Cette presse sportive incontournable, à laquelle nous sommes dans
l’obligation impérieuse de nous reporter, s’est bâtie autour de deux fonctions.
La première est la fonction-pivot dans une sémiologie structurale de
l’information. C’est celle dite « fonction d’information »,
sans laquelle il n’y aurait pas existence de ce système économique médiatique
débordant de vitalité. La seconde est la « fonction de catharsis »
attribuant un rôle de soupape…et une posture d’opposition alléguée au système aux
empires étroitement liés au régime auquel ils participent en structurant le
discours idéologique.
La fonction d’information qui y préside se fonde sur la mise en valeur
de faits mineurs, de crispations et des relations conflictuelles marginales régissant les
rapports sociaux normaux dans un contexte de surtensions physiques (pour les
sportifs), intellectuelles (pour les staffs et les observateurs) et mentales. Une
information si débridée qu’elle atteste le sentiment accordant la primauté à
l’accessoire au détriment d’un essentiel (restant à définir selon des critères
autres que ceux aussi variés que subjectifs proposés) qu’elle s’efforce
d’ensevelir sous l’avalanche du superfétatoire.
La deuxième, accessoire dans la hiérarchie des fonctions médiatiques, la
fonction cathartique, est (remarquons-le) portée sur les ailes d’une liberté
d’expression démocratisée dans ses pires excès, exprimée sans contrôle apparent
de ces « gate-keepers », les gardiens du Temple
médiatique, les censeurs fonctionnels, la hiérarchie du journal dont il est patent
qu’ils sont fins connaisseurs de l’idéologie à favoriser, à promouvoir et dont
on disait qu’ils étaient ceux qui donnaient une cohésion idéologique au produit
médiatique final.
Il faut avouer que la libération de la pensée et de l’expression est
totale. Nous devons malheureusement l’entrevoir comme une pensée, à la fois
manipulée et manipulatrice, privilégiant les intérêts de quelques-uns. Une
élite constituée essentiellement dans un rapport dominants/dominés mettant en
présence des groupes « institutionnels » (clubs, ligues,
fédération) socialement émérites et des individualités (joueurs, entraîneurs,
arbitres) totalement asservis par les systèmes sportif et médiatiques.
La fonction intermédiaire dite « pédagogique »
(ou de « formation » du lectorat) sensée apporter des
connaissances y est complétement éludée. Il ne s’agit surtout pas, en aucune
façon, d’éclairer les lecteurs sur les fondements et mécanismes des relations
conflictuelles répercutées mais de mettre délibérément en avant celles prônées
par les strates sociales supérieures du système sportif.
Une nomenklatura formée par ces castes intermédiaires néo-libérales qui
sont les obligées du système englobant économique, politique et administratif, de cet appareil idéologique de l’Etat que
décrivit si bien, depuis sa cellule, Antonio Gramsci. Des serfs-gardes-chiourmes,
asservissant leurs semblables pour un peu de notoriété et de monnaie, qui
auraient fait le bonheur de Franz Fanon découvrant les nouveaux colons.
Les discussions sportives, aux relents chauvins et populistes, ont
changé d’espaces d’expression. Elles ont migré à l’aune des politiques nationales
d’occupation du territoire. Elles se sont déplacées des cafés du commerce
enfumés et bruyants d’antan, où les éclats de voix étaient souvent couverts par
les musiques localement appréciées (chaâbi, malouf, raï, seraoui, bédoui,
kebaïli et autres variétés linguistiques et musicales, etc.) pour occuper les immensément
étendus espaces virtuels proposés par les
réseaux sociaux, éparpillant à l’infini la portée de propos totalement
débridés.
Ce fut incontestablement dans les titres spécialisés de la « presse
people foot » (devenus de véritables groupes de presse - édités
dans la langue dominante du pays et dans sa rivale, celle perçue un temps
d’abord comme un butin de guerre puis, les années et les décennies passant,
comme un marqueur socialement visible d’aliénation intellectuelle et
psychosociologique au système colonialiste) que sont conditionnés à satiété, formatés
pour demeurer dans le jargon des NTIC, les esprits immatures.
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