La pratique de la préemption fait partie des rouages, de la mécanique
fonctionnelle de l’athlétisme. Nous avons souvenir que, quelques années plus
tôt avant que Saïdi-Sief n’opte pour le MCA, au tout début de la décennie 1990,
d’une situation de préemption, visible à tous, quasi-similaire à celle du
coureur de Hamma. Il s’agit de celle de Yahia Azaidj, un cadet au talent
malheureusement incomplètement développé.
Lui aussi, plus précocement, avait vu sa vie basculer. Quelques heures
séparant la fin d’une course et la montée
dans le bus pour le retour à la maison avaient suffi pour passer d’une fin de
matinée au début de l’après-midi. Deux instants symboliques du franchissement
de la barrière marquant les territoires de l’insignifiance, inscrite dans le
regard hautain porté au pays profond par l’algérocentrisme dominateur, et la
mise en lumière éblouissante née de la révélation sur le champ de bataille
national sur lequel Merlin l’enchanteur ou le djinn de la lampe magique
d’Aladin serait intervenu.
Yahia Azaidj est ainsi passé de Ksar El Bokhari à l’équipe nationale
junior de cross-country, puis à l’équipe nationale U20 (on disait alors
juniors) d’athlétisme qui se déplaça aux championnats du monde de la catégorie
qui se disputèrent à Plovdiv (Bulgarie)
au cours des mois qui suivirent sa percée et enfin, pendant de longues années, et
l’équipe fanion qu’il quittera par une dernière course à l’édition 2008 des
championnats du monde IAAF de cross-country .
Ksar El Bokhari a été connue
sous le nom de Boghar. La ville est restée tristement célèbre dans les
mémoires des anciens pour avoir été, lors de la guerre civile espagnole de 1936,
un centre d’internement des réfugiés fuyant le franquisme.
Puis, pendant la guerre de Libération Nationale, il reçut les
combattants de l’ALN et les militants du FLN faits prisonniers par l’armée
française et condamnés à la réclusion et aux sévices.
Et enfin, après l’indépendance, ce même camp d’internement à la triste
renommée fut transformé en un bataillon disciplinaire accueillant les jeunes insoumis
aux obligations du service national et les jeunes étudiants réfractaires à
l’idéologie dominante d’alors. La ville était réputée pour la rudesse des
conditions de vie dignes du bagne.
Yahia Azaidj, natif de cette petite ville d’altitude moyenne (800 m),
aux écarts de températures importants oscillant entre les chaleurs torrides du
Sud et le froid rigoureux des Hauts-Plateaux, a fait partie de ces myriades de jeunes
athlètes préemptés par le Mouloudia d’Alger, régnant en suzerain sur
l’athlétisme.
Sa carrière sportive est restée (comme celles de tant d’autres) éloignée
des ambitions chronométriques qui lui étaient pronostiquées. Amar Bouras, alors
entraîneur de Hassiba Boulmerka et Azzedine Brahmi, et bien d’autres respectables
spécialiste des courses de demi-fond voyaient alors en Azaidj le premier
coureur algérien capable de courir le 5 000 mètres
en moins de 13 minutes s’il passait sous leur coupe.
Ces projections ambitieuses ne se réalisèrent point. Yahia Azaidj est
resté bien en retrait par rapport à cet objectif chronométrique. Il réalisa
toutefois une carrière sportive internationale, somme toute plus qu’honorable, agrémentée
du nec le plus ultra en matière de sélections dont celles pour les championnats
du monde de cross-country (43ème en 2008 à 36 ans) et d’athlétisme
et toutes les sélections pour les compétitions internationales intermédiaires (africaines,
arabes, etc.) qui classent un coureur dans la hiérarchie algérienne.
Sa carrière se poursuivit jusqu’en 2008 avec de très estimables
résultats dans les courses de fond (2 heures 14 minutes au marathon national de….
Mostaganem en 2006 dont le tracé avait tout à envier aux circuits
internationaux réfléchis pour permettre aux coureurs de réaliser des chronos).
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