jeudi 30 juin 2016

De Zahra à Mahour Bacha (2), "Faa Ahmed " parle de Dadi

L
e "post" que nous avons reçu sur notre « mur » dévoile de prétendus agissements d’Ahmed Mahour Bacha. Beaucoup d’« amis de Faa Ahmed » et certainement  les nôtres (à moins bien sûr qu’il est ait été directement publié à notre intention ce qui serait la manifestation d’un machiavélisme hors du commun)  ont eu certainement la possibilité d’en prendre connaissance. Mais, en ces temps troubles qui ont vu dernièrement l’interpellation à Sabadell, dans la banlieue de Barcelone (où est établi sa base d’entraînement estivale) d’Aden Jama (ou Adem Djamaa), d’un physiothérapeute marocain et d’un athlète qatari d’origine somalienne (soudanaise ?) appartenant - depuis l’été dernier et les championnats du monde d’athlétisme disputés à Pékin - à l’élite mondiale du 800 mètres (Musaeb Abdallah, 1.43.83), ce "post" prend une dimension inattendue.

Pour une meilleure compréhension, nous dirons que ce "post" cadre étrangement avec la description, que l’on entend souvent,  celle que l’on met en avant, avec l’attitude exaspérante, faite, dit-on également, de bravades qui serait la marque de Mahour Bacha. Sachons toutefois, raison gardée. Si Mahour Bacha est nommément désigné dans une forme énonciative qui, selon les explications fournies par ceux qui ne l’apprécient guère, lui permet de parler de lui-même à la troisième personne du singulier, l’éventualité d’une "intox" n’est pas à écarter. Ce qui est sans doute aussi le but recherché. Faire naitre le doute !

La première "information" qui nous est communiquée est que « c’est Mahour Bacha qui a envoyé Makhloufi Toufik chez Djamaa ». En elle-même cette information n’a rien de bien croustillant. Il est connu que Makhloufi, au début de l’année 2012 (l’année des contrôles positifs de Megdoud, Bouras et Bourraâda) a rejoint le groupe d’athlètes entraînés par cet entraineur pour le moins controversé. Au même titre d’ailleurs (pour ce qui concerne les courses de demi-fond et de fond) que son confrère américain, Alberto Salazar. Le coach de Mo Farah qui, comme les athlètes de Jama, défie la chronique et les chronos, décroche titres et médailles. Les deux entraineurs (Jama et Salazar), comme ceux de Russie, sont visés par l’IAAF et l’AMA.

Makhloufi, à l’instar des athlètes de la corne de l’Afrique (Kenya, Ethiopie, Somalie, Djibouti), est l’objet d’une suspicion (elle s’est manifestée dès la finale du 1 500 mètres de Londres via les commentaires des consultants des télévisions françaises surpris par une victoire inattendue de l’athlète algérien) qui s’est ouvertement dévoilée après sa victoire au 1 500 mètres des jeux olympiques de Londres (2012).  Une volée de commentaires dépréciatifs ayant pour litière une gestion calamiteuse de sa quinzaine olympique émaillée d’un abandon incompréhensible (vraisemblablement suscité par des stratèges-membres de la délégation algérienne) sur 800 mètres, de certificats médicaux et d’examens complémentaires. Vainqueur surprenant, Toufik Makhloufi disparait des circuits pour des raisons de santé (difficilement acceptées par les observateurs) pendant près d’une saison sportive.

Un faisceau de suspicions pesant sur ces trois personnes fait que ce qui n’est que soupçons deviennent - immanquablement, par accumulation, par concentration anormale - presque une vérité. Une vérité qui s’appuie sur l’histoire récente qui a noté que chacun des deux entraîneurs enregistre à son palmarès deux athlètes dopés. Larbi Bourraâda et Zahra Bouras au passif d’Ahmed Mahour Bacha. Laila Traby et Hamza Driouch au compte d’Aden Jama.

La deuxième "information" indique que ce serait Mahour Bacha qui aurait suggéré à l’entraîneur Amar Benida « de partir en stage (avec ses athlètes et Bettiche) en Ethiopie chez Djamaa ». Pour corser la sauce, "notre" internaute, qui apparemment connait très bien les relations et les rencontres de Mahour Bacha (remarquez l’utilisation du diminutif), affirme que « tout cela a été réglé à Pékin », lors des championnats du monde de l’été 2015.Vrai ou faux, peu importe. Ce "post" dit que « Dadi et Djamaa ne se sont pas quittés durant les championnats du monde ». A bien comprendre (ce qui n’est pas évident) Dadi aurait servi d’intermédiaire entre deux groupes d’entrainement. Il aurait été une sorte d’ambassadeur de l’athlétisme algérien mettant en place un partenariat d’affaires avec une référence internationale. Cette seconde "information" rejoint la première qui nous dit que si Makhloufi a rejoint Jama c’est grâce à Dadi.


mercredi 29 juin 2016

De Zahra à Mahour Bacha, Histoires de hackers

D
ans  cette affaire Bouras que nous avons tenté de débroussailler, quatre ans après les faits, dans un remake de  cette série  télévisée américaine « Cold Case » ressuscitant les affaires non classées,  intervient, incidemment, sur suggestion d’Amar Bouras, une intrusion sur les réseaux sociaux , qui aurait informé (très rapidement) le public sur l’affaire Megdoud, un sauteur en longueur contrôlé positif  et aurait annoncé la survenue prochaine de deux autres contrôles positifs. C’est sur ce fait demeuré invérifié que s’appuyait la défense de Zahra Bouras pour invoquer la « théorie du complot » difficile à croire.

Pourtant, ces derniers mois, cette thèse a pris une certaine consistance lorsque deux ténors de l’athlétisme algérien, deux débatteurs invétérés rarement d’accord, deux piliers de la polémique animant à qui mieux mieux la « famille de l’athlétisme » par leurs propos souvent outranciers mais non dénués de sens dans la léthargie qui a envahi la discipline, se sont plaints d’avoir vu leurs comptes Facebook piratés.

Le premier (Kamel Benmissi) a été mis dans l’obligation de clôturer son compte assailli par des liens envahissants et perturbateurs. Le second (Ahmed Mahour Bacha) s’est plaint de l’ouverture (par une tierce personne non identifiée) d’un compte parallèle à celui qu’il reconnait comme sien.  Il a été noté que le compte Facebook de Kamel Benmissi n’est pas excitant et qu’il était simplement un indice de la tentative de l’ancien entraîneur national et ancien président de la fédération algérienne d’athlétisme de s’accrocher à la locomotive de la modernité numérique. 

Par contre, certains membres de l’univers de l’athlétisme considèrent (sans doute sur la foi des propos tenus au Sato) que Mahour Bacha serait un adepte de la création de comptes qu’il animerait dans le but de moderniser et numériser les rumeurs. Des rumeurs qui le dénigreraient, avec un caractère si ostentatoire, quelquefois si ridicule, qu’elles désamorceraient la révélation de la réalité auprès de ses amis et de ceux en droit de lui demander des comptes sur ses actes. Ces comptes Facebook relèveraient d’une stratégie de dissimulation.

C’est ainsi qu’il est affirmé qu’il serait le concepteur du compte, ouvert au nom d’« Ahmed FAA », qui établit, sur un plan formel, un lien très fort entre le prénom de l’entraîneur controversé et la fédération algérienne d’athlétisme. Un compte qui, pour faire plus vrai, est orné de de la photo de celui qui, membre indéracinable de cette institution sportive, pose dans cette attitude à la fois arrogante et exaspérante qu’il affectionne tant, depuis de si nombreuses années qu’elle fait partie de son personnage.

Facebook a été conçu de manière à mettre en relation des abonnés qui n’ont aucun rapport entre eux si ce n’est qu’ils auraient quelque part un ami commun. Facebook  permet ainsi de concrétiser, à travers un réseau social s’étendant indéfiniment, sur tous les continents,  sans effort intentionnel, avec plus de facilités que dans un café du commerce ou la main courante d’un stade, l’adage voulant que « les amis de mes amis sont mes amis ».

C’est donc Facebook qui a facilité l’intrusion d’« Ahmed FAA » dans notre espace de communication et dans celui d’autres personnes constituant le réseau social. Disons-le, cette invasion n’est pas contrariante. Bien au contraire car son  entrée en matière est flatteuse. Le détenteur du compte nous complimente en effet « pour l’excellent article sous l’olivier n°263 : La méthode Aden Jama, Pas aussi révolutionnaire qu’elle le parait ». Elle est également intéressante parce que « Ahmed FAA » a tenu à ajouter trois informations que nous avons mises sous le boisseau. Si nous en parlons aujourd’hui  c’est que en ces temps tumultueux et si elles sont vérifiées, elles  participeraient à expliquer certains faits nouveaux et des accointances susceptibles de relancer ou prolonger investigations sur les affaires de dopage dans lesquelles sont impliquées Réda Arezki Megdoud, Zahra Bouras et Larbi Bourraâda.


Par un de ces curieux hasards de l’histoire qui sans cesse se renouvelle, c’est l’intervention d’un pirate  de l’espace virtuel qu’est Internet qui a fait naitre et a alimenté  la « théorie du complot » ayant servi de paravent aux défenseurs de la fille de l’actuel président de la fédération algérienne d’athlétisme.  Une information non vérifiée sur une affaire de dopage complétement ignorée antérieurement, qui ressurgit opportunément  quelques mois après qu’il ait été contrôlé positif et surtout après qu’il ait été sanctionné.






mardi 28 juin 2016

Dans le rétro (18), La conséquence de la médiocrité

L
e docteur Zerguini, après avoir mis en cause le staff médical des clubs et de la fédération, s’en prend, sans mettre de gants, au staff technique de l’athlète Zahra Bouras dont il commente, rappelons-le, une déclaration à la presse . Sans toutefois citer nommément les deux entraîneurs qui ont eu charge sa préparation.

 De nombreux indices permettent cependant d’affirmer qu’il est fait allusion à Amar Bouras et Ahmed Mahour Bacha, lorsqu’il met en cause l’entourage des athlètes, ces personnes qui « ne sont pourtant pas des novices » et qui  « ont accompagné certains de nos talents jusqu’au plus haut niveau mondial ».  Les deux entraîneurs ont encadré des athlètes médaillés des championnats du monde d’athlétisme de Tokyo (1991). Il leur reproche à demi-mots de ne pas avoir fait expertiser ces produits par des « laboratoires spécialisés nationaux performants qui existent, afin d’éviter toute mauvaise surprise ».

Indirectement, il apporte une réplique contradictoire à Mahour Bacha qui proposait  lui, pour innocenter les deux athlètes (Zahra Bouras et Larbi Bouraâda) "d'ouvrir une enquête, en envoyant tous les produits utilisés par l'ensemble de nos athlètes aux laboratoires de Paris et Cologne afin d'en contrôler l'exacte composition". Il rétorque que cette expertise doit avoir lieu avant la consommation des produits. Le commentaire qui suit est imparable. Faisant appel  au principe de précaution, le docteur Zerguini observe que : « une fois que le mal est fait, que de superbes jeunes athlètes ont été sacrifiés, toutes les tentatives lamentables d’excuser l’inexcusable ne servent plus à rien. Il est de même tout à fait inutile, dérisoire et saugrenu, comme il a pu être proposé çà et là ».

Les arguments de la défense de l’athlète et de son entourage ayant été démontés, le docteur Zerguini, pour conclure cet aspect, remet sur ses pieds le processus de contrôle anti-dopage (que le duo Amar Bouras- Mahour Bacha voulait renverser dans une dialectique d’inspiration marxienne)  en constatant que « le dopage est, par définition, prouvé par l’analyse de l’échantillon biologique d’un athlète ». Le dopage se traduit par la présence de produits interdits dans l’organisme de l’athlète. L’analyse ne porte pas contrairement à leurs invocations (dont nous dirons qu’elles sont à vocation médiatique, destinées en fin de compte au grand public) contrairement à leur souhait de manipuler la démarche scientifique et les procédures « l’analyse d’un produit qui serait identique aux produits que cet athlète consommerait d’habitude ».

Le médecin du football démontre le ridicule de l’affirmation qui voudrait inverser le processus d’analyse. Il relève la lourdeur d’un processus que nos deux entraîneurs  voudraient imposer qui serait alors indéniablement à l’avantage des fraudeurs. Un processus qui ferait que tous les laboratoires accrédités par l’Agence Mondiale Antidopage seraient dans l’obligation d’analyser tous les produits consommés par tous les athlètes du monde soupçonnés de dopage, d’assurer la garde précieuse (sous scellé et sous contrôle d’huissiers) « des petits restes de compléments nutritionnels, et pourquoi pas de repas, de boissons ou de friandises, consommés par tous les athlètes de la planète ». On voit que l’approche proposée par Mahour Bacha contrevient aux principes de la procédure appliquée.

Nous observerons, dans un souci d’équité, que la démarche préconisée (analyse de produits postérieurement à un contrôle positif) a été mise en œuvre dans certains cas récents (2015) de dopage avéré lorsque l’athlète soupçonné de dopage était sous un traitement prescrit par un médecin, c'est-à-dire un genre d’AUT (autorisation à usage thérapeutique). La presse spécialisée décrit quelques situations de ce genre enregistrées en France et sanctionnées par l’AFLD (agence française de lutte contre le dopage) où l’athlète a prolongé, de son propre chef, la durée de traitement.


S’étant demandé si les contrôles positifs  sont  « acte de malveillance, négligence coupable ou amateurisme déliquescent ? », le docteur Zerguini  termine son commentaire par une autre question : «  Et si ce n’était finalement que la conséquence au sein de notre sport d’une banalisation rampante de la médiocrité ambiante ?… »

lundi 27 juin 2016

Dans le rétro (16), Suspicion et gestion désastreuse

N
ous avons vu que le docteur Yacine Zerguini, médecin de la fédération algérienne de football, exprimait son incompréhension, sa sidération en lisant les déclarations de Zahra Bouras qui nous ont conduit à cette longue série de chroniques. Tant de choses ne semblent pas correspondre à ses attentes, à son mode de penser.
Dans son commentaire, il évoque sa surprise en constatant la différence de comportement entre des joueurs de football qu’il suit depuis de longues années  - et au sujet desquels il précise qu’ils sont « souvent raillés en raison de leur niveau intellectuel plutôt moyen » réagissant par un bombardement de question « à la vue d’un simple comprimé d’aspirine » - et une jeune fille « bien de chez nous, coquette et talentueuse, diplômée de deux instituts, championne d’Afrique du 800m, en route pour une finale olympique » se faisant injecter « des produits qui, de son propre aveu ont pourri sa santé et lui ont fait pousser des boutons et des poils (signes du désordre hormonal), sans s’inquiéter outre mesure ? ».

S’en suit un questionnement au sujet de ses confrères du club de l’athlète et de la fédération, sur les rapports qu’ils ont avec les athlètes, avec le phénomène du dopage. Une série de question s’achevant par une autre portant sur un éventuel « exercice illégal de la médecine » tiré de la quadruple fonction (entraîneur, médecin, diététicien et  masseur) de Mahour Bacha dont le nom n’est pas cité mais identifiable quand on a lu au préalable la déclaration de Zahra Bouras.
Le docteur Zerguini, sans doute parce qu’il est médecin fédéral, confronté à cette problématique se souvient que « D’autres affaires du même acabit ne sont pas encore tout à fait effacées des mémoires » (affaire Saïdi Sief ?) et s’étonne que de nouveaux cas soient constatées « de manière exponentielle ».

Dans ce qui se veut une « analyse sereine et responsable » de ce qui pour lui « est un véritable drame », le docteur Zerguini écarte rapidement «  l’option d’une intention isolée de dopage au sein d’un même groupe ». Il observe également que pour certains « sans qu’aucune vraie accusation ni qu’aucune vraie preuve ne soit par ailleurs avancées, l'intention dopante ne ferait aucun doute ». Notant le caractère « gravissime » d’une telle possibilité il ne veut même pas envisager « les conséquences désastreuses sur l’athlétisme algérien dans son ensemble ». Pour lui, une telle idée « ne peut se concevoir ».

Il se penche alors sur l’éventualité d'une série d’erreurs de plusieurs laboratoires, d'une mauvaise interprétation des paramètres de la part de plusieurs scientifiques expérimentés  dont ces athlètes auraient été victimes. Il la rejette rapidement par un «  C’est quasiment impossible » catégorique.

Pour justifier sa certitude, il explique que les laboratoires accrédités par l’Agence Mondiale Antidopage et leurs équipes techniques, sont « par essence très performants ; et du reste soumis eux-mêmes à des contrôles réguliers au bout desquels, en cas d’une défaillance technique même minime, ils risquent de lourdes sanctions allant jusqu’au retrait temporaire ou définitif de leur agrément ».

Une autre alternative serait l’acte de malveillance qui selon lui serait un « remake douteux d’un " à l’insu de mon plein gré" version athlétisme algérien ». Bien que ne pouvant d’autorité écarter cette option, elle lui semble vraiment improbable. Le dépôt de plainte pour empoisonnement hypothétique, la sempiternelle « main étrangère » qui aurait «rajouté le Stanozolol dans l’injection », évoquée lors de l’interview de Zahra Bouras ne sont pas convaincants. En ce mois d’août 2012, le docteur Zerguini entrevoit « du déballage de linge sale en perspective ». Reconnaissons que sur ce point, il n’avait pas tort. Aucune certitude et beaucoup de spéculations.


Le docteur Zerguini reste sur forte impression de suspicion et surtout « d’une gestion désastreuse de la préparation de ces athlètes en matière médicale en général, et du point de vue des programmes nutritionnels, en particulier ». Bizarrement, il constate qu’en dépit que le journaliste lui ait proposé un cadre favorable, Zahra Bouras n’a fourni  aucune information précise sur sa prise en charge médicale en Algérie ou à l’étranger. Ce qui l’invitait à interpeller les responsables médicaux de son club et/ou de la FAA, dans le respect de l’éthique et du devoir de réserve, à s’exprimer.

dimanche 26 juin 2016

Dans le rétro (17), L’inversion des principes

D
ans  son commentaire, le docteur Yacine Zerguini aborde aussi le cas de ces compléments nutritionnels  qui débouchent invariablement sur des affaires de dopage dans lesquels sont incriminés des produits qui reviennent souvent dans les contrôles positifs, à savoir nandrolone et stanozolol.

Il observe également que ce qu’il surnomme les  " « douceurs » stéroïdiennes anabolisantes" sont parfois vendues sur Internet sans que ne soit mentionnée sur l’emballage leur teneur en stéroïdes. Il remarque à juste titre que cette absence d’information pourrait être intentionnelle, dans le but accroître l’efficacité du produit.  Comme c’est souvent le cas, la défense des utilisateurs de ces produits efficaces fait valoir – lorsque les athlètes n’ont pu passer à travers les mailles du filet – et  qu’il n’existe aucune justification médicale (cette autorisation d’utilisation à usage thérapeutique qui est quelque fois invoquée) à leurs actes de tricherie - ce que, dans l’industrie mécanique, on qualifierait de défaut de fabrication.

 Dans ce cas, celui de la production de compléments nutritionnels utilisée comme artifice, il est fait appel à l’argument, difficile à conforter, du  pseudo mauvais nettoyage du matériel employé lors du processus de préparation. De cet entretien défectueux  résulterait ce qui devient des produits « contaminés ».  Nous observerons simplement que par un glissement indécelable, nous passons de la contamination du produit consommé consécutivement à un acte de malveillance à une contamination dans la chaîne de fabrication. L’acte de sabotage expliquant la théorie du complot devient un incident industriel.

Toujours à propos de cette complémentation nutritionnelle, dans son argumentation, le docteur Zerguini remarque que « ces produits n’ont jamais fait l’unanimité des experts et aucune publication scientifique indépendante n’a jamais clairement établi la preuve de leur efficacité à l’état pur ».  A l’appui de son affirmation, une citation d’un nutritionniste sportif reconnu et respecté, le Professeur Ronald Maughan, qui, opposant interdiction et efficacité,  affirme : « Si l’un de ces produits est efficace, c’est qu’il est interdit ; S’il n’est pas interdit, alors il est certainement inefficace… ! ».

Pour les sportifs, ces produits ne sont donc d’aucun apport palpable, ne sont pas bénéfiques à la pratique sportive. Du moins à la réalisation de performances de haut niveau. Il constate, en se penchant sur cet aspect, que s’il y a bénéfice, celui-ci profite essentiellement à ceux qui en conseillent la consommation et/ou à ceux qui les vendent. Le docteur Zerguini nous  conduit dans l’univers des trafiquants et des dealers.

S’interrogeant sur la traçabilité et la nature réelle de ces produits, de ces « amino-plasmas », contaminés ou non, qui selon son expression, « ne poussent pas sur les arbres », il renvoie à la chaîne, à la succession d’activités, qui les met à la disposition des sportifs via une longue suite d’opérations dans laquelle interviennent une commande, une facturation, un paiement, une livraison, un stockage avant que l’on en arrive à l’étape finale de l’injection ou de l’ingurgitation.  Une chaîne qui permet d’élucider deux questions : qui est qui ? Qui a fait quoi ? Un procès qui permet de tracer le cheminement.

L’utilisation de ces produits est, à suivre le déroulement de la pensée, une tromperie. Une vaste arnaque dont la principale victime est l’athlète.  Le docteur Zerguini remarque que si l’athlète est trompé, quelquefois, il l’est avec son entourage. Et que d’autres fois, il l’est  par son entourage lui proposant  des  préparations présentées « comme non dopantes mais qui en réalité peuvent l’être ».

 Le docteur Zerguini ne fait pas de cadeau au petit monde du sport d’élite  qui « sait parfaitement tout cela » et qui aurait dû, depuis longtemps, renoncer à prendre ces produits dont il dit qu’ils sont «  souvent inefficaces, toujours trop chers et parfois dangereux, dont on ne sait finalement pas grand-chose ».


Il constate également que ces produits,  parce qu’ils sont  dotés du statut de compléments nutritionnels,  échappent aux habituels contrôles de l'industrie pharmaceutique. Cette réflexion l’amène à s’interroger sur le rôle que devraient jouer ce type d’institution « ainsi que nos experts et chercheurs des universités et des sociétés savantes ».

samedi 25 juin 2016

Dans le rétro (15), Malveillance, négligence ou amateurisme ?

C
e long regard dans le rétroviseur nous a obligé à nous replonger dans un passé que l’on aurait bien voulu oublier, à retrouver des déclarations et des commentaires sur lesquels beaucoup d’entre nous sont passés rapidement (lorsqu’ils en avaient connaissance) quand  les faits étaient d’une actualité brulante.
Le 19 août 2012, soit une semaine après l’interview accordée par Zahra Bouras à un titre de la presse nationale francophone, parait un commentaire, dont le titre est édifiant (« Acte de malveillance, négligence coupable ou amateurisme déliquescent ? », du docteur Yacine Zerguini, un médecin impliqué dans le mouvement sportif (football), à  la fois proche et éloigné des querelles de minarets qui secouent régulièrement l’athlétisme.

L’entretien accordé par Zahra Bouras est qualifié, dès l’introduction du commentaire, comme « un bel acte de communication ».  Le docteur Zerguini observe, dès l’entame, que « L’entretien n’est paru ni en page sportive ni en rubrique médicale ». Il apprécie  ce traitement « car ce fléau qu’est le dopage ne mérite ni l’une ni l’autre ». Tout en saluant le cadre général dans lequel s’est déroulée l’interview «  conçue et traitée en aparté. Ambiance soft, sérénité totale, comme sur un nuage. Un brin surréaliste... ». Il considère cependant que s’il « faut certes la protéger », l’on devrait s’interdire de « s’abriter derrière l’athlète » et que celui-ci ne devrait pas « se réfugier derrière quiconque ou seulement s’ériger en victime ».  Sans prendre parti, il note qu’elle est quelque part victime, tout en ayant « des responsabilités qu’elle aurait tort de négliger ».

Après cette introduction liminaire qui pose le cadre de son commentaire, le docteur Zerguini définit le stanozolol comme un  stéroïde anabolisant synthétique dérivé de la testostérone. Donc, un produit de fabrication humaine à double usage. Chez l'homme, il est utilisé pour le traitement de diverses affections, y compris héréditaires. Chez l'animal, il est destiné à stimuler le développement musculaire, la production de globules rouges et la densité des os. Un effet qui intéresse les sportifs.

Le docteur Zerguini rappelle que le stanozolol est bien sûr interdit, lors des compétitions sportives, depuis bien longtemps et qu’il fut utilisé par l'athlète canadien Ben Johnson lors des Jeux olympiques de Séoul de 1988. Pour compléter le décor, il indique que 3 athlètes algériens - Réda Arezki Megdoud (saut en longueur), Larbi Bourraâda (décathlon) et Zahra Bouras (800 m) - ont été, en quelques semaines, contrôlés positifs à ce même produit. Son commentaire est cinglant : « Un tir groupé qui fait désordre ».

Rapportant des passages que nous avions également remarqués, il apporte des réflexions qui méritent que l’on s’y attarde. Notons qu’il reste sans voix en lisant  ce passage édifiant :  “Quand une fille de mon âge a un dérèglement de cycle de cinq mois, un dérèglement hormonal, une forte pilosité, de l’acné, ajoutez à cela des problèmes de foie, de rein et qu’elle apprend que le produit qui lui a été injecté par voie intraveineuse pouvait provoquer un dessèchement des veines et causer sa mort, je trouve tout à fait normal que je dépose une plainte.” Il est aussi sidéré en apprenant « qu’une de nos sportives les plus prometteuses, propre fille d’un entraîneur d’athlétisme de niveau mondial, ne bénéficiait probablement pas des conseils et de la protection déontologique d’un staff médical de haut niveau ».

Le meilleur reste à venir. Comme nous l’avons fait quasiment 4 années après les faits (sans avoir connaissance de ce commentaire), le docteur Zerguini, médecin de la fédération de football, signifie son incompréhension et son hallucination en prenant connaissances de certaines informations : « Si l’on rajoute que son ex-entraîneur faisait aussi fonction de “Médecin, diététicien et masseur” et “injectait” (lui-même ?) des “produits” aux effets secondaires dangereux ; Là, carrément, j’hallucine !... J’ai beaucoup de peine à comprendre ».

Malgré cela, le docteur Zerguini voudrait bien comprendre. Mais, n’y arrive pas. Tout fait désordre. Toute cette affaire est illogique, irrationnelle. Il cherche des explications et ne trouve que des questions qui rendent encore plus compliqué sa compréhension de l’univers de l’athlétisme. Le docteur est intellectuellement perturbé car il n’est pas dans la même démarche.

vendredi 24 juin 2016

Dans le rétro (14), Une fin en queue de poisson

D
ans l’affaire de dopage dans laquelle ont été impliqués  Zahra Bouras et Larbi Bourraâda, celui-ci n’a que peu d’importance. Un peu plus que Réda Arezki Megdoud dont on ne fait quasiment jamais cas. Larbi Bourraâda n’existe lui qu’en association avec Zahra Bouras avec laquelle il est lié parce qu’il a été en premier lieu entraîné par Ahmed Mahour Bacha. Il apparait également  en raison de leurs suspensions quasi-simultanées pour avoir été contrôlés positifs à quelques jours d’intervalle tous les deux lors de compétitions se déroulant à l’étranger. On pourrait ajouter que lors de ces meetings tous les deux ont réalisés leurs meilleures personnelles (agrémenté d’un record d’Afrique du décathlon pour Bourraâda) qui furent bien évidemment annulées. Autre élément commun, ils ont été cités dans le même communiqué de la fédération algérienne d’athlétisme. Le communiqué annonçant leurs suspensions conservatoires. Des sanctions suivies par un dépôt de plainte contre X qui nous semble être la fin du parcours commun.

Après, plus personne n’entend parler de lui sauf pour des histoires de stages de préparation qu’il aurait suivi (quelquefois clandestinement) qui ont permis à certains d’en profiter pour dénoncer les dérives fédérales.
L’affaire Bouras, ainsi que l’affirmait notre confrère, pouvait commencer. Et….. se boucler à peine après avoir débuté. Amar Bouras s’est démené pour défendre sa fille. Pour cela, il a contacté, pourrait-on dire, presque  tous les organes de presse. A l’agence nationale de presse, il déclara que  «en attendant l’enquête qui sera diligentée par le ministère de la Jeunesse et des sports, la Fédération algérienne d’athlétisme (FAA) et le Comité olympique algérien (COA), Zahra Bouras a porté plainte contre X pour empoisonnement».

Trois enquêtes, à en croire Amar Bouras, devraient être ouvertes. Sans compter celle qui découle du dépôt de plainte. Extraordinairement, à notre connaissance, aucune des enquêtes n’a aboutie. D’ailleurs les enquêtes sportives le pouvaient-elles  dans ce microcosme que Zahra Bouras décrivit.

Interrogée par un journaliste sur les marques de soutien apporté par les « instances de la fédération d’athlétisme », elle relata ce qui s’était passé dans les jours qui suivirent son retour du Bénin et les réactions des uns et des autres et déclara « je pense que les responsables de la Fédération ne savaient pas comment réagir. Ils ne sont pas préparés à gérer ce genre de problème. D'ailleurs, je n'ai rencontré M. Belhadjoudja (Ndr : Le président de la FAA en poste au moment des faits) que 48 heures après mon retour du Bénin ». L’incompétence, l’incapacité de la FAA sont ainsi relevés par une athlète prise à défaut de tricherie.  Elle précisa aussi (ce qui est aussi significatif)  qu’en revanche elle avait  « été reçue, à sa demande, par le secrétaire général du ministère de la Jeunesse et des Sports, qui m'a manifesté son soutien ».

Amar Bouras était plus précautionneux. A l’agence nationale de presse (APS), après avoir évoquée les enquêtes qui seront diligentées par les instances sportives (MJS, FAA, COA), il observe qu’ « Il faut attendre les résultats de la contre-expertise pour se fixer sur la suite à donner à cette affaire». Les contre-expertises ayant dû confirmées les résultats de l’échantillon A, on suppose que le dossier a été clos.

Cela n’empêcha pas que le médecin de la fédération fut incriminé dans cette affaire. Il fut accusé un temps d’avoir délivré aux athlètes  des comprimés qui les auraient rendus positifs. Un changement de défense assez énigmatique puisque dès le début les Bouras avaient mis en cause une contamination des injections pratiquées par Mahour Bacha. Et là, on change de mode opératoire.  On passe d’injections à ingestion de comprimés avec une certitude (en arrière-plan) que les injections ne furent pas contaminées. Ces comprimés multicolores que d’anciens athlètes transportaient dans leurs sacs de sport.

Quant à la « théorie du complot », jusqu’à plus ample informé, elle ne semble pas avoir été retenue par les autorités enquêtrices. Du côté de la FAA, depuis début 2013, le silence règne sur cette affaire. Amar Bouras, élu à la tête de la fédération, semble avoir oublié les préoccupations qu’il mettait en avant lorsqu’il était en retrait.
 Des échos qui nous sont parvenus laissent entendre qu’il s’est désengagé de l’affaire et qu’il s’est désolidarisé de sa fille arguant que si problème il y a, c’est entre elle et Mahour Bacha. Les amitiés sont plus fortes que la famille. Surtout, si l’on croit les médisances, que Cuba est au cœur de l’imbroglio

jeudi 23 juin 2016

Dans le rétro (13), Les soubassements du complot

L
’internaute anonyme  claironnant,  à qui lisait cette page Facebook, la mésaventure de Megdoud aurait ajouté, selon notre confrère, reprenant certainement les propos tenus par Amar Bouras, «Attendez-vous à un autre scandale, il y aura encore deux autres athlètes algériens qui vont bientôt faire la une en matière de dopage». Cette annonce prémonitoire d’un Nostradamus des temps modernes et de l’athlétisme algérien conduit le journaliste a affirmé que « L'affaire Zahra Bouras - Larbi Bouraada avait donc été annoncée quatre semaines avant qu'elle ne se produise ».  
Commentant cette affirmation péremptoire, notre confrère insiste en fournissant plus de précisions sur cette information diffusée sur un support numérique qui n’était pas encore entré dans les mœurs. On sut ainsi que « comme pour enfoncer le clou, le mystérieux Facebookeur a publié un commentaire narquois après l'annonce de la nouvelle du contrôle positif des deux athlètes. "Je vous l'avais bien dit !!!" ». Pour notre confrère, « Il ne fait donc plus aucun doute que si cette personne était au courant en amont c'est qu'il y a vraiment eu une main malhonnête qui a fait en sorte pour que ce scandale éclate ».
Il faut lire la suite de l’article pour comprendre que le but est d’exonérer Amar Bouras de la responsabilité de la tricherie. Fin juin 2012, il est avancé que  « le Stanozolol est une substance totalement obsolète car remontant aux années 1960 et plus du tout utilisée parce qu'elle comporte une molécule très facilement détectable ». Un argument fallacieux puisque aujourd’hui encore des athlètes (figurant sur la liste des athlètes suspendus par l’IAAF pour usage de produits dopants) sont contrôlés positifs à ce produit de synthèse. Comprendre aussi que les « initiés et les spécialistes » (dont fait partie Amar Bouras) ne se seraient pas permis de l’employer.
On apprend également sur la foi de cet article que le Stanozolol est une molécule qui « peut rester jusqu'à cinq mois présente dans l'organisme ». Compte tenu de ce qui précède, nous comprendrons aisément le point de vue exprimé à savoir qu’ « il faudrait donc qu'un athlète soit irréversiblement inculte pour prendre un tel produit dans une année aussi charnière que celle des jeux Olympiques sachant pertinemment qu'à chaque meeting il sera contrôlé sans parler non plus des contrôles inopinés que subissent les athlètes de haut niveau ».
Sans qu’on y prenne garde, Amar Bouras et le journaliste ont pris une position qui dissocie les cas Zahra Bouras et Larbi Bourraâda. Même si les deux athlètes sont associés dans la démarche du dépôt de plainte. A se demander même si Bourraâda n’est pas qu’un faire-valoir et si ce n’est pas Mahour Bacha qui est visé.
Nous retiendrons des explications données que la molécule de Stanozolol peut rester présente de l’athlète dopé pendant cinq mois. C’est-à-dire que l’utilisation du produit remonterait à la période où Zahra Bouras s’entraînait (avec Larbi Bourraâda) sous la coupe de Mahour Bacha. La conclusion qui vient immédiatement à l’esprit est celle qui consiste à exclure Amar Bouras de tous soupçons. Quant à Zahra Bouras, ses diplômes de l’enseignement supérieur ne permettent pas de la classer parmi les personnes incultes susceptibles de consommer ce genre de produits alors que se profilent les jeux olympiques. Laissons poursuivre notre compréhension du fait et suivez mon regard pour le reste, semblent-ils nous dire. Larbi Bourraâda est embarqué à son corps défendant dans la galère des Bouras. 
L’article accumule de prétendus preuves pour sauver le soldat Zahra Bouras. On apprend qu’en 2011, elle « a été contrôlée huit fois » et qu’elle s'est même « portée volontaire auprès de l'IAAF pour ses examens complets d'urines ». L’article indique également  que son coach affirme, que sur le plan médical, « elle est d'une rigueur exemplaire ». Comme si un père pouvait dire du mal de sa fille, l’incriminer dans une affaire malsaine.

L’article conclue sur la théorie du complot.  Selon le journaliste il est indéniable que Zahra Bouras « est victime d'un complot qui livrera peut-être ses secrets si l'enquête exigée par les deux athlètes mis en cause aboutit à quelque chose de concret » et que «  en tout état de cause, cette affaire ne fait que commencer ».

mercredi 22 juin 2016

Dans le rétro (12) Les Bouras victimes d’un complot ?

T
out le pays baigne dans le « conspirationnisme », les « redressements » et la « main étrangère ». Ce phénomène social n’a rien d’exceptionnel lorsque l’on se situe dans le caractère universaliste de la « théorie du complot » qui s’engouffre dans toutes les activités humaines et qui a bon dos lorsqu’il s’agit d’expliquer certaines situations anormales, quelquefois inexplicables en l’absence d’éléments probants d’appréciation.
Amar et Zahra Bouras sont rentrés précipitamment du Bénin où l’athlète devait participer aux 800 mètres des championnats d’Afrique avec la ferme ambition de conserver le titre conquis deux ans plus tôt. Zahra est en forme, elle avait, quelques jours plutôt, provoqué une petite effervescence dans les milieux de l’athlétisme en se rapprochant du record national de la distance détenu par Hassiba Boulmerka. Un record vieux de deux décennies ! Un chrono ayant de la valeur au niveau mondial.
Remportant la victoire au cours de deux meetings disputés (les 5 et 9 juin 2012) en France, elle devrait selon les supputations des pronostiqueurs de la fédération algérienne d’athlétisme conserver son titre continental et profiter de la rude concurrence des athlètes kenyanes et sud-africaines pour enfin devancer la championne du monde et olympique.
Vingt années après, Amar Bouras, par la victoire de sa fille - dont il a pris en charge son entraînement depuis quelques semaines (suite la rupture fracassante et encore inexpliquée avec l’entraineur qui l’avait coaché pendant 10 ans, à savoir Ahmed Mahour Bacha, ami de longue date du père)- pourrait renouer avec les fonctions officielles au sein de la FAA dont celle de président de l’instance nationale.
Une victoire de sa fille, accompagnée de surcroit d’un record (et pourquoi pas d’une place de finaliste et, mieux encore d’une médaille, aux jeux olympiques de Londres) lui ouvrirait la possibilité de s’installer dans un fauteuil trop brièvement occupé (deux ans). Lui qui rêve aussi de devenir le plus grand entraîneur de tous les temps.
Moins d’une semaine après leur retour, un quotidien appartenant à un magnat de la construction, proche des décideurs politiques, note, en introduction à un article consacré à la plainte contre X déposée par Zahra Bouras et Larbi Bourraâda bien esseulé qui s’accroche au wagon,  qu’ « Il y a de fortes présomption sur cette hypothèse qui crédite plus que jamais la thèse d'un complot visant à détruire ces deux athlètes et à travers eux exécuter un règlement de comptes au sein d'une discipline minée par les luttes de clans depuis quelques années déjà ».
Il est également affirmé que, selon Amar Bouras, « sa fille est victime soit d'une machination sordide soit d'une malencontreuse infection du laboratoire fabricant des acides aminés qui sont de simples vitamines que tous les athlètes du monde prennent et qui ne sont nullement interdits par les instances internationales du sport ».
L’opinion de Bouras a le double mérite de la clarté et de désigner un éventuel fauteur de trouble en la personne d’Ahmed Mahour Bacha. Notons également qu’Amar Bouras ne reconnait que la consommation de vitamines et que, déjà du temps de Hassiba Boulmerka, il préconisait la préparation biologique.
En 1989, à l’occasion des championnats d’Algérie Open, dans les tribunes du Stade du 17 juin (stade Chahid Hamlaoui aujourd’hui) de Constantine, il avait spécifié, lors d’un entretien qu’il nous avait accordé (publié dans les colonnes d’ « El Hadef »), qu’il entendait par ce terme la complémentation alimentaire. En juin 2012, il précise que  «C'est le seul et unique produit que Zahra a pris sous contrôle de son ex-entraîneur et il ne fait l'objet d'aucune restriction car il s'agit de vitamines».
Réda Arezki Megdoud a été contrôlé positif au Stanozolol (le même produit que Zahra Bouras et Larbi Bourraâda) lors d’une compétition qui se disputa à Namur en Belgique environ un mois avant que ne soit connu le dopage des deux athlètes ayant été entraînés par Mahour Bacha. Zahra Bouras à Montreuil et à Villeneuve d’Ascq et Larbi Bourraâda à Rehlingen (Allemagne). Les trois furent pris dans des compétitions se déroulant à l’étranger.
Notre confrère remarque, certainement à l’invitation d’Amar Bouras, que le contrôle positif de Megdoud « était passé presqu'inaperçu » si ce n’est que le soir même l’information avait été publiée sur Facebook par « un mystérieux internaute, anonyme évidemment » et dont nous constatons aujourd’hui qu’il n’a pas été découvert. Un internaute dont nous devons supposer qu’il était bien introduit dans les coulisses de la FAA pour avoir connaissance d’une telle information au moment le jour elle parvient

mardi 21 juin 2016

Dans le rétro (11), Déclarations contradictoires du père et de la fille

Q
uoiqu’on en dise et quoiqu’on puisse rétrospectivement en penser, la rupture (houleuse ou amiable, quel que soit le qualificatif accordé à cette séparation) entre Zahra Bouras et Ahmed Mahour Bacha fait partie (de notre point de vue) des micro-faits routiniers, du même genre que ceux qui alimentent quotidiennement la vie sportive passionnée mais peu passionnante du côté du stade du 5 juillet. Seuls les protagonistes des débats illusoires (et encore !) lui donnent une acuité particulière.
Il est à retenir qu’au moment où les alentours du Sato bruissent, les Bouras et Mahour Bacha n’intéressent pas particulièrement le grand public. Bien qu’Amar Bouras révèle que «l'objectif de Zehra est toujours le même, c'est-à-dire atteindre la finale du 800m des prochains Jeux olympiques de Londres », il n’y a rien qui vraiment motive les lecteurs. Une place de finaliste ne pèse pas face à des médailles aux championnats du monde et aux jeux olympiques. Des médailles qui ne sont pourtant que des accidents de l’histoire d’une décennie qui voit le pays en danger de disparition.
L’athlétisme n’est pas médiatiquement porteur en l’absence de résultats de portée internationale. Les Boulmerka, Morceli, Saidi Sief, Saïd Guerni, Benida-Merah, Hamma ayant naturellement déserté les pistes, n’animent plus l’actualité athlétique et n’ont pas été supplanté dans la mémoire du grand public gavé de succès. Pourtant, des athlètes de demi-fond d’un bon niveau international sont là en attente de gloire, se font remarquer dans les grands meetings. Quant à Toufik Makhloufi, il est encore un illustre inconnu y compris au sein de la fédération.
L’athlétisme algérien (ne l’oublions pas) est un univers, un microcosme représentatif de la société humaine. On y est, comme partout ailleurs, friand de ce genre d’histoires croustillantes colportées par les commères des stades. Amar Bouras et Ahmed Mahour Bacha, depuis quelques années, sont retournés se fondre dans la masse. Ils reviennent (du moins Amar Bouras) sur le devant de la scène. Mahour Bacha lui, depuis quelques années, prend tous les coups.
Dans une précédente chronique (n°349. Dans le rétro (4), Zahra au fond du trou), nous avons rapporté la substance de la déclaration de Zahra Bouras. Celle où elle nous montre une force de caractère incroyable pour une athlète aux apparences fragiles. Elle déclara, moins de deux mois après que l’on (son père) lui ait annoncé sa suspension, qu’elle était restée sans réaction pendant trois heures, enfermée dans sa chambre, attendant le retour de l’entraînement des autres athlètes de l’équipe nationale se préparant à disputer les championnats d’Afrique. Elle ne voulait pas qu’ils apprennent la mauvaise nouvelle (sa suspension pour dopage) par d’autres. Des athlètes et des entraîneurs algériens présents sur place à Porto Novo (Bénin) elle dit qu’ils l’ont soutenu, qu’« ils ont tout fait pour que je ne sombre pas ». Son père en étant incapable car il « était ravagé par la douleur ». Pouvait-il en être autrement quand, dans le prolongement du mythe introduit dans la littérature par les bandes dessinées de Goscinny et Uderzo (Astérix), le ciel lui était tombé sur la tête. A moins que ce ne fût le menhir qu’Obélix (tombé dans la marmite de potion magique) envoya sur la tête du druide Panoramix.
Dès leur retour à Alger, moins d’une semaine plus tard, dans les colonnes d’un titre qui aujourd’hui n’a plus bonne presse à la fédération, reprenant ses esprits, il annoncera d’abord que sa fille et Larbi Bourraâda ont déposé plainte contre X. Il affirmera ensuite sans sourciller que Zahra a bénéficié du soutien de ses proches depuis le premier instant. « Au moment de l’annonce, je suis resté presque deux heures avec Zahra pour essayer de la calmer, mais c’était vraiment difficile car elle était choquée par la nouvelle ».

Avec la mémoire, l’être humain dispose d’une faculté qui facilite l’oubli des mauvais moments et enjolive les bons. Chez les Bouras, elle est apparemment encore plus sélective que chez le commun des mortels. Il semblerait que la victime (Zahra) et le témoin (Amar) n’ont pas vécu exactement le même événement. Du moins, ils ne le racontent pas de la même manière. Au point de ne pas pouvoir discerner qui des deux est le plus solide mentalement. Pour la défense d’Amar, nous dirons qu’ayant appris l’information dans le taxi qui les conduisaient au stade et n’ayant annoncé à sa fille qu’après qu’elle eut achevé son échauffement, il avait eu le temps de digérer la mauvaise nouvelle et de trouver la formule pour lui en faire part. Et qu’ensuite, il se laissa emporter par son affliction. Avant de retrouver ses esprits. Plus tard, à Alger. Lorsqu’il entra dans l’arène des polémiques.

Dans le rétro (10), Les ratages de communication

L
‘affaire Zahra Bouras, telle que nous la connaissons est une affaire de dopage. Mais pas que… pour utiliser une expression que nous empruntons à un ami de 50 ans. Elle est aussi devenue une affaire de communication. Ce qui ne fut pas le cas pour Larbi Bourraâda et encore moins pour Réda Arezki Megdoud, un sprinter et sauteur en longueur de niveau national, dont à tendance à oublier qu’il fut (en cette fin de printemps 2012) celui qui inaugura la série de quatre  contrôles antidopage positifs au stanozolol (en comptabilisant bien le doublet de Zahra Bouras). Celui dont la médiatisation (tronquée assurément et dont on pressent qu’elle fut orientée et pourquoi pas manipulée dès que son dopage positif fut connu) permis justement d’introduire dans les esprits cette notion de complot que l’on ressasse à n’en plus finir pour en faire une loi, une vérité dont la preuve n’a pas été apportée, d’instiller le doute dans l’esprit des gens de l’athlétisme qui baigne dans la suspicion qui nuit au développement de la discipline. Nous y reviendrons.
Avec le recul, quelques indices laissent supposer que l’affaire Zahra Bouras fut certainement le premier dossier sérieux traité par une agence de communication dont on dit qu’elle est proche de la fédération. Une affaire menée de manière à faire croire que Zahra Bouras est une victime d’agissements sournois. Un dossier géré en donnant une part assez importante à un amateurisme laissant libre cours à l’inspiration du duo Amar-Zahra qui n’a pas su coordonner les prestations médiatiques judicieusement espacées dans le temps et réparties sur plusieurs organes de presse. Une opération qui a su berner les lecteurs et les électeurs. Mais, une campagne qui a porté ses fruits là où personne ne l’attendait et où cela était attendu et espéré par certains. L’élection à la présidence de la FAA.
L’éparpillement temporel et spatial a su gommer les ratages communicationnels, les imperfections, les distorsions et les contradictions qui émaillent les discours du père et de la fille. Pour s’en rendre compte, il aurait fallu (il faut en convenir) faire une fixation sur Amar Bouras, s’attacher à lire (et à archiver) toutes ses déclarations (et celle de sa fille). Une tâche fastidieuse pour ceux qui sont attachés à nuire au duo et sont pris par l’action du moment. La constitution d’un corpus documentaire que nul malveillant n’entreprendra car plutôt occupé à faire marcher la boite à rumeurs.
Nous commencerons notre confrontation des déclarations du père et de la fille par un article de presse paru au mois d’avril 2012. On y apprend que la championne d’Afrique du 800 mètres quitte le groupe d’entraînement de Mahour Bacha pour continuer sa préparation pour les jeux olympiques de Londres avec son père dont on nous rappelle fort opportunément qu’il fut l’entraîneur des médaillés des championnats du monde que furent Hassiba Boulmerka, Azzedine Brahmi et d’autres athlètes de demi-fond à la réputation indéniable (Sid Ali Sakhri, Mourad Bouldjadj, Benslimani, Yahia Azaidj) et que, après avoir été DTN puis président de la FAA, il renoue « avec l'entraînement de haut niveau ».
Nous appuyant sur les déclarations de Zahra faites (au mois d’août 2012) à un quotidien national francophone de référence, nous avons écrit dans une de nos récentes chroniques que la séparation Zahra Bouras- Ahmed Mahour Bacha fut houleuse (Sous l’olivier n° 344/Dans le rétro (6), Une séparation houleuse). Dans les colonnes de ce même quotidien, quatre mois plus tôt, Amar expliquait que ce serait Ahmed Mahour Bacha qui serait venu à sa rencontre lui annoncer « qu'il n'est pas en mesure d'entraîner ma fille Zehra ». Selon Amar Bouras, Mahour Bacha aurait «  motivé cette décision par des raisons de santé ».

Pour justifier une séparation à l’amiable dont on n’a pas connaître tous les détails circonstanciels à moins de faire dans un voyeurisme déplacé, malheureusement bien dans les habitudes des adeptes du Sato, Amar Bouras affirme également « que Mahour Bacha m'a donné tous les plans d'entraînement qu'avaient réalisés Zehra jusqu'ici. Ce qui démontre que la séparation s'est déroulée à l'amiable et avec un bon esprit. Donc ça ne sert à rien de spéculer au sujet de cette rupture». Sauf que la spéculation (si spéculation il y a) n’agite que le Sato, ses alentours et les milieux qui bruissent de rumeurs, vivent des embrouilles quasi-permanentes qui y ont cours.

samedi 18 juin 2016

Dans le rétro (9), Zahra dévoile les imperfections fédérales

Z

ahra Bouras ne connait pas qu’un seul exil. S’étant éloignée sportivement de l’athlétisme algérois où elle fit ses premiers pas.  Délaissant ce microcosme, ce milieu sportif (où les conflits, les querelles sportives sont légions) qui la vit grandir jusqu’à atteindre l’équipe nationale et participer aux compétitions internationales, elle rejoignit sportivement d’abord la terre dans laquelle s’enfonce ses racines familiales. Avant de s’éloigner encore plus loin vers les terres septentrionales que l’on dit si accueillantes pour les personnes en perte ou en quête de repères.
Elle a rejoint (à moins qu’elle ne l’ait précédée) la cohorte des bons athlètes algériens qui - pour pouvoir sillonner à leurs aises le territoire hexagonal, à la recherche de compétitions où ils puissent exposer et exploiter à bon escient leurs talents - sont signataires dans des clubs français.      
Dès qu’elle a été autorisée à fouler à nouveau les pistes d’athlétisme, sa suspension consommée, elle s’engagea donc avec l’ACS Bounouara et ensuite avec le SCO Sainte Marguerite, à proximité de cet aéroport de Marseille, un des lieux privilégiés par ceux qui considèrent la métropole méridionale comme une excroissance du pays. Un club qui regroupe quelques-unes des meilleures athlètes féminines de demi-fond français. Ceci pour dire qu’elle sut quand même choisir où mettre les pieds. La preuve également que ce second exil a été mûrement réfléchi.
Depuis ses contrôles positifs, la vie de Zahra n’est pas idyllique. Son nom est maintenant associé indéniablement à cet acte de tricherie à la morale sportive que ni elle ni ses proches n’ont voulu assumer. Comme tous les tricheurs d’ailleurs. Mais là n’est pas le plus important depuis qu’elle a payé sa dette à la société sportive. Bien que sa réputation en pâtisse. Pour longtemps et toujours. Là-bas au moins, elle retrouvera la solitude du coureur de fond.
Le vent a tourné laissant le malheur derrière elle. Nous l’avons vu son exil constantinois a permis à un club méconnu et à une commune quasi-inconnue de trouver une certaine notoriété et surtout une aisance (financière et matérielle) inespérée. Son retour à la vie sportive a aussi permis aux athlètes algériens de formaliser officiellement leurs statuts d’athlètes autorisés à bénéficier de la double licence sportive. Une en Algérie et une autre en Europe. Une sorte de régularisation de situation administrative et sportive.
Jusqu’à son retour sur les stades, quelques athlètes étaient déjà intégrés dans ce système des doubles avantages. Une organisation baignant, comme il se doit dans la société algérienne, dans l’incognito, l’informel qui nous sied si bien. Une organisation s’appuyant sur « le ni vu ni connu ». L’officialisation de la double licence n’a rien changé. Elle renvoie encore et toujours au sens de la débrouillardise et aux réseaux personnels. Aux liens qui se tissent au fil du temps, des stages et des compétitions patronnées par la « fédé ».
L’officialisation n’a rien amélioré. Elle a seulement donné une couverture juridique et médiatique au phénomène qui prend de l’ampleur. Un fait de la société athlétique algérienne dont les liens avec la fédération sont si ténus que les performances réalisées à l’étranger n’étaient pas enregistrées par elle. Zahra Bouras en fut, l’année dernière, l’exemple marquant. Son meilleur chrono de l’année sur 800 mètres n’était pas connu à l’heure de l’officialisation du classement annuel qui ne retient que les 10 meilleurs par épreuve, le fameux « Top 10 ».
C’est grâce à Zahra Bouras, encore et toujours, ou plus exactement à cause de l’impair commis (par la commission des statistiques) en ignorant la meilleure performance de la fille du président, que la participation des athlètes algériens à des compétitions de second ordre (dans la classification des compétitions françaises) bénéficie d’une certaine médiatisation. Par réseaux sociaux interposés qui, ces derniers temps, proposent les « start-list » avant le déroulement de la compétition et les résultats après.


jeudi 16 juin 2016

Dans le rétro (7), L’exil à Bounouara

E
n reprenant sa carrière sportive, à l’issue de la suspension de deux années pour dopage prononcée à son encontre, Zahra Bouras a été amenée à prendre (on ne sait si c’est de son plein gré ou contrainte et forcée par des considérations qui la dépassent) une décision extrême : celle de l’exil sportif. Un exil consistant à prendre une licence à plus de 400 kilomètres des lieux où elle grandit, où, selon l’expression très sportive d’ailleurs, elle a ses marques. Elle s’est retrouvée dans un petit club quasiment inconnu (au moment où elle y atterrît) sur la planète de l’athlétisme algérien. Dans un petit village que l’on aurait de la peine à situer sur une carte géographique si ce n’était l’aide des instruments de géolocalisation, de "Google Maps" ou de "Google Earth". A la condition expresse que l’on ait le souhait de localiser la localité.  
D’ailleurs, comme pour brouiller les cartes déjà bien mélangées en prélude d’une partie de poker, le club ne porte pas le nom de la commune de référence. Il (le nom du club) renvoie à un lieu-dit perdu au bout du monde (ou presque) qui prend de l’importance depuis que Sonatrach (la compagnie nationale pétrolière qui subvient et pourvoit à tous les besoins de la nation) y a installé un important centre de distribution de ses produits.
Le hasard fait toujours bien les choses. La prise de licence se déroule, comme il se doit, dans l’anonymat le plus complet au cours de ce qui, à ce qui se dit, d’une réunion tripartite regroupant le club, la ligue et la fédération. Une formalité à accomplir. Sauf que pour Zahra, elle s’est accompagné d’un tintamarre médiatique qui ne s’est pas focalisé sur la signature du document proprement dit mais sur ce qui pourrait être une de ces mesures d’accompagnement qui enrichissent (selon les descriptions faites par la presse et les chroniques judiciaires) la passation de marchés et/ou de conventions.
A l’époque où Zahra Bouras prend licence à l’ACS Bounouara, il est organisé, sous l’égide de la fédération algérienne d’athlétisme présidée par Amar Bouras, la première édition de la course sur route d’Ouled Rahmoune clôturant, en fin d’année 2014, le challenge national de courses sur routes. Une course qui concurrence (à la même date) l’étape inaugurale du challenge national de cross-country programmée à Bordj Bou Arreridj. Nos amis de l’athlétisme algérien ont certainement conscience que ces deux courses (dont l’une qui ne figurait pas initialement au programme fédéral) se partage le même bassin, le même réservoir de coureurs. Incidemment, pour bien corser l’affaire, le président de la FAA rehausse de sa présence la course sur route d’Ouled Rahmoune. Il confirme ainsi ses discours axés sur les courses sur route en tant que moyen de promotion de l’athlétisme. Et derrière lui, comme une meute, la presse fait son métier en médiatisant un village très peu connu.
En retrouvant les labours et les pistes d’athlétisme, Zahra Bouras est devenue (ou redevenue) une professionnelle de la  course à pied. Elle serait bénéficiaire d’une indemnité équivalente, selon des proches du club, à la rémunération confortable d’un diplômé de l’enseignement supérieur. Une de ces indemnités que le ministre de la jeunesse et des sports (appliquant la loi) a voulu interdire avant que n’intervienne le tollé des dirigeants du mouvement sportif national. Dans le landernau athlétique constantinois (l’ACS Bounouara relève de la ligue constantinoise d’athlétisme), essentiellement parmi les entraîneurs écœurés, ce recrutement a fait polémique. La jeune femme ne dérange pas. Elle est plutôt sympathique. Mais le contexte n’est pas propice avec deux faits antagonistes: l’arrivée d’une athlète dont la réputation a été salie par le dopage et le départ d’un jeune athlète, prometteur, émargeant dans la catégorie des jeunes talents sportifs.

Au début de l’année 2015, alors que Zahra Bouras prenait licence, un jeune sauteur en longueur, l’athlète junior première année Triki Yasser Mohamed Tahar (finaliste des championnats du monde cadets, puis des championnats du monde junior et des jeux olympiques de la jeunesse) ne trouvait pas à Constantine un club lui offrant quelques avantages. Pour une petite partie de ce qui est attribué à Zahra Bouras, Triki s’est retrouvé signataire au "Flambeau" de la ville de Bejaïa (MBB), lui apportant au passage le titre de champion d’Algérie Open (toutes catégories) 2015 du saut en longueur et les titres arabes juniors (2016) du saut en longueur et du triple saut ainsi qu’un record national junior du triple saut de bonne augure.

mercredi 15 juin 2016

Dans le rétro (7), Un retour en demi-teinte

P
endant deux années,  le temps de la sanction dont elle a écopé, Zahra Bouras a disparu.  Quelques mois après les contrôles positifs, son père Amar Bouras est élu à la présidence de la fédération algérienne d’athlétisme. Il n’est pas directement visé par la suspicion. L’assemblée générale de la FAA lui a accordé sa confiance. Pour la durée d’un mandat olympique qui s’achèvera en début 2017.
Plus personne ne parle de l’affaire de dopage de sa fille. Aucune information ne filtre. Médiatiquement parlant, la plainte déposée pour empoisonnement n’a eu aucune suite. Zahra est oubliée par tous. Il n’y a qu’à la FAA où, avec Larbi Bourraâda, également sanctionné par une suspension d’égale durée, elle continue à faire partie du projet sportif. Malgré cette double mésaventure dans les rangs, parmi les proches des piliers de la « fédé », bien qu’ils soient, momentanément et disciplinairement exclus de la famille de l’athlétisme, certains opposants de la politique fédérale relèvent que la DTN et la FAA les incluent dans des stages de préparation avec la bénédiction du bureau fédéral. Les deux athlètes sont maintenus dans le programme de soutien à la préparation en vue des échéances à venir.
Lorsque les deux années se sont écoulées, la saison sportive est bien entamée. Son retour est discret. Elle n’apparait dans aucun bilan. Ce n’est qu’au début de la saison suivante (2015) que l’on apprend qu’elle s’est éloignée d’Alger. Elle n’est plus enregistrée à l’AECA mais à l’ACS Bounouara, un petit club de la wilaya de Constantine, créé au niveau d’Ouled Rahmoune, un nœud ferroviaire d’où partent les lignes conduisant vers l’Ouest (Sétif, Bordj Bou Arreridj, Alger, etc.) et le Sud-Est (Batna, Biskra) situé entre El Khroub et Aïn M’Lila. Une gare qui vit transiter, pendant la seconde guerre mondiale, des convois de centaines de milliers de conscrits algériens se rendant sur les champs de bataille de la campagne de Tunisie.
 Zahra Bouras est maintenant licenciée dans une région qui, après avoir rivalisé pendant un demi-siècle avec les grands clubs algérois, est devenu un quasi désert athlétique. Les jours heureux de la discipline, ceux qui voyaient Hassiba Boulmerka, Ali Saïdi Sief conquérir des médailles mondiales et tant d’autres athlètes (Tadjine, Zemouli, Talhi, Messikh, Boudjelti, Oulmi)se battre pour des titres africains appartiennent à un passé (pourtant récent) qui n’a pas d’ancrage dans les esprits juvéniles, ne sont plus que des souvenirs qui s’estompent dans les mémoires de leurs aînés et survivent dans celles des plus anciens.  
Avec la venue de Zahra Bouras, l’ACS Bounouara prend son essor. Sa présence dans l’effectif va amplifier le développement sportif (classification nationale) et matériel d’un petit club qui ne dépare pas dans le paysage athlétique constantinois, une association loin des centres urbains qui jusque-là n’est remarquée que par les résultats de Souhir Bouali et Skander Djamil Athmani, deux spécialistes du 100-200, figurant en tête des bilans nationaux et aux premières places des championnats nationaux, deux membres de l’équipe nationale d’athlétisme.  
Sa signature dans un club de Constantine est une sorte de retour aux sources puisque sa famille est originaire de la capitale de Massinissa. Son arrivée dans la capitale de l’Est fait beaucoup parler. En effet, elle bouleverse la hiérarchie locale de ces micro-clubs survivant difficilement et classant de temps à autre quelques athlètes de talents dans les finales des championnats nationaux jeunes. Les clubs structurés d’hier ont éclaté faisant place à une multitude de petits clubs.
La venue de Zahra Bouras booste l’ACS Bounouara. L’explication est donnée par le mode de classification des clubs privilégiant les résultats ostentatoires (résultats des championnats nationaux et le « top 10 ») ainsi que par le soutien fédéral. Zahra Bouras apporte des points, beaucoup de points. 
Nous ne saurions trop dire si la suspension fut une leçon, si elle l’a profondément marquée, mais la jeune femme que nous avons croisée à la fin de l’hiver 2015 ne se fait pas trop remarquer. Rien ne la différencie des athlètes qui l’entouraient. L’observant dans ses relations avec les autres, nous avons cru reconnaitre la réserve qui caractérise Nouria Benida-Merah ainsi qu’une tendance à s’isoler tempérée par une proximité forte avec Souhir Bouali qu’elle connait depuis plusieurs années. Une relation certainement facilitée par les rencontres lors des compétitions nationales et internationales et les stages de préparation de l’EN.
Mais, sur le plan des résultats, des chronos, elle est restée loin des performances d’avant. Régulière autour des 2.05, elle ne s’est pas véritablement rapprochée des 2 minutes. Elle a terminé la saison 2015 avec une SB (Season Best, meilleure performance de la saison) à 2.03.93 qui laisse songeur

mardi 14 juin 2016

Dans le rétro (6), Une séparation houleuse

Dans l’esprit de Zahra Bouras, alors que se disputent les jeux olympiques de Londres, l’idée du complot est présente dans son esprit. Sans doute suggérée implicitement par les propos et les actes de ses proches et de ce qui fut son groupe d’entraînement avec Ahmed Mahour Bacha. Un milieu qui depuis longtemps baigne dans cette ambiance de complot.
On peut penser que c’est pour cette raison alors que tout et tous accusent celui qui fut son entraîneur (alors qu’il ne l’est plus que c’est Amar Bouras, son père, qui a pris la relève), elle n’en veut pas à son ancien coach qu’elle a quitté depuis déjà plusieurs mois. Cependant, dans son esprit et dans ses déclarations à la presse, elle établit  inconsciemment un lien entre la thèse de l’ajout du produit dopant et les injections de ce que Mahour Bacha affirmait être « des amino plasma qui sont des acides aminés ».
Dans une tentative de compréhension des faits, elle avoue avoir pensé qu'on lui avait injecté à « mon insu un produit pour me rendre plus performante ».  Toujours et encore des injections. Toutefois, contrairement à ceux qui accusent Mahour Bacha, elle ne croit pas à sa culpabilité. Pour cette diplômée en langues étrangères, le fait que Larbi Bourraâda ait été lui aussi contrôlé positif au même produit, serait une démonstration des soupçons de contamination et de machination. En ce temps-là (à quelques exceptions près) dans les milieux de l’athlétisme, le dopage est perçu comme un acte individuel. Ce n’est que plus tard que des lanceurs d’alerte, précédemment impliqués dans le dopage, et les instances de lutte contre le dopage (IAAF et AMA) montreront qu’il peut faire partie d’un système organisé pour booster les performances des athlètes. Nous noterons, que pour la défense de son ancien entraîneur, elle met en avant la manie qu’il aurait « de toujours tout vérifier ce qu'il me faisait prendre, de peur que cela ne soit néfaste à ma santé ».
Mais, tout n’étant pas vraiment clair dans son esprit et pour éloigner tous doutes, elle déposa plainte contre X en invoquant l’empoisonnement car, dit-elle, « je considère que ce qui m'a été injecté est très dangereux pour ma santé ». Une plainte que beaucoup ont considérée comme visant Mahour Bacha.
Pour expliquer le dépôt de plainte, elle décrit ce qui semble avoir été les effets des injections. Ecoutons-la : « Quand une fille de mon âge a un dérèglement de cycle de cinq mois, un dérèglement hormonal, une forte pilosité, de l'acné, ajoutez à cela des problèmes de foie, de rein et qu'elle apprend que le produit qui lui a été injecté par voie intraveineuse pouvait provoquer un dessèchement des veines et causer sa mort, je trouve tout à fait normal que je dépose une plainte. Mahour Bacha a fait preuve de beaucoup de négligence».
Pourtant, ce ne sont pas ces symptômes dont elle a certainement pris conscience qu’après son contrôle positif qui l’ont mené à quitter le groupe d’entraînement de Mahour Bacha. Bien qu’elle ait affirmé dans un premier temps que la séparation a été motivée par « un besoin de changer d’air », « de connaître d'autres entraîneurs » après dix ans de travail dans le groupe, elle se laisse à dire que « l'ambiance s'était dégradée » du fait que Mahour Bacha était devenu instable, préoccupé par ses affaires familiales qu’il cumulait plusieurs fonction, celle d’entraîneur,  de médecin et de masseur.

C’est à ce moment de la narration que l’on apprend que la séparation « fut houleuse ». La séparation n’ayant pas eu lieu dans les meilleurs termes, elle comprend qu’il  n’ait pas cherché à la contacter après la sanction. Son ancien mentor sachant qu’en plus, elle ne veut pas lui adresser la parole.