Alors que les collègues proches, évoluant dans la proximité des deux
entraîneurs, ont créé, sans que ce ne soit de leur part intentionnel, une zizanie
qui n’avait plus raison d’être, Ali Saïdi-Sief (et ceux qui l’accompagnèrent
dans son parcours mouloudéen) attribue depuis très longtemps la paternité de
son éclosion à Hocine Benzaïma, un entraîneur d’une très grande discrétion.
Nous reviendrons sur cette controverse tapie et le plus souvent muette,
retenue par ceux qui n’ont pas les moyens de réagir efficacement, qui apparait
de manière récurrente lorsqu’un athlète émerge du lot. La carrière de
Saïdi-Sief semble en être jalonnée.
Pourtant, au cœur de cette chicane, apparaissent en germe (c’est sans
doute la dimension la plus importante que l’on puisse déceler) les rivalités
locales qui, de notre point de vue, seront, quelques années plus tard, à
l’origine du foisonnement et de la multiplication effrénée de clubs
d’athlétisme dans la localité, si bien calés dans la hiérarchie départementale
et régionale qu’ils rivaliseront d’égal à égal avec les leaders sur le plan des
effectifs et des résultats en cross-country.
Il en va autrement pour les deux
grandes séquences temporelles de dissensions qui suivront. Nous préciserons
simplement que la première est la période mouloudéenne antérieure à son
insertion dans le gotha mondial correspondant globalement à l’avant 1999.
La seconde est relative au parcours sportif d’Ali Saïdi-Sief après le chamboulement
consécutif aux événements liés aux championnats du monde d’Edmonton et à la
suspension pour dopage qui s’en est suivie.
Dans les faits, cette période est chronologiquement la
troisième : la période Hamma (avant 1996), la période MCA qui se subdivise
entre la période MCA proprement dite (1996-1999) et la période angevine
(1999-2001) qui est celle de l’envol. Elle est également celle qui eut pour pivot
ou démiurge Philippe Dupont. Elle est la période qui voit Ali Saïdi-Sief être
propulsé vers le très haut niveau.
La période mouloudéenne a été scindée en plusieurs séquences qui,
comme toutes les autres, demandent à
être affinées. On sait que les relations athlètes-entraîneurs manquent de
sérénité. De plus, elles ne sont pas
régies par le carcan administratif, précieux outil de reconstruction historique.
Par ailleurs, ces séquences ne s’inscrivent jamais dans la temporalité
calendaire (année civile) ni dans le calendrier sportif (saison sportive). Ces
deux organisations du temps et des activités s’entrechoquent, se croisent, se
décalent, s’entrelacent et se superposent dans une multitude d’agendas.
Des éléments d’informations laissent supposer que l’on peut considérer
qu’Ali Saïdi-Sief a fait partie du « groupe Mouloudia »
dès que les résultats du championnat national de cross-country de Tarf ont été
connus. Ce moment correspond à la fin de la saison nationale de cross (mars-avril
1996) à laquelle succède la saison internationale à laquelle Saïdi-Sief prit
part tout en étant absent au sommet que sont les championnats du monde junior.
Dans l’organisation effective de l’athlétisme algérien, une formule transitoire
dite de « la préemption » parait avoir fait partie des
usages en vigueur. Ali Saïdi-Sief a bénéficié de ce système intégré en tant qu’élément
de la brume de l’informalité ambiante qui l’accompagnera toujours.
Cette démarche de préemption est plus fréquente qu’on voudra
l’admettre. Pourtant, de nombreux athlètes, surtout de jeunes espoirs placés
dans le même contexte que celui dans lequel Saïdi-Sief était plongé, en ont
joui.
Cette vision du réel renvoie pour le moins à une gestion particulière
des deniers publics. Elle a été, au nom des intérêts supérieurs du club ou de
la nation, intégrée dans les mécanismes du fonctionnement général de
l’athlétisme national et fédéral. Les usages du microcosme sportif avaient pris
le pas sur la règle administrative.
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