine, les compétitions nationales jeunes, les jeunes athlètes du MAC se sont habitués à la fois au cadre majestueux, entre mer et montagne, aux mentalités et à la présence très motivante de jeunes sportifs locaux figurant parmi les meilleurs de l’élite nationale. 

Pour Samira Messad, il était prévu en outre la perception d’une indemnité mensuelle améliorée et des primes de résultats. Ce n’était pas le Pérou mais….


Nous nous demandons toutefois si une idée revancharde ne se serait pas glissée dans la démarche que comptait entreprendre le MAC. Nous savons qu’Abboud Labed avait été chagriné par la mutation du sauteur en longueur (et triple sauteur), Triki Yasser (passé par le MAC), qui trouva un bonheur provisoire (avant que les grands clubs d’Alger lui fassent les yeux doux) au sein du MB Bejaïa, et par les conditions et prestations qui lui avaient été offertes. 

dimanche 19 novembre 2017

Samira Messad (91), La volte-face du MAC

Ces deux compétitions (le cross Oudiba et le semi Larbi Ben Mehidi) ont été créées depuis l’arrivée de Zahra Bouras (2014-2015) dans le club de Bounouara. Ces deux compétitions nationales se sont ajoutées, dans le paysage sportif de cette daïra, au traditionnel semi-marathon Chihani Bachir du Khroub organisé depuis la fin des années 1980. Difficile d’y voir un effet du hasard.

Par la force des choses, le MAC  fut mis dans l’obligation de réorienter sa politique de recrutement en faisant maintenant appel à quelques athlètes plus âgé(e)s, à des athlètes certes confirmé(e)s mais paradoxalement en fin de carrière sportive.

Le MAC se tourna en premier lieu vers des vétéranes (Oulmi Fatima-Zohra, Aissani Wassila, Amina Chaâbane), puis des vétérans (Filali Tayeb), spécialistes d’abord des courses sur route et de la marche avant de porter son regard vers quelques sauteurs (Tibermacine) et lanceurs.

Ils étaient tous d’anciens internationaux au riche pédigrée. Dans ce groupe se mêlèrent des sélectionnés pour des compétitions maghrébines ou africaines et d’autres retenus pour des championnats du monde ou les jeux olympiques. Ces athlètes étaient là pour servir d’exemples à de jeunes talents athlétiques prometteurs. Ils étaient les locomotives du club.

Au cours des dernières saisons, les plus récentes de l’histoire du club, à savoir (2014-2015 et 2015-2016), celles correspond à la présence de Zahra Bouras à l’ASC Bounouara, les relations entre Hassiba Boulmerka et Amar Bouras se crispèrent plus qu’elles ne l’avaient jamais été.

Dans cette évocation historique, nous n’aurons garde d’oublier que Hassiba Boulmerka considéra Amar Bouras comme une « carte gagnante ». L’opportunisme n’est pas unilatéral. Mais, depuis quelques années, des divergences étaient apparues entre la star populaire et celle du système technocratique fédéral.

Hassiba Boulmerka est une femme de caractère qui, son statut de star aidant, sut dire à son ancien entraîneur des vérités que d’autres n’auraient pas osé lui dire. En particulier que sous sa présidence, le nombre de licenciés avait régressé. Samira Messad, elle aussi n’a pas la langue dans la poche.

Rancunier, Amar Bouras aurait alors retiré l’aide fédérale au challenge de courses de demi-fond, à prétention internationale, que Hassiba Boulmerka et Abboud Labed s’attelaient à bâtir pour redorer le blason de Constantine dont le meeting international des années 1990 avait disparu quand il commença à recevoir la  reconnaissance des instances internationale (CAA et IAAF) et le coup fatal porté par ses géniteurs.

Parallèlement, le président de la fédération vindicatif aidait le club rival.

C’est ce contexte de rivalité exacerbé qui permit au MAC de faire évoluer sa perception de la pratique de l’athlétisme, de faire enfin comme les autres clubs, de se lancer dans le recrutement tout en poursuivant les efforts fournis en matière de formation.

On ne peut comprendre le lien (dénoué par la décision reçue le 27 avril 2017) entre le MAC et Samira Messad  si l’on n’a pas à l’esprit ce que nous venons d’écrire. Mais, cette compréhension demeurera superficielle.

Pourtant, si cet aspect est révélateur, il est impossible de faire abstraction (c’est peut-être même la dimension la plus importante) des conditions de vie sociales et sportives dans lesquelles a évolué Hassiba Boulmerka dans ses jeunes années, au début des années 80. Des conditions de précarité présentant de nombreuses similitudes avec celles qui épousent les conditions dans lesquelles évoluent présentement Samira Messad.

Hassiba Boulmerka a grandi dans un des nombreux quartiers périphériques qui encerclaient la ville de Constantine, formant une couronne d’habitat insalubre. Elle a vécu sur un site d’habitat précaire surnommé, par la puissance de l’ironie, heureusement présente en ce lieu d’extrême précarité, « Dallas ». Avant que sa victoire de Tokyo ne permette l’octroi, et le déménagement de sa famille, d’un logement social à El Khroub.


Nous avons vu que Samira Messad a perdu son père alors qu’elle était minime (mais déjà internationale scolaire), que son unique frère est employé au marché de gros de Bejaïa et que sa  mère est une grande malade. On ne dira jamais assez que les résultats de Samira Messad sont, en grande partie, certes le produit de ses efforts, de ses victoires sur les blessures récurrentes mais également celui de l’accompagnement des âmes charitables peuplant la famille de l’athlétisme bougiote. Une autre ressemblance avec Hassiba. L’environnement proche lui permis de garder la tête hors de l’eau.

vendredi 17 novembre 2017

Samira Messad (90), La guéguerre des clubs

Les titres africains et les honorables places aux jeux olympiques furent les premières lignes importantes inscrites au palmarès de Hassiba Boulmerka avant qu’elle ne quitta Labed pour rejoindre Amar Bouras. Bien avant (en 1986) elle avait remporté  le titre de championne arabe de cross-country de la catégorie « juniors » et elle avait battu, quelques jours plus tard, le record d’Algérie « seniors » du 3000 mètres.

 Grâce à la mise en place d’une néo-politique ministérielle et fédérale, née de la mise au placard de la « Réforme sportive » évoluant d’un professionnalisme étatique à un professionnalisme libéralisé, Amar Bouras, soutenu par le président de la fédération de l’époque, pu mettre à sa disposition les gros moyens de la fédération algérienne d’athlétisme engagée dans l’élitisme à outrance.

Ces moyens étatiques, dépassaient de très loin, relevons-le, ceux qui lui avaient été offerts par le trio d’entraineurs constantinois de demi-fond (Labed, Grabsi et Benmissi) et un responsable local d’entreprises publiques connu comme étant monsieur Abdelatif. Il était alors le directeur d’une unité de la Sonacome, avant de devenir directeur régional d’Air Algérie. Ceux qui l’ont côtoyé le décrivent comme « un passionné de la course d’endurance ».

Ce quatuor avaient permis l’intégration de Hassiba Boulmerka à l’unité SNVI ex-Renault du « 4ème kilomètre » qui géographiquement est à la fois proche de son domicile et du stade du 17 juin. C’est alors qu’elle devint, très jeune, une athlète de performance  au CM Belcourt.

Au cours de sa courte existence (une décennie à peine), le MAC a été confronté à la dure réalité vécue par l’ensemble (hormis peut-être le Mouloudia d’Alger puis le Groupement Sportif des Pétroliers qui lui succéda ainsi que les associations des corps constitués) des clubs d’athlétisme.

Cette réalité fait que la survie des associations sportives est exclusivement dépendante des subventions accordées par les collectivités locales (communes et wilayas) en fonction, officiellement, des résultats obtenus (représentatifs en quelque  sorte de la notoriété acquise dans l’opinion administrativo-sportive) et d’autres raccourcis, moins visibles, mais plus effectifs.

Le MAC n’a guère profité des subventions souvent retardées ou supprimées pour des motifs divers et saugrenus comme celui faisant allusion (dans les coulisses des univers sportif, administratif et  politique constantinois) des capacités financières que pouvait offrir Hassiba Boulmerka, devenue chef d’entreprises florissantes, à SON club.

La réussite locale et régionale n’est pas financièrement rentable. C’est comme cela qu’est apparu au sein du MAC l’objectif de ce qui s’apparente à une révolution, à une révision de la politique interne. Une vision consistant à marquer des points, à remporter des titres et des médailles, synonymes d’amélioration de la position dans la classification nationale des clubs, prendre place dans la hiérarchie locale et nationale. La formation et le développement laissent un peu de place à la quête des résultats.

Pour le MAC, confronté à une situation qui l’oblige à rompre avec son crédo originel, il s’agit essentiellement, maintenant, de se positionner aux côtés ou, mieux encore, devant l’ASC Bounouara.

L’ASC Bounouara est un club de la périphérie constantinoise, élisant domicile dans une commune située  géographiquement dans le triangle ayant trois sommets : El Khroub - Ouled Rahmoune et Ain Abid, la ville martyrisée en  20 août 1955 de triste mémoire.

Il a possédé la réputation, fortement accolée à sa dénomination et à ses couleurs, d’avoir été le club chouchouté par le président de la fédération, Amar Bouras. Le club où a été licenciée sa fille Zahra, à son retour à la compétition, après qu’elle eut purgée la sanction de deux années de suspension pour dopage dont elle avait écopée. Un club dont (on le constate en 2017) le niveau de classification nationale a fortement décliné avec le départ de Zahra Bouras et de Skander Djamil Athmani ainsi que le retrait de Souhir Bouali.


Pour cette raison (l’accueil de Zahra Bouras), et bien d’autres, il se dit, avec fortes insistances, que cette association et la ligue d’athlétisme de Constantine (qui aurait servi d’intermédiaire dans une affaire constantino-constantinoise) auraient bénéficié de privilèges : matériels pédagogiques pour le club, deux compétitions nationales, inscrites aux challenges nationaux, dotées d’une aide financière fédérale intéressante lorsque les capacités financières de la fédération le permirent : un cross au Khroub ainsi qu’une course sur route à Ouled Rahmoune. 

jeudi 16 novembre 2017

Samira Messad (89), L’entrée en lice du MAC

Nous pouvons supposer que, sans cette proximité géographique, la seconde sanction (suspension de 4 ans) n’aurait pas été connue de la nouvelle FAA, que la décision n’aurait été, pour la ligue d’athlétisme, qu’un document administratif à classer dans les archives. Il n’en est rien.

En réalité, la situation qui vient de naitre, le « cas Samira Messad », tel que dénommé dans le procès-verbal de la réunion du bureau fédéral, est encore plus complexe qu’il n’y parait. Comme s’il ne l’était pas déjà suffisamment avec toutes les péripéties que le résultat d’analyses anormal ne laissait pas voir. Le fax de la DTN est certes le fait déclencheur. Mais, il n’est que l’aboutissement d’une démarche administrative engagée quelques semaines plus tôt.

Car, avant que la décision d’aggravation de la sanction ne soit dévoilée inopinément, tout démarre avec le désir de Samira Messad de reprendre une licence sportive, de retrouver la piste et les compétitions comme le lui permet la décision qu’elle a entre les mains. Une décision qui la suspend pour une année. Une décision acceptée à contre cœur.

Aux championnats d’Algérie d’athlétisme Open 2016, marquant quasiment la fin de la suspension de 12 mois, Samira Messad avait été approchée par Abboud Labed pour qu’elle signât une licence au club dont il est la cheville ouvrière : le MA de Constantine. La sanction d’une année de suspension expirerait à la fin du mois d’août 2016.

Le MAC n’est pas un grand club. Mais, c’est une association sportive particulièrement remarquable. Le club a été créé, est présidé et financé par la championne du 1 500 mètres des jeux olympiques de Barcelone (1992), Hassiba Boulmerka.

Le club déroge aux règles de fonctionnement habituelles. Dès sa création, il s’intéressa aux courses de demi-fond et aux jeunes. Il rejoignit ainsi la philosophie préexistante à la création des associations sportives ou sections d’athlétisme.

Cette vision fait partie également (comment pourrait-il en être autrement au vu des vécus de Boulmerka et Labed ?), il faut le dire, du conditionnement mental, du « formatage », du mode de pensée de Labed qui, pendant toute sa carrière d’enseignant d’EPS et d’entraîneur d’athlétisme, fut au contact des adolescents et surtout….. des adolescentes qui écrivirent les lignes les plus prestigieuses de son palmarès d’éducateur sportif. Abboud Labed est considérée comme LE spécialiste algérien de l’athlétisme féminin, excellant dans toutes les épreuves du programme. Quant à la préséance du demi-fond, le club la doit à Hassiba Boulmerka. Parcours sportif oblige.

Hassiba Boulmerka a connu Labed à ses premiers pas. En fait, dès le collège où elle fut son élève puis au club.  La connaissance partagée de l’idéologie sportive et la force de persuasion de Labed, conduisit la nouvelle association sportive à privilégier la création d’écoles d’athlétisme disséminées dans les établissements scolaires (de la ville et en dehors de l’agglomération de Constantine) où les enseignants d’EPS étaient motivés pour devenir des partenaires du club dont Hassiba est le leader. Dans leurs visions, chaque établissement scolaire est considéré comme un pôle de développement, apte à devenir ultérieurement une annexe du club ou même un club à part entière pour les écoles situées dans des localités éloignées.

La politique suivie commence à porter ses fruits. Avec de jeunes athlètes figurant parmi l’élite nationale. Ainsi qu’avec de premiers pas réussis au niveau international. Hamdani Benahmed, finaliste des championnats du monde cadets 2017 et médaillé d’argent des championnats arabes 2017 sur 2000 mètres steeple (5.56 sur la distance), est le joyau actuel du club.

Pour la petite histoire récente de l’athlétisme constantinois, le sauteur en longueur et triple sauteur Triki Yasser Mohamed Tahar y aurait pris sa première licence avant de connaitre d’autres clubs. Labed (et les clubs où il exerce) parait avoir été la victime rituelle du pillage des athlètes. Labed s’est habitué à cela. Bien qu’il trépigne de rage chaque fois que cela arrive.


Hassiba Boulmerka fut sans doute l’athlète la plus emblématique et représentative de la pratique du piratage d’athlètes. Avec Abboud Labed, Hassiba Boulmerka avait atteint un niveau international plus que respectable. Sous sa direction, elle fut double championne d’Afrique (800 mètres et 1 500 mètres) à Annaba (1988) et deux fois demi-finalistes sur les mêmes distances aux jeux olympiques de Séoul (1988).