A la veille d’un match
important, il est devenu coutumier d’entendre des dirigeants de clubs,
généralement en difficulté, annoncer des mesures drastiques à l’encontre des
supporters des équipes adverses que l’on voudrait décourager d’accompagner leur
équipe favorite. Les foules de supporters étant, dans leurs perspectives
réductionnistes, considérées comme une arme de dissuasion massive, comme un
élément pouvant s’agréger aux 11 joueurs alignés sur le terrain, devenir ce
fameux « douzième homme » qui survolte, sublime et pousse à la
victoire.
₺Moh₺ Cherif Hannachi, président de la JS
Kabylie, club mythique ₺aux multiples étoiles africaines₺ s’est engagé dans cette voie qui excite ₺anormalement₺ les supporters des deux équipes en
les invitant presque à s’affronter en n’accordant aux supporters du MOB que
…500 places, soit (il le dira après coup) le quota habituellement réservé aux
équipes visiteuses.
Les ₺Crabes₺ ont connu à deux reprises ce genre
de situation. La première fois, à la veille d’une rencontre de championnat face
au RC Arbaâ, puis quelques jours plus tard, avant la demi-finale de la Coupe
d’Algérie contre l’Entente de Sétif. On sait ce qui se passa. La délégation
bougiote affirma avoir été malmenée au stade Saïd Makhlouf et à Sétif, le MOB
se qualifia pour la finale après que les dirigeants du club bougiote eurent su
prendre de la hauteur. La décision de Hannachi a été prise avec une certaine
philosophie à Béjaïa. Du moins, il n’y eut pas de réactions intempestives dans
les colonnes des journaux.
Il est vrai également
que ce furent les Tizi Ouzéens (opposants à Hannachi et comité des supporters)
qui se sont chargés de réagir avec une certaine véhémence. Mourad Amara (ancien
joueur) eut une tirade digne en rappelant que de « nombreux supporters de cette
région sont décédés dans des accidents de la route pour la JSK » avant de leur souhaiter la bienvenue « chez
eux à Tizi ». Il citera aussi les joueurs de la vallée de la
Soummam qui ont fièrement arboré et « défendu avec hargne les
couleurs de la JSK » (Amara, Bahbouh, Dali, Bouiche, Rahmouni, les
frères Amaouche).
Les supporters
n’oublient la qualité de l’accueil qui leur est réservé. Ceci expliquerait a
posteriori certains comportements, pour le moins inamicaux, constatés des mois ou des années plus tard.
Ceux de la JSK n’ont été oublieux. On rapporte que, par le biais de leur comité
officiellement agréé, ils auraient imposé aussi bien à la direction de la JSK
(fortement partagée sur le sujet) et à la commission de sécurité que les ₺Crabes₺ disposent d’un quota supérieur à
celui distribué au MCA (1 200 places). Au delà de cette action positive,
le président du comité des supporters a rappelle la qualité des liens qui
unissent les deux galeries. Le président des supporters dira « On a été chaleureusement accueillis au match
aller » avant d’observer ce qui, à ses yeux, est dans doute le
plus important « on a accédé au stade avec les maillots du
club alors qu’on était toujours sanctionnés ». Interdits d’entrer
dans les enceintes sportives algériennes, ils ne le furent pas à Béjaïa.
A la suite de la
réunion de la commission de sécurité et à la polémique suscitée par sa
décision, ₺Moh₺ Cherif Hannachi tentera habilement (grâce à l’expérience
acquise en une vingtaine d’années à la tête du club) de renverser la vapeur et
de tirer la couverture à lui. Il déclara à la presse que «d’habitude, on accorde 500 places
aux supporters des équipes visiteuses. Les Crabes veulent 1 000 places. Moi, je
leur donnerai 1 200 places. L’important pour moi est que le match se déroule
dans un fair-play total». Une manœuvre dilatoire que, dans d’autres
circonstances, on appellerait ₺manipulation₺ ou ₺récupération₺.
Finalement, les
premiers articles publiés dans la presse sportive disent que le quota n’a pas
été utilisé par les ₺Crabes₺. Seulement 700 supporters bougiotes auraient fait le court
déplacement (une centaine de kilomètres au maximum) entre les villes et
villages de la wilaya de Béjaïa et le stade de Tizi Ouzou. Encore une fois une
tem^pete dans un verre d’eau et un dirigeant en déphasage avec la réalité
profonde.
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