vendredi 31 juillet 2015

Histoires de devises, La F.A.F. sous la pression des « billets verts »



La récente décision de la FAF de suspendre le recrutement des joueurs de nationalité étrangère, à partir de la prochaine période d’enregistrement (donc le mercato hivernal), serait la conséquence d’un ultimatum posé par la FIFA - dont une des commissions permanentes (celle chargée d’examiner les litiges et contentieux en matière de statut de joueurs ou plus exactement les litiges entre les joueurs et les clubs employeurs à propos essentiellement de paiements de salaires ou d’indemnités) aurait rendu des décisions défavorables aux clubs algériens impliqués - pour un apurement rapide de quelques 10 millions dollars qui, s’il était encore retardé par ces tergiversations qui nous sont coutumières, aurait pour effet d’entraîner la suspension (des équipes nationales et des clubs) des compétitions internationales pour lesquelles les représentants nationaux sont qualifiés.
 Exit donc les éliminatoires de la CHAN, des jeux olympiques, de la CAN et de la Coupe du monde, de la Champion’s League, de la Coupe de la CAF, etc. En un mot comme en mille, l’Algérie serait exclue de toutes les compétitions placée sous l’égide de la FIFA. Soit une véritable catastrophe pour tout le monde, en Algérie, à commencer pour la FAF et les pouvoirs publics.
La FIFA ne connait et ne reconnait que la FAF. Elle se moque, comme de la première cravate de Blatter ou de Jao Havelange, du sort du MCA, du CSC, de l’USMA ou de l’Entente de Sétif (cités en tant que clubs prétendument représentatifs du football algérien et non en tant que clubs impliqués dans les situations litigieuses bien que la notoriété footballistique n’empêche pas les dérives et que les deux premiers soient les plus aisément cités pour leurs travers dans le domaine de la gestion des contrats).
Le règlement de ce montant faramineux impacte négativement les avoirs en devises de la FAF et diminue d’autant la prise en charge du développement du football national. En toute logique, la FAF n’est pas appelée à supporter les errements des clubs. Elle leur fera à son tour supporter le coût des décisions de la FIFA. C’est d’ailleurs, ce qu’attendent  et espèrent du plus profond d’eux-mêmes, les gestionnaires des clubs concernés qui ont été formés à « la bonne école » des gestionnaires des entreprises publiques qui, de recours  en appels et autres cassations, s’inscrivent dans un processus de retardement de l’inéluctable jusqu’à la décision du verdict exécutoire des instances habilitées. Un moyen détourné de ne pas assumer leur incompétence ou de leur précipitation à prendre leurs décisions ou de prendre en charge les conséquences des actes de leurs prédécesseurs.
Pour bien faire, tandis que la fédération est dans l’obligation de décaisser dans les meilleurs délais les sommes dues, les clubs feront valoir leurs difficultés de trésorerie pour repousser les échéances de paiement. Un argument indiscutable par la FAF qui a justifié au préalable les inconséquences des clubs, leur incapacité à assumer leurs responsabilités par l’insuffisance des ressources financières et dans d’autres creux dont ils se repaissent.
A l’exception des clubs lauréats des compétitions africaines (ESS) et des clubs transférant à l’étranger des joueurs (combien sont-ils d’ailleurs ?), aucun d’entre eux ne disposent d’un compte-devises alimenté légalement par des recettes en devises découlant d’un rapatriement de bénéfices (récompenses) réalisés à l’étranger ou d’opérations d’exportation de joueurs. Ne soyons pas dupes, comme tous les citoyens algériens ils ont recours au marché parallèle de la devise.
La fédération, sachant pertinemment que le remboursement des montants en devises versés à la FIFA est impossible (sauf opérations de change sur le marché informel), est mise au pied du mur et dans l’obligation de transiger avec les clubs qui seront autorisé à payer en dinars. Mais, les clubs étant en difficulté financière, la fédération sera contrainte d’accorder une nouvelle facilité consistant à l’établissement un échéancier de règlement ou de solder ce dossier par déduction sur le montant à percevoir des droits de télévision.

  

mercredi 29 juillet 2015

Recrutement des joueurs étrangers, La partie dévoilée de la marmelade



La surprenante décision du bureau de la fédération algérienne de football a estomaqué l’univers footballistique et surtout médiatique algérien qui ne s’y attendaient guère. Une décision si étonnante qu’elle a fait l’objet d’un petit article dans le journal généraliste français Le Figaro. Un tout petit article qui relate simplement les tenants et les aboutissants (tels que publiés dans les médias algériens) pour dire que cela ₺bouge₺ en Algérie. Une décision que les internautes français-lecteurs de ce journal ont, dans leurs commentaires, appréciée à sa juste valeur et auraient voulu qu’elle soit prise en exemple par les dirigeants français de la FFF et de la Ligue pour en faire une application qui démantèlerait in fine la question des quotas.
Pour une fois que les événements d’Algérie sont loués par un média de centre droite, il fallait le relever. 
Cette fermeture du souk du football algérien - que nous savons complètement désorganisé comme le sont tous les marchés d’Algérie à commencer par ceux des fruits et légumes - ne modifie (soyons conséquents avec nous même), pas grand-chose  sur un marché qui n’est pas entièrement ouvert aux étrangers puisque moins d’une cinquantaine d’entre eux pouvaient être recrutés dans une des 16 équipes de la Ligue 1 Mobilis et seulement une trentaine avait la possibilité d’être aligné pendant une journée du championnat.  Nous dirons donc que le contingentement a pris fin et que c’est une bonne chose.
Tous les arguments présentés en faveur ou en défaveur de cette mesure tiennent la route. Chacun la motive ou l’explique en partie. C’est la sommation de ces arguments contestables lorsqu’ils sont pris isolément qui font qu’elle est bénéfique. Soyons sérieux, le niveau du football algérien ne sera pas meilleur ni pire d’ailleurs. L’humoriste Fellag, dans un de ses one-man-shows très acerbes, ne disait-il pas que l’Algérie avait atteint le fond de l’océan et qu’elle creusait pour descendre plus bas.
La validité des arguments juridico-administratifs, économico-financiers est inattaquable. Il semblerait que seul un petit nombre de ces joueurs recrutés l’étaient en infraction avec toutes les réglementations qui régissent le fonctionnement des institutions de souveraineté nationale. Comment aurait-il pu en être autrement quand c’est le fonctionnement du football national qui est à mettre au placard sur un fond de violations des règles basiques de gestion (respect des contrats, déclarations aux assurances sociales, fiscalité, transfert de fonds) et que toutes les institutions ont laisser faire, ont couvert des dérives, ont trop souvent donné raison à des dirigeants conditionnés par les pratiques de la sphère informelle au détriment de joueurs algériens peu formés aux arcanes des  univers juridico-administratifs, soucieux avant tout d’être délivrés d’une forme d’esclavagisme pour se laisser tenter par un autre. Le roi dinar, avant tout même au prix du reniement.
Nous croyons fermement que les instances de gestion (LNF et FAF) et d’arbitrage (CTRL et TAS) du football algérien n’ont pas joué convenablement leurs rôles.  Mais, pouvait-il en être autrement quand on sait qu’ils sont issus du sérail, de cet univers plongeant ses racines certes dans le milieu du football, mais aussi dans ceux de la gestion des entreprises publiques où le critère de la compétence n’est pas prépondérant et du secteur privé où les approximations (pour nepas dire autre chose) sont normales.  
Nous avons la certitude (en dépit de l’argumentaire qui l’accompagne) que cette mesure, apparue sans ces effets habituels d’annonce qui précèdent les décisions fafiennes, est imposée comme beaucoup d’autres par des contraintes extranationales.
Nous subodorons que les instances dirigeantes du football national ont été acculées dans une impasse par les instances internationales les ayant sommées de remettre de l’ordre dans la « maison FAF » au lieu de comporter en  voyeurs, complice des pratiques clubardes.
Dans tous les cas où les clubs ont été dans l’obligation de rendre gorge, sous le fallacieux prétexte d’absence de moyens financiers, de difficultés prétendument passagères de trésorerie, la FAF est venue à leur aide en leur accordant des avances sur des droits de télévision qu’elle n’avait elle-même pas encore perçues. 

Pour quelques commentateurs, cette décision pourrait favoriser l’émergence de jeunes joueurs au sein des effectifs professionnels. Comment croire une telle hypothèse ? Tout présage du maintien du statu quo. 

mardi 28 juillet 2015

Relations algéro-marocaine, Un échange de bons procédés



Il est de notoriété publique que les relations algéro-marocaines, dans les domaines politiques et diplomatiques sont plutôt tendues. Depuis le début des années 70 avec la décolonisation de ce qui fut le Sahara occidental et le Rio de Oro. On pourrait même remonter un peu plus loin, au début des années 60, juste à la fin de la guerre de libération lorsque l’armée royale tenta de s’accaparer une partie du territoire algérien dans ce qui est connue comme la « guerre des sables ». Un contentieux alourdi, sur le plan économique, par le passage à travers la frontière séparant les deux  pays par les trafiquants du cannabis marocain dans le sens maroco-algérien et des produits subventionnés par l’Etat algérien (produits alimentaires, hydrocarbures) dans l’autre sens. 
Selon les échos qui parviennent, le royaume dispose d’installations sportives de qualité, de centres de préparations de haut niveau (Casablanca, Marrakech, Agadir, etc.) qui attirent les plus grandes équipes. En particulier le centre de préparation en altitude d’Ifrane où se rencontrent les meilleurs athlète de demi-fond et de fond européens et…algériens (dont le club financé par Sonatrach dans ces différentes formules, MPA, MCA ou GSP ainsi que des athlètes de l’équipe nationale) ainsi que, depuis quelques années, des clubs professionnels algériens de football (CRB, USMA, JSK) délaissant celles de Tikjda, Chréa dans le cadre de leur préparation estivale. Mais là n’est pas le thème d’aujourd’hui.
Le sport a créé des liens qui dépassent le cadre politique et a permis la constitution d’une union maghrébine sportive qui n’a pas eu besoin des diplomates et des hommes politiques pour se mettre en place. Les grands champions d’athlétisme (les frères Morceli, Ammar Brahmia, Saïd Aouita, Azzedine Brahmi, Nawel El Moutawakel, Moulay Ibrahim Boutayeb, etc.) ont fait fi des discours agressifs, des deux côtés de la frontière, aussi bien d’une population conditionnée et fanatisée que des gens des médias qui y ont trouvé matière à polémiquer sans retenue.
A la fin de l’été 91, Saïd Aouita, grand coureur de demi-fond (un des meilleurs mondiaux des années 80 du 800 au 10 000mètres) était sur le déclin alors que montait l’étoile Nouredinne Morceli, vainqueur quelques semaines plus tôt du titre de champion du monde du 1 500 mètres (Tokyo). Bien sur, les comparaisons (pas toujours amènes) entre les deux coureurs de 15 ont fleuri. A l’hôtel Expo de Barcelone où se déroulait la finale du « Grand Prix IAAF-Mobil », Saïd Aouita fut interrogé par un journaliste algérien présent au QG de la compétition sur cette rivalité naissante. Le multiple champion et recordman du monde, qui n’avait pas l’aisance communicationnelle qu’on lui connait aujourd’hui au micro d’une chaîne de télévision du Golfe où il exerce ses talents de consultant, eut une répartie surprenante, revoyant à un discours très en vogue dans les pays maghrébins et arabo-musulmans en évoquant une passation, à « son jeune frère Nouredinne » du témoin que lui avait transmis « ses aînés » Abderrahmane Morceli, Amar Brahmia qui lui avait permis d’émerger en l’introduisant dans le circuit des meetings européens. Reconnaissant, Saïd Aouita avait coupé court à un débat inutile.
Cet exemple de coopération sportive entre les athlètes des deux pays n’est pas unique. On ne sait pas (ou sans doute veut-on oublier) que l’éclosion de Nouredinne Morceli a été permise par la championne marocaine Nawel El Moutawakel, diplômée d’une université californienne et médaille d’or du 400 mètres haies des jeux olympiques de Los Angeles (1984) qui lui obtint, dans les semaines qui suivirent la médaille d’argent des championnats du monde junior de Sudbury (1988), une bourse d’études au Riverside Collège of California.

Ces cas exceptionnels de relations apaisées à des moments où le demi-fond d’un des deux pays voisins domine celui de l’autre (l’Algérie à la fin des années 70 et début des années 80, le Maroc dans les années 80) sont renforcés par des scènes de la vie de champions en milieu de compétition. Lors de la même finale du « grand Prix IAAF-Mobil », un athlète algérien (Azzedine Brahmi, médaille de bronze du 3 000 steeple des championnats du monde de Tokyo) et un athlète marocain (Moulay Brahim Boutayeb, champion olympique du 10 000 en 1988 à Séoul et médaillé de bronze du 5 000 mètres des championnats du monde de Tokyo, 1991) était inséparables à l’hôtel, dans le bus les conduisant et les ramenant du stade, dans leur promenade à la recherche d’un salon de massage.

lundi 27 juillet 2015

JSM Béjaïa, Boualem Tiab reprend sa place


Il y a quelques semaines, nous nous étions arrêtés sur la crise de gouvernance qui secoua la JSM Béjaïa. Une association sportive considérée comme la doyenne des clubs de football de la Kabylie et qui toutefois durant la plus grande partie de son existence ne fut qu’un club de football parmi tant d’autres et qui bien, que club représentant le chef-lieu de la wilaya de Béjaïa, fut historiquement et populairement en retrait comparativement aux équipes créées au niveau des daïras de la Vallée de la Soummam.
L’histoire de la JSMB ressembla à s’y méprendre à celle de beaucoup d’équipes de football de villes moyennes qui utilisent, dans les deux sens (montée et descente), l’ascenseur de la notoriété sportive passant allégrement (et sans y paraitre, tant cela semble faire partie de leur hérédité) des divisions inférieures (championnat régional ou interrégional ou division nationale amateur) aux deux divisions de l’élite nationale et même au niveau maghrébin et continental.
Alors qu’elle luttait dans l’antichambre (nationale 2) entre 69 et 76,  la JSMB  a même disparu du listing des équipes de football pendant la période de la mise en parenthèse du sport civil et la prééminence des associations sportives de  performance (1977 et 1990) qui la vit fusionner avec son rival local (MOB) pour donner un grand club à la capitale des Hammadites, le MBB (Maâchal Baladyat Béjaïa).
En 1990, sous une nouvelle ère sportive, la JSMB ressuscite et retrouve l’enfer du championnat régional qu’elle ne quittera qu’en 1996 après un duel au couteau avec deux équipes mieux soutenues populairement (le MOB) et financièrement  (l’IRB El Hadjar).
Très vite (deux saisons sportives seulement), la JSMB atteignit les sommets : le championnat de « Division Une », l’ancêtre du « championnat de Ligue 1 ». Pendant une quinzaine d’années (à partir de l’accession en Ligue 1 en 1998), la JSMB rivalisa, aux yeux de beaucoup d’amateurs de football, avec les équipes bien installées dans l’élite du football national dont celles qui charrient des dizaines de milliers de fans (MCA, CSC) et celles dont le prestige se définit à travers le nombre de titres acquis (ESS, USMA, MCO, CRB). Pourtant, certaines  circonstances firent que l’équipe doyenne de la Soummam soit confrontée à des agitations qui rendirent difficiles son évolution. En plus de sa relégation en Ligue 2 concluant une saison déstabilisée par une instabilité managériale, la JSMB a connu une guerre des chefs et une guerre des organigrammes née d’une mise en œuvre aléatoire du professionnalisme sur un substrat idéologique et juridique insuffisamment explicité.
Pendant cette décennie et demie et bien avant même (à partir de la renaissance du club), Boualem Tiab fut le fer de lance de la JSMB. Celui qui fut un joueur de l’équipe qui bataillait dans les profondeurs de l’organisation footballistique troqua sa casquette de joueur pour celle de dirigeant dont la présence à la tête du club en fit, selon une expression consacrée par les médias, le doyen des présidents de clubs.
Une partie de l’histoire de la JSMB se confond avec Boualem Tiab qui en fut aussi le sponsor, le commanditaire et le mécène, c'est-à-dire un pourvoyeur sans limite de fonds. C’est cette disponibilité financière que les véritables amoureux de la JSMB retiennent. Sous sa houlette et l’aide des membres de son équipe managériale, la JSMB connut de beaux jours, une victoire en finale de la Coupe d’Algérie et de nombreuses places sur le podium du championnat national, une qualification pour la finale de la Coupe de l’UNAF et une participation à la coupe de la CAF. Un beau bilan pour l’équipe représentative d’une ville moyenne dont la pérennité ne tient qu’à un fil, à un individu devenu providentiel.
La lassitude, les problèmes de santé ont amené B. Tiab (et ses frères) à s’éloigner quelque peu d’un club devenu professionnel avec un capital social plus élevé et un actionnariat un peu moins monopoliste, plus diversifié que celui des autres clubs.

Après le retrait (finalement temporaire) de B. Tiab, la JSMB a été confrontée à une période difficile : relégation en Ligue 2, sauvetage inespérée d’une nouvelle descente cette fois-ci en division nationale amateur, une guerre de pouvoir dans les coulisses du club. Malgré un drame familial, sous la pression des autorités publiques et de la masse des supporters, Boualem Tiab a consenti à revenir reprendre les rênes du club. Mais, pour combien de temps ?  

dimanche 26 juillet 2015

Transfert de Keniche, Discours contradictoires perturbateurs


Ryad Kamareddine Keniche était un jeune joueur de football (né en avril 1993) ayant contracté une relation professionnelle de trois saisons sportives (prenant effet en 2013 et s’achevant à la fin de la présente saison 2015-2016) avec  l’USM El Harrach. L’imparfait s’impose bien que le joueur soit encore parmi nous. En effet, le joueur harrachi vient de quitter le club banlieusard pour rejoindre les rangs du club-phare des Hauts Plateaux, cette Entente Sportive de Sétif qui défraie la chronique sportive aussi bien par ses résultats sportifs incontestables - champion d’Algérie en titre, tenant de la Ligue des Champions d’Afrique, en course pour celui de la prochaine dont les matchs qualificatifs pour la phase finale se jouent ces jours-ci contre l’USM Alger, El Merrikh du Soudan et ce Mouloudia d’El Eulma, un autre représentant du football des Hauts Plateaux, dont le stade est à quelques 10 minutes à peine d’Aïn Fouara (fontaine emblématique de la ville sétifienne), pour un conducteur à qui on n’aurait pas inoculé le virus de la conduite rapide chère à cette région du pays, en empruntant l’autoroute Est-ouest – que par la voie de la récente et innovante démesure langagière des dirigeants actuels du club.
Ryad Kamareddine émarge dans la catégorie des jeunes footballeurs algériens pétris de talent, appelés à un avenir radieux s’il arrive à se tirer des chausse-trappes creusées sous ses pieds et n’est dévoré tout cru par les monstres (dirigeants, agents de joueurs) qui  phagocytent le football national.
Sétif, auréolé de son palmarès, fait partie des grands clubs algériens qui tirent sur tout ce qui bougent ou plutôt attirent tous les joueurs qui sortent de la médiocrité ambiante, celle qui se capitalise dans le nombre de joueurs locaux en équipe nationale ₺A₺. C’est aussi un club qui maîtrise relativement bien les dessous administratifs du football, possède grâce à ses derniers résultats nationaux et africains une cagnotte permettant des dépenses de recrutement que ne peuvent pas s’autoriser leurs rivaux. Aisance financière, palmarès alléchant, objectifs mirifiques de quoi éblouir les gogos. Keniche en fait partie. Comme tous les jeunes de son âge devant lesquels on fait miroiter un alignement de liasses de billets de banque inaccessibles dans les rêves les plus fous.
Bien que toujours liés avec l’USM. El Harrach, Ryad Keniche, profitant des conseils intéressés de conseilleurs également avides d’empocher une quotte part du transfert, a joué un jeu déplaisant qui aurait pu tourner en sa faveur s’il avait su exploiter les cartes qu’il avait en main au moment où l’USMH vivait une transition administrative et si les dirigeants de l’équipe harrachie n’avait su faire valoir cette roublardise qui semble faire partie de leurs gênes. Surtout que, comme tous les dirigeants de clubs, notables parmi les notables, ils insinuent leurs tentacules dans toutes les institutions où leurs supporters sont légion. Une explication simpliste mais possible pour comprendre qu’une signature rejetée par la banque n’est pas absence de provision et conduit, dans le processus de libération engagée sur cette base auprès de la CRL, sur une décision favorable au joueur puis à une autre qui ne l’est pas.        
Comme toujours, les dirigeants sétifiens se donnent le beau rôle mais ne maîtrisent pas le tempo en faisant valoir auprès des supporters et des lecteurs que le transfert s’est opéré sous les bons auspices de la CRL et donc en application de la réglementation. Puis, pour tourner à leur avantage un dossier qui a dérapé, se donnent des airs de grands seigneurs en versant  - à « leurs amis harrachis », avec lesquels ils entretiennent de  «très bon rapports»,  alors que rien ne les obligeaient - « par respect et par correction envers nos amis » 300 millions au titre de dédommagement amical sans doute.
Un actionnaire de l’USM El Harrach, pour rétablir les faits, se fend lui aussi d’une déclaration dans la presse. La vérité harrachie est qu’il s’agit d’un transfert de joueur conclu selon les règles et les pratiques de l’art  de la négociation excluant l’intervention de  la CRL. Dans le monde du football où l’argent conduit la manœuvre, le responsable de l’USMH ne s’en cache pas et met plus bas que terre cette Entente qui voulait voler tel l’Aigle noir au dessus du menu fretin. En disant «l’argent, nous l’avons encaissé mardi, nous avons signé la libération le lendemain». Pour les Harrachis toujours aussi fiers : pas de charité qui tienne.


samedi 25 juillet 2015

Réglementation sportive, Les joueurs prisonniers d’une réglementation biaisée



Chaque début d’été et chaque hiver, sont les deux périodes de l’année qui autorisent un mouvement de joueurs se traduisant par des départs et des arrivées, des recrutements et des ₺libérations₺ (une formule sémantique édulcorée qui permet de mettre au placard la notion gênante de ₺licenciements₺ (qui a cours dans le monde du travail) porteuse du sens de mise fin unilatérale du fait de l’employeur de la relation contractuelle), des concepts juridico-footballistiques auxquels ont ajoutera les ₺mutations₺ plus connues dans le milieu du ballon rond sous l’appellation de ₺transferts₺). Ces deux périodes de l’année sont celles qui administrativement sont les périodes d’enregistrement des joueurs et qui dans le jargon médiatico-populaire sont connues comme étant le « mercato ».
L’₺intersaison hivernale₺ et l’₺intersaison estivale₺, moments de repos pour les joueurs sont associés aux pitreries de chacun des acteurs (dirigeants, agents de joueurs, joueurs, entraîneurs, supporters, journalistes) du cirque footballistique. C’est le moment où la réglementation mise en place par les instances nationales du football - soumises, par le statut de membre d’instances supranationales (CAF et FIFA) acquis par la voie de l’acceptation de conditions préalables à l’adhésion à ces instances et aux dispositions réglementairement édictées par ces organismes internationaux de gestion de la pratique du football- montre que le fameux ₺mercato₺ renvoie aux principes de l’économie de marché : la négociation entre les intervenants (vendeurs et acheteurs).
Cette intersaison estivale a fait à nouveau la démonstration que le mouvement du marché est manipulé par les dirigeants de club, agissant non pas comme une ₺main invisible₺ mais au vu et au su de tous. Ils libèrent les joueurs qui ne les satisfont plus et recrutent à tour de bras. Si le taux de rotation n’a pas encore atteint celui qu’avaient porté à des sommets himalayens la JSK et le MCA (version 2014-2015) on n’en est pas loin. Même si la mise sur le marché de joueurs semble à première vue moins importantes qu’à l’intersaison estivale précédente, il n’en demeure pas moins qu’ils (les dirigeants) agissent à leur guise avec la bénédiction des instances sportives nationales (FAF et LFP)- bien accompagnées par la réglementation internationale et nationale - au service des clubs, agents de la dynamique professionnelle - protectrice des investisseurs et peu regardante sur le sort réservé aux agents de la pratique sportive que sont les joueurs.
Les instances footballistiques, nationales et internationales (certaines autres disciplines sportives sont aussi concernées) se sont dotées d’une sorte de ₺statut d’extra territorialité₺ qui en font un Etat dans un Etat et leur accorde le droit de déroger à la réglementation sportive, juridique et civile nationale. Ce qui peut être compréhensible dans les aspects liés à la gestion des compétitions et de leur environnement ne l’est plus lorsque les dispositions générales prévoient que les acteurs n’ont pas la possibilité de s’adresser à la justice civile sous peine d’exclusion et que des démembrements de ces instances se sont attribués un pouvoir supérieur (en matière par exemple d’authentification de documents juridiques : validation/homologation de contrats ou d’avenants) à celui d’un agent judiciaire assermenté (notaire) ou d’un fonctionnaire habilité à légaliser en vertu d’une insertion subreptice (ou non révélée publiquement)  ou de la modification d’une disposition inusitée auparavant.
La dernière mesure prise dans cette ambiance accordant tous les pouvoirs aux dirigeants de clubs et à ceux des instances sportives cooptés parmi ce corps social est celle qui dénie aux joueurs le droit de faire examiner, par la commission de résolution des litiges, un contentieux salarial ₺non déposé dans le mois qui suit la période des trois mois sans traitement₺.   
D’autres mesures  prises par la fédération le sont au détriment des joueurs interdits d’enregistrement (donc d’exercer leur activité professionnelle) si leur situation administrative et financière n’a pas été réglée par la CRL et/ou le TAS tandis qu’un club en défaut de paiement des salaires est interdit de recrutement et peut donc malgré cette sanction participer aux compétitions.
On comprend donc que les joueurs soient obligés de transiger et accepter des arbitrages sportifs qui ne sont pas en leur faveur bien que le droit leur accorde raison.


vendredi 24 juillet 2015

Aboud Labbed, Le marqueur de la fin d’une époque


Le parcours d’Ali Redjimi, le technicien des sports qui découvrit Taoufik Makhloufi, raconté dans cette chronique montre les vicissitudes rencontrées par les éducateurs sportifs. Il fait remonter du tréfonds de notre mémoire le  sort d’Aboud Labbed, lui aussi grand découvreur de talents devant l’Eternel. Un enseignant d’EPS à la fois humble et brillant dans ses découvertes et ses résultats. Un pionnier de l’athlétisme féminin que l’on devrait porter sur un piédestal pour avoir fait briller d’abord une championne d’Afrique en des temps (les années 70) où l’athlétisme féminin était quasi inexistant (Sakina Boutamine) et qui fut, au début des années 80, le découvreur dans les quartiers populaires de Constantine, capitale numide avant d’être capitale de la culture arabe, puis le formateur de Hassiba Boulmerka, première championne olympique algérienne du 1 500 mètres. Un parcours et un palmarès plus qu’honorable au vu des moyens mis à sa disposition, exceptionnel certes mais susceptibles d’être accompli par tant de techniciens des sports ou d’éducateurs sportifs. 
Labbed conduisit Hassiba d’abord au titre arabe junior de cross country (mars 1986) puis aux titres  de championne d’Afrique du 800 et du 1 500 (juillet 88) et aux demi-finales des 800 et 1 500 mètres des jeux olympiques de Séoul (1988) avant qu’elle ne rejoigne Amar Bouras pour la carrière qu’on lui connait avec tous les moyens de la fédération mis à sa disposition. Labbed termina sa carrière comme il l’avait commencé en tant qu’enseignant d’EPS faisant fonction de secrétaire général de la ligue des sports scolaires de la wilaya de Constantine ainsi qu’une longue liste de championnes d’Algérie dans toutes les épreuves de l’athlétisme (sprint, haies, demi-fond, lancers et pour couronner le tout épreuves combinées).
Sa polyvalence, il l’a doit à sa formation initiale d’enseignant d’EPS spécialisé ensuite en athlétisme. Une spécialisation dont le format correspond une vision passéiste certes mais valorisante pour les éducateurs sportifs d’antan et leurs athlètes. A la fin des années 70, l’athlétisme constantinois était dirigé par un ancien athlète, spécialiste des épreuves combinées, membre des équipes nationales, enseignant à l’université de Constantine, Youcef Boulfefel qui mit en place au sein de la ligue constantinoise d’athlétisme, rayonnant alors sur une grande partie de l’Est algérien, une organisation du travail, une répartition des tâches dans laquelle Labbed trouva sa place dans l’encadrement de l’athlétisme féminin balbutiant aux côtés d’anciens athlètes devenus éducateurs de renommée nationale - « Zizi » Benhabylès (sprint, haies, sauts), Kamel Benmissi et Chérif Grabsi (demi-fond), Abdelmadjid Kahlouche et Rachid « Tarzan » Kahlouche (lancers)- tous aussi passionnés.
Hassiba Boulmerka a été très tôt orientée vers la vie professionnelle. Lorsqu’elle atteignit le niveau national et régional arabe, africain), le sport de performance issu de la réforme sportive de 1976 avait atteint sa vitesse de croisière. Elle en profita en devenant athlète de performance au CR Belcourt tout en continuant à s’entrainer à Constantine avec Labbed) grâce à une intégration dans les effectifs de l’ENDVP, une filiale de Sonacome distribuant des véhicules de tourisme importés du Brésil (Volkswagen) d’Italie (Fiat) et du Japon (Honda). Elle n’était pas la plus talentueuse des athlètes de sa génération mais sans conteste celle dont la capacité de travail était la plus grande.
Hassiba fit ses débuts au moment où le sport algérien avait changé de bord passant d’une approche ludique, dans la continuité de la pensée coubertinienne où le résultat et la quête de la performance n’étaient pas exclus mais étaient restreints par l’absence de moyens dans des associations typées « loi de 1901 », à un professionnalisme d’Etat emprunté aux pays de l’Europe de l’Est (URSS, RDA, Tchécoslovaquie, Yougoslavie, etc.) financé par la rente pétrolière. Un modèle d’organisation prenant en charge la prospection, la détection des sportifs, leurs formations et leurs carrières sportives et professionnelles inspiré également, au-delà des clivages idéologiques, de l’organisation et de la gestion sportive des corps constitués (armée, police, douane, pompiers) dans les pays de l’Ouest.
En fait, Hassiba Boulmerka, la grande athlète que l’on connait, émerge à une époque charnière. Au moment où le professionnalisme d’Etat est à son crépuscule et que le professionnalisme d’inspiration libérale montre le bout de son nez. On pourrait dire que la frontière temporelle entre ces deux séquences se situe entre les titres africains et les demi-finales olympiques de 1988 et le titre mondial du 1 500 mètres de Tokyo (1991).
Jusqu’en 88, Hassiba Boulmerka est le produit d’un système et d’une organisation. Si elle a conservé son entraîneur en restant à Constantine, la gestion de sa carrière n’est plus locale. Les objectifs sont définis ailleurs. Au CRB, le club dont elle porte les couleurs mais aussi à la fédération qui mettent les moyens nécessaires et interfèrent aussi et de plus en plus dans la préparation de l’athlète. Labbed ne sent plus à son aise. Hassiba aussi d’ailleurs influencée par les tendances très modernes et trépidantes de sa nouvelle vie faite de stages de préparation et compétitions loin du milieu conservateur qui l’a vu grandir et  la marque.
Si Hassiba sut échapper aux dangers qui guettent une jeune fille dans une grande ville cosmopolite, ce ne fut pas le cas d’une autre élève de Labbed, une jeune heptathlonienne prometteuse (originaire également d’une famille modeste, résidente dans un des nombreux habitats précaires de la couronne constantinoise et orientée également vers la vie active, très tôt retenue en équipe nationale) qui aurait pu succéder à Yasmina Azzizi, si elle n’avait été éblouie par les lumières de la ville et ne s’était lancée dans un de ces dérapages futiles et infantiles que commettent des jeunes insuffisamment encadré(e)s lors d’un stage à l’étranger et la renvoya à Constantine où se ferma sa parenthèse athlétisme.
La captation d’athlètes issus de l’Algérie profonde est un des modes de fonctionnement de l’athlétisme algérien qui voit les clubs de la capitale attirer les talents découverts et préparés pour la grande aventure. Hassiba a atteint l’âge (19- 20 ans) qui est celui qui entraîne les grandes manœuvres, celui du passage à l’âge adulte : succès au baccalauréat, entrée à l’université et facilités pour allier sports-études, nouvelle vie dans une grande ville, la plus grande du pays. Sauf que Hassiba est en dehors du circuit habituel.    
D'origine modeste, Hassiba est alors en déphasage lorsqu’intervient Amar Bouras, natif lui aussi de Constantine, ancien coureur de demi-fond, diplômé de l’Institut supérieur des technologies et sciences des sports (ISTS) d’Alger, installé à Alger où il exerce à la fédération ce qui, il faut bien le dire, ouvre des portes inaccessibles à Labbed. Hassiba Boulmerka et Aboud Labbed sont pris dans un système (l’algéro-centrisme) forgé sur le centralisme démocratique. Toutes les décisions importantes se prennent à Alger.
A Constantine (et ailleurs dans le pays) malgré une amélioration relative des moyens mis à la disposition des associations sportives aucune d’entre elles ne peut rivaliser avec les grandes formations, toutes implantées à Alger. Une seule avait tenue tête, pendant une brève période, la DNC Constantine - grande rivale du MPA, de la DNC Alger, du RSK et du CRB, etc., au début des années 80 - se meurt à petit feu lorsque Hassiba fait des premiers pas. La politique sportive n’est d’ailleurs plus à la massification, détection, formation mais à la réalisation de résultats, au financement des résultats ce qui donnera plus tard les contrats de performance.
De plus, Labbed n’était pas (bien qu’il soit loué pour son activisme et ses résultats) en odeur de sainteté dans nouvel ordre de l’athlétisme national qui se construit. Il appartient en effet à un milieu de plus en plus exogène (l’éducation nationale), il possède une formation qui n’est pas en adéquation avec le paysage sportif national qui se met en place et dérange le corporatisme ambiant. La fonctionnarisation du sport s’est mise en marche, le bénévolat qui faisait la force du mouvement sportif national est alors en voie de disparition. La fin de la relation Hassiba Boulmerka-Aboud Labbed marque la fin d’une époque.
La première saison de Hassiba sous les couleurs du CRB coïncida avec la promulgation d’une nouvelle réglementation sportive qui abrogea celle de 1976 et la montée en puissance de l’association des cadres du sport dont sont membres de nombreux conseillers des sports en activité à la fédération algérienne d’athlétisme et à la maison des fédérations.    


mercredi 22 juillet 2015

Ali Redjimi, Dans l’ombre de Taoufik Makhloufi


Peu nombreux sont ceux qui connaissent Ali Redjimi, un parmi les milliers éducateurs sportifs qui hantent comme des zombies les scènes de leur passion, les pistes d’athlétisme et les parcours de cross country.  Une activité qui s’apparente au plus grand crime qui puisse être commis dans un univers où n’existe plus que la passion matérialiste, celle qui se compte en billets de banque (dinars, dollars ou euros) ou en billets d’avion et prises en charge dans des hôtels luxueux, et au sein duquel le fonctionnariat est le crédo.
Ali Redjimi fait partie de ces criminels qui osent encore faire connaitre la course à pied, qui en encourage la pratique qui font partager à leurs jeunes poulains (ayant l’âge de leurs enfants ou de leurs petits enfants) le plaisir de courir, dans la boue des champs et des forêts, lorsqu’ils ont débuté leur sacerdoce,  et aujourd’hui dans les rues bitumées des villes et des villages de l’Algérie profonde. Un criminel sans grand diplôme qui se distingue des autres par l’œil perçant et discriminant du découvreur de potentiels et par le savoir et l’intelligence des pionniers.
Un inconnu du grand public qui n’est pas précédé par une réputation d’explorateur des coulisses et de squatteur des hauts lieux du mouvement sportif national que sont les ligues, les fédérations ou le ministère et surtout n’y fait pas carrière. Un inconnu aussi des médias les plus réputés du pays qui, pourtant depuis quelques années, se délectent des performances et des ratés du jeune talent sportif qu’il découvrit et tailla, comme aurait fait un diamantaire d’un diamant brut pour lui donner tout son éclat, jusqu’à le hisser sur le podium des Jeux Olympiques.
Ali Redjimi est le découvreur et le formateur de ce gamin descendant des numides de Souk Ahras, à portée de mains de la Tunisie voisine dont elle n’est séparée que par un oued, qu’est Taoufik Makhloufi, le dernier des champions olympiques algériens du demi-fond, le successeur de Nouredinne Morceli auquel il vient de ravir le record national du 1 000 mètres.
Ali Redjimi appartient à la race des humbles entraîneurs d’athlétisme (fort nombreux heureusement) dont on ne reconnait pas (malheureusement) la qualité et les compétences et que l’on dénigre pour une soi-disant absence de sens de la communication qui serait, en ces milieux où une vénération devrait leur être portée, la qualité que l’on doit affuter fréquemment à la meule pour bien figurer dans les salons. Pourtant, Ali Redjimi possède une autre facette du sens de la communication qui le met à la portée de ces gamins et gamines que les ténors de la discipline vont d’abord récupérer puis utiliser pour se faire bien voir et ensuite grimper les échelons de la hiérarchie dans une opération de marketing à moindre goût et à moindre effort.
Ali Redjimi appartient à ce groupe d’individus qui passe le temps, invisible aux yeux des autres, de ceux qui font et défont le monde de l’athlétisme et se confondent avec le système. Il a acquis pourtant ces derniers jours un peu de notoriété depuis qu’un entraîneur étranger salue avec respect son œuvre.
En quelques mots sincères et empreints de simplicité, Philippe Dupont, coach de Taoufik Makhloufi depuis le printemps, après avoir déclaré son respect, lui reconnait d’abord la qualité de bien connaitre Taoufik « depuis tout jeune », dit-il, et ensuite salue son niveau de compétence car, affirme-t-il, « ce n’est pas un hasard s’il a réussi à faire 3’30 avec lui ». Une déclaration qui attribue à l’entraîneur une part de la notoriété acquise par Taoufik Makhloufi. Le passage de témoin entre Redjimi et Dupont s’est faite, selon ce dernier, "progressivement" dans un processus de transition basée sur une relation qui  "doit être durable. On se fait  confiance totalement". Avec Dupont, le passé n’est pas effacé. Le présent de la collaboration (championnat du monde de Pékin, août 2015), le proche avenir (jeux olympiques de Rio 2016), sur fond de titres et de médailles, enfoncent leurs racines dans la connaissance de ce passé que maîtrise mieux que quiconque sans doute Redjimi.
Très peu d’informations ont circulé sur la relation entre le champion olympique et l’entraîneur de ses débuts, Ali Redjimi. Ce que l’on sait se construit petitement à partir des reportages qui ont été consacrés à Taoufik Makhloufi et aux déclarations qu’il a pu faire à des moments cruciaux de sa carrière. Le technicien supérieur des sports l’a entraîné à partir de 2003 alors que le jeune Taoufik découvrait l’athlétisme dans la catégorie "minimes" au sein de la section d’athlétisme de l’association sportive de la protection civile de Souk Ahras. Un apprentissage de la course à pied dans des conditions parfois difficiles, comme celle de s’entraîner sur le bord de la route à la lumière des phares de la voiture de l’entraîneur en dépit du souhait de son père de le voir privilégier la poursuite des études.
On sait aussi qu’en 2008, Ali Redjimi, pour permettre à son athlète au talent prometteur de poursuivre sa progression (Taoufik venait de remporter ses premiers titres nationaux et d’honores ses premières sélections en équipe nationale jeunes), l’orienta vers ce grand club de la capitale, placé sous le parrainage de la Sonatrach - le Groupement sportif des pétroliers (l’ex-MCA) disposant de moyens matériels et financiers plus conséquents que ceux de l’ASPCSA - et la direction d’entrainement d’Amar Brahmia avec lequel le futur champion olympique progressa jusqu’à atteindre le niveau continental aussi bien sur 800 mètres que sur le 1 500.
Trois années plus tard, en plein été 2011, après une participation peu glorieuse aux championnats du monde, Makhloufi pris la décision de quitter le GSP et Brahmia. Ce divorce à l’amiable (après un titre africain et à l’approche des J.O) n’a pas été expliqué.
Plus tard, après qu’il se soit séparé de Djamaa Adem, Makhloufi exprima une opinion dépourvue de fioritures,  "avant tout je dois dire qu’en athlétisme, un athlète doit être tranquille et serein avec lui-même" et il explique que parfois, pour parvenir à cet état d’esprit qui permet les grandes réussites "il doit changer d’environnement et même d’entraîneur à la recherche d’une meilleure prise en charge". Il précisa ensuite qu’il s’entendait très bien avec son ancien coach (Djamaa) avec lequel, ajouta-t-il, "j’entretiens de très bonnes relations".
Pendant quelques temps, il s’entraîna seul avant de revenir (pour un entrainement par correspondance) auprès de Redjimi, à la fin de la période hivernale (février- début mai 2012) et rejoindre en mai 2012, quelques 3 mois avant les jeux olympiques de Londres, le groupe d’entrainement de Djamaa Adem. 
Après la parenthèse Djamaa, Makhloufi revint se placer sous la direction de Redjimi. En mai 2014, Il expliqua ce choix par la difficulté à trouver des entraîneurs étrangers avec lesquels il puisse s’entendre. Confrontés entre les exigences de ces derniers et l’utilisation des moyens de bord (il dit à ce sujet  "moi je me contente d’exploiter ce que j’ai à ma disposition ") et une philosophie qui fait que "l’entraîneur n’est qu’un moyen et que l’essentiel reste les capacités de l’athlète" illustrant fort bien le rôle quasi secondaire (utilitaire, pourrions nous dire) qu’il accorde à l’entraîneur, Makhloufi s’est décidé à "prendre celui qui m’a découvert pour travailler avec lui ". Toutefois, ce choix n’est pas un pis-aller. Makhloufi dit de Redjimi "qu’il dispose des grandes qualités et qu’il n’a rien à envier aux étrangers".
Mais, au final, ce qui aurait fait pencher, à ce moment-là, le fléau de la balance, c’est également une forme de reconnaissance, de gratitude née du fait que "dans les moments difficiles j’avais toujours fais appel à lui et il a toujours répondu présent par ses conseils qui m’ont été d’une grande utilité ".
Cette reconstruction historique laborieuse pourrait être une possible explication à l’entêtement dont le nouveau recordman national du 1 000 mètres fit preuve dans la confrontation très polémique qu’il eut au début de la préparation hivernale 2014-2015.  Certaines sources laissent entendre que Makhloufi considérant, envers et contre tous, qu’Ali Redjimi (bien que ne répondant pas aux critères administratifs) était l’entraîneur qui devait l’accompagner aux Etats Unis, s’opposa fermement à la désignation d’un entraîneur par la fédération. Le cœur du conflit avec la fédération et le ministère et non pas une question de financement. 


mardi 21 juillet 2015

Taoufik Makhloufi, Attendu au tournant des Mondiaux de Pékin



Dans un mois environ, le 22 août, débuteront à Pékin, les championnats du monde d’athlétisme. La seule chance algérienne de médaille et de titre est cristallisée sur un athlète : Taoufik Makhloufi. Une chance seulement ! Une candidature pour une médaille.
Depuis, les J.O de Londres de 2012, le coureur de Souk Ahras n’a pas été transcendant, suscitant mille et une controverses. Jusqu’à la meilleure performance mondiale  de  l’année du 1 000 (record d’Algérie de Morceli battu) et son top chrono sur 1 500 mètres au meeting de Monaco (record personnel), dans la soirée de l’Aïd el Fitr qui succède à un autre bon chrono à Paris. Toujours en Diamond League.

L’athlétisme algérien ne fait pas beaucoup de bruit. En fait, la discipline reine des sports olympiques, pour reprendre une expression si galvaudée qu’elle n’a plus aucune signification crédible, ne fait pas souvent la « une » des médias. En dehors des périodes où un(e) athlète se fait remarquer au niveau mondial (championnats du monde ou jeux olympiques) ou par quelques polémiques savamment menées pour faire ₺du bien₺ à des protagonistes sciemment visés, la discipline vit dans le plus grand anonymat que déflore de temps à autre une performance remarquable ou un ₺scandale₺ rapidement oubliés.
Les plus grands moments de l’athlétisme sont connus, depuis la dernière décennie du 20ème siècle, de tous ceux qui, par l’intermédiation de la télévision, ont pu  assister, entrer en transe (comme dans une soirée animée par les Aïssaoua)  aux titres (ou médailles) conquis et aux performances de Hassiba Boulmerka, Nouredinne Morceli, Abderrahmane Hammad, Djâbir Saïd- Guerni, Nouria Merah-Benida.
Taoufik Makhloufi, le dernier champion olympique algérien du 1 500 mètres (jeux olympiques de Londres, 2012), appartient certes à cette liste des médaillés qui ont fait vibrer le cœur des Algériens mais il est aussi inscrit dans une autre catégorie d’athlètes (celle où sont recensés les parias de l’athlétisme) en compagnie des athlètes attrapés par la patrouille de la lutte anti-dopage - les derniers noms connus étant ceux de Zohra Bouras, fille du président de la fédération et spécialiste du 800 mètres (championne d’Afrique) qui se fait discrète sur le plan chronométrique depuis qu’elle a été réintégrée, et du champion et recordman d’Afrique de décathlon, Larbi Bouraâda (qualifié pour les mondiaux de Pékin) qui ont purgé leurs deux années de suspension.
Pourtant, Taoufik, jusqu’à maintenant, n’a pas été pris en flagrant délit de dopage. Mais, il pourrait, selon certaines langues de vipères, prendre la succession d’un autre paria, cet Ali Saidi Sief (natif de Hamma Bouziane, dans la très proche banlieue, et anciennement jardins et vergers de Constantine, qui donna à l’athlétisme algérienne sa première médaille d’or aux championnats du monde et aux jeux olympiques avec Hassiba Boulmerka).

Londres (2012) : le diable sort de la boite

On ne sait trop pourquoi, Taoufik Makhloufi, en 2012, en remportant la médaille d’or du  1 500, en avait sidéré plus d’un. Sur un site électronique consacré à l’athlétisme qui a publié dernièrement un portrait sur l’athlète algérien, on écrit que Steve Cram, ancien recordman du monde du 1 500 et du mile, devenu commentateur à la BBC, se serait écrié « Mais d’où diable sort-il celui-là ?». Une victoire surprise, comme celle qu’obtinrent tous les médaillés algériens. Le journaliste français Gilles Bertrand rapporte également que, « dans leurs chemisettes blanches bien repassées », les deux compères de l’athlétisme télévisuel français (Patrick Montel et Bernard Faure) « s’étaient eux aussi enflammés, embrasant l’échafaud pour condamner la performance du coureur algérien, champion olympique d’un 1500 asthénique et tétanisé, dynamité d’un dernier 300 en apesanteur, à la Bekele, à la Gebre, en apnée ». Dans l’article, écrit quelques jours après le record national du 1 000 mètres et ses 3.30 au meeting de la Diamond League à Saint de Denis (Paris), l’auteur se demande si Makhloufi n’est pas un « mal aimé », s’il ne porte pas « la cuirasse du maudit ». Une appréciation qui n’est pas sans valeur, à juste raison d’ailleurs.
A Londres, Taoufik Makhloufi, avant qu’il ne remporte la victoire sur le 1 500, n’était pas un prétendant potentiel à l’une des médailles en jeu. A la DTN, à la FAA, personne ne croyait vraiment qu’il puisse remporter le titre, devenir champion olympique. Ce serait l’explication, à son double (et inimaginable, certains disent même stupide) engagement sur 800 et 1500, qui mettra le coureur de Souk Ahras dans une situation plus qu’ambigüe et au cœur d’une polémique qui aurait pu être évitée s’il avait su gérer son abandon sur 800 mètres qu’il ne souhaitait pas disputer et surtout ce qui s’en suivit (sanction de l’IAAF, vraie-fausse blessure, atermoiements de la FAA, certificat médical de complaisance validé par le médecin commis par l’IAAF) pour qu’il soit admis à courir la finale olympique du 1500 m. La presse sportive internationale avait catalogué Makhloufi alors que la fédération algérienne avait fait preuve de cet amateurisme que l’on retrouve dans la dénomination de la fédération internationale bien que la discipline au plus haut niveau  appartienne au monde du professionnalisme.
Depuis la médaille d’or londonienne, Taoufik Makhloufi s’est engagé dans une spirale négative, dans une parenthèse de près de deux années où les résultats n’étaient pas présents ou plutôt pas à la hauteur des attentes des spécialistes et du grand public. En arrière plan, des problèmes de santé et des changements de coach, c'est-à-dire un ensemble déstabilisant y compris les plus endurcis. Le remplacement d’Amar Brahmia - mentor de N. Morceli (3.27.77, record du monde en son temps), Boukenza (3.30.92), Zerguelaïne (3.31.21), Boulahfane (3.32.44), etc. tous d’excellents coureurs de 1 500, auteurs de chronos de valeur mondiale - par Souleymane Djamaa Aden n’est pas encore expliqué. Pourtant A. Brahmia est précédé par une réputation de grand communicateur. Son silence, il faut le reconnaitre intrigue, tous ceux qui savent qu’il n’a pas la langue dans la poche et qu’il a toujours été présent dans les moments chauds qu’a vécu l’athlétisme algérien. Surtout que Makhloufi le quitte après le titre de champion d’Afrique du 800 mètres et à quelques semaines des J.O de Londres.

La valse des entraîneurs

Taoufik Makhloufi lui-même ne s’est pas exprimé sur le sujet. Le journaliste français se laisse à dire que, depuis le 7 août 2012 (date de la victoire olympique), le champion  est « sentiments à vif et cœur sanglant ». L’explication est trouvée dans une phrase « Taoufik Makhloufi et la presse se regardent en chien de faïence, chacun retranché dans les coursives et les arcanes de leur propre vérité. Les uns à distribuer des coups en commentaires trempés, l’autre à chercher l’esquive ». Jusqu’à la fin de l’année 2014 où il (lui ou ses poches) utilise la presse nationale pour s’en prendre aux instances sportives (fédération et ministère de la jeunesse et des sports).
Les histoires d’entraîneurs rythment la vie de l’athlétisme. Autant que les performances et les titres. Nous dirons même sur un fond de titres et de records qui exacerbent les passions et les ambitions personnelles. Si la polémique Makhloufi-FAA s’articule médiatiquement sur une question de financement de la préparation et de retard de déblocage du budget qui lui est consacré, il est possible de subodorer que la question d’entraîneur s’inscrit en toile de fond. Makhloufi s’était envolé aux Etats Unis, lieu controversé de sa préparation hivernale, sans être accompagné par un entraîneur. Une situation si incompréhensible qu’elle attira l’attention du ministre, ou du moins qu’elle fut portée à l’attention du ministre, qui évoqua le sujet dans une interview accordée à la presse.
On apprendra plus tard que Taoufik Makhloufi avait eu à ses côtés, pendant la durée de son stage de préparation, un entraîneur algérien présent sur place, Abderrahmane Morceli, frère aîné de Nouredinne, lui-même ancien athlète de 1 500 mètres, ancien recordman national avec un chrono de 3.36.26. Une très bonne marque mondiale en son temps, dans les années où régnèrent sur le 1 500 les Coe, Walker et Cram, les grandes pointures de l’époque. Juste avant l’arrivée de Saïd Aouita et la vague maghrébine. Abderrahmane Morceli a disparu du paysage de l’athlétisme algérien depuis la fin de carrière de son frère dont il fut l’entraineur sous la férule d’A. Brahmia qui récolta tous les lauriers. Abderrahmane Morceli, depuis 2005-2006 entraine, en Californie, des athlètes américains dont certains sont des valeurs montantes du demi-fond US.
Makhloufi avait rompu avec Djamaa comme il l’avait fait avec A. Brahmia. Sans fracas. Sans tambours, ni trompettes. On dit que le coureur est versatile, ambitieux, doté d’une puissance de travail incroyable, quasiment animale. Le champion d’Europe du 3000  mètres steeple Yoann Kowal - coéquipier de Mahiedinne Mekhissi-Banabad (un français d’origine algérienne, anciennement champion d’Europe du 3 000 steeple et actuel champion d’Europe du 1 500) - ayant partagé son stage américain en serait, selon les déclarations faites à la presse sportive française spécialisée, resté ébahi.
Entraîneur somalien d’un groupe d’athlètes de valeur internationale originaires de plusieurs pays, Djamaa a cependant une réputation sulfureuse. Coach de la jeune star éthiopienne Genzebe Dibaba (3 minutes 54 secondes au 1 500 mètres avant de battre (à Monaco) de quelques centièmes (en 3.50.07) le record du monde de la distance (3.50 46), vieux de 22 ans de la chinoise Yunxia Qu et 14 minutes 15 secondes au 5 000, en fin juin-début juillet), Djamaa a été cité indirectement lors de deux contrôles positifs. Le premier étant de la franco-marocaine Laila Traby qui s’était rapprochée de lui lorsqu’elle a voulu ₺monter₺  sur marathon. Le second étant celui du jeune qatari Hamzi Driouch (3.33.69 en 2013 à l’âge de 18 ans) prédestiné à prendre la succession des Aouita, Morceli et El Guerroudj.

Makhloufi pareil à Saidi Sief ?

Pourtant, ce ne sont pas ces considérations qui seraient à l’origine du divorce du duo Taoufik Makhloufi-Djamaa Aden. Certains prétendent que la fédération algérienne d’athlétisme aurait refusé de signer l’accord de coopération qui avait été annoncé. Un accord qui sera signé une année plus tard avec Philippe Dupont
Ce choix ne laisse pas indifférent. En Algérie (et en France aussi), personne n’a oublié l’affaire Ali Saidi Sief, médaillé d’argent sur 5000 mètres à Sydney en 2000 puis convaincu de dopage, l’année suivante, lors des championnats du monde d’Edmonton où il avait à nouveau terminé à la seconde place avant son déclassement, après un contrôle positif à la nandrolone.
Saidi Sief et Makhloufi présentent des similitudes morphologiques. Les deux coureurs ne répondent pas au morphotype du coureur de 1 500 mètres. Tous deux sont trapus, cuisses imposantes et torse puissant. De véritables forces de la nature. Loin, bien loin du profil d’Aouita et Morceli.
En Algérie, le choix est jugé inapproprié par beaucoup. Ce ne sont pas les compétences du technicien qui sont remises en cause. Bien au contraire. N’est-il pas l’entraîneur de Kowal, de Mekhissi, des spécialistes du 3 000 mètres (8.12.53 et 8.OO.O9, record d’Europe) qui brillent aussi sur 1 500 mètres (respectivement 3.33. 75 et 3.33.12) après avoir été celui, à la fin des années 1990 de Patricia Djaté (1.56.53 au 800 et 4.02.26  au 1 500) et du coureur constantinois.
Philippe Dupont a été un bon spécialiste du 800 (1.45. 55) et du 1 000 (2.17. 64), retenu une vingtaine de fois en équipe de France A et sélectionné  pour les J.O de Moscou (1980) et de Los Angeles (1984) et pour les championnats du monde d’Helsinki (1983). Sous sa coupe, Ali Sidi Sief réalisa ses records personnels sur 1500 mètres (3.29.51), 3 000 m (7.25.02) et  5 000m (12.50.86).
Lorsqu’il s’occupe de Saidi Sief, il est entraîneur national de demi-fond à la fédération française d’athlétisme, une fonction qu’il délaissera, après le contrôle positif de Saidi Sief à Edmonton, pour retrouver l’anonymat des fonctions au niveau de la ligue des Pays de Loire (Angers). Avant de retrouver des années plus tard la fonction de manager du demi-fond à la FFA. Notons que son contrat de coopération avec Makhloufi a dérouté beaucoup dans les milieux de l’athlétisme français où la prise en charge d’un athlète étranger a été diversement appréciée. L’entraîneur français explique pour justifier sa mission auprès de Makhloufi qu’il a « envie de lui faire confiance ». Une confiance perdue avec Saidi Sief, avons-nous pu comprendre.
De son côté, T. Makhloufi explique son choix. Quand il est interrogé sur ce sujet, il dit « Philippe, il était dans ma tête depuis 2013 ». L’année qui a suivi les jeux olympiques, Taoufik a rencontré a rencontré Mahiedinne Mekhissi, lors d’un stage de préparation à Font Romeu. L’explication en fait est laconique : « Moi, j’étais seul, lui était seul. Tu sais, l’athlétisme, c’est dur. Philippe, c’est l’entraîneur que je voulais ».  Philippe Dupont est un peu plus prolixe, mais guère plus. Il raconte avoir connu « Taoufik lors d’un stage en juillet 2013 à Font Romeu. On a l’habitude de nous préparer là-bas avec les équipes de France. La rencontre s’est faite par hasard.».
A voir de plus près, la coopération est intéressée. Dupont y voit une forme de mutualisation des efforts des uns et des autres, une coopération gagnant-gagnant, une entraide entre Makhloufi et Mekhissi qui « s’entendent bien ». Sur ce plan là, le discours de Dupont est clair. Notant d’abord que « l’entraînement de demi-fond est difficile » et qu’il « y avait un intérêt pour Taoufik et Mahiedinne à travailler ensemble », Dupont observe que le partenariat « n’a pas été possible cette année, car Mahiedinne s’est blessé » avant d’affirmer que « l’objectif était qu’ils se retrouvent pour se servir des qualités de chacun et de progresser vers le top niveau ». Il souligne un aspect qui peut faire la force du duo « Ils ont une culture commune et c’est intéressant ».
C’est à Colorado Springs, non loin de Denver, que Taoufik Makhloufi a rejoint Philippe Dupont en stage de printemps avec une équipe de France demi-fond, décimée par les blessures. Le champion olympique argumente: « Avec Philippe, les choses sont plus étudiées, plus programmées et Inch Allah, on fera de grands résultats dans l’avenir. Philippe est très proche de l’athlète. Il nous connaît et connaît des français originaires d’Algérie. Il connaît notre mentalité. Je sens qu’il écoute. Philippe, son expérience dans l’athlétisme, c’est plus que mon âge. Je vais profiter de cela ».

Taoufik ne renie pas son découvreur

Depuis cette prise de contact dans le centre olympique américain, Taoufik Makhloufi a rejoint Angers, là où réside Philippe Dupont et où il semble avoir trouvé ses aises. Il y a loué un pied à terre et fait l’acquisition d’une voiture pour faciliter ses déplacements. De son nouveau lieu de résidence, il dit que « C’est une belle ville, c’est mignon. Je suis tranquille. Je descends prendre mon café, les gens sont sympas. Le stade, c’est à cinq minutes seulement ».
Taoufik Makhloufi n’est pas oublieux. Il cite son premier entraîneur (Ali Redjimi) qui lui a fait découvrir la course à pied et qui semble être encore proche de lui lorsqu’il s’agit de prendre les décisions qui engagent la carrière sportive. Au journaliste français, il confie (ce qui prend toute son importance dans un contexte où l’article ne sera pas lu en dehors du cercle fermé des habitués du site et donc loin des coups bas au sein de la fédération algérienne) toute sa reconnaissance en déclarant que  «c’est comme un père car je sais ce qu’il a fait pour moi lorsque j’étais enfant. C’est une personne qui a vu en moi un bijou. Il me guide, sans cela je peux être perdu ».
Dans une interview publiée dans un quotidien national, juste après le meeting de Monaco, Dupont est interrogé sur ses relations avec Ali Redjimi. Il affirme d’abord qu’il a «beaucoup de respect » pour cet entraineur qui « connait Taoufik depuis tout jeune ». La suite est sans équivoque mais surprenante pour qui connait les milieux de l’athlétisme algérien et la guerre des entraîneurs qui y règne. En une toute petite phrase, l’entraîneur français fait l’éloge de l’entraîneur de Souk Ahras : « Ce n’est pas un hasard s’il a réussi à faire 3’30 avec lui ».
Cette année, ou plutôt en ce début da saison prélude aux championnats du monde de Pékin (22 au 30 août), la présence de Makhloufi sur les pistes a été marquée par quelques résultats prometteurs (meilleure performance mondiale de l’année sur 1000 mètres et record d’Algérie de la distance détenu par Morceli battu puis deux chronos époustouflants sur 1 500, le premier légèrement au dessus de 3.30 à Nancy et la 7ème performance mondiale (2ème performance nationale, derrière Morceli et devant Saidi Sief) de tous les temps à Monaco, le jour de l’Aïd, avec 3.28.75).
On note aussi, cela a été fortement remarqué et commenté dans la presse nationale, des ratés comme ses absences à des meetings où il était annoncé (Birmigham, Rabat) qui ont déclenché un début de polémique rapidement éteinte. La thématique : qui doit gérer la carrière et la programmation de la saison du coureur ? 
En tant que coach de Makhloufi, Dupont a son idée sur le début de saison de Taoufik. Il le juge très positif, « contrairement à ce que peuvent penser certains ». Il explique que le pari de courir à Pris trois jours après la course de Nancy « était osé par rapport à la récupération. On a réussi à faire 3’30’’50 ». Pourtant, toutes les conditions n’étaient pas réunies. Son évaluation de la course de Saint Denis vaut la peine qu’on s’y arrête un instant. Ecoutons-le : « les lièvres n’ont pas été rapides comme ils devaient l’être. Il a pris la course à son compte dans l’euphorie de son 1000 m nancéen. Il a assumé. C’est très fort de sa part. S’il avait couru pour gagner, cela aurait été différent ».
Les objectifs sont assumés : gagner le titre mondial et remporter une seconde médaille d’or aux jeux olympiques. Dupont ne cache pas l’espoir de réaliser ce challenge. Dès le mois d’avril, début de leur partenariat, Taoufik lui a posé la question. La réponse du manager français laisse supposer que le pari pourrait bien être tenu puisque dépendant « de l’investissement sur les trois-quatre mois avant le championnat du monde » qui semble avoir donné ses fruits avec les chronos de Nancy, Paris et Monaco mais qui est lié également à « bonne préparation terminale » qui aura lieu à Font Romeu selon le DTN de la FAA. Pourtant, Philippe Dupont se laisse à émettre un bémol en considérant que « sur la période hivernale, il manquait un peu de structuration». Pour nous, il s’agit de toute évidence d’un point de vue tout à fait pertinent sur une période où l’athlète a été ballotté entre la fédération et le MJS, avec un début de préparation perturbé aussi par un choix d’entraineur correspondant aux desiderata des instances sportives nationales et semble-t-il de la récusation d’Ali Redjimi qui ne répondait pas aux critères administratifs.  
Globalement, Dupont considère que sur la base du début de saison, Taoufik « a les armes pour aller chercher une médaille ».
Pour une projection plus lointaine, Dupont ne dissimule pas que « l’objectif sera d’aller chercher l’or ». Toutefois, il émet une condition objective que tout entraineur se doit de poser à savoir que Taoufik « a besoin de faire une saison entière sans problème de santé ». En rappelant que le champion olympique « est un grand champion », Dupont remarque que « cela n’a pas été le cas ces dernières années » et que le coureur « a besoin de confiance et de sérénité pour faire une saison pleine ».




Immobilisations immatérielles, Pas soumises à négociations



Certains titres de la presse sportive nationale ont fait état, dernièrement, de la volonté, du désir, du vœu, du souhait (on ne sait comment qualifier leur acte de parole) des dirigeants du CSA/MCA de réclamer à nouveau le paiement d’une vingtaine de milliards de centimes au titre de la cession du sigle et des couleurs au club professionnel.
Nous rappelons ici que la SSPA/MCA est la personne morale qui gère le club professionnel du MCA ayant juridiquement la forme d’une société par actions au sein de laquelle sont associés des personnes morales (sociétés, entreprises et associations) et des personnes physiques (êtres humains jouissant de la capacité juridique d’être actionnaire). La SSPA/MCA, ayant été créé par un acte juridique authentique (devant notaire), est née de la volonté de personnes (morales et physiques) de mettre en commun leurs moyens (humains, intellectuels, financiers, patrimoniaux, etc.) pour la réalisation de buts, d’objectifs définis par les statuts. La SSPA, étant par principe une société commerciale, son objectif premier est de dégager des flux de trésorerie positive et, donc en fin d’exercice, des bénéfices.
L’apport des associés au moment de la création de la société sont de deux ordres : un apport financier et un apport en nature. Si le premier type d’apport est celui effectué dans la forme monétaire (argent liquide, chèque, virement), le second se présente sous la forme de biens mobiliers (voitures, bus, mobiliers de bureau et informatiques, etc.) et immobiliers (terrains et bâtiments), matériels (ceux précédemment cités : voitures, terrains, bâtiments, etc.) et immatériels (ne pouvant être perçus ou touchés, ayant un caractère d’intangibilité tels que les brevets et licences mais aussi ce qui nous intéressent dans le contexte présent, à savoir le sigle et les couleurs du club).
Ces apports en nature font l’objet d’une valorisation par un commissaire aux comptes (commissaire aux apports) désigné pour estimer la valeur de ces biens qui sera incorporée dans la détermination du capital social initial de la société et donc du nombre d’actions dont sera détenteur l’apporteur du bien matériel et/ou immatériel.
Par la création de la société (création de la SSPA) et l’enregistrement du transfert de propriété, le bien n’appartient plus à son propriétaire initial mais à la société commerciale. Il sort de l’inventaire du patrimoine du CSA/MCA pour entrer dans celui de la SSPA/MCA.
La logique (une caractéristique intellectuelle qui n’est pas l’apanage des dirigeants du football algérien) voudrait que ces deux biens immatériels soient intégrés dans le patrimoine de la SSPA dès sa création. Il est vrai que (en plus de l’histoire du club et de son palmarès) ils en font indéniablement partie intégrante. A plus forte raison que, à la création du professionnalisme dans le football algérien, seuls les clubs participant alors aux championnats de Nationale 1 et 2 avaient le droit  (s’ils le voulaient bien) d’acquérir ce statut. Ils auraient donc du faire partie de la « corbeille de la mariée », de la dot de l’apport initial. Si cela n’a pas été le cas, la faute n’en incombe pas aux autres actionnaires mais aux gestionnaires (de l’époque) du CSA/MCA. Le contrat d’association entre les parties (le ₺contrat de mariage₺) a été établi sur la base des déclarations des deux parties.
La SSPA a connu par la suite, avec l’arrivée de Sonatrach en tant qu’associé majoritaire, un changement d’actionnariat (nombre d’actionnaires, part de chacun dans le tour de table, apports financier et autres, etc.). Le CSA/MCA aurait du à ce moment-là faire valoir ce qu’aujourd’hui il considère comme son droit légitime mais qui en fait pourrait être interprétée comme une « arnaque au mariage ».
Notons aussi que le CSA/MCA, selon nos confrères, revendique la place de membre du conseil d’administration de la SSPA occupée par un des associés (personne physique) en prétendant que celui-ci serait devenu actionnaire avec l’argent du CSA/MCA. La SSPA/MCA (en fait Sonatrach, actionnaire majoritaire) n’est pas en droit de remettre la qualité d’actionnaire octroyé par l’acte de création de la société (et certainement confirmée par l’acte de recapitalisation). Si litige il y a, il ne peut être réglé qu’entre les deux parties concernées (le CSA/MCA et la personne physique).  


La "star" payée à 300 millions, Aux limites de la régularité



Le terrain de la polémique stérile ayant été déblayé dans notre précédente chronique ou du moins les premiers éléments de compréhension y ayant été rappelés, il faut reconnaitre que la fameuse ₺affaire₺ Abderrahmane Hachoud illustre sans aucune ambigüité les dérives du football professionnel algérien. Les exagérations qui pourront être portées (selon les pratiques sociales qui ont cours un peu partout dans la société pour ne pas voir ce qui devrait au contraire être vu et accorder un pardon de pure forme qui exonère la faute) au compte du jeûne et les habitudes acquises (dans un espace où la liberté d’expression est une valeur débridée, irrespectueuse des règles minimales de la vie en société) illuminent les dysfonctionnements et les errements du football professionnel en prise avec une médiatisation spectaculaire (outrancière même) où les intérêts bassement personnels prévalent sur les intérêts collectifs. Même si la médiatisation abusive de l’₺affaire Hachoud₺ peut être bénéfique pour l’ensemble de la communauté des joueurs qui pourront trouver prétexte à l’actualisation de leurs contrats.
Si on ne peut accorder la paternité directe de la médiatisation à Hachoud (il était à Tlemcen au moment où la polémique naissait à Alger), on peut toutefois considérer que des proches soucieux de ses intérêts ou des envieux désireux de lui nuire peuvent être les auteurs de cette exploitation médiatique d’un acte simple de gestion. A nouveau, comme sur beaucoup d’autres sujets, il nous semble qu’il y a comme une incitation à envisager…..une théorie du complot, une préméditation.
Au départ de ce que certains qualifient de ₺malentendu₺, on trouve une demande formulée par Abderrahmane Hachoud pour une reformulation du contrat le liant à la SSPA/MCA. Une sorte d’avenant qui modifierait les éléments de la composante de sa masse salariale et permettrait de revenir aux éléments salariaux inscrits dans le premier contrat signé modifié suite à la décision de plafonnement des salaires des joueurs professionnels prise par les dirigeants de clubs et formalisée par la Ligue du Football Professionnel agissant en tant que cartel pour défendre les intérêts des clubs.
Initialement Hachoud et le MCA ont convenu d’un salaire mensuel de 300 millions de centimes. Suite à la décision des dirigeants des clubs, le salaire mensuel a été plafonné à 120 millions de centimes. Mais, la décision a été détournée sous la forme d’une ₺prime₺ dont le montant est égal à la différence entre le salaire initialement convenu et le salaire plafonné (180 millions) payable en deux fois (vraisemblablement au début de chacune des deux saisons contractuelles). Hachoud affirme que la décision de plafonnement des salaires ayant été annulée par la LFP, il a sollicité - à l’entame de la deuxième saison du contrat le liant au MCA - la révision de son contrat qui retrouverait alors sa forme originelle (salaire mensuel de 300 millions avec pour conséquence l’annulation du salaire de 120 millions et de la ₺prime₺ de 180 millions). C’est ce mécanisme qui a fait croire à une demande de revalorisation salariale. On voit donc que nous sommes confronté à un « mal entendu » et à « un mal compris ».
Toutefois, les explications d’Abderrahmane Hachoud sont empreintes de confusion. Tantôt, il parle d’₺avance sur salaire₺, tantôt de ₺prime₺ et même d’₺avance sur salaire sous forme d’une prime₺ représentant 55% du salaire annuel. Dans le monde du travail, une ₺prime₺ est la rémunération d’une sujétion (d’un aspect particulier de l’activité professionnelle qui n’est pas prise en compte dans le salaire : documentation, représentation, responsabilité, utilisation du véhicule personnel, salissure, nuisances, travail posté, travail permanent). L’₺avance sur salaire₺ est plus prosaïquement l’₺acompte₺ perçu en cours de mois (avant le paiement du salaire) et déduit au moment de la paie.
Cette réflexion s’est basée sur les déclarations de Hachoud. Il reste à voir ce qui est porté sur le contrat du joueur et la comptabilisation de cette manipulation pour en tirer les conséquences juridiques et éventuellement judiciaires.


CSA/ SSPA, Béjaïa dévoile les flétrissures du foot (2)



Il semblerait que, dans la SSPA/JSMB dont le capital social de départ aurait été un des plus important de la galaxie du football professionnel algérien et le serait encore (bien que devancé maintenant par les SSPA de l’USMA Alger, MC Alger, JS Saoura, CS Constantine), le CSA est minoritaire. Un statut qui ne lui permet pas d’imposer son point de vue, son approche. Si ceci a le mérite d’une certaine clarté, il apparait qu’un troisième intervenant est apparu depuis la fin de la saison 2013-2014 et donc le début de la saison 2014-2015 qui vient de s’achever. Une sorte d’₺électron libre₺ qui aurait voulu s’emparer de la totalité des pouvoirs. Les correspondants locaux de la presse sportive n’ont pas réussi à la qualifier. Cependant, très souvent on lui attribue l’attribut de « sponsor de l’équipe ». Mais, nous savons qu’il existe dans leurs esprits une confusion entre ₺sponsor₺ (celui qui verse une contribution financière en contrepartie d’une exposition médiatique convenue par contrat) et ₺ commanditaire₺ (celui qui finance une activité commerciale en contrepartie d’une part des bénéfices quelle que soit la forme qu’ils revêtent, sauf que l’équipe professionnelle est une SSPA et non une société en commandite simple ou par actions). Nous dirons simplement (et faute de mieux pour l’instant) qu’il s’agit d’un supporter particulier participant au financement des activités de la JSMB en déboursant, selon des informations récurrentes, quelques 6 milliards de centimes.
L’opacité qui règne au sein de la JSMB, depuis la précédente intersaison estivale, est, à en croire les témoignages parus dans les colonnes de la presse, consécutive au retrait de Boualem Tiab de la présidence du conseil d’administration de la SSPA. Le CA de la JSMB n’aurait pas alors trouvé le successeur du vieux baroudeur, ancien  joueur de cette équipe considérée comme le doyen des clubs kabyles. Boualem Tiab y fut pendant longtemps le dirigeant et en même temps le pourvoyeur de fonds. On rappelle dans les milieux footballistiques béjaouis qu’il avait su en assurer la pérennité avant que la santé ne lui fasse défaut. Sous sa houlette, la JSMB,  qui n’était qu’un club parmi tant d’autres de la wilaya (le SS Sidi Aïch et l’ORB Akbou le précédèrent sur la voie de la renommée sportive) accéda aux plus hauts échelons de la hiérarchie nationale que ne purent atteindre ses rivaux locaux  et participa aux compétitions continentales.
Le retrait des affaires de B. Tiab facilita la recomposition du bureau exécutif du CSA et l’introduction aussi bien dans le périmètre de ce dernier que dans l’assemblée générale des actionnaires (à ne pas confondre avec l’assemblée générale des membres du CSA) d’un nouveau venu, bien installé sur place de Béjaïa et industriel notoire lequel ne su pas saisir l’opportunité offerte à lui de s’emparer de la fonction de président du CA en ne se présentant pas devant le notaire qui aurait officialiser l’acquisition d’une action symbolique du capital social de la SSPA et en posant comme préalable la dissolution de la SSPA.
Nous avons cru comprendre que par cet acte, l’₺électron libre₺ empêcha la poursuite du processus de retrait de B. Tiab (affaibli par ses problèmes de santé) qui avait l’intention de quitter définitivement la JSMB en cédant gratuitement ses actions à l’APC. Le retrait de B. Tiab a eu pour effet d’entrainer la mise en sommeil d’une SSPA étêtée. B. Tiab n’est plus de fait le président du CA, l’₺électron libre₺ n’est pas intronisé. Une situation déplorable mais réelle.
La participation de la JSMB au championnat de Ligue 2 a été permise par une tête bicéphale (CSA et ₺électron libre₺) qui en pris en charge (sur tous les plans : administratifs, financiers, etc.) l’équipe jusqu’à la fin de la saison 2014-2015 conclue par le maintien de l’équipe en Ligue 2 alors que l’accession en Ligue 1 était l’ambition.
Pendant toute la durée du championnat, la préoccupation première a été l’accompagnement de l’équipe et non la réhabilitation de la structure managériale, point de départ de la confusion du début d’intersaison et de l’obligation du respect des formes de gestion imposé par les instances dirigeantes de la LFP.
La gestion informelle par le CSA et l’₺électron libre₺ est alors arrivée en bout de course. La restauration des normes est devenue une obligation qui pour sa réussite a du faire appel à des ₺sages₺ pour tenter de remettre de l’ordre, concilier ce qui pouvait l’être, redonner consistance au CA et à la SSPA redevenues incontournables y compris pour les  irréductibles du CSA qui lui aussi perd sa tête à la suite de la démission annoncée de son président incapable de résoudre une crise qu’il avait fomentée avec l’aide de l’₺électron libre₺ qui lui aussi se retire des affaires de la JSMB.

La renaissance de la JSMB ne peut être que par la revigoration d’un CA dans lequel l’élément anciennement moteur (B. Tiab) ne se sent plus moralement impliqué et duquel il s’est éloigné sans doute définitivement. La clé à la solution est pourtant connue. Boualem Tiab a montré la voie en annonçant son désir de céder gratuitement ses actions à l’APC. D’autres sont près à en faire de même (céder leurs actions). Qu’attendent donc les investisseurs pour en faire l’acquisition ? Il suffirait simplement de passer devant le notaire.      

CSA/ SSPA, Béjaïa dévoile les flétrissures du foot (1)


C’est à Béjaïa que le football exhibe les aspects les plus désopilants de pratiques qui, en fin de compte, suscitent autant la pitié que le rire. Ailleurs, dans toutes les villes du pays qui abritent une équipe professionnelle, la commedia del arte est aussi présente que dans les caravansérails de la capitale des Hammadites. Elle se joue cependant dans des cercles fermés à l’abri des regards et des oreilles indiscrètes, loin du public. Quoiqu’on en dise, c’est le même scénario qui est proposé dans 32 (et même plus, si l’on y comptabilise les équipes reléguées en DNA - division nationale amateur - et celles qui aspirent à remonter en Ligue 2) groupes sociaux, regroupements claniques cooptés qui ont pris en otage le football local et national.
Alors que partout le prétexte de courir (ou de faire courir) derrière un ballon rond un groupe de jeunes adultes en pantalons raccourcis est avancé, sous la bénédiction muette des correspondants de presse embrigadés et supporters avant tout de l’équipe locale, à Béjaïa, le monde du football a dévoilé la réalité décapante dont l’un des aspects est relaté par le joueur Rahal expliquant pourquoi il avait quitté ce MO Béjaïa où pourtant il se sentait bien et où il aurait voulu poursuivre sa carrière. Libre de tout engagement avec le club, il s’était présenté au siège du club pour négocier son nouveau contrat. En face de lui un actionnaire « assis sur une chaise, les pieds sur le bureau ». Une scène digne des films western ou des séries B, une attitude, une posture indicatrice de la position sociale du personnage se croyant le sheriff du coin donc de l’homme faisant la loi si ce n’est dans la cité du moins dans le club. On pourrait à la limite tenter de se convaincre qu’il s’agit simplement d’une pose décontractée mais il n’en reste pas moins qu’elle était plutôt équivoque. Ce sont justement à partir d’attitudes de ce genre (pour le moins très décomplexées et rarement racontées et lorsqu’elles le sont toujours a postériori faisant croire à des rancœurs) qui s’ajoutant à des séries de faits d’apparence anodines et de déclarations intempestives répercutées avec délectation que se rompent des relations déjà distendues et que des équipes sont dans l’obligation de renouveler annuellement leurs effectifs.
Mais à Béjaïa, le plus important, le plus significatif de la déchéance du football et de ses mœurs se trouvent dans la polémique qui régit les rapports entre les dirigeants, entre le CSA et la SSPA et ceux qui s’attribuent cette qualité au nom de…. leur présence dans la proximité immédiate de la JSMB.
Depuis l’avènement du professionnalisme dans le milieu du football algérien, la responsabilité de l’équipe est dans le giron de la SSPA/JSMB et du conseil d’administration qui se trouve à sa tête. Le CSA/JSMB qui, comme tous les clubs sportifs amateurs du pays, est à l’initiative de la création de l’équipe professionnelle, n’est plus qu’une institution sportive en charge des équipes ayant le statut amateur (toutes disciplines confondues autres que l’équipe professionnelle de football et ses prolongements que sont les équipes U21, U18, etc.), un cordon ombilical permettant l’intermédiation entre les pouvoirs publics et le SSPA entrevue essentiellement par le financement du professionnalisme.  
Sur le plan juridique et administratif, le CSA et la SSPA sont deux entités entièrement autonomes (le CSA est une association sportive et la SSPA est une société commerciale) maintenant cependant un lien de filiation à travers la participation du CSA au conseil d’administration de la SSPA et au financement de la société commerciale. Le poids du CSA dans la SSPA dépend de l’importance du nombre d’actions, de la part du capital social détenues et donc de son apport. A la JSMB, les actionnaires de la SSPA sont aussi membres du CSA. Une double casquette qui n’est pas préjudiciable au bon fonctionnement de la SSPA mais perturbe celui du CSA puisque la présence des administrateurs du CA aux assemblées générales du CSA est une opportunité que saisissent beaucoup pour interférer dans le fonctionnement de la SSPA et demander des comptes auxquels ils n’auraient pas droit en d’autres circonstances.

Chacune des deux entités possèdent sa propre organisation, son propre organigramme. Mais, la confusion dans les esprits est telle que l’interpénétration est le souci principal, le moyen de contrôler les flux financiers débloqués par les pouvoirs publics, de s’approprier une partie plus importante de la subvention étatique.