L’informateur, le producteur de « nos rumeurs »,
est un membre de la communauté, de la sphère sportive au sein de laquelle il
jouit d’une bonne réputation. Le plus souvent, il est « une figure
connue » pour sa respectabilité, son honorabilité, sa crédibilité.
Il est porteur d’ « une nouvelle », recueillie à « bonne
source », nommément citée. Il détient quelque fois la preuve de
l’existence mais ne peut la divulguer ouvertement.
Le plus souvent, il fait appel, pour expliquer la rétention de
l’information non publiable, à la célébrissime et obscure obligation du « droit
de réserve », brandie à tout bout de champ. Une parade utilisée
afin d’éviter la révélation publique d’une nouvelle le plus souvent
préjudiciable à la bonne marche du corps social sportif encadré par d’autres
corps sociaux, essentiellement administratifs, « politiques »
et hiérarchiques, à la fois tout puissants et vindicatifs. Quelle que soit
leurs positions dans la hiérarchie administrative et/ou sportive, ces
informateurs requièrent l’anonymat protecteur.
Ces derniers temps, l’actualité politique et littéraire (nous nous
référons à la parution, le 5 janvier 2018, du livre « Fire and Fury : Inside the
Trump White House » traduit en : « Le feu et la fureur : à
l’intérieur de la Maison Blanche de Trump » écrit par le journaliste
Michael Wolff) a permis à la presse française, dite de référence, de montrer la perception très étatsunienne de
l’objectivité journalistique.
Ce qui est intéressant, quand on se penche sur le débat polémique suscité
à propos de la crédibilité des informations contenues dans le livre et sur
l’objectivité de l’auteur, c’est qu’une présentatrice d’une émission phare de
CNN, en décrivant le « modus operandi de Michael Wolff »
permet de dévoiler un des angles d’analyse de la profession de journaliste
telle qu’elle est perçue, par ceux (et celles) qui la pratiquent dans l’espace
de la démocratie idéalisée et idyllique.
La technique utilisée par Michael Wolff serait de « laisser
les personnes avec qui il s’entretient dérouler leur fil ». Cette
technique serait amputée d’une partie importante de l’approche traditionnelle qui
le conduirait à ne pas se donner « la peine de vérifier ce qu’elles
disent ». Cela amène cette
présentatrice à affirmer qu’ « Il n’a pas besoin d’avoir deux
sources pour avancer un fait ». Pour cette présentatrice de
premier plan, cette démarche « Ce n’est pas du journalisme ».
En conclusion, le journalisme se manifesterait par la présence minimale
de deux sources d’information. Nous devons convenir que ces deux sources
doivent être concordantes. Pour Alisyn Camerota, la présentatrice de CNN, il y
a donc obligation de deux sources en vue de la validation d’un fait à publier.
Sans qu’elle n’y prenne garde, elle a placé Donald Trump, le tout
puissant président de la première nation planétaire, sur le même plan qu’un
témoin lambda d’un fait divers. L’information qu’il communique doit absolument
être vérifiée dans les coulisses du pouvoir pour être validée par ceux qui
l’ont aidé à prendre sa décision.
En un mot, l’informateur, source d’une rumeur médiatique, est (dans le
contexte moins pesant et si peu protocolaire dans lequel nous évoluons) une
personne qui, de par son statut social, pourrait se voir attribuer le statut de
« leader d’opinion », de porteur de sens et de
significations à exprimer (dont la presse actuelle est friande pour soi-disant
lui éviter de prendre part et de s’impliquer dans le débat) susceptibles d’être
portés à la connaissance des masses.
Il est en capacité de s’imposer, de faire entendre avec pertinence sa
voix dans les champs sportif et médiatique.
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